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Le Cahier Gnostique : Tome Un
Lambert Timothy James



LE CAHIER GNOSTIQUE :

TOME UN

Copyright 2015 Timothy James Lambert

Table des Matières
Page de Titre (#u67b09ed2-f887-577c-bec4-87ca645623b9)
Droits d'Auteur (#u441bd5bc-e92a-5d4e-9ea8-434519629608)
TABLE DES MATIÈRES (#u8c8f0910-230f-5110-b786-17c1ccf33914)
Introduction (#u27c803d6-8f6c-58f0-b97c-85f20eeeba35)
Les systèmes de mémorisation (#u1db3a045-a071-5949-b998-06bb83ca1084)
Les contes de fées (#u669603ad-7992-5d9e-8654-899afcbe5f70)
Au-delà des contes de fées (#litres_trial_promo)
Travaux cités (#litres_trial_promo)
Bibliographie (#litres_trial_promo)
Avant de se quitter (#litres_trial_promo)




TABLE DES MATIÈRES


Introduction (#u420f13e1-9227-4c2c-84aa-7e5d098e8c64)
Pourquoi ce livre ? (#u420f13e1-9227-4c2c-84aa-7e5d098e8c64)
Les deux significations du mot « gnostique » (#udf99ae33-26eb-420b-a600-674cb55218d8)
Les systèmes de mémorisation (#u52afe3db-335b-4791-a296-e41896d69669)
Un simple système de mémorisation (#u52afe3db-335b-4791-a296-e41896d69669)
Manteaux pourpres, couronnes, et tache de sang (#ua6a179f8-dc09-4b1c-8611-184a5a2f52c2)
Les Évangiles : un ancien système de mémorisation littéraire ? (#u15514861-627e-4c85-bc62-1b97bd4e8366)
La Stéganographie : cacher les messages en les exposant à la vue de tous (#ue4f9af71-5384-41e9-96a1-502f365182d3)
Les contes de fées (#u8771aa2c-6491-4419-a7ba-ec24b72ecc32)
LE VIOLON MERVEILLEUX (#u8771aa2c-6491-4419-a7ba-ec24b72ecc32)
Interprétation du VIOLON MERVEILLEUX (#u852e3a6a-7685-4e21-914f-042035129ebb)
Gurdjieff et la triade (#uc148fd8a-0b42-45d9-9cb3-9332f57e09cd)
Décryptage du VIOLON MERVEILLEUX (#litres_trial_promo)
Sens caché du VIOLON MERVEILLEUX (#litres_trial_promo)
Le Secret final du VIOLON MERVEILLEUX (#litres_trial_promo)
Trois niveaux de signification (#litres_trial_promo)
De la coïncidence à la certitude (#litres_trial_promo)
LA CLEF D’OR (#litres_trial_promo)
Interprétation de la CLEF D’OR (#litres_trial_promo)
LES TROIS FAINÉANTS (#litres_trial_promo)
Interprétation des TROIS FAINÉNANTS (#litres_trial_promo)
La triade dans les TROIS FAINÉANTS (#litres_trial_promo)
Le Yi King comme clef de décryptage (#litres_trial_promo)
Identification des Hexagrammes dans LES TROIS FAINÉANTS (#litres_trial_promo)
L’Hexagramme 18, la Montagne, en haut, et le Bois-Vent, en bas : Le Travail sur ce qui a été corrompu (#litres_trial_promo)
Problèmes de disponibilité des clefs nécessaires (#litres_trial_promo)
Qui était Johannes Pauli ? (#litres_trial_promo)
Johannes Trithemius et sa Steganographia (#litres_trial_promo)
LE BAL DES DOUZE PRINCESSES (#litres_trial_promo)
Décryptage du BAL DES DOUZE PRINCESSES (#litres_trial_promo)
Le BAL DES DOUZE PRINCESSES Version annotée (#litres_trial_promo)
Réflexions finales sur LE BAL DES DOUZE PRINCESSES (#litres_trial_promo)
Au-delà des contes de fées (#litres_trial_promo)
Travaux cités (#litres_trial_promo)
Bibliographie (#litres_trial_promo)
Avant de se quitter (#litres_trial_promo)




Introduction
Pourquoi ce livre ?


J’écris ce cahier pour tenter de consigner mes « découvertes ». Je mets le mot « découvertes » entre guillemets parce que je n’ai peut-être rien découvert du tout. En fait, je suis presque certain d’avoir découvert quelque chose de très important. Cependant, pour autant que soit doté le cerveau humain pour trouver un sens au milieu du bruit, et étant donné que je n’ai pas été en mesure de trouver la bonne revue académique dans laquelle publier mes résultats, je n’ai pas grand-chose à ajouter au-delà de ma propre capacité limitée à séparer ce qui est significatif de ce qui ne l’est pas.
Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de rassembler toutes mes recherches et de les consigner dans ce cahier afin que d’autres puissent vérifier mon raisonnement et examiner mes constatations pour déterminer si j’ai effectivement découvert quelque chose d’intéressant. Si ce n’est pas le cas, ce cahier pourrait servir d’avertissement ou d’exemple à éviter quand on fait ce genre de recherche.

Les deux significations du mot « gnostique »
Il peut y avoir une certaine confusion autour de mon utilisation du mot « gnostique » dans le titre de cet ouvrage. Le mot a deux définitions de base.
La première définition concerne le mot en tant qu’adjectif. Dans ce cas, la définition est : qui se rapporte à la connaissance, en particulier la connaissance mystique ésotérique.
La deuxième définition correspond au substantif, auquel cas la définition est : un adhérent du gnosticisme. Le gnosticisme était un mouvement de l’Église chrétienne du IIe siècle qui soutenait que le monde avait été créé par un créateur ignorant, le démiurge. Le vrai Dieu, qui existait en dehors de cette création imparfaite, donna à Jésus la connaissance secrète nécessaire pour s’en échapper et l’envoya comme un émissaire aux esprits perdus pris au piège dans ce monde.
Il y avait deux principales souches à la pensée gnostique : l’école de Jean et l’école de Thomas. L’école de Jean correspond à la deuxième définition du mot « gnostique » mentionnée plus haut. Il se préoccupait de la nature du démiurge et de l’évasion du monde imparfait qu’il avait créé. L’école de Thomas s’intéressait plutôt à ce qui découle de la première définition du mot « gnostique » : la connaissance, et en particulier la connaissance ésotérique.
L’école de Jean racontait cette histoire, cette réinvention du mythe de la création, qui offrait une nouvelle perspective sur les anciens contes bibliques commençant par Adam dans le jardin d’Éden. L’école de Thomas était assez différente ; proverbes énigmatiques et contes, rébus ou énigmes sans solutions apparentes.
Donc, « gnostique » au sens johannique du terme signifie qu’il y a une explication alternative secrète derrière le récit biblique et que ce secret est alors révélé. Dans la tradition de l’école de Thomas, « gnostique » prend un autre sens. Il se réfère à des paroles mystérieuses et opaques qui n’ont pas de significations claires et évidentes.
Une hypothèse courante repose sur l’idée que les questions et les énigmes soulevées par la tradition de l’école de Thomas trouvent leur réponse dans la tradition johannique. Mes études m’ont amené à une autre conclusion.
Il nous faut d’abord déterminer la nature précise des textes de Thomas.
L’Évangile de Thomas commence ainsi : « Et il (Jésus) a dit : “Celui qui trouvera l’interprétation de ces paroles ne goûtera pas la mort.” »
Ce passage nous indique que ces paroles ont des significations cachées qu’il faut découvrir.
Cette série de livres est centrée sur mes tentatives de décrypter les significations cachées contenues dans les textes de Thomas. Cependant, plutôt que de commencer par des textes religieux aussi controversés, nous allons plutôt examiner plusieurs contes des frères Grimm qui semblent contenir des informations codées.
Un tel examen doit d’abord déterminer comment l’information se cache dans un texte.




Les systèmes de mémorisation
Un simple système de mémorisation


Par où commencer ? J’ai toujours été intéressé par différents systèmes. Par exemple, j’ai examiné diverses méthodes pour développer une mémoire plus puissante. Ces techniques de renforcement de la mémoire sont très variées, mais elles partagent toutes une technique commune. Cette technique consiste à créer une image encodée avec les différents éléments que vous souhaitez mémoriser. Le système d’encodage exact varie d’un système à l’autre. Dans l’un des systèmes les plus simples décrits par Derren Brown dans son livre Tricks of the Mind (2006), il utilise des images qui riment avec les nombres de un à dix.
Ce système est utile si vous voulez mémoriser une série d’éléments numérotés. Par exemple, supposons que le cinquième mot sur la liste est « lapin », vous créerez alors une image incorporant un lapin avec l’image qui rime avec le chiffre cinq. Par exemple, « zinc ».
Voici la clef du succès pour tout système de mémorisation. L’image que vous créez doit être frappante, voire comique. Mon image est celle d’un lapin volant grâce à ses grandes oreilles et atterrissant sur un comptoir de bar en zinc. Je pense que là, c’est assez facile à mémoriser.

Manteaux pourpres, couronnes, et tache de sang
Mon intention n’est pas de vous enseigner, à vous, lecteurs, comment développer une super-mémoire, donc je n’irai pas plus avant sur le sujet des différentes méthodes employées. Ce sur quoi je veux attirer votre attention, c’est un extrait du premier ouvrage connu de rhétorique en latin, datant des années 90 avant J.-C. La Rhétorique à Herennius (Rhetorica ad Herennium) contient les instructions suivantes concernant la création d’images mnémoniques :
Les images devront donc être choisies dans le genre qui peut rester le plus longtemps gravé dans la mémoire. Ce sera le cas, si nous établissons des similitudes aussi frappantes que possible ; si nous prenons des images qui ne sont ni nombreuses ni floues, mais qui ont une valeur ; si nous leur attribuons une beauté exceptionnelle ou une insigne laideur ; si nous ornons certaines, pour ainsi dire de couronnes ou d’une robe de pourpre, pour que nous reconnaissions plus facilement la ressemblance, ou si nous les enlaidissons de quelque manière, en nous représentant telle d’entre elles sanglante, couverte de boue, ou enduite de vermillon, pour que la forme nous frappe davantage, ou encore en attribuant à certaines images quelque chose qui soulève le rire : car c’est là aussi un moyen pour nous de retenir plus facilement.
Lorsque j’ai lu le texte ci-dessus pour la première fois, les mots résonnaient à un niveau très profond et je savais intuitivement que j’avais déjà lu quelque chose qui avait apparemment été élaboré pour être conforme à ces mêmes instructions :
Ils le revêtirent de pourpre et le ceignirent d’une couronne d’épines qu’ils avaient tressée. Et ils se mirent à le saluer : “Salut, roi des Juifs !” Et ils lui frappaient la tête avec un roseau, et ils lui crachaient dessus et, se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui à genoux et lui rendirent hommage. Marc 15, 17-19
La Rhétorique à Herennius nous dit d’orner notre image d’une couronne ou d’un manteau pourpre. L’auteur de Marc double la mise et donne à Jésus une couronne d’épines et un habit pourpre. Le texte recommande également que l’image soit enlaidie ou tachée de sang. Puis, il y a Jésus, qui avait d’abord reçu une couronne d’épines et dont on a ensuite frappé la tête avec un bâton, ce qui aurait clairement pour conséquence une blessure sanglante, car le cuir chevelu a tendance à saigner abondamment. Enfin, nous avons les soldats qui se moquent de Jésus et de son identité de roi des Juifs en s’inclinant et en lui rendant hommage, acte qu’ils trouvèrent comique.

Les Évangiles : un ancien système de mémorisation littéraire ?
Il me semblait que j’avais trouvé des preuves que les évangiles étaient en fait conçus pour servir de système de mémorisation littéraire. En effet, que penser d’autre lorsque l’une des images centrales du christianisme est presque une image pour recréer celle du principe directeur central de l’art de la mémoire, tel qu’il a été écrit environ trois cents ans avant les évangiles ? Se pourrait-il que les auteurs aient été des adeptes de l’art de la mémoire ? Peut-être que la triple nature des évangiles synoptiques n’est pas un accident historique, mais une méthode de cryptage des données contenues dans les récits miraculeux de Jésus le Thaumaturge. Et plus important encore, peut-être que le tableau de Jésus vêtu d’un habit pourpre et couronné d’épines est un message signifiant à quiconque connaît l’art de la mémoire, qu’il y a là quelque chose qui cherche désespérément à attirer l’attention, qui exhorte à être décrypté, apportant la promesse que si l’on frappe à la porte, elle s’ouvrira.
Mais, qu’est-ce que cela signifie de dire qu’un texte est une forme de système de mémorisation littéraire ? En quoi consiste le passage d’un système de mémorisation personnelle à un système de mémorisation littéraire ? Voyons le processus d’encodage des informations dans un système de mémorisation personnelle. Il y a essentiellement trois éléments. Il y a l’information à encoder. Il y a le système d’encodage. Et il y a le tableau de la mémorisation qui en résulte, rempli d’images saisissantes liées à des actions faciles à mémoriser.
Quand ce processus est déplacé du système personnel et institué dans un texte littéraire, le processus est identique. Il y a l’information à encoder. Il y a le système d’encodage. Et il y a le tableau de la mémorisation littéraire qui en résulte, rempli d’images saisissantes liées à des actions faciles à mémoriser. La principale différence est que dans un système de mémorisation personnelle, il n’y a aucun risque que le tableau de mémorisation soit confondu avec le message lui-même. Ceci est principalement dû au fait que la personne qui code les données est aussi celle qui les décode. Avec un système de mémorisation littéraire, il est peu probable que la personne qui code le message soit aussi celle qui le décode. Il sera plus probable que le niveau superficiel du texte sera considéré comme la totalité du message. Ainsi, le message ne sera pas du tout décodé, au-delà du décodage neurologique de base qui se produit dans la reconnaissance des marques symboliques qui représentent les sons à partir desquels se forment les mots.
Avec l’exemple de Marc 15, 17-19, examinons tout d’abord l’information qui nous est transmise. Cette information consiste simplement dans le fait que l’imagerie utilisée dans le récit a été conçue conformément à La Rhétorique à Herennius. Le système de codage, ou la clef, est la partie spécifique de La Rhétorique à Herennius qui mentionne la couronne, le manteau pourpre et la tache de sang. Le texte de Marc contient certaines caractéristiques qui sont représentées dans le texte de La Rhétorique à Herennius. Ces caractéristiques ne sont révélées que lorsque le texte de Marc et le texte clef sont réunis. L’examen du texte de Marc de façon isolée ne montrerait aucune preuve qu’il contient un sens caché et codé.

La Stéganographie : cacher les messages en les exposant à la vue de tous
Il ne s’agit pas seulement d’un système de mémorisation littéraire. Ce phénomène implique aussi des aspects de stéganographie, qui est l’art et la science d’encoder des messages cachés de telle sorte que personne, à part l’expéditeur et le destinataire visé, ne soupçonne l’existence du message. Donc, non seulement ces textes contiennent un niveau de sens caché, mais ils sont aussi conçus de manière à ce que personne ne soupçonne que ce niveau caché existe.
À ce stade, j’ai l’impression que ce n’est peut-être pas le moyen le plus efficace de procéder à l’examen des évangiles pour trouver des significations cachées. En fin de compte, je vous demande, chers lecteurs, d’accepter deux propositions fort improbables. La première est que les systèmes de mémorisation littéraire existent et la seconde, que les évangiles en sont un exemple.
C’est pourquoi nous devrions peut-être nous concentrer sur certains systèmes de mémorisation littéraire potentiels qui n’ont pas tout à fait la signification historique des évangiles, tout en nous permettant de considérer les mécanismes à l’œuvre dans les contes individuels. C’est dans cet esprit que je suggère de déplacer notre attention des évangiles aux contes des frères Grimm.




Les contes de fées
LE VIOLON MERVEILLEUX
de
Jacob et Wilhelm Grimm


Il était une fois un étrange musicien qui, un jour, marchait tout seul dans la forêt, laissant errer ça et là ses pensées. Et quand il ne sut plus à quoi songer, il se dit :
« je commence à m’ennuyer dans cette forêt. Je vais trouver un bon compagnon. »
Il prit donc son violon qu’il portait sur son dos et se mit à jouer un air qui passa à travers les arbres de la forêt.
Il jouait depuis peu lorsqu’un loup arriva de derrière les arbres.
« Ah ! Voilà un loup qui arrive ! Ce n’est pas le compagnon que je désire, se dit le musicien. Cependant, le loup s’approcha et lui dit :
— Eh ! Cher musicien, comme tu joues bien ! Moi aussi je voudrais savoir comment jouer.
— C’est très facile, répondit le musicien, il suffit pour cela que tu fasses exactement ce que je vais te dire.
— Oh ! Cher musicien, reprit le loup, je serai comme un écolier qui obéit à son maître. »
Le musicien lui dit de le suivre et lorsqu’ils eurent fait un bout de chemin, ils arrivèrent près d’un vieux chêne qui était creux et fendu au milieu.
« Tu vois cet arbre, dit le musicien, si tu veux apprendre à jouer du violon, il faut que tu mettes tes pattes de devant dans cette fente. »
Le loup obéit, mais le musicien ramassa aussitôt une pierre et en frappa avec tant de force les pattes du loup, qu’elles s’enfoncèrent dans la fente, et que le pauvre animal dut rester prisonnier.
« Attends-moi jusqu’à ce que je revienne, ajouta le musicien. » Et il continua sa route.
Peu de temps après, il se mit à penser de nouveau :
« je m’ennuie dans cette forêt. Je vais trouver un autre compagnon. »
Alors, il prit son violon et joua de nouveau à travers les bois. Il jouait depuis peu, quand apparut un renard à travers les arbres se dirigeant vers lui.
« Ah ! Voilà un renard qui arrive, se dit le musicien. Ce n’est pas le compagnon que je désire.
Le renard s’approcha et lui dit :
— Eh ! Cher musicien, comme tu joues bien ! Je voudrais apprendre à jouer comme toi.
— C’est très facile, répondit le musicien, il suffit pour cela que tu fasses exactement ce que je vais te dire.
— Oh ! Cher musicien, reprit le renard, je serai comme un écolier qui obéit à son maître.
— Suis-moi, dit le musicien. »
Lorsqu’ils eurent fait un bout de chemin ensemble, ils arrivèrent à un sentier bordé de chaque côté par de hauts arbustes. En cet endroit, le musicien s’arrêta. Il saisit d’un côté un noisetier qu’il inclina contre terre et mit le pied sur sa cime. Puis de l’autre côté, il fit de même avec un autre arbuste ; ensuite, s’adressant au renard : « Maintenant, cher petit renard, si tu veux vraiment apprendre quelque chose, donne-moi ta patte gauche. »
Le renard obéit et le musicien lui attacha la patte à l’arbre du côté gauche.
« Cher petit renard, lui dit-il ensuite, donne-moi maintenant ta patte droite. »
Le musicien lui attacha cette patte à l’arbre de droite. Ensuite, il lâcha les deux arbustes qui se redressèrent d’un seul coup, emportant avec eux dans l’air le renard qui resta suspendu et se débattait en vain.
« Attends-moi jusqu’à ce que je revienne, ajouta le musicien. » Et il continua sa route.
Il ne tarda pas à penser pour la troisième fois :
« Je m’ennuie dans cette forêt. Il faut que je me trouve un autre compagnon. » Donc, il prit son violon, et joua un air qui emplit les bois. Alors arriva un lièvre, bondissant vers lui.
« Ah ! Voilà un lièvre, se dit le musicien. Ce n’est pas le compagnon que je désire.
— Eh ! Cher musicien, dit le lièvre, comme tu joues bien ! Je voudrais apprendre à jouer comme toi.
— C’est très facile, répondit le musicien, il suffit pour cela que tu fasses exactement ce que je vais te dire.
— Oh ! Cher musicien, reprit le lièvre, je serai comme un écolier qui obéit à son maître. »
Ils marchèrent quelque temps, puis ils arrivèrent à un endroit plus éclairé du bois où se trouvait un peuplier. Le musicien attacha au cou du lièvre une longue corde qu’il noua au peuplier.
« Attention, maintenant, cher petit lièvre, court vingt fois autour de l’arbre, s’écria le musicien. »
Le lièvre obéit. Et quand il eut fait vingt fois le tour, la corde était enroulée vingt fois autour de l’arbre, si bien que le lièvre se retrouva coincé. Et plus il tirait sur la corde, plus il s’écorchait le cou.
« Attends-moi jusqu’à ce que je revienne, dit le musicien. » Et il continua sa route.
Mais à force de tirer, de s’agiter et de mordre la pierre, le loup avait fini par libérer ses pattes de la fente. Plein de colère et de rage, il se lança à la poursuite du musicien qu’il se promettait de mettre en pièces.
Quand le renard l’aperçut qui arrivait en courant, il se prit à hurler et à crier de toutes ses forces :
« Frère loup, viens m’aider ! Le musicien m’a trompé. »
Le loup inclina les deux arbustes, rompit les cordes d’un coup de dent, et libéra le renard qui le suivit, impatient lui aussi de se venger du musicien. Ils rencontrèrent bientôt le pauvre lièvre qu’ils délivrèrent également, et tous les trois se lancèrent à la poursuite de leur ennemi.
Or, en continuant son chemin, le musicien avait de nouveau joué de son violon, et cette fois-ci, il avait été plus chanceux. L’air de son instrument était arrivé jusqu’aux oreilles d’un pauvre bûcheron, qui, séduit par cette musique envoûtante, abandonna sa besogne, et, la hache sous le bras, s’empressa de courir vers l’endroit d’où provenait la musique.
« Voilà enfin le compagnon qu’il me faut, dit le musicien, car je cherchais un homme et non des bêtes sauvages. »
Puis il se remit à jouer d’une façon si harmonieuse et si belle, que le pauvre homme resta là immobile comme sous l’empire d’un charme, et que son cœur s’emplit de joie.
C’est à ce moment qu’arrivèrent le loup, le renard et le lièvre. Le bûcheron remarqua qu’ils n’avaient pas les meilleures intentions. Il saisit donc sa hache brillante et se plaça devant le musicien, d’un air qui voulait dire :
« Celui qui en veut au musicien ferait bien de se tenir sur ses gardes, car il aura affaire à moi. »
Aussi la peur s’empara-t-elle des animaux, qui retournèrent en courant dans la forêt. Le musicien témoigna sa reconnaissance au bûcheron en lui jouant encore un air mélodieux, puis il reprit son chemin.

Interprétation du VIOLON MERVEILLEUX
Quel est le message de ce conte ? Les contes des frères Grimm semblent souvent porter un message moral, mais ce n’est vraisemblablement pas le cas dans cet exemple. Pourquoi le musicien invente-t-il ces différents pièges pour ces animaux ? Pourquoi est-il protégé du retour karmique pour ses actes injustes ?
Serait-il possible que cette histoire n’ait aucune morale ? Il ne semble pas y avoir d’interprétation freudienne telle que celle présentée par Bruno Bettelheim dans son très intéressant Psychanalyse des contes de fées (1976), ce qui ne veut pas dire que l’histoire soit cruelle.
Certains trouvent la cruauté envers les animaux dérangeante. Ils réagissent émotionnellement aux images plutôt que de se rendre compte que la façon dont les animaux sont torturés est intentionnellement choquante, pour laisser une impression durable. Mais les images ne sont pas le message.
Pour déverrouiller le message caché de cette histoire, il nous faut une clef. Pour cela, nous devons nous tourner vers un vieux mystique : Gurdjieff.

Gurdjieff et la triade
Il semble que ce conte de fées utilise un système lié à l’œuvre ésotérique de Gurdjieff. Gurdjieff était un mystique du siècle dernier, originaire de l’Empire russe, qui a enseigné, entre autres choses, qu’il y a trois forces à l’œuvre dans le monde et que rien ne peut être accompli sans la collaboration de ces trois forces. Il a nommé ces trois forces travaillant ensemble, la triade.
Les triades sont, tout simplement, des groupes de trois. Ce conte contient une triade claire et évidente, avec trois animaux, chacun subissant, l’un après l’autre, une épreuve différente.
Dans une triade, chaque composant est l’une des trois forces suivantes : Actif [+], Réactif (Passif) [-] ou Neutralisant [0].
L’Actif peut être considéré comme Énergie. [+]
Le Passif peut être considéré comme Matière. [-]
Le Neutralisant peut être considéré comme Structure. [0]
Les termes exacts sont adaptables et dépendent des éléments considérés. Les forces Actives et Passives (Ré-actives)sont habituellement évidentes et faciles à identifier alors que la troisième force Neutralisante se situe quelque part entre les deux extrêmes ou est peut-être une synthèse de celles-ci.
Ce qui nous préoccupe, c’est l’ordre dans lequel les trois éléments se produisent.
Ces trois forces peuvent être organisées en six combinaisons différentes : 0 - +, - 0 +, - + 0, + - 0, + 0 -, et 0 + -. Chaque groupe de trois correspond à une qualité comme le montre le tableau suivant :


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