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Ange Rebelle
Dawn Brower
Une dame à l'esprit rebel et le marquis déterminé à l'aimer.... Miss Angeline Marsden est de nature rebelle et ne cherche pas à s'en excuser. Ses parents eussent préférer qu'elle ne participe pas aux activités du groupe local de suffragettes, mais elle croit que toutes les voix de femmes devraient être entendues. Après s'être retrouvée dans des ennuis dont elle ne parvient pas à s'extirper, son unique choix est de se tourner vers le seul homme qu'elle a toujours aimé et qui la traite comme une soeur. Au grand désarroi de Lucian St John, le Marquis de Severn, il a toujours été attiré par Angeline. Elle est son unique tentation irresistible, cependant, elle est également la meilleure amie de sa soeur, et par conséquent intouchable. Lorsqu'elle se retrouve dans une terrible situation par sa propre faute, il se précipite à son secours en lui proposant de l'épouser. Lucian et Angeline n'avaient jamais osé rêver d'un avenir commun. Le Mariage est bien la dernière chose qu'ils auraient espéré alors que c'est la seule chose qu'ils souhaitaient. Trouveront-ils le moyen d'ouvrir leurs coeurs l'un à l'autre afin de faire de leur voeu de Noël une réalité ?

Dawn Brower
Ange Rebelle

ANGE REBELLE
UN ROMAN MARSDEN, LES DESCENDANTS

DAWN BROWER
TRADUIT DE L’ANGLAIS PAR BELLA NAZAIRE
Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages et évènements sont le produit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés de manière fictionnelle et ne sont pas à considérer comme réels. Toute ressemblance à des lieux réels, à des organismes ou personnes, vivantes ou mortes, serai pure coïncidence.
Ange rebelle Copyright © 2019 Dawn Brower
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne saurait être utilisée ou reproduite par tout moyen électronique ou mécanique sans autorisation écrite, à la seule exception de brèves citations insérées dans des critiques.
Publié par Tektime


A tous les lecteurs ayant adoré ma saga sur les Marsden. J'espère que vous apprécierez la prochaine génération et aimerez ces personnages autant que moi.


REMERCIEMENTS
Remerciements tous particuliers à Victoria Miller. Je suis toujours impressionnée par son talent, et comme éditeur—Je n'ai jamais connu mieux. Merci pour tout le travail que vous faites et l'aide que vous m'apportez pour renforcer mes récits. Je l'apprécie vraiment plus que je ne saurais jamais dire. Elizabeth Evans, merci d'être mon ancre et de toujours lire mes brouillons les plus bruts. Je vous apprécie plus que je ne pourrais jamais l'exprimer.
Merci également aux auteurs qui travaillent avec moi sur le projet Vœux de Noël. Cela a été merveilleux de regarder toutes les histoires se concrétiser et j'espère que vous avez eu autant de plaisir à écrire vos livres que je l'ai fait moi-même. Rebekah Lewis, Rebecca Lovell, Amanda Mariel, Hildie McQueen et Sandra Sookoo – J'espère que nous aurons l'occasion de travailler sur de nombreux autres projets ensemble.

CHAPITRE UN

Septembre 1906
La vague de chaleur qui berçait le pays était devenue insupportable. Pour Miss Angeline Marsden, cela signifiait un niveau d'anxiété croissant. Elle avait des projets que ses parents n'approuveraient pas, en vérité, c'était certains qu'ils allaient lui sonner les cloches à ce sujet. Mais une fille a bien le droit de s'accrocher à ses convictions, et Angeline en avait pas mal. Certaines batailles devaient être menées de front alors que d'autres nécessitaient l'emploi de quelque sournoiserie pour remporter la victoire. Le fait que ses parents n'aiment pas la cause qui était sienne l'avait poussé vers cette seconde approche.
Si elle voulait avoir la moindre chance de pouvoir participer prochainement à la parade, il lui faudrait l'aide d'un proche. Plus particulièrement celle de sa meilleure amie, Lady Émilia St. John, et Angeline espérait vraiment qu'elle l'aiderai. Autrement, elle ignorait comment elle allait réussir à tromper ses parents. Il fallait que ça marche. C'était très important pour elle, et elle était prête à presque tout pour s'assurer que les choses se passent selon sa volonté.
Angeline se précipita dans la rue en direction de la maison Huntly. Émilia l'attendait pour le thé. Elle espérait vraiment que la mère d'Émilia, la Duchesse de Huntly, ne serait pas chez elle. Cela risquait d'être difficile d'obtenir l'assistance d'Émilia si elles étaient obligées de discuter en chuchotant derrière leurs éventails de soie. Lorsqu'elle arriva à la porte, elle frappa avec le heurtoir à deux reprises. Un homme aux cheveux sombres grisonnants sur les côtés lui ouvrit et l'accueilli,
– Bonjour, Miss Angeline.
– Hello, Simmons.
Elle fit un hochement de tête en direction du majordome vieillissant.
– Émilia est-elle au salon ?
– En effet, elle s'y trouve, confirma-t-il.
– Et sa grâce également.
Zut. Elle qui avait espéré que la mère d'Émilia’ serait partie en tournée de visites. En temps normal, elle aurait adoré une visite avec elles deux. Elle considérait la duchesse comme un membre de sa famille, en quelque sorte. Ses parents étaient proches d'Émilia, et elles avaient grandi ensemble. Il n'y avait aucun rassemblement familial sans la présence des Marsden et des St. John. Malheureusement, sa tante honoraire Rubina ne serait pas plus satisfaite des projets d'Angeline que ne l'étaient ses parents. D'une façon ou d'une autre, elle trouverait une façon de contourner les obstacles.
– Merci, Simmons. Elle lui adressa un hochement de tête.
– Je trouverais bien mon chemin jusque là.
Elle n'attendit pas la réaction du majordome. Le manoir de Huntly était comme un second foyer pour elle. Angeline en connaissait les recoins comme ceux du domaine de la famille Marsden. Elle emprunta le couloir et tourna à droite pour pénétrer dans le petit salon. Il avait été redécoré de nuances de bleu foncé et d'or. La duchesse avait souhaité du changement, et la nouvelle association de couleurs donnait à la pièce une atmosphère bien plus élégante. Un chariot à thé avait déjà été apporté et plusieurs gâteaux étaient disposés sur une table à proximité.
– Belle après-midi , les salua-t-elle.
La duchesse était vêtue d'une robe de promenade vert sombre au corsage décoré de boutons d'or sur le devant. Elle portait des gants en peau de chevreau parfaitement assortis à la robe. Elle avait probablement décidé qu'un chapeau aurait été de trop et elle avait laissé sa blonde chevelure sans ornement.
– Angeline, dit-elle joyeusement.
– C'est si gentil à vous de vous joindre à nous.
Elle sourit à la duchesse.
– Cela fait longtemps que nous ne nous sommes pas vues.
Elle se pencha et lui posa un baiser sur la joue.
– Comment vous portez-vous ?
La duchesse fit un signe de la main.
– Vous n'avez pas besoin d'entendre parler de notre voyage à la campagne. Noah avait des affaires à régler concernant la propriété et je dois admettre qu'il était bien agréable de se mettre quelques temps en mode rustique au château de Huntly. Il est plein de courants d'air et il fait plus frais qu'ici. Qu'elle chaleur, je n'en revenez pas… Et vous ?
Émilia roula des yeux pendant que sa mère ne regardait pas. La duchesse l'aurait châtiée pour un comportement si indigne d'une lady ; Angeline étouffa un rire afin de ne pas attirer d'ennuis à son amie. Émilia était une version plus jeune de la duchesse, jusqu'à avoir les même yeux gris-argent. Elle portait même un ton de vert similaire à celui que portait sa mère ; parfois cela pouvait être déconcertant, une telle ressemblance.
– venez vous asseoir.
Émilia tapota le coussin auprès d'elle.
– Dites-moi ce que vous mijotez ces jours-ci .
Angeline tira la langue :
– Je ne fais rien de tel.
Son amie ne la connaissait que trop bien. Il y avait forcément un moyen de détourner l'attention de la duchesse afin de se retrouver un peu seule avec Émilia. Si elle ne pouvait s'assurer son concours alors son plan tomberait à l'eau.
– J'avais seulement envie de voir ma meilleure amie .
– C'est si aimable à vous , déclara la duchesse avec sincérité.
– Comment se portent votre mère et votre père  ?
Extrêmement déterminé à me gâcher la vie…
Allons bon, la duchesse n'aurait pas envie d'entendre cela de sa part ; même si c'était la vérité.
– Ils se portent merveilleusement. Père était en train d'envisager un retour possible à la propriété de campagne. Londres est vraiment devenu impossible au cours du mois passé. La chaleur est une torture.
Pour appuyer sa déclaration, elle déploya son éventail de soie et commença à l'agiter devant son visage.
– Cela aura été une dure année pour votre famille . Elle avait un soupçon de tristesse dans la voix.
– Avec votre grand-père…
Angeline avait manqué terminer la phrase à sa place, mais au lieu de cela elle déglutit comme pour avaler la grosse boule qu'elle avait désormais dans la gorge. Il y avait un an, son grand-père était décédé soudainement. Un événement qui avait lourdement affecté son père ; nul ne s'était jamais préparé à l'éventualité du décès du vieil homme. D'une certaine façon, il avait paru si infaillible. Avec le décès inattendu de son grand-père, le père d'Angeline était devenu à son tour Vicomte de Torrington. Un titre qu'il aurait volontiers attendu encore une éternité si cela avait pu suffire à maintenir son père en vie plus longtemps. Il n'était un secret pour personne que le vieux vicomte avait mené une existence de pirate avant d'épouser la grand-mère d'Angeline. Cela lui avait conféré une dangereuse aura qui avait fait trembler de terreur tout prétendant intéressé par Angeline. Que son propre père soit capable d'un seul regard de faire geler sur place n'importe quel homme n'arrangeait pas les choses. Entre les deux hommes, elle n'avait pas réussi à s'attacher un époux après plusieurs saisons. C'était heureux qu'elle ne veuille pas réellement de mari.
Et bien, cela non plus n'était pas tout à fait vrai.
Il y avait bien un homme qu'elle souhaitait épouser, mais malheureusement il ne lui prêtait jamais aucune attention. Mais c'était un obstacle dont elle se préoccuperait bien plus tard ; peut-être jamais. Elle n'allait pas laisser ces vieilles blessures dicter chacune de ses décisions. Il y avait des problèmes plus pressants requérant toute son attention. Gagner le cœur d'un homme insouciant était le cadet de ses soucis.
– Grand-père nous manquera  , assura-t-elle à la duchesse.
– Nous ne l'oublierons jamais. – Il ne sera jamais oublié. Thor était un saligaud têtu et arrogant, mais nous l'aimions, probablement un peu pour ces traits seuls.
– C'est bien vrai, dit une voix masculine alors que quelqu'un pénétrait dans la pièce.
Le cœur d'Angeline palpita dans sa poitrine. Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration pour tenter de calmer les mouvements rapides de ce traître d'organe. Il n'avait qu'un mot à dire et elle le désirait. Cela avait toujours été ainsi et peut importait ce qu'elle faisait, cela ne changeait pas.
Lucien St. John, marquis de Severn et héritier du duché Huntly, était aussi le frère aîné de son amie la plus proche et l'homme qu'elle aimait au-delà de la raison.
Ses cheveux sombres et ses pommettes ciselées lui donnaient un visage à la beauté du diable, mais ses yeux argentés exprimaient une diablerie qu'elle ne pouvait que deviner. Il avait toujours été un parfait gentleman avec elle, mais elle savait qu'il avait un côté mauvais. Pas personnellement… Non, elle n'avait jamais eu la chance de goûter à la passion sous aucune forme. Des rumeurs se répandaient en abondance sur ses friponneries et elle avait toujours été verte d'envie. Elle voulait qu'il la regarde et la désire de la même manière qu'elle l'avait toujours désiré.
– Bonjour, maman, dit-il en se penchant pour embrasser la joue de la duchesse. J'espère que je ne vous interromps pas.
– Pas du tout chéri, répondit la duchesse.
– Êtes-vous ici pour vous joindre à nous pour le thé ?
– Je voudrais pouvoir, répondit-il doucement.
– Je suis ici pour voir Père, mais je voulais venir dire bonjour avant de nous isoler dans son bureau.
– Les affaires du domaine ? Sa mère leva un sourcil interrogateur.
– Ne vous en faites pas. Je suis sûre qu'il me le dira plus tard. Êtes vous sûr vous ne pouvez pas rester avec nous peu un plus longtemps ?
Autant qu'Angeline avait aimé étudier l'homme qui détenait son cœur sans l'avoir remarqué, elle avait d'autres choses à l'esprit. Si Lucien restait, cela rendrait son but bien plus difficile à atteindre. En outre, ça la rongeait lentement d'être en sa proximité. Rien n'a apporté dehors le cafard tout à fait comme son oublie continu. Elle aurait aussi bien pu être invisible quand Lucien était là. Il ne prenait pas la peine de la saluer à moins que les bonnes manières lui dictent de tenir compte de sa présence. Même là, il ne tournait pas la tête et ne lui disait pas le moindre bonjour à elle ou à Émilia. Il garda son attention sur sa mère.
– Il me faut décliner. Sa voix semblait résonner d'une déception à peine perceptible. Angeline doutait que Lucien ait une once de regret en lui. Bien sûr, il aimait sa mère, mais il avait été décrété le plus vil des fripons. Il préférerait probablement passer du temps en compagnie d'une sorte de femme plus délectable. Lucien était tout sauf subtil.
– Peut-être que nous pourrions faire un dîner de famille plus tard cette semaine.
Angeline déglutit, mal à l'aise. Pourquoi était-elle allée tomber amoureuse de lui ? Il ne l'aimerait jamais en retour…
La duchesse sourit, le bonheur rayonnant autour d'elle.
– Quelle belle idée. Elle se tourna vers Émilia.
– Vous pouvez m'aider à planifier ça, chérie. Puis elle jeta un coup d'œil à Lucien.
– Nous enverrons une note à votre logis lorsque nous aurons fixé une date. Allez rencontrer votre père. Vous savez à quel point il déteste être obligé d'attendre.
Vous avez raison, acquiesça Lucien.
– Savourez votre thé Sur ces mots, il les laissa seules dans le salon.
Angeline ne pouvait s'empêcher de le regarder alors qu'il sortait. Son regard semblait le suivre naturellement chaque fois qu'il se trouvait à proximité. Parviendrait-elle jamais à laisser ses sentiments pour lui derrière elle ? Elle retint un soupir. Cela n'aiderait pas sa cause, aucune d'entre elles.
– Émilia, Angeline se tourna vers elle.
– Le temps est tellement beau aujourd'hui ! Voulez-vous aller faire une promenade avec moi ?
– Êtes-vous devenue folle ? Émilia fronça les sourcils.
– Il fait aussi chaud qu'en enfer dehors. Elle ouvrit son éventail en soie et l'agita furieusement sur son visage rougi.
– Je préfère ne pas m'efforcer plus que nécessaire.
Cette fois Angeline soupira. Émilia avait raison, mais elle était à court d'options. Elle voulait son aide, alors elle devrait trouver un autre moyen de discuter de son problème avec Émilia en privé.
– Je suis… inquiète Je pensais que marcher aiderait.
– N'avez-vous pas marché pour venir jusqu'ici, chérie ? demanda la duchesse, son ton évoquait un soupçon de scepticisme.
– J'aurais cru que c'était plus qu'assez d'exercice.
Son domicile n'étant pas très éloigné de Huntly Manor, elle ne voyait donc aucune raison de faire atteler une calèche sur une courte distancie, même par une journée étouffante.
– Si Émilia ne veut pas se joindre à moi, c'est sa décision. Angeline dut se retenir d'attraper et de secouer son amie. Elle devrait attendre le dîner chez les Wharton plus tard pour s'arroger un peu de temps seule avec elle.
– Peut-être que je devrais me passer de thé et rentrer à la maison.
Sa visite de l'après-midi ne s'était pas passée comme prévu. Elle avait également dû souffrir pendant tout le temps passé en compagnie de Lucien – il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il lui accorde la moindre attention. Peut-être que cela faisait partie de son problème. Elle se languissait de d'amour pour lui depuis l'âge de dix ans. Neuf ans plus tard, son cœur continuait à battre à tout moment.
– Je ne voulais pas insinuer que vous n’étiez pas la bienvenue, déclara la duchesse.
– S'il vous plaît, ne vous sentez pas obligée de partir.
Angeline se leva et alla vers la duchesse pour la prendre dans ses bras.
– Vous êtes bien aimable, comme toujours, tante Ruby – c'est comme je l'ai dit. Je ne suis pas tranquille.
Elle ne voulait pas faire penser à la duchesse qu'elle avait mal agi. Rien n’eut été plus faux. Si quelqu'un pouvait être tenu responsable de son agitation, c'était Lucien. Elle était nerveuse avant son arrivée à Huntly Manor, mais sa proximité avait encore aggravé les choses. Angeline recula.
– Ne vous inquiétez pas, tout va bien, et je vous verrai ce soir au dîner des Wharton.
Émilia se leva et enroula son bras autour de celui d'Angeline.
– Je vais vous raccompagner si vous insistez tellement pour partir avant de prendre un thé.
Elle plissa le nez.
– Il fait chaud, et malgré que je sois desséchée, le thé semble… trop en cet instant. En vérité, elle avait perdu son appétit – si elle en avait jamais eu un – le moment où Lucien était entré dans le salon.
– Il ne fait jamais trop chaud pour le thé, répondit Émilia.
– Peut-être que quelque chose d'autre vous dérange ? Le coin de sa bouche se releva en un sourire malicieux. Son amie la connaissait trop bien…
Elles sortirent de la pièce et traversèrent le couloir menant au hall. Angeline ne prit la peine de commenter l'allusion si peu subtile d'Émilia à la présence de Lucien qui interrompait le thé. – Nous aurons à discuter encore plus tard. Il y a quelque chose dont je veux m'entretenir avec vous.
– A propos de Lucien ?
Angeline roula des yeux.
– Bien-sûr que non. Il est…
Zut. Dans un monde parfait, il serait tout pour elle. Dommage, Lucien ne ressentirai jamais la même chose.
– Même si je souhaite ardemment qu'il m'aime, il ne m'aimera jamais. Vous le savez plus que quiconque. C'est quelque chose de plus important.
– Mon frère est un imbécile, dit Émilia en plaçant sa main sur celle d'Angeline.
– Nous parlerons plus au dîner. Je vous aiderai quoi qu'il arrive.
Émilia avait toujours été là pour elle. Espérons qu'elle soit toujours prête à l'aider une fois qu'elle aura compris ce dont Angeline avait besoin. Elle serra son amie dans ses bras et quitta le manoir. Elle avait de quoi réfléchir avant le dîner prévu pour plus tard dans la soirée. Lucien pourrait aller rôtir en enfer. Il était probablement le maître de cette fosse ardente et la raison pour laquelle ils étaient submergés par l'atmosphère inhabituellement chaude.
D'accord, il n'était pas si méchant que… Elle aurait souhaité qu'il l'aimât. Cependant, espérer l'impossible ne changerai pas la réalité.

CHAPITRE DEUX
La chaleur n'était pas beaucoup plus supportable le soir, mais elle était suffisamment descendue pour être plus tolérable. Lucien aurait pu se passer de tout divertissement pour la soirée, mais il avait promis à son père d'assister au dîner des Wharton. Il avait été terriblement absent de toutes les activités sociales ces derniers temps. Son père, le duc, ne l'avait pas expressément pressé de se marier, mais il lui avait suggéré à plusieurs reprises de commencer à chercher. Il avait vingt-trois ans. Pourquoi un tel empressement ? Il n'était pas contre le mariage, mais il n'avait aucune raison d'envisager pour lui-même de tels liens du avant l'âge de 30 ans.
Il ferait une apparition au dîner et, plus tard, il irait au club avec ses deux amis les plus proches avant de partir s'occuper des affaires de la succession de leur père – ils seraient partis pour une quinzaine de jours au moins. Les jumeaux Marsden, Alexander et Andrew. Ils avaient plusieurs mois de plus que lui et avaient grandi ensemble. Sa famille était proche des Marsden, et ils avaient passé beaucoup de temps dans leurs domaines respectifs. Cette année, ils se rendaient à Huntly Manor pour la saison de Noël. Aussi loin qu'il se souvienne, tous les ans, sa famille avait pris part à des fêtes dans la propriété ducale. Les autres années avaient été passées au manoir des Marsden, et oui, le vicomte et la vicomtesse de Torrington les y avaient également rejoints.
Lucien se dirigea vers la maison que les Wharton possédaient en ville et se saisit du heurtoir, le frappant deux fois contre la porte. Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit et son majordome le salua. – Bonsoir, mon seigneur, dit-il en s'inclinant rapidement. – Veuillez entrer, je vous prie.
Il conduisit Lucien dans un couloir et dans un salon. Plusieurs autres membres du groupe étaient déjà présents, dont Alex et Drew. Il était surpris de voir les jumeaux à quelque chose d'aussi civilisé qu'un dîner. Et ce à quelles fins ? Peut-être que leur père les avait forcés à y assister également.
– Lucien, le salua Andrew. – Heureux de vous voir ici ! S'il vous plaît, dites-moi que vous avez un plan pour vous échapper plus tôt.
Il en avait un, mais maintenant il n'était plus si certain que ça marcherait. Avec Alex et Drew au dîner, il ne pouvait pas invoquer un engagement précédent qu’il avait oublié avec eux. Ils pourraient concevoir un plan, pourtant. Les trois ensemble étaient assez formidables. – J'aimerais pouvoir apaiser votre inquiétude, commença Lucien. – Mais hélas, j'ai bien peur de ne pas pouvoir vous aider à vous échapper. – Qu'est-ce que vous faites ici, de toutes manières ?
– Angeline avait besoin d'une escorte, répondit Alex rapidement. – Mère et Père ne sont pas encore revenus de la campagne. Nous ne pouvions pas décider lequel de nous deux l'escorterait, alors nous sommes tous les deux venus. Plus on est de fous… Il prit une gorgée de son brandy. – Les parents devraient être à la maison demain avant que nous partions pour prendre en charge le projet de Père.
Lucien éclata de rire. – Eh bien, au moins nous sommes tous dans le même guêpier. Si vous chaperonnez votre sœur, où est-elle ?
Angeline Marsden était un enfer. La plupart des Marsden avaient une forte volonté et une nature sauvage, mais elle réussit d'une façon ou d'une autre à leur donner un air apprivoisé. Elle les avait suivies dans son enfance et emmenait souvent Émilia avec elle. D'une manière ou d'une autre, elle avait réussi à infuser son esprit loyal dans sa petite sœur à mesure qu'ils vieillissaient.
– Elle est dans le coin avec Émilia. Drew pointa le doigt dans leur direction. – Elles ont la tête collée ensemble depuis une demi-heure. Je n'ai pas peur de dire que cela m'effraie. Elles sont en train de mijoter quelque chose. J’en suis certain.
Lucien ne pouvait qu'être de son avis. Il étudia les deux filles et elles étaient en train de murmurer comme si elles partageaient de sombres secrets. Les cheveux blonds d'Émilia étaient épinglés avec élégance, pas une mèche ne dépassait. Sa robe était un rose pâle bordé de blanc qui donnait à sa peau une douce lueur. Angeline… Ses cheveux noirs étaient épinglés et certaines de ses boucles encadraient son visage de manière attrayante, et sa robe n'avait rien d'innocent. La nuance plus foncée lui allait bien, et en tant qu'homme digne de ce nom, il appréciait la coupe plus risquée du corsage.
De temps en temps, l'une d'entre elle levait les yeux et vérifiait l'environnement immédiat. Quoi qu'elles soient en train de discuter, elles voulaient s'assurer que ce n'était pas de notoriété publique. Dans quoi Angeline Marsden avait-elle impliqué sa sœur? Cette fille avait besoin d'un gardien et si les jumeaux ne voulaient pas retenir leur sœur, il devrait intervenir et faire quelque chose. Sinon, sa propre sœur serait mêlée au scandale qu’Angeline était sûre de causer avec son méfait.
Quand est-ce qu'elle grandirait ? Les deux filles avaient vingt et un ans maintenant. Elles devraient être en train d'envisager de se caser et de trouver un mari. Mais non, elles étaient occupées avec leurs éternelles bêtises et il lui faudrait intervenir pour les sauver.
– Allez-vous laisser votre sœur corrompre la mienne à nouveau ? Il leva un sourcil dans la direction des jumeaux. – Quelqu'un devrait au moins essayer de les arrêter. Ce serait Lucien, mais il pensait au moins tenter de raisonner avec ses amis.
– Je pense que vous vous inquiétez pour rien, dit Alex. – Elles ne font rien dont nous devrions trop nous préoccuper.
– Je suis d’accord. C'est généralement du divertissement inoffensif. Quel problème deux filles pourraient-elles avoir de toute façon ? Drew jeta un coup d'œil derrière lui. Son ton gardait une pointe de curiosité alors qu'il demandait : – Est-ce bien Julian ?
Lord Julian Kendall était un autre de leurs camarades de classe. Il était second en ligne pour hériter d'un duché et essayait toujours de comprendre ce qu'il voulait faire de sa vie. Son frère jumeau hériterait et Julian était libre de faire presque tout ce qu'il voulait de sa vie. Il avait été question de s'enrôler dans l'armée, mais il n'avait pas encore pris sa décision. Ils étaient devenus amis parce que, avec deux paires de jumeaux à Eton, ils pensaient qu'ils devraient se regrouper et faire des ravages partout et à tout moment. Ils avaient tous une part de responsabilité dans les meilleurs méfaits et farces que l'école ait jamais vus. Le frère de Julian avait décidé de suivre son chemin une fois qu'ils seraient allés à Oxford. Il estimait qu'il devait se concentrer sur ses responsabilités en tant que futur duc de Weston.
Lucien était censé se préoccuper de ce même genre de choses. Il était l'héritier d'un duché aussi. Dans son esprit, son père resterait dans les années à venir. Il n'était pas près d'être prêt à assumer la responsabilité d'être le duc de Huntly. Il ne pouvait pas imaginer ce que son père avait vécu quand il avait hérité du titre. Il était beaucoup plus jeune que Lucien en vérité, lorsqu'il en avait hérité.
Julian se dirigea vers eux. – Content de voir des visages familiers ici.
– Qu'est-ce que vous fabriquez ici ? Demanda Alex en plaçant une mèche blonde égarée derrière son oreille. Le ton de sa voix laissait penser qu'il était sous le choc de voir Julian se montrer en société. – Cela ne semble pas être ton type de divertissement habituel.
– Et bien c’est exact. Julian grimaça. – Mais Eleanor voulait venir. Il n'y avait personne d'autre pouvant l'accompagner. Elle a son amie, Lady Hannah Jones, avec elle également. Donc, je suis coincé avec deux dames à chaperonner. Ne savent-ils pas que je suis un débauché et qu'on ne devrait pas me faire confiance?
– Et bien, commença Lucien. – Eleanor est votre sœur. Je la crois en sécurité en votre compagnie. Elle est une bonne protection pour son amie. Il frappa l'épaule de Julian avec sa main. – Je déteste vous le dire, mais elles sont tout à fait en sécurité sous votre garde.
– Bon sang, murmura Julian. – Mis à bas par la respectabilité et les liens familiaux. Jamais n'aurais-je cru voir ce jour.
Il leur en avait bouché un coin. Ils ne pouvaient pas échapper à leurs responsabilités autant qu'ils l'auraient voulu. Leurs jours de vie irresponsable touchaient bientôt à leurs fins. – Il y a pire, je suppose. Ses paroles étaient plus le reflet des pensées de Lucien qu' autre chose, mais les dire à voix haute sembla le calmer.
– Mordez-vous la langue, dit Drew. – Je ne vais pas abandonner mon style espiègle parce que la respectabilité tente de s'infiltrer dans ma vie. C'est trop amusant pour arrêter maintenant.
– Ne pensez-vous pas tomber amoureux un jour ? Lucien leva un sourcil. – Beaucoup d'hommes ont abandonné la débauche pour l'amour d'une femme.
Le rire de Drew résonna dans la pièce. – Je n'ai pas à trouver quelqu'un à aimer. C'est à Alex de transmettre le titre. Il repoussa Alex sur le côté qui, à son tour, jeta un regard irritable à son frère, apparemment mécontent de l'injure qui lui avait été faite. – Cela me laisse tout mon plaisir. Quelqu'un doit réconforter toutes les dames qu'il rejette. Je prendrai volontiers ce fardeau.
Lucien secoua la tête. Drew était le plus sauvage des jumeaux Marsden. – Je doute qu'Alex soit pressé d'épouser quelqu'un.
– Aucun de nous ne l'est, acquiesça Alex. – Nous avons beaucoup de temps pour comprendre ce que nous voulons dans la vie. La bonne dame attendra que je sois prêt.
Il y avait beaucoup de choses qui pourraient attendre, selon Lucien. Il jeta un nouveau coup d'œil à Angeline et Émilia. Il ne pouvait réprimer inquiétude lancinante qui avait pris racine dans ses tripes. Il fallait les surveiller, mais il se disait que cela pourrait attendre plus tard. Elles ne pourraient pas faire grand chose lors d'un dîner. Il parlerait à Émilia le matin suivant ou l'après-midi. Elle ne se lèverait probablement pas assez tôt pour recevoir une visite de courtoisie. De toute façon, cela pourrait attendre.
– Il ne leur arrivera rien, dit Alex comme s'il lisait dans les pensées de Lucien. – Je parlerai à Angeline sur le chemin du retour. J'espère bien tuer leur projet dans l'œuf de cette façon avant qu'il ne prenne forme.
Il aurait aimé que ce soit aussi simple. Angeline Marsden avait une lueur dans les yeux que Lucien reconnut. Ses frères ont toujours effacé ses manières intrigantes, mais Lucien le savait mieux. Elle voulait de l'attention et personne ne lui en donnait. S'ils prenaient le temps de lui prêter attention, peut-être qu'elle cesserait de trouver sans cesse de nouveaux ennuis dans lesquels se plonger. – Je pense que je vais leur parler maintenant.
Lucien était décidé à attendre pour parler à Émilia. Si il n'y avait eut que sa sœur, ça aurait marché, mais avec Angeline au beau milieu de tout cela… Rien ne pouvait être laissé au hasard. Et si le plan qu'elle préparait avait quelque chose à voir avec le dîner ? Alors attendre n'empêcherait rien.
– vous le regretteras, dit Alex, l'assurance résonnant à travers sa voix. Laisse les tranquille. Je suis sûr que ce n'est rien.
Lucien ignora son ami et se dirigea vers Angeline et Émilia. Elles étaient toujours en discussion intense, et ni l'une ni l'autre ne leva la tête à son approche. Pour cette raison, il saisit un peu de leur conversation sans qu'elles ne remarquent sa présence.
– Je vous promets que cela fonctionnera, déclara Angeline. –  S'il vous plaît, dites oui.
– Mais si quelque chose tourne mal ? Personne ne sera là pour vous aider.  Émilia se mordilla la lèvre inférieure. –  Je ne le sens pas.
– Dois-je de nouveau tout vous ré-expliquer ?
Lucien avait vraiment envie de les interrompre en s'exclamant,
–  oui, faites je vous prie.  De cette façon il saurait exactement ce qu'elles faisaient, ou plus important ce que mijotait Angeline ? Émilia ne semblait pas être tout à fait partante et n'avait aucune intention d'être directement impliquée. Sa sœur avait généralement plus de bon sens qu'Angeline.
– Non, dit Émilia.
– Mais promettez-moi que vous viendrez me voir juste après que vous ayez fini. Je ne pourrai cesser de m'inquiéter tant que je ne serais pas sûre que vous allez bien.
– vous avez… Angeline arrêta de parler et se tourna pour regarder Lucien. Ses yeux s'assombrirent un peu alors qu'elle fixait les siens.
– N'étiez-vous pas en train de nous écouter ?
– Pas du tout, répondit-il doucement.
– Mais maintenant que vous en parlez, dans quoi exactement êtes-vous en train d'entraîner ma sœur cette fois ?
Émilia roula des yeux.
– Je n'ai pas besoin de mon grand frère pour intervenir et me protéger de mon amie. Retournez à votre petit groupe d'escrocs et planifiez votre soirée de malice. Nous sommes bien, ici, entre nous.
Les muscles de sa mâchoire se contractèrent aux paroles de sa sœur.
– J'ai bien peur de ne pas pouvoir ignorer ce que j'ai entendu. Vous allez me dire ce que vous prévoyez et tout de suite.
Le rire d'Angeline était comme un coup de poing dans le ventre. Il voulait étendre la main et la secouer pour la ramener à la raison. Pourquoi était-elle si difficile ? Son regard se fit insistant. Quand était-elle devenue si belle ? Ses cheveux noirs étaient entortillés en un élégant chignon et ses yeux bleus étaient comme des saphirs étincelants sur une toile parfaite. Sa fureur la rendait encore plus belle avec ses joues rouges et ses lèvres roses ourlées. Il voulait l'embrasser et c'était quelque chose d'entièrement nouveau. Une chose qu'il ne pouvait pas effacer, et ça l'effrayait d'une manière qu'il n'aurait jamais cru possible.
– Écoutez-moi, dit Angeline.
– Je n'entraîne pas Émilia dans quoi que ce soit pouvant lui causer du tort. Je ne lui ferais jamais ça. Allez ennuyer quelqu'un d'autre. Nous savons tous les deux que vous ne vous souciez pas de moi et ce sera plus facile pour nous deux si vous vous retiriez de ma présence.
Il tressaillit à ses mots. Qu'est-ce qui pouvait lui faire penser qu'il ne se souciait pas d'elle ? Bien sûr, il n'aimait pas certaines des choses qu'elle avait faites au fil des ans, mais il ne s'était jamais moqué d'elle. Elle était comme une sœur… Non, ce n'était pas vrai non plus. Il ne pourrait jamais ressentir pour sa sœur ce qu’il ressentait pour Angeline. Elle le mettait en colère au point de le faire presque craquer et le rendait fou même les bons jours, mais il n’avait jamais ressenti de sentiments fraternels pour elle. C'était beaucoup plus intense que ça.
– Je vais vous laisser toutes les deux seules pour le moment, dit-il aussi calmement qu'il put.
– Mais cette conversation n'est pas terminée.
Lucien devait mettre un peu de distance entre lui et Angeline. Il n'aimait pas la direction que prenaient ses pensées la concernant. Quelque chose avait changé et il n'avait fallu qu'un moment pour que cela change irrévocablement. Il ne pouvait pas la regarder sans voir en elle une femme désirable. Lucien ne devrait pas ressentir quelque chose d'aussi profond pour elle. Elle était la petite sœur d'Alex et Drew. Si jamais ils réalisaient que Lucien la désirait… Ils m'assassineraient.
D'une manière ou d'une autre, il devait freiner son désir involontaire. S'il ne le faisait pas, il craignait le chemin qui le mènerait à sa perte. Il devrait également trouver un moyen de faire comprendre à Angeline qu'il ne la détestait pas. Comment y parviendrait-il sans la prendre dans ses bras et l'embrasser de manière insensée, il l'ignorait. Il devait bien y avoir un terrain d'entente où il pouvait exprimer qu'il se souciait d'elle sans lui faire croire qu'ils avaient un avenir autre que de demeurer des amis proches.
Elle leva le menton et croisa son regard.
– En ce qui me concerne, Il n'y a rien que vous puisses dire que j'ai besoin d'entendre.
Avec cela, elle s'éloigna dans une crise de fureur qui n'arrangea en rien son désir croissant. Il n'avait jamais eu envie d'une femme à ce point, et il fallait que ce soit celle qu'il ne pourrait jamais avoir. Bon sang… Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant?

CHAPITRE TROIS
La chaleur était retombée à un niveau tolérable, mais c’était quand même un enfer. Peut-être qu'Angeline s'était habituée aux longues journées chaudes qui semblaient perdurer une bonne partie de l'automne. Au train où allait la météo, ils auraient une température étouffante même à l'approche de Noël. Elle espérait certainement que non, car les vacances ne seraient pas les mêmes sans températures plus fraîches et sans arbres couverts de neige. La chaleur ne durera sûrement pas jusqu'aux mois d’hiver. En outre, elle avait bien d'autres choses à considérer avant que cela ne devienne une réalité.
Elle se précipita dans la rue en direction de la maison Londonienne où Mme Emmeline Pankhurst organisait des rassemblements pour l'assemblée de l'Union sociale et politique des femmes – ou USPF en abrégé. Elle avait secrètement rencontré le groupe de suffragettes. Elle croyait en leur cause et voulait aider à faire une différence. Angeline ne comprenait pas pourquoi chaque femme du pays ne se tenait pas aux côtés des Pankhurst et ne revendiquait pas l'égalité des droits pour toutes les femmes.
L'USPF prenait beaucoup de risques pour se faire entendre et elle était prête à faire elle aussi tout ce qui serait nécessaire. Ceux qui étaient au pouvoir devaient comprendre qu'une femme était plus qu'une simple propriété. Rien que pour ça, elle serait heureuse de s'asseoir dans une cellule de prison ou de faire une grève de la faim.
Angeline atteignit la maison et frappa à la porte. Il n'y avait presque pas d'hommes lors de ces rassemblements et la personne qui répondait à la porte ne faisait pas exception. Bien que la personne qui ouvrit fut pour elle une surprise. La fille d'Emmeline, Sylvia, la salua, un sourire collé au visage. Emmeline devait déjà être dans la salle de réunion, indisponible pour répondre à la porte. Elle menait généralement la réunion et ceux qui se trouvaient au bas de la hiérarchie se chargeaient des tâches plus modestes. Entrez s'il vous plaît. Nous étions sur le point de commencer. Christabel a des idées brillantes pour plus tard. Les Pankhurst dirigeaient l'USPF. Emmeline était la matriarche et ses deux filles ses fidèles bras droits, même si Christabel était plus fanatique que Sylvia.
– Suivez-moi. Nous pouvons rester à l'arrière ensemble.
Elles pénétrèrent dans une grande salle qui, en temps normal, était le théâtre de bals ou de grandes soirées. Ce rassemblement était une fête d'une variété différente. Toutes les femmes présentes participeraient au mouvement des suffragettes. Angeline se pencha et murmura :
– Il y a beaucoup de monde ici.
Sylvia acquiesça.
– Ma sœur sait comment attirer une foule.
Angeline tourna son attention vers le devant de la salle. Emmeline était assise sur une chaise, à l'avant, au centre. Christabel se tenait directement à sa gauche. Elle leva la main pour indiquer que tout le monde devait rester silencieux. Merci de tout mon cœur, Mesdames! ! Nous avons encore beaucoup à faire avant l'événement de cet après-midi.
Lady Hannah Jones se glissa dans la pièce aussi silencieusement qu'elle le put et se dirigea vers Angeline. Elle s'appuya contre le mur à côté d'elle et regarda vers l'avant de la pièce. Ses tresses auburn étaient fixées dans un chignon sévère, rien ne dépassait. Angeline était surprise de voir Lady Hannah à la réunion de Pankhurst. Elle ne pensait pas que l'autre femme se serait impliquée dans quoi que ce soit pouvant être considéré comme scandaleux. Lady Hannah Jones était la fille du comte de Cavendish. Son père s'était souvent exprimé contre le comportement de toutes les femmes qui frayaient avec Emmeline Pankhurst et ses filles.
– Nous allons aujourd'hui défendre les droits de toutes les femmes. Nous exigerons des droits égaux pour tout. Nous ne devrions pas perdre notre héritage parce que nous sommes nées femmes et qui parmi nous ne connais pas une femme liée par les liens du mariage qui ne souhaiterait pouvoir l'annuler. Une fois que nous sommes mariées, nous devenons la propriété de notre mari et tout ce que nous possédons devient aussi à lui. propriété. Cela doit changer. Christabel leva le poing en l'air et toutes les femmes l'acclamèrent. – Les femmes qui doivent travailler pour subvenir aux besoins de leur famille devraient avoir un salaire égal et le droit à des conditions de travail équitables. Nous ne sommes pas moindres en raison de notre sexe.
– Cette femme a des arguments, murmura Lady Hannah dans un souffle.
– Vous ne saviez pas à quoi vous veniez assister ? Angeline ne pouvait s'empêcher de demander. Pourquoi êtes-vous ici
Lady Hannah soupira et se tourna pour la regarder dans les yeux. Ses yeux rappelaient à Angeline les herbes douces par une chaude journée d’été – la tonalité correspondait presque parfaitement alors même qu’ils paraissaient durs comme une émeraude.
– Mon père est un dur à cuire. Il parle de la perversité des femmes Pankhurst. Elle haussa légèrement les épaules.
J'ai décidé d'agir et de défier tous ses décrets. C’était ma première étape et, honnêtement, je ne savais pas à quoi m'attendre.
Angeline pouvait comprendre cela et son opinion sur Lady Hannah venait de s'améliorer passablement avec cette nouvelle information. Elle avait évousdié le groupe autant que possible avant de décider de les rejoindre. Elles avaient beaucoup de croyances radicales, mais elle croyait pleinement au bien qu’elles espéraient obtenir grâce à ces actions. Parfois, tout risquer pouvait valoir la peine, car cela pouvait mener à de grandes récompenses. Si, en fin de compte, les lois étaient modifiées pour rendre les femmes plus égales, cela en valait la peine.
– Vous ne regretterez pas d'avoir pris la décision de venir, lui dit Angeline.
– Cela fera une différence dans toutes nos vies.
– Je ne suis pas certaine que vous verrez les résultats que vous pensez, répondit solennellement Lady Hannah.
– Beaucoup d'hommes n'aiment pas l'idée que les femmes soient considérées comme égales. Changer le cœur des hommes prendra beaucoup plus de temps que nous ne le voudrions.
Malheureusement, Lady Hannah disait vrai. La plupart des hommes de sa famille pensaient toujours pouvoir tout lui dicter régulièrement. Bon sang, les hommes qui ne lui étaient même pas liés se le permettaient suffisamment souvent. Il faut bien commencer quelque part.
Hannah hocha la tête.
C'est pourquoi je suis là. Pensez-vous que ce défilé sera aussi effrayant que ce qui est annoncé ?
Angeline était venue à de nombreuses réunions, mais n'avait participé à aucun de ces événements. Le défilé serait sa première incursion dans la lutte contre l'injustice sociale.
– Je crois pleinement que ce sera une expérience qu'aucun de nous ne va oublier.
Christabel Pankhurst termina son discours puis expliqua où ils devaient se rencontrer plus tard dans la journée. Quand elles marcheraient dans les rues de Londres, tout le monde en prendrait note. Une part d’Angeline était aussi terrifiée que Lady Hannah qui elle, l'avait admis. ouvertement Au moins, personne ne penserait à la chercher au défilé. Émilia avait promis de la couvrir et la mère d'Angeline pensait qu'elle passerait toute la journée à la maison de ville de Huntly. Ça irait, elle espérait…


Lucien entra dans la maison de ville de ses parents dans le seul but de trouver sa sœur. Il devait comprendre dans quoi Angeline entraînait Émilia. Quelque chose au fond de lui croyait fermement que tout ce qu'elle avait prévu ne pourrait que finir mal. Il devait les protéger d'elles-mêmes. Angeline avait toujours été imprudente et téméraire. Émilia avait voulu l'imiter depuis le début. Elle ne pouvait pas voir comment Angeline allait éventuellement la conduire sur le chemin du scandale.
Les jumeaux Marsden, Andrew et Alexander, avaient décidé il y a longtemps de laisser Angeline vivre la bride sur le cou. Bigre, ils étaient tout aussi fous parfois. Ils prenaient un certain nombre de risques et ne réfléchissaient pas à deux fois avant de se précipiter à l'aveugle dans une situation risquée. Lucien comprit parfaitement pourquoi Émilia aimait tant Angeline. Lucien pensait parfois qu'il l'aimait un peu trop, mais c'était un problème pour un autre jour.
Il se promena dans le couloir et ouvrit la porte menant au salon. Émilia était assise sur le canapé près d'une fenêtre et lisait une sorte de missive. Elle n'a pas semblé le remarquer entrer, et cela lui a donné l'effet de surprise. Quel que soit le contenu de sa note, elle l'avait captivée et lui donna envie de la lire également. Peut-être que cela lui donnerait une idée du projet qu'elle concoctait avec Angeline. Il fit trois pas rapides et longs vers elle et le lui arracha des mains. Qu'est-ce que … ?
Elle se leva d'un bond et tenta de le lui prendre, mais il était considérablement plus grand qu'elle et pouvait le garder hors de sa portée.
– Rendez-le moi, exigea Émilia.
Elle leva les bras en l'air sans succès, puis souffla, frustrée et le fixa d'un œil mauvais pour faire bonne mesure. Puis, ne voulant pas abandonner si facilement, elle s’efforça de lui faire baisser les bras en lui piétinant le pied avec le talon de ses pantoufles dans l'espoir d'avoir le papier de nouveau à sa portée. La douleur lui traversa les orteils, mais Lucien était un dur et ne céda pas à sa tactique.
Lucien garda la lettre hors de sa portée. Il aurait préféré qu'elle lui dise ce qui se passe d'elle-même. Faire intrusion dans sa vie privée n'avait jamais été envisagé avec plaisir, mais il le ferait si cela devait la protéger à la fin.
– Qu'est-ce qui est si important que vous ayez tant besoin de récupérer ceci ? Est-ce une lettre d'amour ?
Les joues d'Émilia rougirent à ses taquineries. Était-ce une lettre d'amour ? Il avait plaisanté en disant cela, mais sa petite sœur avait-elle un aimé ? Il n'était pas sûr d'apprécier l'idée qu'un homme la courtise. La logique chez lui réalisa qu'elle finirait par s'installer avec quelqu'un… Cela devait-il être maintenant ?
– Bien sûr que non,
– se moqua-t-elle. C'est personnel !
– Je vous en prie, rendez-la moi.
– Personnel, dites-vous ?
Il l'ouvrit au-dessus de sa tête pour pouvoir le lire.
– Cela me donne envie de la lire encore plus.
– Non, arrêtez Elle lui donna un coup de poing dans le ventre et il s'inclina.
– Cessez donc d'être un branleur et rend la maintenant.
– Ce n'est pas un langage pour une dame, dit-il sifflant. Son coup de poing avait été féroce, et il regretta de lui avoir appris frapper. Alors, il avait pensé qu'elle l'utiliserait sur quelqu'un d'autre que lui.
– Qui vous avez appris ce mot ?
Elle roula des yeux.
– Je vous ai entendu le dire à Drew à quelques reprises. Si vous ne l'aimez pas, vous ne devriez pas le laisser sortir de votre bouche.
– Bon sang, pourquoi devait-elle avoir raison ?
– vous ne devriez pas espionner les conversations qui n'ont rien à voir avec vous.
Elle leva un sourcil.
– Si vous ne vouiez pas que j'entende certaines choses, alors vous n’auriez peut-être pas dû les beugler de façon ordinaire.
– Émilia tendit la main et fit un geste vers sa lettre.
– Maintenant, arrêtez de jouer et redonnez-la-moi. Je pensais que vous aviez arrêté de jouer comme un enfant quand vous aviez acheté votre propre maison en ville.
Il avait acheté la maison parce qu'il ne supportait pas les garçonnières disponibles. Lucien avait voulu son propre espace et se demandait pourquoi il n'aurait pas quelque chose de plus élaboré. S'il se mariait, il aurait besoin d'un lieu à lui où emmener sa femme et il refusait de retourner chez ses parents. Il était Marquis de Severn et cela s'accompagnait de certaines responsabilités.
– Je vous la rends si vous me dites ce dont Angeline et vous discutiez hier soir au dîner.
Elle pencha la tête sur le côté et lui lança un regard pensif :
– Je ne vous raconterais pas non plus les secrets d'Angeline.
– Elle secoua la tête avec défi.
– Si vous voulez savoir ce qu'elle fait, allez lui demander vous-même.
Sa petite sœur savait certainement quelque chose… Elle était trop évasive pour qu'il puisse croire le contraire. Il rit doucement.
– C'est plus facile de vous demander. Angeline me dirait d'aller au diable et tenterait de me mettre un coup de genoux dans les couilles.
– Elle a une tendance rebelle incomparable.
– vous savez que vous voulez me le dire. épargnez-nous à tous les deux l'embarras et commencez à parler.
– Non,– répondit-elle avec agressivité et posa les mains sur ses hanches, soulignant son mécontentement. – vous ne pouvez pas venir ici et me commander. Garde la lettre. J'ai mieux à faire avec mon temps. —
Elle passa près de lui et commença à s'éloigner. Lucien fronça les sourcils. Cela ne s'était pas passé comme il l'avait prévu du tout. Elle ne voulait vraiment pas récupérer la lettre? Pourquoi avait-elle tant lutté pour la lui reprendre si cela ne voulait rien dire? Non, ce n'était pas logique. – vous ne me tromperas pas.—
– Je m'en fiche,– cria-t-elle par-dessus son épaule. – vous êtes le pire frère.—
Eh bien, si elle s'en moquait vraiment, alors il lirait la lettre. Il l'ouvrit et parcourut rapidement le contenu. Il jura quand il réalisa ce qu'elle contenait. Émilia savait exactement ce qu'elle faisait. Angeline était dans les ennuis jusqu'au cou et c'était sa façon de s'assurer qu'elle recevait de l'aide sans trahir sa confiance. Lucien avait volé la lettre et Émilia ne pouvait pas l'empêcher de la lire. C'était une méthode efficace pour pouvoir ensuite prétexter l'ignorance et il avait un nouveau respect pour sa petite sœur.
Cela ne l'aidait toujours pas à résoudre son problème le plus immédiat. Il ne savait pas exactement où et quand ce ridicule défilé auquel Angeline avait décidé de participer allait avoir lieu. Comment était-il supposé sauver la sale gosse d'elle-même s'il ne pouvait pas la trouver? Il n'aurait probablement pas le temps de demander de l'aide à Andrew ou Alexander non plus. Une partie de lui-même se demandait s'ils seraient même d'accord pour intervenir et sauver leur sœur irresponsable s'ils le savaient. Il devait croire qu'ils le feraient. Ils pensaient qu'Angeline devrait tracer son propre chemin, mais rejoindre la cause des suffragettes pourrait la faire tuer.
Il appartenait à Lucien de la sauver et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour qu'elle rentre chez elle saine et sauve. Angeline le détesterait probablement pour ça, mais il pourrait vivre avec cette conséquence. Tant qu'elle allait bien, rien d'autre ne comptait.

CHAPITRE QUATRE
Angeline essuya la sueur de son front. Le bruit des femmes qui défilaient résonnait autour d'elle. Parfois, elle se demandait pourquoi elle avait choisi de faire certaines des choses ridicules qu'elle avait faites. Être entouré de nombreuses femmes qui criaient fort et être en contact étroit avec ne ressemblait en rien à un amusement. La foule lui donnait encore trois fois plus chaud, et tout ce qu'elle voulait, c'était rentrer à la maison et enlever chaque maille de ses vêtements. Pourquoi devait-il faire si diablement chaud?
Un son strident résonna dans ses oreilles après le sifflement d'un sifflet quelque part à proximité. Le son l'entourait de tous les côtés et ça faisait mal d'écouter. D'une manière ou d'une autre, il réussit à dépasser les cris des femmes qui marchaient à ses côtés. Une femme à côté d'elle trébucha et renversa Angeline. Elle atterrit sur le côté et la douleur traversa tout son corps. Le chaos s'ensuivit et toutes les dames se mirent à courir. Angeline ne savait pas pourquoi au début, jusqu'à ce qu'elle voie un homme au loin: la police était arrivée. Plusieurs femmes la piétinèrent dans leur course folle pour échapper à la police chargée de disperser leur manifestation. Angeline se recroquevilla et passa la tête sous ses bras. Les larmes coulèrent sur son visage et elle pria le ciel de lui permettre y survivre.
– Angeline, cria un homme.
Elle voulait lever la tête et savoir qui l'appelait, mais elle craignait que quelqu'un ne la blesse davantage. La foule se dispersait, et toutes les femmes se dirigeaient dans des directions différentes. Tout était loin de bien se passer. , Mais qu'est ce qui lui était passé par la tête? Quelqu'un l'attrapa et la remis sur ses pieds. Angeline poussa un soupir de soulagement et se retourna pour remercier la personne qui l'avait aidée. Chaque partie de son corps lui faisait mal, et elle ne doutait pas une seconde du fait qu'ensuite elle serait couverte de contusions de la tête aux orteils.
– Mlle, vous venez avec moi,  lui déclara un officier de Police. Le bleu-foncé de son uniforme lui semblait brouillé. était-il celui qui l'avait hélée ? Comment eu il connu son nom, et s'il, comment avait-il osé l'appeler par son prénom ? Elle était la fille d'un vicomte et il ne pouvait la traiter avec tant de familiarité. – Vous avez violé la loi, et j'ai peur que vous n'ayez à passer un certain temps dans une cellule.
Angeline avait su qu'il y avait un risque à participer à la marche, mais elle avait bêtement cru qu'elle échapperait à un tel destin. C'était une chose de plus qui avait mal tourné depuis qu'elle avait accepté de participer. Elle voulait l'égalité de droits pour toutes les femmes ; cependant, elle commençait à se demander si le coût pour les acquérir force n'était pas trop élevé à payer. Ses mère et père seraient si furieux contre elle. Ce ne serait pas la première fois, mais la voir jetée en prison serait certainement le pompon sur leur liste des plus grandes déceptions. Les droits des femmes demeuraient pourtant une cause pour laquelle elle aimerait se battre d'une façon ou d'une autre. Peut-être que ceci n'était pas la bonne voie pour elle, mais elle pourrait encore faire … quelque chose. Elle aurait à parler avec l'une des femmes dans le groupe suffragette pour vérifier quel devrait être son rôle. Elle n'était pas prête à abandonner. À ce moment précis, elle avait quelque chose de plus grave dont il lui fallait s'inquiéter. – Non, dit-elle en essayant de lui retirer son bras. Je ne pouvez pas aller en prison.
– C'est quelque chose que vous auriez dû considérer avant de décider de participer à cette marche des femmes. Il l'a tira vers lui et la traîna loin de la rue. – C'est pourquoi les femmes ont besoin de quelqu'un pour s'occuper d'elles. Livrées à leurs propres décisions, elles prennent les mauvaises. Vous avez besoin d'un homme fort dans votre vie pour vous aider à vous guider sur la bonne voie.
L'esprit d'Angeline est devenu momentanément vide à ses paroles. Il était rude et grossier. Comment osai-t-il penser qu'il avait une plus grande capacité mentale parce qu'il était né mâle. Elle aurait parié toute sa dot qu'elle avait beaucoup plus d'intelligence que la brute la forçant à marcher à ses côtés. – Vous êtes la raison pour laquelle toutes ces femmes ont défilé aujourd'hui. Les hommes comme vous leur donne envie de se battre pour le droit de prendre leurs propres décisions. Cela ne vous plaît peut-être pas, mais nous aurons un jour des droits égaux. Cela pourrait prendre plus de temps que nous le souhaiterions parce que nous devons lutter contre la misogynie semblable à la vôtre de façon régulière, mais ce sera une réalité.
ça avait été une journée horrible. Elle ne pensait pas que la situation puisse vraisemblablement empirer, mais elle refusait de tenir sa langue. L'agent de police rendrait probablement sa vie encore plus infernale pour avoir osé dire ce qu'elle pensait. Elle ne pouvait pas laisser cela influencer ses décisions. Elle avait déjà eu trop de doutes qui se glissaient dans son esprit.
– Madame, vous délirez.—
Il n'en dit pas plus. La pourriture n'arrêtait pas de la traîner dans la rue vers la prison la plus proche. Il l'oublierait sûrement une fois qu'il l'aurait enfermée. La seule personne qui était au courant de ce qu'avait prévu Angeline était Émilia. Combien de temps faudrait-il à son amie pour réaliser qu'elle avait disparu ? – Ce n'est pas moi qui suis paranoïaque à l'idée que les femmes aient leur mot à dire sur ce que leur avenir leur réserve. Est-ce que cela menace votre masculinité que les femmes puisse avoir n'importe quel type de pouvoir?
Il secoua la tête et resserra son emprise sur son poignet. Angeline grimaça. Peut-être qu'elle devrait garder la bouche fermée, mais il était intrinsèquement impossible qu'elle arrête de parler. Bavasser était une seconde nature pour elle dans des situations de stress élevé.
– Pardon ?– Vous n'avez rien à dire pour votre défense ?
– Je n'ai pas besoin de vous justifier mes convictions.– Ses yeux se plissèrent et dans sa voix résonna toute la dérision qui était visible de manière criante dans son regard. – D'ailleurs, dans quelques instants, vous ne serez plus mon problème.—
Angeline avait en vérité peur que tout le monde s'en lave également les mains. Même les dames qui avaient participé à la marche ne penseraient pas à elle. Du moins, elles ne considéreraient pas ce qui lui est arrivé tout d'abord. Cela leur prendrait probablement un peu de temps avant de regagner la maison de Pankhurst. Elle devait compter sur Émilia pour s’inquiéter d'elle et, espérons-le, la retrouver. – Vous êtes, monsieur, une personne horrible.—
Je fais mon travail. Un jour, vous pourriez m'en remercier.
S'il y avait une chose qu'elle savait avec certitude, c'était qu'elle ne montrerait jamais à ce poste de police même une once de gratitude. Il se délectait un peu trop de sa position d'autorité à son goût. Ils atteignirent la prison et il ouvrit une porte, puis la poussa à l'intérieur. Il plaça sa main dans son dos et la fit avancer. – Enfermez moi celle-ci.—
Angeline déglutit malgré la boule dans sa gorge et réussit à se retenir de pleurer. Les larmes qu'elle avait versées quand la foule l'avait presque piétinée avaient séché au regard de son effrayante situation présente. Tout ce qu'elle pouvait faire maintenant, c'était espérer que quelqu'un – n'importe qui – vienne à son secours.


Lucien avait cherché Angeline dans la foule. Il l'avait finalement aperçue lorsque quelqu'un l'avait jetée au sol. Crier son nom n'avait pas donné les résultats escomptés et peu de temps après, un policier l'avait emmenée loin du chaos qui s'en était suivit. Il l'avait perdue de vue dans la foule. Heureusement, il avait une idée d'où il pourrait la trouver. L'extraire d'une cellule de prison pourrait toutefois s'avérer difficile. Il n'était pas un membre de la famille et n'avait aucun droit sur elle. Les policiers hésiteraient à remettre Angeline sous sa garde. Il devrait trouver un moyen de la sortir du pétrin dans lequel elle s'était fourrée en rejoignant le groupe des suffragettes. Il ne pouvait pas être plus reconnaissant que sa sœur ait eu le bon sens de ne pas suivre Angeline sur un chemin aussi dangereux.
Il lui fallut un certain temps pour se libérer de la foule. Au moins la plupart d'entre eux se dirigeaient dans la direction opposée à la police locale. À certains égards, cela rendait les choses plus difficiles parce qu’il devait fendre la foule à contre-courant mais une fois qu’il eu trouvé une ouverture, ce fut beaucoup plus simple. Il se mit à courir quand son chemin se trouva assez dégagé pour le permettre.
Le temps qu'il arrive à la prison, il avait une sensation de brûlure aux poumons et il devait lutter pour inspirer. Il s'arrêta devant l'entrée et prit plusieurs grandes inspirations avant d'envisager d'entrer. Ça n'aurait pas l'air bien s'il continuait à haleter, tout en exigeant qu'ils lui remettent Angeline. Il lui faudrait utiliser sa meilleure version de la voix prétentieuse d'un futur duc pour les amener à l'écouter. Une fois sa respiration maîtrisée, il poussa la porte et alla trouver quelqu'un pour l'aider à localiser Angeline.
Lui qui croyait que le chaos avait envahi les rues, mais l'intérieur du quartier général de la police n'était pas mieux. Personne ne s'arrêta pour le saluer ou demander seulement pourquoi il était entré. Ils vaquaient tous à leurs occupations et ignoraient sa présence. Lucien ne put s'empêcher de penser que cela n'était pas de bon augure pour leur capacité à protéger les citoyens de Londres. – Pardon,– dit-il au prochain officier qu'il croisa. – J'ai besoin d'aide.—
– Prenez un siège, dit-il avec dédain. – Nous vous contacterons quand nous aurons le temps.—
La fureur explosa à travers lui et il a fallu faire appel à tout ce qu'il y avait de plus raisonnable en lui pour ne pas le frapper. Il serra le poing et il tapota contre sa jambe pour s'empêcher de faire quelque chose d'incroyablement stupide. – Je n'attendrais pas, dit-il de sa voix la plus autoritaire. – Si vous appréciez votre emploi ici, vous allez immédiatement répondre à ma préoccupation.—
L'officier se figea et se tourna lentement pour lui faire face. – Vous êtes un de ces aristos de fantasques, n'est-ce pas? Vous n'avez pas l’habitude qu'on vous dise non. —
– C'est une façon de considérer mon statut dans la société.– Ce gars était un vrai branleur, et il semblait un peu familier. – Je suis Lord Severn. Mon père est le duc de Huntly et, le cas échéant, je le ferai intervenir et révoquer tous les officiers de ce poste de Police pour les remplacer par des hommes plus diligents qui comprennent parfaitement leur devoir. —
– Servir en passant aux caprices d'un seigneur tel que vous ?– Il leva un sourcil. – Qu'est-ce que vous vous voulez pour que je puisse être débarrassé de vous ?—
Lucien était à moitié décidé à faire en sorte que cet enfoiré perde son travail après qu'il aie récupéré Angeline. S'il n'était pas aussi inquiet pour elle, il l'aurait fait maintenant, mais elle était sa priorité. Il inclina la tête et étudia l'homme. Cela le frappa. Il sut alors pourquoi il avait semblé si familier. – Vous avez traîné ma fiancée ici plus tôt. Elle s'appelle Belle Angeline Marsden. Vous devez la libérer maintenant. Lucien n'avait pas envisagé la possibilité de prétendre être fiancée avec elle jusqu'à ce moment-là. C'était du pur génie et cela devrait la faire libérer plus rapidement que si son propre père était venu la chercher. En tant qu’héritier d’un duché, Lucien avait plus de pouvoir qu’un vicomte, même lorsque c'en était un prétendant être le fils d’un pirate réformé.
– Je n'ai pas de réponse à vous donner. Nous avons déjà enfermé des scélérats qui avaient provoqué des problèmes, mais il n'y avait aucune femme de luxe dans ce groupe. Il agita sa main avec dédain. – Je doute que la fiancée d'un futur duc se retrouve mêlée à ce gâchis.—
Cet homme affreux aurait probablement été incapable de reconnaître une vraie dame même si il y en avait une qui lui barrait le chemin et il ne savait clairement pas à quel point Angeline pouvait être épineuse. – Quoi qu'il en soit, vous l'avez ici, et j'aimerais que vous alliez la chercher dans la cellule dans laquelle vous l'avez poussée.—
– Mais bien sûr, commença l'homme, ne le regardant pas vraiment alors qu'il parlait. Il ne semblait pas se préoccuper de ce que Lucien voulait et n'était pas pressé de s'en occuper non plus. – Dites-moi à quoi ressemble votre dame et je verrai si nous avons une femme qui correspond à sa description.—
Au moins, il l'aurait aperçue avant son arrestation. – Elle portait une robe bleu marine. Ses cheveux noirs étaient enroulés en un chignon et elle portait un chapeau à large bord assorti à sa tenue.
– Quoi, vous n'allez pas me dire la couleur de ses yeux?– Il remis les cils, se moquant de Lucien.
Bleus Comme le costume, mais plus pâles. Maintenant, s'il vous plaît, ramenez-la. Il avait du mal à ne pas se mettre en colère. S'il ne venait pas bientôt avec Angeline, il risquait de céder et de lui asséner un coup de poing dans sa gueule d'insolent.
– Très bien. Je vais jeter un coup d'œil, mais je doute qu'elle soit là. Il lui donna son nom. Était-il si difficile de demander aux dames détenues si l'une était Angeline Marsden? Lucien ne l'aimait vraiment pas, cet homme. Lucien n'aimait pas son attitude dédaigneuse et également condescendante. Au lieu d'attendre son retour, il décida de le suivre. Sinon, l'homme risquait d'affirmer qu'Angeline n'était pas dans une cellule et Lucien ne doutait pas une seconde qu'il la retrouverait dans une cellule.
Il s'arrêta momentanément et regarda Lucien. – Il n'y a aucune raison de venir avec moi.– Son ton avait une qualité différente de celle qu'il avait auparavant. Cette fois, le policier était irrité. Bien. Lucien espérait que cet homme passerait une journée horrible. Il en avait assez de ses ricanements et de son manque de respect.
– Il y a toutes les raisons— , répliqua Lucien. – Ce sera plus facile pour moi de l'identifier si je venez avec vous.—
L'homme secoua la tête mais avec sagesse, cessa de se disputer avec lui. Ils se rendirent dans un grand couloir et vers une rangée de cellules où plusieurs femmes étaient enfermées, mais l'une d'entre elles se démarquait. Angeline était assise dans un coin, les bras enroulés autour d'elle-même alors qu'elle se balançait d'avant en arrière. La pauvre fille n'avait aucune idée de ce dans quoi elle s'embarquait lorsqu'elle s'était inscrite au groupe des suffragettes. – La voilà. Fit-il en la montrant du doigt.
– Celle là ? l'homme a ri. – Elle serait donc fiancée à une espèce de grand seigneur ? Savez-vous quel genre de dragon elle est ?
L'homme n'avait aucune idée de ce qu'Angeline était capable de faire. Arrêtez de faire durer et déverrouillez la cellule.
Angeline leva les yeux à cet instant et croisa son regard. La perplexité envahit son visage lorsqu'elle rencontra son regard. – Lucien ?
– Elle semble vous connaître. L'homme ouvrit la porte et lui fit signe de sortir. -Vous avez de la chance d'avoir un homme aussi puissant que votre fiancé. Sinon, vous passeriez beaucoup de temps enfermé ici.
fiancée Elle fronça les sourcils. Ses joues rosirent légèrement. – Je…
– Pas maintenant, Ange,– dit-il. – Nous pouvons discuter de votre comportement rebelle après que je vous ai ramené à la maison chez votre père. Il voudra tout savoir de vos aventures aujourd'hui. Il ne pensait pas que c'était possible, mais elle rougit encore plus après avoir dit cela.
Une fois hors de portée de voix, Angeline le râlerait et, s'il avait de la chance, elle oublierait de lui donner des coups de pied dans les couilles. De toute façon, elle ne lui montrerait pas une once de gratitude pour l'avoir aidée à échapper à son destin. Aucune bonne action n'est restée impunie…

CHAPITRE CINQ
Lucien la guida hors du poste de police. Il garda son regard en avant et ne la regarda pas. Angeline voulait pousser son coude dans son côté, sinon un coup de pouce rapide ferait l'affaire. À tout le moins, cela attirerait son attention. Son silence stoïque la rendait folle. Elle ne comprenait toujours pas ce qui s'était passé. Comment avait-il même su la trouver au poste de police? Émilia lui avait-elle indiqué où elle se trouvait et Lucien savait-elle ce qu'elle avait fait pour se faire arrêter? Elle avait le mauvais pressentiment qu'il était en possession de tous les faits et qu'il les utiliserait contre elle.
Ils avaient ménagé un espace entre eux et le commissariat de police quand Angeline n'en pouvait plus. Elle enfonça ses talons et refusa de bouger. Il se tourna et la fixa. – Je n'ai pas la patience pour votre entêtement. Nous avons une distance à parcourir pour atteindre ma calèche et j'aimerais vous voir rentrer chez vous en toute sécurité le plus tôt possible. J'ai d'autres projets pour ma journée.
– Je détesterais vous éloigner de ton après-midi de péché dit-elle cinglante. – Ne me laisse pas vous retarder. Je pouvez bien rentrer seule. J'ai réussi beaucoup de fois dans le passé. – Elle ne devrait pas le laisser partir si facilement, mais elle n'avait aucune envie d'entendre des conférences de sa part.p ,p Il n'aurait pas dû savoir où la trouver ni ce qu'elle avait fait. Toute cette histoire de fiancé devait être une erreur, une plaisanterie horrible. Comment avait-il pu lui faire une chose pareille ? Elle n'avait jamais été aussi blessée par l'aide malavisée d'autrui de toute sa vie. Tout ce qu'elle voulait, c'était mettre un peu de distance entre eux et panser son cœur blessé en privé.

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