Читать онлайн книгу «Papa Prend Les Rênes» автора Kelly Dawson

Papa Prend Les Rênes
Kelly Dawson
Un apprenti jockey atteint du syndrome de Tourette. Un manager sexy et stable qui se trouve être son patron. Une sœur mourante. Un cheval maltraité. Peut-elle mettre de côté ses peurs et laisser cet homme l'aimer ? Peut-elle lui faire confiance pour qu'il soit à ses côtés pour toujours ?
Lorsqu'elle décroche un emploi d'apprenti jockey dans une écurie de course, Bianca est déterminée à ne pas laisser son syndrome de Tourette interférer avec sa carrière de rêve, et elle fait de son mieux pour cacher ses tics occasionnels à son nouveau patron ridiculement beau. Mais Clay Lewis n'est pas un homme facile à duper. Il découvre rapidement son secret et lorsqu'il lui dit qu'elle devrait recevoir une fessée pour sa tromperie, le cœur de Bianca s'emballe comme jamais auparavant. Son béguin pour Clay se renforce de jour en jour, mais tandis qu'elle s'efforce de l'impressionner au travail, Bianca lutte pour faire face aux circonstances tragiques de sa propre vie. Avec sa jeune sœur et sa meilleure amie de toujours, incapables de faire face à un cancer en phase terminale et devenant de plus en plus dépendantes d'elle, elle se retrouve à se pousser au point de sauter des repas et de se priver de sommeil. Clay peut voir le poids du stress sur Bianca, et lorsqu'elle s'effondre d'épuisement à l'écurie, il sait qu'il est temps pour lui d'intervenir, mais pas en tant que patron ou petit ami. Ce dont elle a besoin, c'est d'un papa aimant qui la réconfortera quand elle est triste et lui mettra à nu ses fesses et lui donnera la fessée comme une vilaine petite fille quand elle ne prend pas soin d'elle correctement. Bianca se réjouit de l'attention qu'elle reçoit de Clay, et lorsqu'il la prend dans ses bras et la revendique comme sienne, cela lui apporte plus de plaisir qu'elle ne l'aurait jamais cru possible, mais elle ne peut s'empêcher de se demander s'il restera à ses côtés même lorsque ses tics sont au plus bas. Peut-elle vraiment faire suffisamment confiance à Clay pour lui abandonner son cœur et laisser son père prendre les rênes ? Note de l'éditeur : Papa prend les rênes est un roman indépendant qui est la première entrée de la série New Zealand Daddies. Il comprend des fessées, des scènes sexuelles et des jeux d'âge. Si ce matériel vous offense, n'achetez pas ce livre.


Papa prend les rênes
––––––––
Par
Kelly Dawson
Copyright © 2016 par Stormy Night Publications et Kelly Dawson
Copyright © 2016 par Stormy Night Publications et Kelly Dawson
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou transmise sous une telle forme ou un tel moyen que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l'enregistrement ou tout système de stockage et de recherche d'informations, sans l'autorisation écrite de l'éditeur.
Publié par Stormy Night Publications and Design, LLC.
www.StormyNightPublications.com
––––––––
Dawson, Kelly
Papa prend les rênes
Conception de la couverture par Oliviaprodesign
Traduit par Ilaysse Kourriche
––––––––
Ce livre est destiné aux adultes uniquement. La fessée et les autres activités sexuelles représentées dans ce livre sont des fantasmes uniquement, destinés aux adultes.

Table des Matières
Droits d'Auteur (#u44a42082-9c98-5f18-b8b7-e4c2cdfaf8ac)
Droits d'Auteur (#u94ce1e55-241a-59c1-a61a-5b76ae729c1b)
Chapitre 1 (#u6a36b4a4-2c69-5044-b2eb-951dc056e9b6)
Chapitre deux (#udba5c2d1-f74d-514a-9c11-908fe681de54)
Chapitre trois (#u20c1cd2f-1d62-503b-ab6f-5eba9d24d227)
Chapitre quatre (#u7b1fa2ec-58aa-5b26-af22-7396839782ab)
Chapitre 5 (#u4fd52a28-711a-5f13-9bd3-3446ffb3a058)
Chapitre six (#ueb0867c8-910e-5564-88cb-b7ff3077b103)
Chapitre sept (#u293aa67e-056b-5b7c-8c77-7710f2c324cd)
Chapitre huit (#u7f44f0c1-26cb-5558-9e26-ad5da171d6e9)
Chapitre neuf (#u058a7255-fec9-5eab-acc9-7f69c542f076)
Chapitre dix (#u3549b90d-69d9-5018-a03d-955c1fe37a2b)
Chapitre onze (#u0eea89af-954e-5588-aaf8-95c7ca3ef709)
La fin (#ub2c0eb8d-4d11-59eb-8756-2ac47c150591)
Les liens de Kelly Dawson (#ud6d8732d-6c17-5611-877e-030ff3ef7fcf)




Chapitre 1


"J'ai eu le boulot, Annie !" s'exclama triomphalement Bianca, en frappant un poing en l'air, alors qu'elle entrait dans le salon de la maison de son enfance où sa sœur était assise dans un fauteuil en cuir, une couverture tricotée colorée sur les genoux, un magazine ouvert sur la table basse à côté d'elle. "Je commencerai demain."
Annie fit un petit sourire. "Je suis contente", disait-elle. "Je savais que tu le ferais."
"Je peux dire que M. Lewis, Tom, était réticent à me prendre en charge, vu que je suis une fille et tout, mais il est prêt à me donner une chance, contrairement aux autres écuries du coin."
"Tu feras du bon travail", murmura Annie. "Tu as un vrai talent avec les chevaux. Souviens-toi de ça. Ne laisse pas tes tourettes t'empêcher de poursuivre tes rêves." Elle soupira doucement et s'affaissa sur la chaise ; l'effort de parler l'avait épuisée.
"Mais ils ne savent pas ma Tourette", avoua Bianca.
Annie se redressa brusquement. "Quoi ? Tu ne leur as pas dit ? Pourquoi pas ?"
Bianca haussa les épaules. "Tu sais bien que c'est notre secret, Annie".
"Personne ne se soucierait de savoir comment ça va m'affecter réellement, ils supposeraient juste qu'ils sachent, grâce aux médias qui vont faire l’affaire."
Annie hocha légèrement la tête. "Je suppose que c'est vrai. Mais tu dois leur dire et soit certaine qu’ils vont comprendre et donc il n’y a pas de peine d'être anxieuse. Peut-être qu'ils ne remarqueront pas tes tics, mais Chérie, tu dois absolument leur dire." Annie insistait Bianca d’avouer et Bianca savait bien qu'elle avait raison. Elle soupira.
"Ok, Annie", accepta-t-elle. "Je vais leur dire." Puis elle fit un petit sourire. "Tu sais, c'est drôle. C'est toi qui es malade, et pourtant tu es là, à me protéger." Bianca tendit la main de sa sœur, en la serrant doucement. La prise d'Annie était douce ; elle se sentait si fragile. Mais son sourire était chaleureux.
"Nous nous sommes toujours protégées, nous étions toujours là l'une pour l'autre."
"Je ne sais pas comment je vais faire sans toi, Annie", murmura doucement Bianca, son ton teinté de tristesse. "Tu vas tellement me manquer."
"Je n’est pas encore baissé d’arme", annonça Annie avec détermination. Mais elles savaient toutes les deux que ce n'était qu'une question de temps - le pronostic d'Annie n'était pas bon. Elle avait été diagnostiquée avec un cancer en phase terminale il y’avait trois ans, et bien qu'elle se soit battue courageusement, il était clair que le temps pressait. A vingt-cinq ans, quinze mois de moins que Bianca, Annie était une coquille vide. Cette jeune femme autrefois pleine de vie avait été réduite à une carcasse squelettique, presque chauve à cause des ravages d'une chimiothérapie inefficace, et incapable de marcher plus de quelques pas à la fois avant que son corps ne soit accablé par la faiblesse et rongé par des vagues de nausées.
S'installant dans le canapé à côté du fauteuil d'Annie, Bianca s'allongea et se mit à l'aise pour passer la soirée avec sa sœur. Maintenant que la maladie progressa, et si rapidement, Annie n'aima plus être seule, et leur père bourreau de travail va sans doute noyer son chagrin dans l'alcool. Depuis qu'elle les avait quittés, leur mère avait tenté à tâtons de revenir dans leur vie lorsqu'elle avait appris qu'Annie était malade, mais Bianca avait repoussé ses avances. Elle ne ressentait que de l'amertume envers la femme qui les avait abandonnés lorsqu'elles étaient petites, les laissant derrière eux avec leur père pour poursuivre une nouvelle vie avec un ami s'envolant en Inde pour "trouver son âme" comme elle aimait le dire. La mère ne savait pas si elle avait réussi ou non sa mission, mais elle savait qu'elle avait perdu ses deux filles dans le processus. Annie était plus indulgente que Bianca, mais même sa tolérance envers cette femme inutile et simpliste avait ses limites.
Avec son père travaillant de si longues heures, il incombait à Bianca de s'occuper d'Annie le soir. Différentes dames de l'église venaient passer quelques heures chez Annie, mais c'était tout. Le reste du temps, c'était Bianca qui s'occupait d'elle. Non pas que cela la dérangeait, pas du tout. Annie était sa sœur, sa meilleure amie, la personne la plus importante au monde pour elle. Mais parfois, cela devenait épuisant, et elle savait qu'Annie devrait bientôt être confiée à un centre de soins palliatifs à plein temps.
Après avoir préparé le dîner et fait le ménage dans la cuisine, Bianca se recroquevillait avec Annie sur le grand lit de la chambre d'Annie. Elle ne le partageait pas toujours avec elle, mais ce soir, sachant qu'elle partirait tôt le matin, elle voulait sentir la présence de sa sœur calme et sereine.
* * *


Elle arriva aux écuries à six heures précises, comme l'avait demandé M. Lewis. Même à cette heure matinale, le complexe des écuries était tout illuminé et l'endroit était une véritable ruche d'activité.
"Bonjour, je m'appelle Clay. Tu dois être Bianca ? Papa m'a dit de t'attendre." L'homme qui se tenait dans la double porte ouverte de l'écurie lui fit un petit sourire et lui tendit la main.
Quel beau gosse ! Sa prise était ferme quand elle lui serra la main. Elle laissa ses yeux se promener rapidement sur son corps, en essayant de ne pas montrer qu'elle le regardait. De longues jambes maigres, vêtues de jeans bleus, disparaissaient dans des bottes noires. Il était grand, avec des épaules larges qui se rétrécissaient en hanches étroites. Il portait une chemise à carreaux bleus roulée jusqu'aux coudes, exposant des avant-bras musclés et cordés. Mais le plus beau de tous était ses yeux attirants, encadrés par des cheveux blonds et hirsutes qui lui tombaient sur le visage, avec un soupçon de barbichette qui lui faisait de l'ombre à la mâchoire. Des rides de rire se créaient au coin de ses yeux. Elle devina qu'il avait une vingtaine d'années. Le fait de décrocher le poste d'apprenti dans l'écurie de Tom Lewis était génial, mais sa personnalité, toujours en serrant sa main, allait rendre le travail encore meilleur.
"Euh, oui", bégaya-t-il, en forçant un tic en arrière. "Je suis Bianca." Les nerfs aggravaient toujours ses tics, et la pression montait sur son visage, derrière ses yeux, dans sa mâchoire, suppliant d'être libérée. Elle s'est concentrée pour la retenir. Elle n'était pas encore prête à ce que ce bel étranger puisse voir ce côté particulier d'elle. Elle aurait eu tout le temps pour cela plus tard.
"Allez, viens, papa m'a demandé de te montrer les ficelles. Il sera là plus tard."
Au moment où Clay se détourna d'elle, Bianca relâcha le tic qu'elle avait supprimé : elle craquait son cou et sa mâchoire, et cachait ses yeux derrière ses mains. Essayant de détendre ses muscles, sachant que le calme était la clé de la réduction des tics.
Bianca continua à avoir des tics seulement au moment où Clay ne regarda pas, alors qu'il lui faisait un tour aux écuries, lui présentait les chevaux et le personnel, lui expliquait en détail la routine matinale, lui montrait le tableau noir énumérant les manèges de la journée qui était accroché au mur à l'extérieur de la sellerie.
"Je vais te faire une promenade demain", lui assura-t-il. "Vous pourrez toiletter et nourrir les chevaux, apprendre à les connaître."
"Uh-huh", murmura Bianca avec un air absent. Il marchait avec un air suffisant. Ses cheveux hirsutes lui brossaient la nuque et elle désirait ardemment y mettre ses doigts.
"Et là", il s'arrêta de marcher et ouvrît une porte au bout du bâtiment, "c'est la salle d'alimentation". Il agita son bras autour de la pièce en indiquant les sacs d'aliments empilés dans un coin, les barils contenant des céréales pré mélangées et des suppléments vitaminiques en poudre alignés contre le mur du fond. Des filets à foin étaient accrochés à des crochets au-dessus des barils et une demi-douzaine de balles de foin étaient empilées de façon précaire les unes sur les autres le long du mur latéral.
Un filet à foin avait été jeté négligemment en tas sur le sol, regardant ailleurs dans la pièce minutieusement organisée et Clay s'était penché pour le ramasser. Il était si près qu'elle pouvait sentir son déodorant, et un frisson sexuel la traversa lorsque son épaule frôla sa poitrine. Elle retint sa respiration alors que l'énergie électrique se chargeait dans son corps, ce qui faisait monter son pouls et durcir ses mamelons. L'avait-il senti lui aussi ? Elle ne pouvait pas le quitter des yeux, hypnotisée alors qu'il accrochait le filet au crochet auquel il appartenait. Elle était hypnotisée par la grâce de ses mouvements, par la façon dont ses cheveux s'agglutinaient contre son col. Lorsqu'il se retourna pour lui faire face, elle secoua la tête pour se débarrasser de l'étourdissement dans lequel elle se trouvait et forca son esprit à se concentrer. Aucun homme ne l'avait jamais affectée de cette manière. Qu'est-ce qu'il y avait de spécial chez Clay ? Pourquoi un simple toucher pouvait-il avoir un tel effet ?
La visite se poursuivit et Bianca fut impressionnée par la façon dont le complexe était géré. Alors que Clay lui faisait visiter les lieux, il lui présentait les autres stables qu'ils avaient rencontrées, et la camaraderie entre eux était évidente. L'environnement de travail était joyeux, amusant et drôle, et Bianca savait qu'elle s'y intégrerait bien.
Elle le suivit dans l'allée, en esquivant les brouettes garées devant les box, jusqu'au bout. Quelques jeunes gens s'affairaient à nettoyer les stalles, et Bianca ne pouvait s'empêcher d'imaginer à quoi ressemblerait Clay en train de pelleter de la sciure... les muscles fléchissant alors qu'il maniait le râteau, se déplaçant avec grâce sur le sol de l'écurie.
"Vous pouvez commencer ici et remonter." Clay prit un râteau sur un crochet du mur et le lui tendit. "Je suppose que vous savez comment nettoyer une stalle ?" lui demanda-t-il.
Osa-t-elle ? Elle secoua la tête, réussissant à garder un visage droit malgré le sourire qui s'accumulait aux coins de sa bouche. "Non", dit-elle. "Il faudra me montrer."
Elle garda un visage impassible alors qu'il la regarda avec insistance pendant un moment. Il ne l'a sûrement pas crue. Ce n'est pas parce qu'elle avait récemment changé de travail... elle avait travaillé un travail pareil à l'école, elle pouvait vider un étal les yeux bandés ! Elle sentait un tic s'approcher, mais elle essaya de le repousser, ce qui lui donnait l'air encore plus sérieux. Elle ne pouvait pas encore informer Clay de son syndrome de Tourette ; il la verrait certainement perturbée, ce qui était déjà arrivé auparavant.
C'est tout ce qu'elle pouvait faire pour garder son sourire caché alors qu'il entrait dans l'étal et lui montrait comment ramasser la sciure sale et humide et la jeter dans la brouette. Dès qu'il lui tourna le dos, elle laissa échapper le tic qu'elle avait réprimé dans un violent mouvement de torsion, de secousse et de grimace. Son cou se fendit de façon satisfaisante, et elle fit la grimace alors qu'une douleur aiguë lui atteignait les épaules. Mais la douleur momentanée était meilleure que la pression des tics accumulés. Elle roula les épaules, essayant de soulager les muscles.
Une fois son visage à nouveau détendu, elle regarda, fascinée, le corps musclé et souple de Clay se déplacer facilement dans la grande cabine aérée, en balançant de la sciure sur les côtés pour laisser sécher les plaques de béton humides. C'est un homme très beau ! Elle sourit, satisfaite. Il y avait longtemps qu'il n'y avait pas eu un homme pareil.
Elle étouffa un rire lorsque Clay se débarrassa de la dernière sciure humide et se retourna pour la regarder. "Pensez-vous pouvoir faire le prochain ?" Il lui tendit à nouveau le râteau.
Elle secoua à nouveau la tête, mais ne put pas cacher son rire. "Je n'arrive pas à croire que tu sois tombé dans le panneau", s'exclama-t-elle. "J’ai fait tout cela quand j'étais encore à l'école avant de devenir une apprentie jockey; bien sûr que je peux tout nettoyer!" Elle lui sourit avec effronterie. "Je voulais juste te regarder faire !"
Il la regarda un instant, abasourdi, puis il riait aussi, un rire bas et grondant qui lui vint du plus profond de lui-même et la faisait encore plus rire. "Tu as besoin d'une bonne claque !" lui disait-il, toujours en riant.
Elle fut choquée pendant un moment et resta là à le regarder, la bouche en l'air. L'avait-elle bien entendu ? Un frisson l'a traversée. Elle avait attendu toute sa vie qu'un homme lui dise cela.
Elle se tenait toujours là, sans voix mais excitée, tandis qu'il lui souriait, lui faisait un clin d'œil et pressait le râteau dans sa main.
Alors qu'elle observait son recul, elle se demandait pourquoi elle avait une chaleur si douloureuse entre les cuisses. Bien sûr, il était sexy, mais elle avait rencontré beaucoup d'autres hommes, et aucun d'entre eux n'avait jamais eu cet effet sur elle auparavant. C'était la menace de la fessée. C'était inévitable !
* * *


"Il est magnifique, Annie", Chuchota Bianca à sa sœur. Comme dans toutes les écuries de course, c'était le début de la matinée et la fin de l'après-midi et de la soirée qui étaient les plus chargés, si bien qu'elle avait quelques heures pour elle en milieu de journée, ce qui lui convenait bien pour s'occuper d'Annie.
Annie lui fit un faible sourire. "Je suis contente", dit-elle doucement. "J'espère qu'il est gentil aussi ; tu mérites un homme."
"Eh bien, ce n'est pas encore mon homme", souligna Bianca. Puis elle serra la main d'Annie. "Mais il a l'air gentil. Et il aime les chevaux, donc c'est un bon début." Puis elle sourit et se pencha vers sa sœur. "Et je pense que c'est un fessier."
Le sourire d'Annie éclaira tout son visage. "Oh, sœurette, je suis si heureuse pour toi !" s'exclama-t-elle. "Je peux mourir heureuse, sachant que tu as trouvé ton homme parfait." Elle serra doucement la main qu'elle tenait, et même cette petite pression sembla lui ôter toute force.
"Tu ne peux pas encore me quitter", supplia Bianca, une larme solitaire coulant sur son visage. "Je ne suis pas encore prête à ce que tu partes." Elle serra les deux mains d'Annie dans les siennes.
"Pas encore", confirma Annie. "Mais bientôt. Ce sera un soulagement, sœurette. Une fin à la douleur."
Bianca s'étendit sur le lit à côté de sa sœur. La santé d'Annie se détériorait rapidement. Le cancer décimait son corps ; c'était une façon cruelle de mourir.
Trop tôt, les quelques heures de pause étaient terminées, et elle devait retourner au travail. Annie était presque endormie, mais elle souriait alors que Bianca se penchait et lui embrassait doucement la joue, puis quittait tranquillement la pièce.
* * *


Clay la regardait travailler depuis un quart d'heure. Il l'avait habilement jetée en bas d'une botte de foin de la pile de la salle d'alimentation qui s'étendait au-dessus de sa tête et l'avait observée depuis l'entrée de son bureau alors qu'elle se déplaçait dans l'étable, remplissant tous les filets à foin. Ce travail facile et banal ne l'occupait pas et ses pensées se tournaient vers sa sœur. La vie était si injuste ! Annie était la personne la plus étonnante qu'elle connaissait - belle à l'intérieur comme à l'extérieur - et elle était en train de mourir. Elle ne méritait pas un tel sort.
"C'est quoi ce truc que tu fais avec ton visage ?"
Elle sauta. Elle n'avait pas entendu ses pas s'approcher. Puis elle gémit. Il l'avait remarqué plus tôt qu'elle ne l'avait espéré. Ses tics devaient être pires que ce qu'elle avait réalisé, pour qu'il les remarquait dès son premier jour de travail.
"Eh bien ?"
Elle soupira et regarda en bas. "Pourquoi ? demanda-t-elle.
Clay la regarda fixement. "En tant que contremaître d'écurie ici, je pense que j'ai le droit de savoir. Tu te drogues ?"
"Non !" s'exclama-t-elle. "Ce n'est pas du tout ça." En le regardant, il était évident qu'il n'allait pas laisser passer ça. Elle soupira. Pas encore. Toute sa vie, elle se battait contre le stéréotype que les médias perpétuaient sur la Tourette ; elle s'est battue pour prouver qu'elle était aussi bonne que n'importe qui d'autre, malgré le fait qu'elle ait fait des choses bizarres au hasard avec son visage.
"Alors ? J'attends", grogna-t-il.
"J'ai le syndrome de Tourette."
"Alors vous avez menti."
"Non. J’ai pas voulu" Elle secoua la tête catégoriquement.
"On vous a demandé spécifiquement sur le formulaire de candidature si vous aviez des problèmes médicaux. Vous avez coché "non", je l'ai lu."
"Non, on m'a demandé si j'avais des problèmes de santé qui pourraient interférer avec mon travail", elle l'a corrigé. "Je n'en ai pas. Cela ne m'empêche pas de faire mon travail." Elle parla fermement, passionnément, en espérant qu'elle avait l'air persuasif.
"Alors tous les jurons, les tics du corps entier qui rendent les gens effectivement handicapés, la répétition des mots... tout cela est faux ?" demanda-t-il sans doute, manifestement pas sûr de la croire ou non.
Elle secoua la tête. "Non, c'est vrai, pour certaines personnes. Le truc, c'est que la Tourette affecte tout le monde différemment. Les médias aiment faire du sensationnalisme avec ce genre de choses extrêmes, mais la réalité est que pour moi, je ne fais rien de tout cela. La principale façon dont il m'affecte est ce que vous pouvez voir, ce que vous avez déjà vu : les tics du visage. J'ai eu des tics vocaux quand j'étais enfant, mais je n'en ai plus depuis des années.".
"Alors pourquoi n'avez-vous pas avoué ça à Papa lors de l'interview ?" demanda-t-il, toujours aussi agacé.
"Parce qu'il ne m'aurait pas donné le poste !" s'exclama-t-elle. "Ecoute, je suis déjà passée par là. Les lois sur la discrimination dans ce pays ne fonctionnent pas. Aucun employeur ne va embaucher quelqu'un atteint de la Tourette alors qu'il a d'autres candidats. Ils n'en comprennent pas assez, sauf pour ce qu'ils entendent dans les médias, et ils n'entendent parler que des cas rares et extrêmes. Donc vous me jugeriez sur la base de ce stéréotype".
Clay s'est gratté le menton, regardant au fond de ses pensées. "Et si vous faites ça quand vous montez à cheval ? La façon dont tu te bousilles le visage comme ça, c'est un mouvement assez violent. Si cela arrive quand vous êtes au galop sur la piste, vous risquez de perdre l'équilibre, de tomber et de vous blesser, ou pire, de vous tuer. Savez-vous combien de paperasserie est impliquée dans les accidents du travail de nos jours ?" Il lui a fait un clin d'œil, ainsi qu'un petit sourire à sa mauvaise blague, mais elle était très inquiète. Elle ne pouvait pas - il avait raison, et elle le savait. Certains de ses tics faciaux étaient des mouvements violents, et souvent, ils étaient combinés à une torsion de la tête qui modifiait tout son sens de la perception, la déstabilisant complètement.
"Ça n'arrive pas quand je suis à cheval. Ou même quand je travaille avec des chevaux. C'est la meilleure forme de thérapie qui existe, pour moi, en tout cas. À cheval, je me sens vraiment normale."
Elle croisa les doigts dans son dos pour lui porter chance, espérant qu'il lui donnerait une chance. Il ne serait pas la première personne à la renvoyer pour son syndrome de Tourette, et sans doute pas la dernière. "Si vous me donnez une chance à ce poste, je vous promets que vous ne le regretterez pas", a-t-elle supplié. Elle ne voulait pas paraître désespérée, mais en vérité, elle l'était. Aucune autre écurie n'avait voulu l'engager ; la plupart des formateurs voulaient encore des apprentis jockeys masculins, même à notre époque de libération des femmes et d'égalité des droits. Et elle avait besoin d'un emploi, de préférence un emploi dont les horaires lui permettraient de s'occuper encore d'Annie.
Clay la regarda sévèrement pendant un moment avant de détendre ses traits dans un sourire. "Vous avez de la chance, je ne m'occupe pas de l'embauche et du licenciement ici, donc vous êtes en sécurité. Je vais parler à papa et lui expliquer." Puis il lui fit un clin d'œil. "Mais si tu étais à moi, je te retournerais et te taperais sur les fesses pour cette tromperie !"
"Oh, merci, monsieur !" Elle était tellement soulagée qu'elle ne pouvait que lui jeter ses bras autour du cou dans la joie.
Ce n'était que plus tard, beaucoup plus tard, lorsqu'elle était alitée cette nuit-là, qu'elle se souvint de l'autre partie de son commentaire, la partie "retourne-toi sur mon genou et tape-toi sur le derrière", et un petit frisson la traversa lorsqu'elle se rappela ces mots, prononcés de sa voix grave. Elle n'en avait pas parlé à Annie, mais elle savait qu'Annie comprendrait. Elle était l'une des rares personnes à connaître son obsession de la fessée. Annie savait tout sur les sites web qu'elle fréquentait tard dans la nuit, étouffant ses désirs. Et peut-être qu'Annie saurait-elle si elle en a trop lu dans les mots de Clay.
Intriguée, elle s'est endormie en pensant à lui, se demandant ce que cela ferait d'être fessée par lui. Il était certainement beau, avec de grandes et fortes mains, assez grandes pour lui donner une fessée complète. Elle s'imaginait sur ses genoux, sa grosse paume lui rougissant le derrière, écoutant sa voix profonde la gronder pour un méfait imaginaire. Elle entra dans un sommeil profond avec un sourire sur le visage, attendant avec impatience le matin, où elle reverrait le beau contremaître d'écurie.




Chapitre deux


Les écuries étaient déjà une ruche d'activité lorsqu'elle arriva juste avant six heures du matin, prête à travailler toute une journée. Clay était déjà là, son vieux jean souple et déchiré, accroché à ses hanches étroites et s'accrochant sexuellement à ses jambes longues et maigres. Le t-shirt noir qu'il portait soulignait ses larges épaules et les muscles de ses bras étaient fléchis alors qu'il portait un seau en plastique bleu rempli d'eau dans chaque main. Elle rejoignit le reste de l'équipe pour vérifier le tableau noir accroché à l'extérieur de la sellerie pour sa première chevauchée de la matinée - elle avait été assignée à Big Red, facilement le plus grand et le plus fort cheval de l'écurie. Il était clair que Clay et son père l'avait testée et l'avait montée sur Big Red pour sa première promenade en tant qu'apprenti jockey sous la direction de Tom Lewis. Elle ne leur en voulait pas : elle savait depuis le début qu'elle devait faire ses preuves, bien qu’elle fût petite, même pour une femme. Il était donc logique qu'ils lui donnent d'abord le cheval le plus fort. Mais la force physique ne suffira pas pour réussir en tant que jockey ; le courage et la force mentale étaient également essentiels, ainsi qu'une connexion spirituelle avec le cheval, et elle avait tout cela à revendre. Le défi de monter le plus grand et le plus fort des chevaux ne l'effrayait donc plus.
Elle rassembla ce dont elle avait besoin pour nettoyer le box, puis elle fît sortir le hongre, en l'attachant aux traverses dans la stalle de pansage. La douce géante lui toucha affectueusement l'épaule en lui parlant doucement, lui frottant le cou avant de placer la brouette à la porte de la stalle.
"Je suis Darren." Le jeune homme qui nettoyait la stalle à côté d'elle lui tendit sa main sordide, et bien qu'elle fût maculée de boue et de poussière, elle la secoua en souriant timidement. Elle n'avait jamais été dérangée par un peu de saleté. Ce n'était pas un grand homme, même pour un jockey, il était maigre. Sa main n'était que légèrement plus grande que la sienne, mais il avait une force indéniable dans sa prise, car ses doigts calleux enserraient la sienne.
"Bianca". Elle le regarda. Il avait l'air assez amical, mais manquait cruellement d'allure, surtout si on le compare à Clay.
"Depuis combien de temps travaillez-vous ici ?" lui demanda-t-elle.
"Plus de cinq ans maintenant. Tom m'a engagé comme apprenti."
"Et tu es un jockey licencié maintenant ?"
"Ouaip." Le signe de tête était petit, mais fier. "Je fais la course aujourd'hui, sur un des favoris. Un autre gagnant, j'espère ! Luke est là-bas, il prépare la pouliche maintenant." Il montra du doigt, et Bianca regarda dans les écuries pour voir un homme qui ressemblait à Clay, en train de préparer une belle pouliche alezane.
"Luke ?"
"Le frère de Clay. Il y a trois garçons Lewis ; Luke est l'aîné. Puis Clay, puis Cody. Vous les rencontrerez tous un jour ou l'autre ; ils travaillent tous ici, bien que Cody travaille aussi beaucoup à la ferme."
"Clay a l'air gentil." C'était juste une observation, mais le visage de Darren s'est assombri.
"Ouais." Puis il sourit. "Qu'est-ce que tu fais ce soir ? Tu veux prendre un verre avec moi ? On fait un superbe sandwich aux côtes."
"Non !" Son refus est apparu beaucoup plus horrifié que ce qu'elle avait prévu, et par le regard crâneur de Darren, il n'a pas bien pris le rejet. "Je suis désolée, c'est juste que..." Elle a rompu. Elle ne pouvait pas lui parler d'Annie, lui dire qu'elle voulait passer chaque minute avec sa sœur mourante. Pas encore. "J'ai juste des projets, c'est tout."
"Peu importe." Son air renfrogné lui prouva qu'il ne la croyait pas, mais c'est dommage. Il retourna au travail, mais elle resta là, appuyée sur le râteau, se sentant mal à l'aise et coupable. Ce travail ne se passait pas bien. Déjà, sa Tourette avait été découverte, et elle avait offensé quelqu'un. Elle n'était pas là pour se faire des ennemis, mais elle semblait l'être, malgré tout.
Elle leva les yeux de ses réflexions en entendant des pas qui s'approchaient, mais seul Clay, à moitié enregistré, se dirigea vers elle. Il tapa une cravache de manière absente contre la paume de sa main alors qu'il avançait dans la large allée de l'écurie. Il s’arrêta de marcher et la regarda, puis pointa la cravache vers elle en guise d'avertissement silencieux.
"Vous êtes ici pour travailler, pas pour rêver." Il la regarda sévèrement, ses cheveux hirsutes tombant sur son visage, un sourcil levé dans un geste d'autorité. Pour un étranger, il n'y avait aucune menace dans son commandement. Mais pour elle, ce qu'il insinuait lui donnait des frissons.
Elle fit un signe de tête mièvre, prit son râteau et se mit au travail, regardant furtivement sa forme qui battait en retraite. Même de loin, il était évident qu'il était bien formé. Il ne semblait pas avoir une once de graisse; il était maigre et musclé et semblait incroyablement en forme.
Alors qu'il continuait à descendre dans l'écurie, elle se demandait ce qu'il allait ressentir, lui donnant des coups de jabot. Est-ce qu'il se contenterait d'utiliser le petit slapper en cuir tout au bout, lui communiquant ainsi une petite piqûre délicieuse ? Ou bien la fouetterait-il durement avec le bâton?
Déterminée à ne pas provoquer sa colère, elle nettoya la stalle en un temps record, vidant la brouette à l'extérieur sur le tas de boue bien avant que Darren n'ait fini.
Big Red lui tapa sur les pieds et s'écarta un peu pendant qu'elle le toiletta, mais il semblait assez calme. Bien qu'il fût si proche, Darren l'ignorait, ne jetant même pas un coup d'œil dans sa direction. Faire en sorte que la selle soit correctement positionnée sur le dos de Big Red était un peu une mission délicate puisqu'il était si grand, mais elle y parvenait, et le temps que les autres cavaliers montaient et se dirigeaient vers la piste, Tom, le père de Clay et propriétaire des écuries, apparut à côté d'elle pour la mettre en selle.
Big Red était magnifique. Ses longues jambes dévoraient le sol à pas lisses et fluides, et alors qu'elles tournaient autour de la piste, pas encore à leur vitesse maximale, la puissance du cheval lui coupait le souffle. Elle sentait tous les muscles de son corps s'agglutiner tandis que son puissant arrière-train le propulsait vers l'avant. C'est pourquoi je me suis battue si fort ! Criait sa voix intérieure. C'est génial !
La conduite, surtout à grande vitesse, était ce qu'elle préférait. C'était si naturel pour elle, de se remettre en selle, et comme elle se déplaçait au rythme des longues enjambées du hongre, elle se détendait. Le vent la dépassa et elle jeta sa tête en arrière en riant, heureuse de chevaucher à nouveau, de faire ce qu'elle aimait.
À la fin de l'entraînement, elle essaya de tirer Big Red vers le haut, mais le grand cheval l'ignora et continua à courir. Merde, se dit-elle. Je parie que Clay savait que cela allait arriver et qu'il essaie de prouver qu'il a raison ! Mais cette pensée ne faisait que la rendre plus déterminée. Elle n'avait jamais bien écouté aux gens qui lui disaient qu'elle ne pouvait pas faire quelque chose, et cela s'était produit souvent au fil des ans, soit à cause de son syndrome de Tourette, soit parce qu'elle était une toute petite femelle. Elle a repris les rênes. Elle avait déjà vu des chevaux s'enfuir de leurs jockeys, endommageant les clôtures, à eux-mêmes et leurs cavaliers, et cette pensée lui donna la force dont elle avait besoin pour contrôler le grand et fort cheval.
"Whoa, grand garçon", elle appela. "Tu dois m'aider !" Poussant de tout son poids dans les étriers, elle se pencha en arrière sur la selle et tira sur les rênes aussi fortes qu'elle le pouvait, les sciant comme elle l'a fait, parlant au hongre tout le temps. Lentement, le grand cheval répondit, ralentissant ses allures d'abord au galop, puis au trot. "Bon garçon", dit-elle en chantonnant, en lui frottant doucement le cou, toujours assise profondément sur la selle, lui communiquant la nécessité de continuer à ralentir. Il se mit à renifler fort et fît un pas de côté lorsqu'elle le ramena à la promenade, le rafraîchissant sur le chemin du retour aux écuries.
Haha, Clay, je l'ai fait ! J'ai réussi ton test - j'ai contrôlé Big Red ! Cria triomphalement sa voix intérieure. J'ai réussi !
* * *


Le travail sur la piste était beaucoup plus épuisant que ce dont elle se souvenait. Soit cela, soit le temps qu'elle avait passé à l'équitation signifiait qu'elle était plus mal en point qu'elle ne le pensait. Quoi qu'il en soit, elle se réjouissait de pouvoir prendre une petite pause dans la salle du personnel avec une tasse de café avant de se mettre à nettoyer les stalles.
"Un nouveau cheval arrive", lui dit Clay. "Une pouliche. Elle avait été horriblement maltraitée et ne laissait personne l'approcher, mais papa accepte de l'emmener, pour voir si on peut l'aider. Elle devrait pouvoir courir, si nous parvenons à lui faire surmonter sa peur. Venez voir, si vous voulez".
"Comment s'appelle-t-elle ?"
"Rose". Rose Saphir."
Suivant Clay dehors, elle s'appuya contre le rail en bois de l'enclos rond, regardant Tom guider le flotteur qui recula jusqu'à la porte. Un frisson la traversa au son des sabots qui frappaient le flanc du flotteur, accompagné d'un hennissement aigu. Le pauvre cheval semblait terrifié !
"Je croyais que vous aviez dit qu'elle serait tranquillisée ?" La voix grave de Clay grondait juste derrière elle.
"Ça s'est dissipé", grogna l'un des livreurs. "Elle est dangereuse, celle-là. Tu es fou de la prendre. Elle aurait dû être mise à terre."
"Hmmm", murmura Clay dans ce qui semblait être un accord, appuyé contre le rail à côté d'elle.
"Non !" Bianca respira. "Elle est juste effrayée. S'il vous plaît, donnez-lui une chance !"
Clay lui tapota doucement l'épaule, un sourire aux lèvres. "Nous le ferons."
Bianca regarda, les yeux écarquillés d'horreur, l'un des hommes se réfugier dans la porte latérale du char à l'aide d'un gros bâton et poursuivre la pouliche le long de la rampe jusqu'à l'enclos rond. Il lui fallut toute sa volonté pour se mordre la langue au lieu de lui crier dessus, et il lui fallut lutter pour ne pas grimper par-dessus la clôture et se jeter sur lui. Qu'y avait-il de mal à être gentil ? Mais elle se força à rester immobile et silencieuse ; ce n'était pas à elle de dire quoi que ce soit.
La pouliche était belle. Même dans cet état, elle était squelettique, cassée et maltraitée - sa tête et sa queue étaient tenues en hauteur alors qu'elle se promenait sur le périmètre du petit enclos, reniflant bruyamment par les narines évasées. Une baie lumineuse avec une flamme blanche sur le visage et trois chaussettes blanches, elle semblait n'avoir que deux ans environ.
Alors qu'elle les dépassait au galop, Bianca remarqua une blessure ouverte sous son avant-bras, suintant de sang, et des marques de fouet couvraient son corps du flanc à l'épaule. Elle haleta et sentit Clay se raidir à côté d'elle.
Ils regardèrent depuis les rails Tom se glisser entre eux, la main tendue, mais la pouliche ne le laissa même pas s'approcher d'elle. Dès qu'il entra dans l'enclos rond, elle aplatit ses oreilles sur sa tête, mit ses dents à nu, frappant avec ses pieds de devant lorsqu'elle s'approcha. Elle entendit Clay jurer doucement tandis que Tom s'esquive, évitant de recevoir un coup de pied, et se replia entre les rails pour se mettre à l'abri.
"Elle a été brutalisée", observa Clay.
Bianca se sentait malade. Qu'avait vécu le pauvre cheval qui l'avait amenée à réagir de cette façon ? À en juger par la blessure à la tête, elle avait manifestement été battue avec une sorte de gourdin, mais que lui avait-on fait d'autre ? Elle faisait descendre la vague de nausée qui se leva en elle à la pensée des souffrances que le cheval avait endurées.
Tom secoua la tête tristement. "Elle est pire que je ne le pensais", a-t-il déclaré. "Je vais appeler les propriétaires maintenant et faire sortir le vétérinaire cet après-midi pour la faire piquer. On ne peut pas avoir un cheval comme ça dans le coin, quelqu'un risque de se faire tuer."
"Non ! Bianca pleura. "S'il te plaît, laisse-moi essayer."
Tom fit un signe de tête, mais Clay secoua la tête. "Pas question ! C'est trop dangereux ! Tu as vu ce qu'elle vient de faire à Mon père!"
Ignorant Clay, Bianca grimpa sur la rampe et retint son souffle en se dirigeant vers le centre de l'enclos rond et en s'immobilisant. Elle était parfaitement consciente de ce que faisait la pouliche, mais elle s’efforça de conserver un langage corporel invitant et accueillant, les yeux au sol, en tendant la main vers le cheval. Lentement, la pouliche s'approcha d'elle avec précaution, en reniflant bruyamment, ses narines se sont évasées. Bianca se tenait à terre. Avec précaution, la pouliche tendit son nez vers l'avant et Bianca frotta doucement le museau velouté.
"Bonjour, ma belle", dit-elle en chantonnant. La jument la regarda avec des yeux pleins de méfiance, ses oreilles papillonnaient d'avant en arrière et son corps tremblait, mais alors que Bianca continuait à parler doucement à la pouliche et y tenait sa main, elle se détendait progressivement.
Elle pouvait sentir les yeux de Tom et de Clay la poursuivait alors qu'elle se tenait dans l'enclos avec la pouliche, et son cœur se gonfla de fierté. Annie lui avait toujours dit qu'elle avait une alliance avec les chevaux, mais elle n'avait jamais eu l'occasion de prouver cette alliance.
"Doucement, ma fille. Doucement, Rose." Bianca parlait doucement, essayant de rassurer le cheval, alors qu'elle se rapprochait, passant ses mains sur le corps en panne. C'était déchirant de voir l'état dans lequel elle se trouvait, la terreur qu'elle ressentait. Ses oreilles clignotaient constamment, le blanc de ses yeux était visible, et son tremblement ne s'était pas atténué. La fureur l'a submergée lorsqu'elle a réalisé l'ampleur des sévices subis par la pouliche.
Au lieu de rentrer chez elle pendant la partie calme de la journée pour passer plus de temps précieux avec Annie, Bianca était restée dans l'enclos rond avec la pouliche, travaillant avec elle, gagnant sa confiance, forgeant un lien avec elle. Le temps qu'elle commençait à travailler dans l'écurie à l'après-midi, la pouliche marchait nerveusement à côté de Bianca dans la large allée de l'écurie jusqu'à une stalle située tout au fond.
Bianca était restée là un moment, regardant la pouliche s'installer. Elle avait levé les yeux en entendant des pas qui s'approchaient, en plein dans le visage d'un grand homme blond qui était le portrait craché de Clay. Il semblait avoir un an ou deux de moins que Clay, mais il était évident qu'ils étaient frères. Comme Clay, la barbe obscurcissait sa mâchoire, ses cheveux étaient trop longs et hirsute et avaient besoin d'une coupe, et ses yeux étaient éblouissants. Mais il avait une odeur différente de celle de Clay, a-t-elle remarqué, alors qu'il s'approchait. Il n'avait pas cette odeur de cheval enivrante qui le traversait ; Il sentait comme un fermier.
"Cody". Il lui tendit une main sale, et elle la secoua timidement, son énorme main engloutissant la sienne. Il paraissait plus grand que Clay, et semblait avoir une présence encore plus imposante. Elle ne le connaissait même pas, et déjà, elle était attirée par son apparence, par son air autoritaire. Il fit un geste vers le cheval. "Qui est-ce ?"
"C'est Rose. Elle vient d'arriver aujourd'hui. Elle était censée être tranquillisée, mais ça s'est dissipé et elle est arrivée ici en donnant des coups de pied et en se battant. " Bianca sourit fièrement à ce souvenir. Elle aimait un cheval fougueux. Mais son sourire s'était vite effacé quand elle s'était souvenue de la raison pour laquelle la pouliche était là. "Elle a été gravement maltraitée."
Cody fit un signe de tête et s'avança, la rejoignant à la porte de l'écurie. Immédiatement, la pouliche qui se trouvait à l'intérieur recula ses oreilles et se précipita vers lui, ses dents dénudées dans un spectacle vicieux d'agression provoquée par la peur et Cody s’empressa de faire un pas en arrière, en sifflant à voix basse.
"Elle a juste peur", dit doucement Bianca. "Tu vas bien, ma fille", dit-elle au cheval, qui se tenait maintenant docile, tremblant, ses narines s'ouvrant.
"Elle est un peu folle ?" demanda Cody.
Bianca secoua la tête. "Juste effrayée. Elle a été horriblement maltraitée." Se retournant, elle le regarda de haut en bas. "N'es-tu pas chevalier ? "
"Non." Cody secoula la tête. "Je suis un fermier. Nous élevons des moutons et du bœuf ici, nous cultivons un peu de céréales et nous entraînons les chevaux. Mon père s'occupe des chevaux, mon oncle avait l’habitude de faire le métier d’un fermier. C'est un établissement familial. Mais depuis la mort d'oncle Max, je m'occupe de l'agriculture. Tu ne me mettrais pas sur une de ces bêtes folles !"
"Oh." Bianca sourit en se demandant si le troisième frère, Luke, va être aussi beau que les deux qu'elle avait déjà rencontrés. Et s'il va être aussi gentil... Cela faisait un moment qu'un bel homme ne lui avait pas parlé d’une telle tendresse - en général, quand ils découvraient sa Tourette, ils ne seront plus intéressés.
"Est-ce que papa veut la laisser rester ici ?" Cody avait l'air douteux.
Bianca hocha la tête. "A ce stade." Même si elle savait que ce n'était pas tout à fait vrai, Tom n'était pas revenu sur sa décision d'euthanasier le cheval.
Cody resta quelques minutes de plus, juste pour regarder le cheval, du coin de l'œil. Il était évident qu'il la regardait, bien qu'il essayait de le cacher, et un petit frisson la traversa en même temps qu'une vague de légère panique s'abattait sur elle - elle devait faire la Tourette. La pression s'accumulait derrière ses yeux, et la retenir devenait de plus en plus difficile.
Elle ne pouvait plus la réprimer. Se détournant de lui, elle essaya de minimiser la Tourette autant que possible, mais elle savait que s'il regardait, il remarquerait quand même le mouvement. Serait-il encore amical avec elle une fois qu'il l'aurait remarqué ?
"Est-ce que ça va ?"
Elle hocha la tête. "Je vais bien."
"Mais ce visage..." Sa voix s'était éteinte quand il avait exprimé son incrédulité face aux mouvements qu'elle pouvait faire avec son visage.
"Ça s'appelle le syndrome de Tourette", elle craqua. "Demandez à Clay à ce sujet. Ou mieux encore, cherchez un peu. Les médias vous diront tout ce qu'ils pensent à ce sujet." Son ton était amer, elle lui grogna les mots, mais elle s'en fichait. Elle avait été suffisamment jugée par les frères Lewis pour son syndrome de Tourette.
Cody a pris du recul, la douleur était inscrite sur son visage. "Je te laisse faire alors."
Son cœur se piquait à ses mots. Elle avait été repoussée tant de fois auparavant, mais chaque nouveau refus lui apportait une nouvelle vague de douleur. Trouverait-elle un jour un homme pour l'accepter telle qu'elle était ?
* * *


"Regardez ça !" La voix fière d'Annie était teintée d'excitation alors qu'elle tenait en l'air le singlet bleu pâle qu'elle venait de finir de tricoter.
Bianca sourit, mais elle était trop fatiguée pour se sentir bien. L'épuisement était bien plus qu'une fatigue physique, elle était mentalement épuisée. Voir la pouliche traumatisée dans un état aussi horrible avait été difficile, et gagner sa confiance avait également été exigeant. Et après tous ses efforts, Tom n'avait pas été en mesure de garantir son avenir. C'était déchirant. Des larmes lui avaient rempli les yeux lorsqu'elle s'était assise à côté d'Annie et lui avait raconté sa journée.
"Tu vas pouvoir la soigner; tu as un don avec les chevaux."
Bianca fit un signe de tête. "J'ai fait quelques progrès aujourd'hui. J'espère juste que c'est suffisant."
Annie fit un petit sourire. "J'espère aussi."
* * *


Bien qu'elle se soit complètement épuisée, Bianca s'était retournée toute la nuit. Elle n'arrivait pas à se débarrasser de l'image de la pouliche traumatisée, ne pouvait pas oublier ses cris terrifiés et la façon dont les hommes l'avaient chassée du char à l'aide d'un gros bâton. Et elle ne pouvait pas oublier Annie, et à quelle vitesse elle se détériorait. Elle perdait ses forces de jour en jour. Combien de temps lui restait-il ?




Chapitre trois


Les promenades du matin et les tâches à l'écurie se sont déroulées rapidement, et Bianca était dans l'écurie en train de nettoyer doucement le sang séché sur la pouliche quand elle entendit des pas qui se dirigeaient vers elle sur le sol en béton fraîchement balayé. Son cœur s'est emballé. Un pressentiment s'empara d'elle. Ce n'était pas bon. Quelques secondes plus tard, Tom apparat devant la porte de la boite avec deux couples bien habillés, à l'allure professionnelle, qui semblait si mal à leur place dans l'environnement des chevaux. Mais quand elle voyait l'expression de leur visage, leur horreur absolue, elle savait instantanément qui ils étaient manifestement les propriétaires de Rose. La pouliche s'était remise à trembler au moment de la présence des hommes ; elle souffla fort dans les narines évasées et tapa du pied de devant. Bianca posa une main réconfortante sur son cou, essayant de la calmer, de la rassurer sur le fait que ces gens n'allaient pas lui faire de mal, qu'elle était en sécurité. Elle regarda les larmes remplir les yeux des deux femmes.
"La pauvre", s'est écriée l'une d'entre elles. "Elle avait été terriblement maltraitée. La meilleure chose à faire est de mettre fin à ses souffrances !"
Bianca regarda, horrifiée, les autres acquiescer en silence.
"Roger va payer pour ça", grogna l'un des hommes. "Comment ose-t-il faire ça à un cheval ?" Il essaya d'entrer dans l'écurie, mais Rose n'y parvenait pas : elle aplatit ses oreilles, chargea son épaule faisant tomber Bianca.
"Tu vas bien, Bianca ?" demanda Tom, n'osant pas venir à son secours. "Je n'ai jamais vu un cheval aussi traumatisé", dit-il tristement. "Je pense que c'est mieux si tu le laisses."
"Non !" Bianca pleura. "Tu dois lui donner une chance ! S'il vous plaît !"
"Je ne pense pas, chérie", dit l'autre femme. "C'est plus gentil comme ça."
Se précipitant sur le sol de l'étal et brossant maladroitement la sciure de son jean, Bianca se précipita vers la pouliche, qui avait reculé et se tenait maintenant dans le coin le plus éloigné de l'étal, tremblante. Elle se tenait près du garrot de la pouliche, l'apaisant, lui frottant la main sur le cou, lui parlant doucement et lentement et finalement Rose se détendit.
"Regardez !", se dit-elle, sachant que c'était la seule chance qu'elle avait pour aider le cheval. "Elle commence déjà à me faire confiance !" Mais elle sentait qu'elle se battait contre une bataille perdue- le scepticisme était écrit sur le visage des propriétaires.
Clay est alors arrivé avec le vétérinaire, et Bianca est restée à l'intérieur de la boite avec Rose, essayant de la garder suffisamment pour la faire calmer pour que le vétérinaire l'examine. Tom avait spécifiquement demandé une femme vétérinaire et Rose est restée immobile, mais elle était tendue, son corps tremblait, même avec Bianca qui se tenait juste là, la calmant. Le visage de la vétérinaire était sinistre lorsqu'elle examinait le cheval, et lorsqu'elle sortait du boite, elle secouait la tête.
"Elle a été très maltraitée", a déclaré le vétérinaire. "Elle a été blessée physiquement et mentalement", dit-elle tristement, énumérant les blessures de la pouliche alors qu'elle les cochait sur ses doigts. "Je ne suis pas sûre qu'elle puisse être réhabilitée. Cela pourrait valoir la peine d'essayer, mais je ne peux pas garantir que ça marchera. La chose la plus gentille à faire est peut-être de la coucher."
"Non !" Bianca a protesté, en jetant ses bras autour de la jument pour la protéger. Surprise, la pouliche s'est levée, tirant Bianca de ses pieds.
"Oui !" répondit l'un des hommes. "Elle est dangereuse. Un cheval dangereux n'est plus fiable de tout." Il se tourna vers ses compagnons, et bien qu'elle ne comprît pas ce qu'ils disaient à voix basse, elle savait qu'ils conspiraient pour euthanasier le cheval.
"Clay !" s'écria-t-elle, désespérée, les larmes coulant sur son visage, alors qu'elle se relevait une fois de plus du sol. "Elle est juste effrayée ! Dis-leur ! Faites en sorte qu'ils la sauvent ! Je l'entraînerai quand je le pourrai, mais donnez-elle une chance !" Mais alors même qu'elle prononçait ces mots et qu'elle s'engageait à faire ce sacrifice, elle ressentait un pincement au cœur. Etait-elle vraiment prête à tenir sa promesse? Annie comprendrait-elle si elle le faisait ?
Clay se tenait devant la porte de la cabine et lui fit signe. Il lui fallait tout ce qu'elle avait pour se retourner et s'éloigner du cheval, la laissant ainsi grande ouverte à son destin, mais elle continua à suivre Clay quelques mètres plus bas dans le bâtiment, dans l'intimité relative d'une stalle vide.
"Pourquoi voulez-vous tant la garder ?" lui demanda-t-il. "Elle est brisée ; la chose la plus efficace à faire est de la sortir de sa misère." Il s'appuyait négligemment contre le mur, un pied appuyé sur sa cheville, les bras croisés sur sa poitrine. Si elle n'avait pas été aussi bouleversée, elle aurait pris plaisir à le reluquer alors qu'il se tenait dans cette position. Il avait l'air si autoritaire, si maître de lui, et si incroyablement beau.
"Je ne peux pas expliquer, lui répondit-elle, je sais juste que j'en ai besoin. C'est comme si elle faisait partie de moi, comme si nous étions réunis pour une raison. Nous sommes toutes les deux brisées, nous avons toutes les deux besoin de guérir, nous avons toutes les deux besoin qu'on nous donne une chance". Elle le regarda alors avec de grands yeux ronds, espérant qu'il la comprendrait. "Tu m'as donné une chance, Clay, s'il te plaît, donne-lui-en une aussi !"
Clay la regarda en silence pendant quelques instants, profondément absorbé par ses pensées, puis il hocha la tête après. "D'accord", lui dit-il. "Je vais essayer. Je ne peux pas faire de promesses, mais je vais essayer."
Alors que Bianca se glissait à l'intérieur de la stalle pour passer plus de temps avec la pouliche, Clay parlait d'une voix calme à son père, puis il conduisait les propriétaires jusqu'au bureau sur la mezzanine. Reprenant la tâche pour finir de retirer le sang séché du pelage de la pouliche, elle croisa les doigts espérant d’avoir une chance.
* * *


Annie était toute alitée quand Bianca était rentrée ce soir-là ; elle n'avait même pas la force de se lever. Des larmes lui avaient coulé aux yeux lorsque Bianca lui avait parlé de Rose et du destin qui l'attendait probablement.
"Tu vas pouvoir la sauver", lui assura Annie. "Si quelqu'un peut aider ce cheval à guérir, ce sera toi."
"Mais ça veut dire que je passerai moins de temps avec toi", chuchota Bianca, accablée de culpabilité.
Annie juste sourit faiblement. "Je suis toujours avec toi", chuchota-t-elle. "À chaque instant de chaque jour, je suis à tes côtés, là, dans ton cœur." La forte prise qu'elle avait sur la main de Bianca démontrait sa fragilité, mais la douleur était évidente dans ses yeux quand elle souriait.
"Es-tu à l'aise ?" demanda Bianca, sachant très bien qu'elle ne l'était pas, mais ne sachant pas comment l'aider. Si elle avait pu, elle aurait enlevé la douleur de sa sœur ou l'aurait supportée elle-même, mais ni l'un ni l'autre n'était une option.
"Je vais bien", lui assura Annie. "Je parlerai aux infirmières demain pour améliorer mon soulagement de la douleur."
Bianca fronça les sourcils, mais elle se tut. Elle savait qu'Annie détestait qu'on s’occupe d'elle, mais c'était si dur de voir la personne qu'elle aimait le plus au monde souffrir autant.
Cette nuit-là, elle partagea à nouveau le lit d'Annie, serrant sa sœur contre elle alors qu'elle gémissait dans son sommeil, hantée par la douleur.
Bianca à peine dormait la nuit. Elle entendait leur père trébucher vers minuit, après une autre nuit à noyer son chagrin. La maladie de sa fille l'avait durement frappé - après toutes ses années de travail en solo, il perdait l'une de ses précieuses filles, et pour ne rien arranger, il ne pouvait rien y faire. Bianca savait à quel point il était contrarié de ne pas pouvoir soigner Annie, et elle savait mieux que quiconque combien il avait essayé. Combien de thérapeutes complémentaires il avait consulté, combien d'oncologues il avait vus, combien de rendez-vous à l'hôpital il avait pris avec Annie. Rien ne l'avait aidé. Elle s'était battue courageusement, mais son temps touchait à sa fin maintenant, le combat était presque terminé.
Essuyant les larmes de ses yeux avec la couverture de la couette de sa sœur, Bianca s'était rendormie en pleurant, les épaules tremblantes de sanglots silencieux.
* * *


Le lendemain matin, sa Tourette était mauvaise. La fatigue, combinée à un bouleversement émotionnel, l'a fait tressaillir presque constamment. Les choses s’étaient aggravées au moment où ses tics vocaux étaient de retour. L'éclaircissement de la gorge était normal - c'était un bruit normal que tout le monde faisait de temps en temps - mais l'écholalie était un problème. Jusqu'à présent, elle avait réussi à garder la répétition des mots sous son souffle, mais elle savait qu'au rythme où ses tics s'intensifiaient, il ne faudrait pas longtemps avant qu'elle fasse écho aux mots prononcés par son entourage. Que penserait alors Clay ? La laisserait-il garder son emploi ? Ou ferait-il pression pour qu'elle soit licenciée ? Ou, mieux encore, mentionnerait-il une nouvelle fessée, pour lui avoir menti ? Non pas qu'elle lui ait menti - l'écholalie n'avait pas encore apparu lorsque Tom Lewis l'avait prise en charge - mais à moins que Clay ne comprenne le syndrome de Tourette, il ne le croirait pas.
Elle était perdue dans ses pensées alors qu'elle conduisait Big Red hors de la boite et l'attachait solidement à l'extérieur. Elle pensa à Clay. Elle avait eu beaucoup à faire avec lui depuis qu'elle avait commencé à travailler dans les écuries, mais il n'y avait plus de moments de flirt. Il n'y avait plus non plus d'indications qu'il s'agissait d'une fessée. Il était toujours très dominant, clairement un mâle alpha, avec un air d'autorité qu'elle avait envie de désobéir, uniquement pour voir ce qui allait se passer, mais jusqu'à présent, l'occasion ne s'était pas présentée. Il n'était pas exactement son patron, mais en tant que contremaître stable, il était en quelque sorte son supérieur et le contrôle de la qualité était sa responsabilité, elle ne doutait pas que si elle ne faisait pas son travail correctement, il la tirerait vers le haut. Mais que ferait-il en réalité ? Il la gronderait de sa voix profonde et sexy et la ferait se sentir comme un petit enfant ? Ou bien utiliserait-il cette cravache qu'il lui avait fait signe de façon menaçante lorsqu'elle avait commencé ? Elle ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait eu le béguin pour quelqu'un, c'était il y a si longtemps. Et cette fois-ci, elle était tombée à la renverse. En préparant le grand hongre, elle s'imaginait avoir des ennuis avec Clay, mais ce n'était pas seulement une réprimande qu'il lui adressait...
"Ne bouge pas, Red", dit Bianca au grand cheval alors qu'elle se penchait et saisissait son boulet dans la main gauche, le pic à sabot dans la droite. Elle avait une dernière chevauchée de la matinée sur Red et elle avait hâte de monter sur son dos. Son grand pas de cheval dévoreur de sol était impressionnant, et maintenant qu'elle s'était liée à lui, elle était capable de le tirer vers le haut à la fin de l'entraînement sans effort. Le hongre était un gentil géant, et il devenait rapidement son cheval préféré dans l'écurie.
Smack ! Une belle cravache atterrissait sur son cul alors qu'elle était occupée à se pencher pour ramasser le sabot avant de Big Red. Elle glapit, lui lâchant le pied en toute hâte, et se redressa, déterminée à attraper le coupable, certaine que ce serait Clay. Visant, elle lança un coup de pied qu'elle tenait aussi fort que possible au dos de l’homme en retraite qui ressemblait étrangement à Clay, mais avec des cheveux plus courts et légèrement plus foncés. Le coup de pied l'avait frappé directement entre les omoplates et il se mit à bouger pour l'éblouir de façon menaçante. Ce n'était pas Clay. Le frère aîné de Lewis sourit largement lorsqu'il la vit, son regard disparaissant.
"Désolé, je n'ai pas pu résister à une cible aussi parfaite. Tout ça pour s'amuser, hein ?" Il a souri, lui faisant un clin d'œil rauque alors qu'il se penchait pour ramasser le sabot sur le sol. "Je suis Luke", dit-il, en lui lançant légèrement le sabot ramasseur. "Je pensais que tu étais quelqu'un d'autre, sinon je ne t'aurais jamais frappé. Toutes les femmes qui viennent ici sont habituées à la tendance qu'ont mes frères et moi de gifler le derrière d'une femme à l'occasion, mais nous ne le faisons généralement pas aux nouveaux arrivants. Je vous présente mes excuses".
Son cœur a fondu. Si beau et si courtois ! Enfin, courtois après coup, en tout cas, mais c'était mieux que pas de courtoisie du tout.
"Vous voulez dire que vous avez tous l'habitude de faire ça, alors ?"
Luke haussa les épaules. "Il n'y a pas beaucoup de femmes qui travaillent ici, mais oui. Quand on peut." Il lui alors fit un large sourire. "Les badinages sexuels se produisent dans toutes les industries dominées par les hommes, n'est-ce pas ?" Son sourire quitta son visage quand il devenait sérieux. "Mais toutes les femmes n'aiment pas ça, alors si vous n'aimez pas ça, dites-le. Ça n'arrivera pas si vous vous y opposez, crois-moi."
Les entrailles de Bianca faisaient des sauts périlleux. Sa tendance sur la fessée était son sale petit secret depuis des années. Osait-elle espérer qu'elle avait enfin trouvé quelqu'un qui partageait son fétiche ?
C'est alors qu'elle commença à préparer Red pour une balade, en essayant de cacher l'excitation qu'elle ressentait à l'idée d'être frappée par la récolte. Et ils l'ont tous fait, ils ont tous donné la fessée à des femmes ? Les trois frères ?




Chapitre quatre


"Saucisse". Darren lui murmura ce mot à l'oreille en passant devant elle en allant vers la sellerie. Ce n'était qu'un mot chuchoté.
"Saucisse ! Saucisse !" répéta-t-elle, en s'efforçant de baisser le ton. C'était difficile - elle voulait le crier sur les toits, son cerveau lui criait de faire passer le mot à haute voix - mais elle repoussa l'envie. "Saucisse, saucisse, saucisse."
Quelques minutes plus tard, le dégoût devenait évident sur son visage quand il l'avait vue répéter le mot qu'il lui avait murmuré avant.
Darren avait découvert son chuchotement par hasard, lorsque Mme Lewis avait apporté un plateau de rouleaux de saucisses chaudes, fraîchement sortis du four, pour le thé du matin la veille. Bianca avait tranquillement prononcé le mot toute la matinée et malheureusement, Darren avait entendu.
Ses chuchotements étaient aléatoires : n'importe quel mot pouvait la faire exploser, et même si la plupart du temps elle allait bien, de temps en temps son cerveau se fixait sur un mot, et c'était fini ; elle n'avait plus de paix. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était espérer que l'écholalie disparaîtrait bientôt.
Bianca avait apprécié ses deux premiers mois dans les écuries de Tom Lewis, et à part Darren qui semblait lui en vouloir après qu'elle ait accidentellement refusé un rendez-vous avec lui lors de son deuxième jour de travail, elle s'entendait bien avec les autres membres du personnel. C'était une équipe qui travaillait dur mais qui aimait s'amuser, et elle s'était bien intégrée. Et même si elle savait qu'ils avaient tous remarqué ses tics - il faudrait qu'ils soient sourds et aveugles pour ne pas les remarquer - aucun d'entre eux n'en avait parlé. Aucun, sauf Darren. Il s'était fait un plaisir de trouver de nouveaux mots déclencheurs pour la provoquer. Si elle s'éclaircissait la gorge, il s'éclaircissait la sienne. Et si elle reniflait, comme elle avait tendance à le faire, il se tenait à côté d'elle et reniflait aussi, directement dans son oreille.
Elle repoussait ses larmes. Elle ne pleurait pas. Elle ne pleurait plus. Elle avait fini de pleurer pour la Tourette. Ça n'avait pas aidé, ça n'avait pas amélioré les choses ; au contraire, ça avait aggravé ses tics.
Il fallait l’ignorer. Mais maintenant, elle pouvait entendre les mots d'encouragement d'Annie dans son oreille. Sa sœur lui manquait. Elle avait passé tellement de temps avec Rose, à renforcer les liens qu'elles avaient tissés, à améliorer la condition physique de la pouliche, qu'elle n'avait pas eu avec Annie. Elle voudrait la visiter le soir pour discuter, mais à ce moment-là, Annie était trop fatiguée, trop faible et trop malade.
"Tu veux que j'arrête Darren ?" lui demanda Clay doucement, la voix basse.
Elle secoua la tête. "Non, laisse-le. Je ne veux pas faire d’ennuis, étant donné que je suis nouvelle ici. En plus, j'ai déjà eu affaire à pire que lui."
"Ok. Eh bien, tu me fais savoir si tu changes d'avis." Avec un sourire amical, il lui avait tiré son chapeau et avait continué son chemin vers les écuries.
* * *


Clay s'appuyait sur le rail supérieur de l'enclos rond et reposait sa tête sur ses avant-bras, l'observant. Elle avait un don avec les chevaux, cela ne fait aucun doute. Les progrès que Bianca avait réalisés avec Rose en deux mois seulement étaient incroyables. Ses propriétaires allaient venir demain pour la voir courir, et bien que ce ne soit que la deuxième fois que Bianca la faisait galoper, il ne doutait pas qu'ils feraient bien.
Le visage de Bianca était calme et détendu, sans aucun signe de tics, alors qu'elle se concentrait sur le cheval, communiquant avec la jument de sa manière silencieuse, renforçant ainsi le lien que les deux partageaient. Il la regardait, admirant la manière gracieuse dont elle se déplaçait, la manière confiante dont elle travaillait avec le cheval. Elle était si jolie quand son visage n'était pas déformé par de ridicules secousses. C'était dommage qu'elle ait le syndrome de Tourette, sinon elle serait une femme magnifique.
Elle leva les yeux et le vit la regarder, et il sourit. Mais au lieu de le rendre, elle fronça les sourcils et rapidement détourna le regard, pour le regarder à nouveau quelques secondes plus tard, toujours en fronçant les sourcils.
"Ne me regarde pas", murmura-t-elle doucement, mais il entendit chaque mot.
"Pourquoi pas ? Tu devrais être habitué à ce que les gars te regardent."
"Oh, je le suis. Pas seulement les mecs non plus ; les filles aussi aiment me regarder et se moquer." Sa voix était amère, triste et mélancolique, et il réalisa instantanément son erreur.
"Attends, ce n'est pas ce que je voulais dire", objecta-t-il, mais il était trop tard. Il remarqua l'air de concentration féroce qu'elle avait toujours sur le visage lorsqu'elle essayait de supprimer un tic. Il l'avait manifestement bouleversée plus qu'il ne l'avait réalisé. Idiot ! se réprimanda-t-il. "Ce que je voulais dire, c'est que tu es belle ! Tu devrais être habituée à être admirée !"
Elle se mit à renifler et à secouer la tête, mais il remarqua le demi-sourire qu'elle essayait vaillamment de cacher. "Personne ne m'admire."
"Je suis sûr que beaucoup le font."
"Ils ne le font pas, croyez-moi." Elle a tourné son attention vers le cheval.
"Moi, si."
En arrêtant Rose, elle se retourna et le regarda avec surprise. "Pourquoi le ferais-tu ?"
"Je viens de dire que tu es belle." Sa voix était douce lorsqu'il prononçait ces mots, mais c'était vrai, il la trouvait belle. Ses yeux étaient toujours si tristes, elle semblait si vulnérable... et c'était cette vulnérabilité, cette tristesse, qui l'attirait plus que tout autre chose, et qui faisait ressortir les instincts protecteurs en lui.
"Je suis un monstre." Elle l'a dit de façon si directe, comme si elle y croyait vraiment.
Sa déclaration lui brisa le cœur. "Tu n'es pas un monstre."
"Si, j'en suis un." Puis elle se retourna vers Rose, commandant silencieusement le cheval dans un rendement d'un quart arrière.
Clay regarda un peu plus longtemps, impressionné par les techniques d'équitation naturelles que Bianca utilisait pour créer le lien avec la jument et rendre son corps à nouveau fort et souple. Bien que la pouliche n'ait pas encore atteint sa forme optimale, maintenant que Bianca la monte quotidiennement, il ne lui faudra pas longtemps pour être en pleine forme.
Plus il restait là à la regarder, plus il se sentait attiré par elle. Il dut complètement se défiler en la regardant, parce qu'ensuite, elle était juste à côté de lui, manipulant le loquet de la porte, tenant la corde de plomb de Rose dans une main. Profitant de l'occasion, il lui tendit la main et lui toucha doucement l'épaule, en la regardant profondément dans les yeux. Elle évita d'abord son regard, mais il garda les yeux fixes et finalement elle rencontra son regard égal à un regard plat de sa part ; un défi.
"Tu n'es pas un monstre", lui dit-il doucement mais fermement. "Si tu étais à moi, je te donnerais une fessée pour avoir parlé de toi comme ça", la réprimanda-t-il.
Elle sourit. "Heureusement que je ne suis pas à toi, alors, n'est-ce pas ? Parce que je parle de moi comme ça tout le temps ! Je suis un monstre, c'est juste un fait de la vie."
Il garda la main sur son épaule, la tenant immobile. "Non", argumentait-il.
"Oui", affirma-t-elle en haussant les épaules. "Je peux y aller maintenant ? J'ai du travail à faire."
Se tenant à l'écart, il la laissa partir, mais pas avant d'avoir vu un soupçon de sourire lui traverser le visage. Elle donc apprécia son attention ? Bien. Il l'aimait bien - il n'avait jamais rencontré une femme plus courageuse, plus intrépide, une femme courageuse, mais si brisée à l'intérieur. Son cœur se serrait à l'idée de la douleur qu'elle devait porter. Il soupirait de frustration en souhaitant qu'elle soit sienne.
* * *


Encore une fois ! pensa Bianca avec enthousiasme. Il parla encore de fessée ! Elle était cependant frustrée de voir qu'il n'en parlait ainsi et ne donnait suite à aucune de ses menaces. S'il avait tellement envie de lui donner une fessée, pourquoi ne l'a-t-il pas fait ?
Chaque jour, Annie demandait si elle avait fait des progrès avec Rose. Après cela, elle demanda si elle avait fait des progrès avec Clay. Tous les jours, sa réponse était toujours la même : non. Clay la traitait avec gentillesse ; tous les frères le faisaient. Comme la plupart des gens à l'écurie. Mais à part le bavardage général au travail, ils ne faisaient pas d'efforts pour lui parler, et elle savait qu'elle pouvait aussi bien ne pas exister.
Annie. Son cœur se serra à la pensée de sa sœur. L'image de sa frêle sœur lui traversa l'esprit. Annie s'était battue courageusement - elle se battait encore courageusement - mais elle menait une bataille perdue d'avance. Avec le cancer, il n'y avait pas de vainqueurs. Pas à la fin. Il n'y avait que des victimes à la fin. Victimes des ravages de la chimiothérapie et des radiations, victimes de la maladie qui les rongeait de l'intérieur. Et, finalement, les victimes étaient celles qui restaient derrière, pleurant la perte de leurs proches. Le temps manquait pour Annie, et au lieu de choisir d'être avec sa sœur, Bianca choisissait d'être avec un cheval. Des larmes de culpabilité lui piqueraient les yeux lorsque la prise de conscience la frappa. Il fallait vraiment qu'elle mette de l'ordre dans ses priorités : passer du temps avec sa sœur était important.
"Oh, Bianca !" Clay cria, alors qu'elle conduisait la pouliche dans l'écurie et verrouillait la porte. "Les propriétaires de Rose viennent demain pour te voir faire du cheval. Ils veulent la chronométrer, voir si elle est rapide. Si elle est assez rapide, elle reste. Sinon..." La voix de Clay s’éteignit. Il n'avait pas besoin de finir sa phrase. Tous deux savaient quel sort attendait la pouliche si elle ne courait pas assez vite. Les propriétaires avaient déjà investi tellement d'argent pour sauver ce cheval qu'ils n'étaient pas prêts à continuer à la payer s'ils n'obtenaient pas un retour sur leur investissement.
"Elle est rapide", insista Bianca. "J'ai senti son pouvoir. Elle est vraiment rapide."
Clay hocha simplement la tête. "On verra bien."
* * *


"Vous êtes en retard." La voix accusatrice était la première chose que Bianca a entendait lorsqu'elle ouvrit la porte d'entrée. "Ton père est toujours au pub, ivre comme d'habitude, et tu n'es pas rentrée aujourd'hui. Annie m'a dit que tu es à peine rentré depuis des semaines. Ta sœur n'est plus importante pour toi ?"
Bianca tournait autour, les armes à la main, pour affronter la femme qui avait choisi de quitter leur vie il y a des années et qui essayait maintenant de revenir de force.
"Excusez-moi ?" criait-elle, une fois un tic violent terminé. "C'est moi qui m'occupe d'Annie depuis des années alors que vous parcourez le monde en oubliant que vous avez même des filles ! Comment osez-vous revenir ici en m'accusant de ne pas faire passer Annie en premier ? Annie a toujours été la personne la plus importante dans ma vie ; elle le sera toujours !
Les deux femmes sont restées debout dans le foyer et se sont engueulées pendant plusieurs minutes, se lançant des insultes dans tous les sens. Leur rage combinée suffit à bloquer tout bruit ; aucune d'elles ne remarqua la voiture qui s'arrêtait dans l'allée jusqu'à ce que la porte d'entrée s'ouvre et que le père de Bianca se tienne là, accueillant les deux femmes en colère. La mère de Bianca s'est alors retournée contre lui, et Bianca en profita pour s'échapper, fuyant dans le couloir vers la chambre de sa sœur.
Annie était bien réveillée lorsque Bianca est entrée ; les voix élevées l'avaient perturbée. Des larmes coulaient sur ses joues et le cœur de Bianca s'est resserré. Annie n'a jamais pleuré.
"Tu dois lui pardonner", chuchota Annie. "Tu ne peux pas la haïr pour toujours."
"Lui pardonner ?" Bianca était incrédule. "Jamais ! Je ne lui pardonnerai jamais de nous avoir abandonnées au moment où on avait le plus besoin d'elle !"
Annie tapota le lit à côté d'elle. "Assieds-toi", dit-elle doucement à travers ses larmes. "J'ai pris une décision", annonça-t-elle. "Je vais aller à l'hospice demain. Je ne veux plus être un fardeau pour toi."
"Non, Annie !" Bianca protesta. "Tu n'es pas un fardeau ! Je reviendrai plus souvent à la maison dans la journée, je te le promets ! Et je rentrerai plus tôt le soir aussi ! Je suis désolé de te laisser tomber, Annie, je vais aller mieux, s'il te plaît ne pars pas !"
Annie secoua juste la tête. "Tu as une vie à vivre", dit-elle. "Un travail à faire, un homme à piéger, un cheval à sauver. Tu n'as pas à t'inquiéter de prendre soin de moi."
"Mais je veux prendre soin de toi !"
"Je ne veux pas que tu le fasses." La voix d'Annie était dure et froide, mais Bianca savait que c'était un acte. Elle savait à quel point Annie était prête à se sacrifier pour le bonheur d'un autre, et cette connaissance la faisait craquer et pleurer.
"Tu ne le penses pas, Annie", disait-elle doucement à travers ses larmes. "Je sais que tu ne le penses pas."
"Je le pense", dit-elle avec force. "Ma décision est prise. Je vais à l'hospice demain. Maman m'y emmènera demain matin ; je serai bien installée et j'attendrai que tu viennes me voir après le travail.
Bianca était trop bouleversée pour dormir. Elle tenait la main d'Annie fermement toute la nuit, essayant de faire correspondre ses respirations rapides et irrégulières aux respirations lentes et rythmiques d'Annie, essayant de se détendre, mais cela n'a pas marché. Son ventre était noué, sa tête lui faisait mal et le sommeil lui échappait. Elle souhaitait que demain ne vienne pas. Non seulement elle perdait davantage sa sœur, mais il était possible qu'elle perde aussi le cheval qu'elle était en train d'aimer.

Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=64891891) на ЛитРес.
Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.