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Hors Jeu
Sawyer Bennett
Fils privilégié d’un membre du congrès américain et star montante de hockey, Ryan Burnham est très attiré par la serveuse au cœur d’or qui travaille dur pour payer ses études universitaires après la mort de ses parents.
Ryan Burnham est le fils privilégié d’un membre du congrès américain et capitaine de son équipe universitaire de hockey. Alors qu’il est sur le point de réaliser son rêve de jouer à la NHL, ses parents veulent qu’il prenne une voie différente. Une voie qu’il devrait accepter pour renforcer l’image publique de sa famille.
Obligée d’abandonner sa carrière musicale après la mort tragique de ses parents, Danny Cross vit dans les bas quartiers, à l’opposé de celui de Ryan. Elle se bat pour se débrouiller toute seule, en ayant deux boulots, en suivant les cours à la fac à temps partiel et en faisant du bénévolat dans un refuge pour sans-abris. Elle est bien décidée à bâtir son propre succès.
Au hasard d’une heureuse rencontre, leurs deux mondes si différents se percutent, forçant chacun d’eux à évaluer s’il est vraiment sur la voie de l’épanouissement personnel et du bonheur. Leur relation pourra-t-elle survivre ? Tout particulièrement quand d’autres leur mettent des bâtons dans les roues à chaque tournant. Beaucoup de choses peuvent se produire en seulement dix petits jours…


Sawyer Bennett

Hors jeu

Titre original : Off Sides

Tous droits réservés

Copyright © 2013 by Sawyer Bennett
Publication originale : Big Dog Books

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Sabine Ingrao

Cet ouvrage est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux, et les événements sont soit le fruit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés dans le cadre d’une œuvre de fiction.

Aucune partie de cet ouvrage ne peut être reproduite sous quelque forme ou par quelque procédé que ce soit, électronique ou mécanique, y compris les systèmes de stockage ou de récupération d’informations, sans l’autorisation expresse écrite de l’auteur, exception faite des critiques qui ont la permission de citer de courts passages dans leurs articles.


1 Remerciements

Je ne m’attendais pas à écrire ce livre. En fait, j’étais prête à attaquer la suite de Forever Young, mais le sujet de ce roman-ci m’est soudain venu à l’esprit et a refusé d’en partir. J’ai ensuite passé quelques semaines à simplement ruminer cette idée. J’ai vraiment essayé d’écrire la suite de Forever Young, mais je ne suis même pas parvenue à commencer parce que ce roman-ci continuait à occuper toutes mes pensées. Alors, je me suis dit, pourquoi pas ? Débarrassons-nous l’esprit de tout ceci.
J’ai écrit avec enthousiasme durant une bonne semaine. Un peu plus de 45.000 mots plus tard, j’avais mon premier jet. J’ai effectué les dernières retouches et rajouté quelques détails, mais tout était pratiquement terminé, excepté pour les corrections. À ce stade, j’aimerais adresser un énorme merci à Kristina Sessoms et Alyssa Shaver. Toutes les deux ont sauté sur l’occasion de faire une première lecture et m’ont fourni de précieux conseils, que j’ai utilisés pour la plupart.
Un merci tout particulier à Alyssa puisqu’elle a trouvé le titre de ce roman. Ce doit être le destin qui a voulu que je l’aie comme relectrice, car c’est une grande fan de hockey, ancienne joueuse elle-même, ainsi qu’une joueuse de violon. Vous verrez pourquoi c’est important en lisant ce livre.
Comme toujours, merci à Shawn de me laisser poursuivre mon rêve. Je sais que cela signifie de longues heures où je prête davantage attention à mon écran plutôt qu’à toi. Tu assures, chéri !

1 Réflexions

Je ne sais pas ce qui m’a pris de le faire. Peut-être était-ce dû aux attentes impossibles auxquelles je faisais face, peut-être était-ce mon propre dégoût de moi-même. Tout ce que je savais, c’est que j’avais besoin que quelque chose de différent se produise. J’avais besoin de quelqu’un… de quelque chose… pour me faire dévier de ma trajectoire actuelle. Sinon, je me serais perdu… comme un homme dont il ne resterait que la coquille vide.
Alors je l’ai fait. Je me suis approché d’elle, puis je l’ai draguée, puis je l’ai gardée pour moi seul. Et elle m’a sauvé la vie…

1 Chapitre 1

Ryan

Heh, heh, heh, heh…
Je déteste ces bâtards de cochons verts qui me narguent. J’appuie sur le bouton pour rejouer et glisse le doigt sur l’écran en tirant en arrière le petit oiseau bleu. Je le laisse s’envoler en donnant une petite tape sur l’écran, et mon missile bleu duveteux se sépare en trois, mitraillant mes détracteurs de leur furie. La glace éclate et je massacre les truies vertes. A moi la victoire.
— Magne-toi, Ryan. Dépêche.
Je jette un œil au groupe qui marche devant moi. Ils sont tous en train de rire, bras dessus bras dessous. Ils ont l’air d’une putain de rediffusion de Friends. On est tous très stylés, avec nos vêtements de marque, cadeaux de l’indécente richesse de nos familles. On a les dernières coiffures tendances et on vit notre petite vie parfaite d’étudiants de fac. Et je déteste absolument ça, parfois.
Ce soir, on s’encanaille un petit peu. On marche depuis une soirée étudiante jusqu’au café-resto du coin, ouvert non-stop, pour manger un bout. La honte, quoi.
Après les copieuses quantités d’alcool et d’herbe qu’il y avait à la soirée, on a tous sérieusement la dalle. Enfin, moi j’ai la dalle uniquement parce que j’ai faim. Je ne peux malheureusement pas participer aux cannabis-party, parce que le département des sports de Northeastern pratique des tests anti-drogue aléatoires sur ses athlètes. Et je ne vais pas compromettre notre saison de hockey pour un petit joint. J’espère vraiment que Mike et Carter sont restés loin de cette merde, ce soir. À la façon dont les filles rigolent, je vois qu’elles, elles en ont pris.
Il est trois heures du mat’ et je ne suis franchement pas assez bourré pour ignorer le fait que j’aimerais lâcher mes potes et rentrer dormir à la fraternité. La nuit a été longue et, apparemment, elle n’est pas terminée.
Les gars de notre joyeuse petite bande forment une partie de la première ligne de l’équipe de hockey de Northeastern. On est tous très proches. Mon ailier droit et meilleur ami, Mike Yanalas, apostrophe un groupe de jeunes racailles fumant des cigarettes, appuyés contre une vieille Dodge Charger. Un des bras de Mike est passé autour de sa petite amie, Cameron.
— Qu’est-ce que vous regardez comme ça, putain ? leur crie Mike.
Il est complètement soûl et je soupire intérieurement. Je n’ai vraiment aucune envie de devoir prêter main-forte à son cul d’ivrogne dans une bagarre, ce soir.
Heureusement, les futurs membres de gang ne disent rien et s’évanouissent dans les ténèbres. Je ne suis pas surpris, franchement. On est plutôt costauds et la plupart des gens seraient dingues de nous chercher des emmerdes.
On tourne sur Hay Street et on arrive sur mon territoire. La salle de sport où je m’entraine est juste à quelques pâtés de maisons, et ma fraternité est dans la direction opposée. Le Sally’s Diner est presque à mi-chemin entre les deux, et nous a servi de point de chute après-soirées durant mes trois années d’études à Northeastern. Je rattrape les autres au petit trot.
On débarque tous au Sally’s, et je respire à fond l’odeur de bacon frit et de frites. L’endroit est assez peuplé, même aux petites heures de la nuit. Plusieurs tables sont remplies d’étudiants ivres, et un vieil homme plane au-dessus d’une tasse de café au comptoir.
Après avoir rassemblé plusieurs tables, notre groupe s’assied, tirant les menus un peu collants hors des distributeurs au milieu des tables. J’enroule un pied autour d’une chaise et donne un petit coup vers l’arrière, l’écartant de la table. Je m’assieds en me penchant en arrière, étendant les jambes devant moi. Je croise une cheville par-dessus l’autre, et continue à ignorer le groupe, leur préférant Angry Birds.
Je ne regarde même pas le menu. Je sais déjà que je vais prendre le Husky Special. Un cheeseburger avec un œuf au plat par-dessus et une tonne de frites à côté. Je me suis entrainé comme un dingue pour me préparer au début de la saison de hockey, dans quelques semaines, alors je peux me permettre la débauche de calories.
— Beurk… Cette table est juste dégueulasse. Je ne sais pas pourquoi il faut toujours qu’on vienne ici.
Je reste concentré sur ma mission de destruction du plus grand nombre de cochons possible, tout en levant mentalement les yeux au ciel vers Angeline. Ça me fait chier qu’elle soit ici avec nous, et ses jérémiades me tapent vraiment sur le système.
J’ai été stupéfait qu’elle se pointe à la soirée, ce soir, parce qu’on essayait furieusement de s’éviter depuis notre rupture, quelques semaines plus tôt. Mais c’était inévitable qu’on se revoie, je suppose, puisque notre cercle d’amis est très soudé. Ça n’aide pas non plus que Mike soit mon meilleur ami et que Cameron soit la meilleure amie d’Angeline.
Je jette un rapide coup d’œil à Angeline et secoue la tête. Elle est en train de nettoyer la table avec du gel pour les mains et des serviettes, une grimace ancrée sur le visage. Et la voir s’agiter comme ça pour une table sale ne fait que me confirmer que j’ai pris la bonne décision en rompant avec elle. Angeline est un peu trop coincée à mon goût. Merde, elle ne voulait même pas m’embrasser après mes matches tant que je n’avais pas pris de douche. Avec le recul, je suis surpris qu’elle ne m’ait pas nettoyé avec son fameux gel hydroalcoolique avant qu’on couche ensemble. Ou qu’elle ne m’ait pas doublement emballé la bite dans deux préservatifs.
Consterné, je tire sur ma lèvre inférieure avec les dents. Revoir Angeline ce soir était surréaliste. Je m’attendais à ce qu’elle soit toujours furieuse que j’aie rompu avec elle. Mais au lieu de ça, elle était venue droit vers moi et m’avait pris dans ses bras en me disant que c’était bon de me revoir. Je lui avais retourné le compliment, même si je ne le pensais pas vraiment. C’était juste par politesse.
Au cours de la soirée, elle était passée de la plaisanterie amicale au flirt manifeste. J’avais bien remarqué les nombreuses fois où elle avait posé la main sur mon bras en me parlant ou la façon dont elle s’était mise sur la pointe des pieds pour me murmurer quelque chose à l’oreille.
Ne vous méprenez pas. Ce soir, Angeline assure avec un jean skinny, un dos-nu presque transparent et des talons extra hauts. Elle déborde de sensualité, et si elle n’avait pas gaspillé une telle concentration d’énergie sur moi, elle aurait rendu un autre gars très heureux d’avoir son attention.
Vers la fin de la soirée, pendant que les musiciens jouaient une de leurs dernières chansons, elle avait essayé de me réquisitionner pour danser avec elle. J’avais refusé poliment en lui disant que ce n’était sans doute pas une bonne idée. Elle avait accepté mon refus avec grâce, mais par la suite, elle s’était rapidement jointe à nous quand on avait décidé d’aller au Sally’s. J’aurai dû simplement rentrer chez moi, mais j’avais vraiment faim et je croyais pouvoir supporter Angeline une demi-heure de plus.
Donc on est assis là, et je me concentre sur le lancer d’oiseaux sur cochons, ne prêtant qu’à moitié attention à la conversation autour de la table. Il ne faut pas plus de cinq secondes pour que quelqu’un mentionne Descartes et nous voilà lancés.
Je trouve ça hilarant que quand des étudiants de fac sont bourrés ou pétés, ils commencent tout de suite à parler philo. Je veux dire, qui en a quelque chose à foutre de la philo ? Mais mélangez-y un peu d’alcool et soudain, tout le monde sort les grandes théories.
On suit tous le cours de philo de troisième année appelé Philosophes du dix-septième et dix-huitième siècle. La rumeur qui court sur le campus veut que le Dr Anderson, qui a environ cent vingt ans, ne fasse que dormir en classe et vous dise exactement ce qu’il donnera à l’examen final. Ce cours est supposé être du gâteau. Je l’espère bien parce que j’ai de très bonnes notes pour aller en dernière année, et j’aimerai avoir un horaire facile pour pouvoir concentrer davantage de mes efforts sur le hockey.
— Eh bien, je pense que le dualisme est un tas de connerie, s’écrie Mike avec un grand geste théâtral.
Il bredouille légèrement.
— Si l’esprit existe indépendamment du cerveau, alors comment sont créés les souvenirs physiques ? Expliquez-moi comment ça a du sens.
— Rien de tout ça n’a de sens, je marmonne, les yeux toujours rivés sur mon iPhone.
Personne ne m’accorde le moindre regard, ce qui me va très bien. Mon jeu est bien plus intéressant que de discuter de Descartes.
— C’est une position très fermée de ta part, dit Angeline dédaigneusement. De toute façon, je trouve beaucoup plus fascinant ce concept de Je pense, donc je suis. Je veux dire, c’est plutôt profond, à un niveau auquel je n’avais jamais réfléchi avant.
Je suis pratiquement sûr qu’Angeline n’a jamais réfléchi à rien de plus profond que la marque du jean qu’elle va porter le matin, mais je suis impressionné par la manière dont elle détourne la conversation de l’abrutissante philosophie du dualisme.
Je vois la serveuse approcher du coin de l’œil, mais je ne relève pas la tête parce que je suis dangereusement près de dépasser mon meilleur score. La serveuse se tient là quelques secondes pendant que la conversation s’enflamme, attendant patiemment une pause dans la dépense de cellules grises. Quand personne ne marque de pause, même pour reprendre son souffle, elle émet un petit bruit pour s’éclaircir la gorge.
La tablée se tait et j’entends Angeline s’écrier de sa voix la plus offensée :
— Excusez-moi, mais nous sommes au milieu d’une importante discussion. Vous croyez que c’est justifié de nous interrompre en présumant que nous sommes prêts pour vous ?
Tout le monde éclate de rire, sauf moi. Mais intérieurement, j’ai un sourire narquois, et je secoue simplement la tête. Angeline parvient à passer un savon à quelqu’un et à le faire se sentir dans ses petits souliers en quelques secondes. C’est une véritable forme d’art, développée par les gens criminellement fortunés et terriblement narcissiques.
Angeline n’en a pas fini avec la serveuse, cependant. Elle se tourne vers le reste du groupe et ajoute :
— Je suppose qu’on ne peut pas vraiment blâmer son ignorance. Je veux dire, elle sert des hamburgers pour vivre. Cette conversation lui passe peut-être un petit peu au-dessus de la tête.
Elle éclate ensuite d’un fou rire qui me fait grincer des dents.
OK, même moi je dois reconnaître que c’est un vrai coup bas, mais je ne dis rien. Je garde la tête basse, évitant la confrontation avec Angeline à tout prix. Elle est saoule et elle est méchante. Pas un bon mélange, et je n’ai pas envie de me disputer avec elle ce soir. Merde, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai rompu avec elle. Tout ressemblait toujours à une confrontation.
Avant qu’Angeline dise quoi que ce soit, j’entends la serveuse répondre.
— Je suis vraiment désolée. C’est juste que… Je vous ai tous vu vous asseoir ici, et enfin, pardonnez mon ignorance, mais je crois que la théorie du Rasoir d’Ockham dit que de toutes les théories possibles, et toutes choses étant égales, la théorie la plus simple est généralement la bonne. J’ai vu que vous aviez déjà regardé les menus et que vous les aviez remis en place. Par conséquent, la théorie la plus simple est que vous êtes prêts à commander. Voyez les choses de cette façon… Je pense que je vous ai vu consulter le menu, donc je suis ici pour prendre votre commande. Bon, je sais qu’Ockham est un petit peu antérieur à Descartes, mais c’est toujours un principe judicieux, vous ne trouvez pas ?
Il y a un instant de stupéfaction silencieuse et mes yeux sautent sur la serveuse. C’est la chose la plus intéressante qui soit arrivée de toute la soirée… Que quelqu’un fasse ravaler son venin à Angeline. Le reste de la tablée éclate de rire face au culot de la serveuse, et je suis sûr qu’Angeline doit être en train de fulminer. Mais je ne lui adresse pas un regard parce que quand je lève les yeux sur notre philosophe serveuse de burgers, ils s’écarquillent et j’ai le souffle coupé. Elle est superbe. Non, unique. Non… ce n’est pas ça. Superbement unique… voilà ce qu’elle est.
Elle a des cheveux blond foncé qu’elle porte attachés en une haute queue de cheval. C’est une vraie blonde. Ça se voit à la couleur de ses sourcils, et je suis sûr que si je la déshabillais, ce serait confirmé. Les dix derniers centimètres de ses cheveux sont teints d’une couleur lavande pâle. Elle porte un anneau argenté à la narine gauche et une petite barre argentée au sourcil droit. Elle ne porte pas de maquillage, mais elle a le genre de beauté naturelle qui devrait rester complètement dénudée. Un teint parfait, avec les plus sexy des pâles taches de rousseur parsemées sur son nez. Ses yeux sont d’une magnifique couleur noisette, et je parie qu’ils deviennent plus verts quand elle est en colère ou excitée. En ce moment, ils pétillent de malice et elle a des lèvres pleines et roses qui narguent Angeline.
Je ne sais pas ce qu’il y a chez cette fille, mais merde, elle est sexy. Et visiblement super intelligente.
Les filles avec des piercings ou les cheveux colorés n’ont jamais été mon genre. Mes parents s’attendent à ce que je sorte avec des filles qui portent des perles et du cashmere et ont un pédigré d’un kilomètre de long après leur nom. Comment dit ma mère, déjà ? Ton père est un homme public, alors nous devons maintenir une apparence convenable en toutes circonstances.
Mes yeux admirent le corps de la serveuse en toute impunité parce qu’en ce moment elle et Angeline se dévisagent et se livrent à une joute visuelle silencieuse. La serveuse porte un t-shirt Northeastern et un short vraiment court qui dévoile des kilomètres de jambes bronzées. Aux pieds, elle a des chaussures de sport, et autour de la taille, un petit tablier. Juste au-dessus de son sein droit, qui à l’air tout aussi pulpeux que le gauche, un badge est accroché, qui dit Danny.
Miracle suprême, Angeline a été réduite au silence. Rien ne sort de sa bouche, mais ses yeux lancent des éclairs.
Glissant discrètement son crayon derrière l’oreille, Danny met une main sur sa hanche.
— Vous savez quoi ? Quand vous serez prêts à commander, pourquoi pas…
Elle s’arrête pour faire le tour de la table des yeux et montre Carter du doigt.
— Toi… Lève juste la main quand vous êtes prêts à commander et je reviendrai vous aider. OK ?
Sans attendre de réponse, elle balance un clin d’œil à Carter et nous tourne le dos. Je ne peux pas m’en empêcher, j’éclate de rire, et Angeline braque les yeux sur moi avec colère. Je l’ignore, toujours secoué de rire.
— Attends, Danny, je l’appelle.
Elle se retourne et me regarde avec surprise. Elle ne s’attendait pas à ce que je l’appelle par son prénom, j’en suis sûr.
— On est prêts à commander. Je trouve que tu as un excellent raisonnement philosophique.
Revenant d’un pas nonchalant à notre table, Danny soutient mon regard et je la vois m’évaluer. Je ne bronche pas ni ne détourne les yeux, et je lui rends son regard avec une intensité égale.
Elle marche droit vers moi, assez près pour que je respire son odeur… Et elle sent comme une pluie de printemps.
— Alors, qu’est-ce que tu prends ?
Elle est encore plus belle de près et j’espère que je n’ai pas la langue qui sort de la bouche. J’ai envie de lui dire que je vais la prendre elle, avec elle en accompagnement, et comme dessert… elle. À la place, je commande le Husky Special.
Elle me fait un clin d’œil.
— Bien sûr, beau brun.
J’entends Mike pouffer de rire, mais je m’en fiche.
Danny fait le tour de la table et prend les commandes de tout le monde. Après la façon dont elle a remis Angeline à sa place, tout le monde est convenablement radouci et poli. Je ne crois pas que qui que ce soit veuille une confrontation avec cette fille.
Je l’observe plus attentivement. Même si elle vient tout juste de se faire pratiquement traiter d’inculte quelques minutes auparavant, elle semble confiante et sûre d’elle. Elle sourit à chacun d’entre nous en prenant notre commande, même à Angeline, qui est sensiblement plus conciliante quand elle demande une coupe de fruits et un verre d’eau glacée. Je suis impressionné par cette fille, et très curieux.
Pourquoi quelqu’un d’aussi intelligent travaille-t-il dans un café-resto ? Et qu’est-ce qui pousse quelqu’un à teindre ses cheveux en mauve ou à se percer le nez ? Je ne pige pas, mais je me découvre l’envie de le savoir.
Après que Danny ait apporté nos commandes, la conversation reprend, bien qu’on discute hockey, maintenant, au lieu de philo. Je crois qu’on commence à dessoûler. Mike, Carter et moi discutons du premier match de la saison contre l’université de Boston. Pendant qu’on parle, j’observe Danny bouger, parler aux clients. Elle rit beaucoup et a un sourire magnifique, avec une fossette à chaque joue. Je remarque qu’elle a aussi un magnifique petit cul, mais bon, je suis un mec.
Apparemment je ne suis pas aussi discret que je pense l’être parce que Carter se penche par-dessus la table et me chuchote :
— Elle est plutôt sexy, hein ? Tu vas la pécho ?
Je lui ris au nez.
— Nan, mec. C’est pas mon genre de fille.
— Ben, avec un corps pareil, elle est plus que mon genre. Je me demande si elle a des piercings qu’on ne peut pas voir.
Je ne peux pas nier avoir pensé à la même chose. Cela dit, il n’est vraiment pas question que le découvre. Je devine, rien qu’en la regardant, que ce n’est pas le genre de fille à aimer les coups d’un soir. Oh, elle peut jouer les dures avec ses cheveux teints et ses piercings, mais en la regardant, on peut voir qu’elle est plus ange que démon. Dommage pour moi. Et pour elle, aussi.
Et un coup d’un soir serait la seule façon pour moi de trouver les réponses à mes questions. Elle n’est définitivement pas le genre de fille avec qui sortir, parce que mes parents auraient une attaque si j’apparaissais dans les médias avec elle à mon bras. Cette idée est plutôt décevante. Il y a très longtemps que quelqu’un ne m’a pas intéressé comme ça et à présent, je suis furieux de devoir vivre ma vie selon les critères de mes parents.
Je soupire silencieusement et donne un coup de poing amical sur le bras de Carter.
— Fonce, mon pote. Ta sale tronche pourrait lui plaire.

1 Chapitre 2

Danny

Je sors de la douche en tremblant de façon incontrôlable. C’est le deuxième jour d’affilée que le chauffe-eau est cassé et je suis prête à engueuler le concierge. Si ma coloc, Paula, et moi n’étions pas aussi pauvres, nous déménagerions dans un meilleur appartement. Mais les choses étant ce qu’elles sont, nous vivotons toutes les deux au jour le jour, sans pouvoir joindre les deux bouts, et nous ne pouvons pas nous payer plus que ce misérable taudis.
— Il y avait de l’eau chaude, Danny ?
J’ouvre la porte de la salle de bain et j’entends Paula remuer des casseroles dans la cuisine. Je crois qu’elle fait des ramens pour dîner.
— Nan. Toujours glacé, je lui réponds.
— Putain. Ce connard de bon à rien. Merde.
— Surveille ton langage ! Mes oreilles saignent à cause de tes grossièretés. Et tu me dois trois cigarettes.
J’entends Paula parcourir le couloir d’un pas lourd. Elle passe la tête par la porte et me tend les cigarettes en me jetant un regard noir. Je les jette rapidement dans les toilettes.
— T’es vraiment une garce, Danny.
Je réponds en lui envoyant un baiser.
— Je t’aime aussi.
Et j’aime vraiment Paula. Elle est comme une meilleure amie et une mère, tout en un. Nous vivons ensemble depuis presque deux ans et elle a quinze ans de plus que moi. Nous nous sommes rencontrées en travaillant toutes les deux au Sally’s, mais depuis lors, elle est passée à quelque chose de mieux… Elle travaille dans un magasin de disques vintage.
Paula est une pro des jurons. Depuis notre première rencontre, j’essaie sans succès de l’amener à diminuer un peu. Ce n’est pas que je ne jure jamais, c’est juste que Paula ne débite que des gros mots. Alors j’ai parié avec elle qu’elle ne pourrait pas arrêter les jurons, ce à quoi elle a répondu Fastoche. Nous avons convenu que si elle disait un juron, elle me donnerait une de ses précieuses cigarettes… que je détruis avec plaisir juste devant elle. J’imagine que je l’aurai sevrée de la nicotine dans peu de temps.
Sortant de la salle de bain, elle me suit dans ma chambre. Je laisse tomber ma serviette sur le sol et commence à m’habiller.
— Donc, tu as le service de nuit au Sally’s ? demande-t-elle.
— Oui. Je finis à sept heures du mat’.
Je m’habille pendant qu’elle s’appuie contre le chambranle de la porte.
— Meuf, t’as des horaires de dingue. Pourquoi tu n’abandonnes pas ce pu—
Je la regarde en relevant un sourcil bien haut, la défiant de continuer.
— Je veux dire, cette saleté de job ?
— Brave fille, je la complimente. Et je trouverais du boulot où ? J’ai vingt-et-un ans, je suis en troisième année de fac, sans expérience professionnelle à part au Sally’s Diner. Et puis… les pourboires ne sont pas trop mauvais.
Je repense à ce beau mec qui m’a laissé un pourboire de cinquante dollars, l’autre nuit. C’était clairement un étudiant – probablement de Northeastern – comme moi. Et il avait clairement de l’argent s’il distribuait des pourboires à cinquante dollars. Je rigole en repensant à ce groupe. J’avais su, à la minute où cette brune snobinarde avait posé les yeux sur moi, qu’elle allait essayer sa meilleure technique d’humiliation. Heureusement, elle avait choisi un sujet dont elle ne connaissait visiblement rien et pour lequel j’avais bien réussi.
Le meilleur, c’est quand je m’étais éloignée, et que le type sexy qui jouait à Angry Birds m’avait appelée par mon prénom. Quand je m’étais retournée, j’avais presque sursauté devant la façon dont il me regardait. C’était charnel… comme s’il avait eu envie de me dévorer. Rien que d’y penser me fait rougir. Je l’avais étudié du coin de l’œil plusieurs fois pendant qu’ils mangeaient, et il avait toujours l’air de m’observer. J’avais bien pensé flirter un peu, mais franchement, à quoi ça aurait servi ? Ça n’aurait jamais été plus que du flirt, parce qu’on venait de quartiers trop différents. Une fois, j’avais essayé de sortir avec quelqu’un qui sortait tout droit des pages de Lifestyles des Riches et Célèbres et ça avait été un désastre. Et puis, je n’ai pas de temps ou d’énergie à perdre avec des garçons, en ce moment. Mais peut-être un jour.
Après que ce groupe bruyant soit parti, j’avais été jusqu’à leur table et j’avais commencé à la débarrasser. J’avais remarqué qu’ils n’avaient laissé aucun pourboire, ce qui est assez typique des étudiants soûls. J’imaginais que la seule récompense que j’aurais eu à cette table, ce serait la satisfaction d’avoir fait ravaler à cette étudiante arrogante ses paroles condescendantes envers moi. J’en rigole encore, rien qu’en y repensant.
Quand j’ai eu fini de ramasser la dernière assiette et que je repartais en cuisine, la porte s’était ouverte et le type canon était rentré. Je ne l’avais pas quitté des yeux lorsqu’il était venu vers moi et nous nous étions contentés de nous dévisager.
En glissant sa main dans la poche de mon tablier, il avait dit :
— Voilà ton pourboire. J’avais oublié de le laisser.
Son geste était calculé pour envahir mon espace personnel et était incroyablement sexy à la fois.
— Merci, j’avais dit doucement.
Il m’avait dévisagée pendant quelques secondes, puis il avait dit :
— Eh bien, merci d’avoir été bonne joueuse, ce soir. Tu t’es certainement bien débrouillée pour remettre Angeline à sa place, et je suis désolé pour ce qu’elle a dit.
J’avais incliné la tête vers lui.
— Pourquoi es-tu désolé ? Tu ne devrais pas avoir à t’excuser à sa place.
Il m’avait fait une ombre de sourire et avait répondu :
— Non, je suppose que non.
Nous avions passé encore quelques secondes à nous dévisager et j’avais cru qu’il allait dire autre chose. Mais il s’était simplement retourné pour partir, ajoutant par-dessus son épaule :
— Passe une bonne nuit.
Il était déjà à la porte quand j’avais répondu.
— Toi aussi.
Ce n’est qu’à la fin de mon service, en comptant mes pourboires, que j’avais réalisé qu’il m’avait laissé cinquante dollars. Ça pourrait nous acheter un sacré paquet de ramens, à Paula et à moi.
— Je suis sûre que je pourrais te faire embaucher au magasin de disques.
Hein ? Paula ramène mon attention sur elle, loin des hommes sexy qui me laissent de gros pourboires. Je souris en la regardant.
— Pas si je dois m’habiller comme ça, je lui dis malicieusement.
Paula commence sa crise de la quarantaine. Ses cheveux noirs de jais sont à présent parcourus de mèches teintes en rouge. Elle a coupé sa frange très courte et très sévère sur son front. Elle est habillée gothique, ce soir, et elle est superbe avec une courte jupe écossaise rouge foncé et noir, et un top noir découvrant une épaule. Des collants à têtes de mort et des bottines de l’armée complètent son look.
— Meuf, s’te plaît. Toi aussi, tu déchires avec ton look bizarre, tes cheveux et ta quincaillerie sur le visage. Qui se ressemble...
Je ris en mettant mes boucles d’oreille et secoue la tête. Je fais un geste vers mon visage, puis rejette mes cheveux mauves en arrière.
— An-han. Mon look est une œuvre d’art, je dis narquoisement en la regardant de haut en bas avec mon plus bel air dégoûté. Toi, par contre, tu es un fashion faux-pas.
— Garce.
— Trainée.
— Pétasse.
— Martyr.
— Charlotte aux Fraises.
Nous éclatons toutes les deux de rire. Nous jouons souvent pour savoir laquelle est la meilleure au jeu des insultes et qui sera la première à faire rire l’autre. Nous sommes à égalité, cette fois.
M’asseyant sur le bord de mon lit, j’enfile mes baskets.
Paula vient me rejoindre et s’assied à côté de moi.
— Alors, qu’est-ce que tu as prévu pour demain ?
Je laisse échapper un soupir malgré moi.
— J’ai une journée chargée, demain. J’ai deux cours au matin et puis une session de rattrapage au déjeuner. Puis j’ai promis à Ann de la remplacer pendant quelques heures au café pendant qu’elle va à une réunion à l’école de son gamin. Et pour finir, je ferai une ou deux heures au refuge.
Bon Dieu, j’ai une vie de dingue.
Paula se lève et met les mains sur ses hanches. Elle se contente de me regarder, sans dire un mot.
— Pourquoi tu me regardes comme ça ?
— Pour rien.
— Ah non, ne commence pas. Ne joue pas à la maman avec moi.
— Quand même, Danny. Tu es en train de te tuer à la tâche. Je m’inquiète pour toi.
Je me lève et vais serrer Paula dans mes bras.
— Je sais que tu t’inquiètes pour moi, mais je peux me débrouiller toute seule.
Elle me rend mon étreinte avec force.
— Je sais que tu peux, ma puce. Mais ça ne m’empêche pas de m’inquiéter pour toi quand même.
Je la serre en retour, puis je m’écarte avant de commencer à pleurnicher comme une sotte. Paula est la seule personne que j’aie au monde et qui tienne à moi. Enfin, à part Sarge, mais je ne le vois pas si souvent.
— Je vais bien, je la rassure. Et puis, c’est seulement temporaire, pas vrai ?
— Bien sûr, petite. Temporaire.
Elle prononce les bons mots, mais au ton de sa voix, je sais qu’elle pense que je suis partie pour une vie de servitude.

***

Il est trois heures de l’après-midi et je me traine. Après avoir terminé mon boulot à sept heures du matin, j’ai eu juste le temps de prendre une douche rapide et de filer vers mes cours de la matinée. Après une heure pénible à donner un cours de rattrapage à un joueur de foot de Western Civ – qui était plus intéressé par l’idée de me peloter que d’étudier – je me retrouve maintenant au Sally’s pour faire une partie du service d’Ann. Deux tasses de café et je me sens déjà un peu mieux. Heureusement pour moi, c’est plutôt mort, en ce moment.
Penchée sur les Petites Annonces au comptoir, je cherche un boulot pour le week-end. Si je décrochais quelques maisons à nettoyer les week-ends, ce serait d’une grande aide pour payer mes dettes.
Le tintement de clochette indique l’arrivée d’un nouveau client. Je relève les yeux, pliant le journal en deux, et je m’arrête. C’est M. Pourboire à Cinquante Dollars. Et je prends conscience que mon imagination ne l’avait pas enjolivé. Il est toujours aussi sexy que dans mes souvenirs. Il porte un t-shirt gris trempé de sueur et un short de course. Il a l’air un peu essoufflé et j’en déduis qu’il vient juste de terminer sa course.
— Assieds-toi où tu veux, lui dis-je.
Il avance jusqu’au comptoir, soutenant mon regard. Il s’est arrêté ici pour me voir, ça ne fait aucun doute. Je le devine à la détermination et à la résolution dans ses yeux couleur whisky.
Je l’observe, fascinée, passer une main dans ses cheveux humides pour les écarter de son front. Ils sont brun foncé et ondulés, et à la limite d’être un peu trop long au goût d’une mère. Pour moi, ils sont parfaits. Dommage que je n’aie ni le temps ni l’envie de faire quelque chose à ce sujet.
S’asseyant sur le tabouret juste en face de moi, il m’adresse un grand sourire.
— Mis quelqu’un en pièce à coup de philosophie, récemment ?
J’éclate de rire et commence à secouer la tête.
— Non. Pas aujourd’hui, du moins.
— En fait, je courais dans le quartier et je t’ai vue, là. Je me suis dit que j’allais m’arrêter et te remercier.
Je hausse les sourcils.
— Me remercier ?
— Oui. Ces vingt secondes où tu as démoli Angeline avec tes connaissances en philo ont été les plus amusantes que j’ai eues depuis très, très longtemps.
Ce n’est pas très élégant, mais je ne peux m’empêcher de rire par le nez en réponse.
— Alors, tu dois vivre une vie plutôt ennuyeuse.
— Je m’appelle Ryan Burnham, à propos.
Il me tend la main et je la lui serre. Sa main est beaucoup plus grande que la mienne et chaude. Je sens des callosités dans sa paume et sur ses doigts.
— Danny Cross. Ravie de faire ta connaissance… officiellement.
Il relâche ma main.
— Moi aussi.
Ma peau picote doucement à l’endroit où nos mains ont été en contact et j’essaie immédiatement de réprimer cette sensation. Je n’ai pas le droit de dévorer un mec des yeux, encore moins un mec qui est clairement hors de la stratosphère de mon cercle social. J’ai beaucoup trop de choses importantes à gérer en ce moment, ou du moins c’est ce que je dois souvent me rappeler à moi-même, ces temps-ci.
— Alors, Danny, commence-t-il en me regardant avec amusement et quelque chose qui ressemble à de la curiosité. Tu es apparemment une fille intelligente. Tu es inscrite à Northeastern ? J’ai vu que tu portais un t-shirt de la fac, l’autre nuit.
Il a remarqué le t-shirt que je portais ce nuit-là ? Même moi, je ne me souviens pas de ce que je portais, mais qu’il ait gardé ce détail en mémoire me comble de joie, pour une raison que j’ignore.
— Je viens juste de commencer cet automne, mais je ne suis que deux cours par semaine pour l’instant.
— Seulement deux cours et tu sais qui sont Ockham et Descartes ?
Il est sceptique, je le sens.
— J’ai fréquenté une autre fac avant Northeastern. Je suis techniquement en troisième année.
— Où est-ce que tu es allée en fac ?
— Pas dans un endroit connu.
Je ne fournis pas davantage d’informations et décide de rester vague. J’ignore pourquoi, mais j’ai envie de savoir à quel point il est réellement intéressé par moi. C’est un jeu pervers auquel je joue avec moi-même, parce que ça ne va mener à rien.
— Pourquoi tu ne veux pas me dire son nom ?
Il me sourit comme le chat de Cheshire.
— Pourquoi es-tu aussi curieux ?
— Pourquoi est-ce que tu es aussi évasive ?
Je décide qu’un rapide changement de sujet est justifié.
— Tu veux commander quelque chose ? Il faut que je retourne travailler.
Les yeux de Ryan font le tour du resto désert avant de revenir sur moi. Il hausse un sourcil. C’est séduisant d’une manière assez agaçante. J’attends patiemment qu’il me réponde.
Quand il réalise que la balle est dans son camp, il baisse les yeux sur sa montre et se lève de son tabouret.
— Il faut vraiment que j’y aille. J’ai rendez-vous avec quelques gars à la salle de sport.
Je ne dis rien – je lui fais juste un sourire poli – mais je suis un peu déçue qu’il parte aussi vite. Il a l’air de vouloir dire autre chose, mais il hésite. Et à l’instant où je comprends pourquoi, il se penche par-dessus le comptoir, un peu plus près de moi.
— Danny… je peux t’inviter à dîner, ce soir ? J’aimerai apprendre à mieux te connaître.
Ah, mince. Pourquoi faut-il que ce gars délicieusement sexy et complètement charmant m’invite à sortir ? J’appréciais qu’on se charrie, qu’on flirte, mais je n’avais jamais imaginé qu’il en fasse quelque chose. Je veux dire, il est un Dom Pérignon… et je suis un Coca-Cola. Et comme si nos différences ne suffisaient pas, je n’ai vraiment pas le temps de me compliquer la vie avec quelque chose comme ça.
— Je vois les engrenages tourner dans ta tête, Danny. Je ne te demande pas de m’épouser… juste un dîner.
Je commence par secouer la tête.
— Je ne crois pas. J’ai beaucoup de choses à gérer en ce moment.
Tandis que je rationnalise mon refus, je commence à me sentir mieux d’avoir décidé de refuser son offre. J’ai vu avec quels amis il trainait, l’autre nuit. Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer les vêtements coûteux et les bijoux. Ce sentiment que tout leur était permis qui flottait dans l’air. Ce n’est vraiment pas mon truc, et pourquoi m’impliquer avec quelqu’un, même pour un simple dîner, quand, au final, je ne m’intégrerai jamais. C’est comme d’emmener Cendrillon au bal, et puis lui dire qu’elle redeviendra une servante le lendemain.
Avant que je puisse lui dire non encore une fois, il tend le bras et prend ma main. Caressant son pouce sur mon poignet, il murmure :
— Je ne t’avais pas prise pour une dégonflée, Danny. Allez… Juste un dîner ce soir, et on ira où tu veux aller, n’importe où.
N’importe où ? Ça peut être intéressant. Je peux prendre le temps de sortir ce soir avec lui, selon mes termes, sur mon terrain, et ensuite il verra quelle mauvaise idée c’était.
La caresse de son pouce sur mon poignet fait tressaillir mon pouls. Je retire la main.
— Où je veux aller, n’importe où, hein ?
Il me sourit largement, sachant que je suis sur le point de craquer.
— Oui, où tu veux, n’importe où.
— OK. Retrouve-moi ici à six heures.
Il tend à nouveau le bras pour attraper ma main et la saisit. Avant que je puisse songer à la retirer, il porte mes phalanges à ses lèvres et y dépose un léger baiser.
— À dans quelques heures.
Laissant tomber ma main, il fait demi-tour et passe la porte. Je le regarde partir en courant et disparaître de ma vue. Et la peau de ma main brûle légèrement à l’endroit où il a posé sa bouche.

1 Chapitre 3

Ryan

— Pourquoi t’es aussi bien habillé ?
Je tourne la tête vers Mike qui est allongé sur son lit avec les mains derrière la tête.
— J’ai un rancard, ce soir, je réponds.
— Tu déconnes ? Avec qui ?
J’hésite une seconde à lui répondre, et puis je me gifle mentalement de l’avoir fait. Je n’ai pas honte de sortir avec Danny, donc il ne devrait pas y avoir la moindre hésitation. Malgré tout, je reste vague en lui répondant.
— Elle s’appelle Danny. Elle est en troisième, ici.
Mike ne dit rien, alors j’imagine que ça ne l’intéresse pas d’en entendre davantage. Je tends la main dans le placard et en sors un veston brun. Je ne sais pas très bien où on ira ce soir, mais puisque j’ai dit à Danny que je l’emmènerai n’importe où, je veux être prêt pour un dîner élégant si c’est ce dont elle a envie. J’hésite à porter une cravate et puis décide que non. Mes parents m’ont obligé à en porter une à tellement de cérémonies que chaque fois que je peux éviter d’en porter une, je saisis l’occasion.
— Et alors, où est-ce que tu as rencontré cette fille ?
Mike est apparemment plus intéressé que je ne le pensais. Mais c’est mon meilleur ami depuis notre entré au lycée et on partage la même chambre à la fac depuis nos débuts à Northeastern. Il n’y a vraiment rien dont je ne puisse pas parler avec lui.
— C’est la serveuse de l’autre soir, au Sally’s.
— La fille sexy avec les cheveux mauves qui a complètement rabaissé le caquet d’Angeline ?
J’ai un rire moqueur.
— Oui. C’est celle-là.
Mike laisse échapper un long et lent sifflement et secoue la tête d’un côté à l’autre comme s’il avait pitié de moi.
— Quoi ? je demande.
— Allez, mec. Elle ne fréquente pas exactement le même cercle social que nous.
Ça m’énerve, même si au fond, je sais que Mike ne veut rien dire de méchant par là.
— Qu’est-ce que ça peut foutre ?
Mes mots sortent avec plus de dureté que je n’en avais l’intention, mais je ne m’excuse pas.
Levant les mains en signe d’apaisement, il répond avec aisance.
— Moi, je m’en fous, mon vieux. Je pensais juste à ce que tes parents diraient. Je vois ta mère d’ici : Oh, chéé-rii… elle a les cheveux mauves. Est-ce qu’elle sort de prison ?
J’éclate de rire, parce que c’est exactement ce que ma mère dirait et Mike l’a imitée à la perfection. Je me renfrogne en y pensant. Mike a raison en disant que Danny serait rejetée par ma famille et mes amis uniquement à cause de son apparence. Et ça m’énerve encore plus. Et ça m’énerve d’être énervé. Je ne connais pas cette fille. Je la trouve seulement intéressante et j’ai envie de passer un peu de temps avec elle. Je n’ai pas à me mettre en colère à propos de ce que mes amis feraient ou ne feraient pas en sa présence, alors qu’ils ne feront peut-être jamais sa connaissance.
— Détends-toi. C’est juste un dîner. Ce n’est pas comme si je la ramenais à la maison chez mes parents.
— C’est ce que je pensais. Tu vas seulement essayer de la sauter, pas vrai ?
Je lance un regard acéré à Mike qui sourit de toutes ses dents.
— Non, ce n’est pas ce que j’essaie de faire. Arrête d’avoir l’esprit mal tourné, mec.
J’attrape mes clés et mon portefeuille et me prépare à sortir.
— Mais si elle décide de se jeter sur moi, je ne vais pas dire non.
Le rire de Mike me suit jusque dehors.

***

En entrant au Sally’s Diner, je me rends compte que je suis un peu nerveux. Le café-resto est plein à craquer d’une foule de dîneurs, mais j’aperçois tout de suite Danny derrière le comptoir, calculant l’addition de quelqu’un.
Elle porte toujours la même chose que tout à l’heure… un jean, un t-shirt, et des baskets. Ses cheveux sont à nouveau relevés en une queue de cheval et je me demande de quoi ils auraient l’air lâchés. Je trouve les mèches lavande, au bout, fascinantes et je mentirais si je n’admettais pas que je trouve ses piercings au visage assez sexy. Et je réalise tout à coup pourquoi elle me fascine autant. C’est parce qu’elle a l’air aussi innocente qu’un agneau, mais que les cheveux colorés et les piercings rajoutent une touche rebelle à cet extérieur si doux.
Danny lève les yeux et me voit planté là. Elle relève l’index pour me demander de lui accorder une minute, et je hoche la tête en réponse. Pour l’instant, je suis content de simplement l’observer pendant quelques minutes.
Je suis frappé par sa grâce naturelle. Elle rit avec le client qui paie son addition, et son sourire illumine littéralement la pièce. Le cuisinier derrière le comptoir de service lui dit quelque chose et elle grimace, lui jetant un torchon qu’il reçoit en plein visage. Il se moque d’elle en riant et tous les clients au comptoir rigolent et font du bruit. Elle est dans son élément, parce que c’est indiscutablement quelqu’un de sociable.
Danny enlève son tablier et le jette en-dessous du comptoir. Reprenant son sac, elle se dirige vers moi et je sens mon cœur battre plus fort. Comment diable quelqu’un qui vient de finir son service dans un café-resto graisseux peut avoir l’air aussi magnifique ?
— Salut, dit-elle. Désolée, mais j’ai dû travailler plus tard que je ne pensais. Je n’ai pas eu le temps de prendre une douche ou de me changer.
— Pas de problème. Tu veux rentrer chez toi pour pouvoir le faire ?
Elle secoue la tête.
— On ne va pas dans un endroit chic. Décontracté, c’est mieux. Même si je sens probablement la graisse à frites, en ce moment.
Je ne sais pas du tout ce qui me prend, mais je m’approche d’elle et penche la tête pour que mon nez soit juste derrière son oreille. Je prends une grande inspiration, respirant de manière outrancière pour qu’elle m’entende. Puis je lui murmure à l’oreille :
— Tu sens délicieusement bon, à mon avis.
Et c’est le cas. Son shampooing sens l’eucalyptus et la fleur d’oranger. Je suis en train de la regarder quand elle frissonne à ces mots, et je me sens comme ce putain de Tarzan, maintenant.
Reculant d’un pas, je me retourne pour ouvrir la porte et la laisser marcher devant moi. Je sors mes clés et me dirige vers la portière du côté passager de ma Range Rover noire. Mais un coup d’œil par-dessus mon épaule et je la vois marchant dans la direction opposée. Je remets mes clés dans ma poche et cours pour la rattraper.
— Belle nuit pour une promenade, je remarque.
Elle éclate de rire et ce son me réchauffe le sang. Son rire est riche et rauque, et ô combien sexy.
— Nous marchons seulement jusqu’à l’arrêt de bus. Ce soir, tu vas découvrir Boston façon Danny. Même si tu es un peu trop bien habillé pour prendre les transports en commun.
Je lui souris avec nonchalance.
— Pas de souci. Je suis partant.
Elle me sourit en retour.
— Bien. Je serais déçue si tu ne l’étais pas.
Ses mots résonnent comme un défi, mais elle n’a aucune idée de combien je peux être compétitif.
Oh, Danny, Danny. Je sais ce que tu essaies de faire et tu devrais faire un peu plus d’efforts pour être moins transparente. Je suis certain que Danny essaie de me faire peur. Si elle pense qu’un trajet en bus est effrayant, elle n’a clairement jamais eu à esquiver des défenseurs de cent kilos pour éviter qu’ils l’écrasent contre les balustrades.
— Alors, où est-ce qu’on va ? Tu as dit que j’étais trop bien habillé, mais tu vas devoir me donner un meilleur indice que ça.
Elle se contente de sourire d’un air évasif et dit :
— Tu verras.
Je dois reconnaître que maintenant, je suis encore plus curieux à son sujet qu’avant. Je m’attendais vraiment à ce qu’elle veuille que je l’emmène dans un restaurant haut de gamme. Je veux dire, c’est ce que les filles veulent, d’habitude. Et qu’elle nous fasse prendre les transports en commun plutôt que ma voiture fabuleusement belle et ridiculement couteuse me met presque sur des charbons ardents quant à savoir à quoi m’attendre.
On n’a pas l’occasion de parler beaucoup durant le trajet en bus parce qu’il est rempli de navetteurs. Mon premier trajet en bus n’a rien de déplaisant, cela dit. Le manque de sièges nous oblige à rester debout, et très proches l’un de l’autre, et Danny est collée contre mon flanc. Elle se tient à une barre de métal en face d’elle et je suis assez grand pour me tenir à une poignée au plafond sans avoir le bras tendu. Quand le bus fait une embardée ou secoue ses passagers, les douces courbes de Danny se balancent contre moi. Plusieurs fois, je lui place une main dans le dos pour l’aider à se stabiliser et elle me lance un sourire narquois, que je lui renvoie.
Finalement, Danny me fait signe qu’on a atteint notre destination et on descend avec quelques autres passagers. Il commence à faire sombre et je suis assez consterné qu’on se retrouve dans une partie de la ville plutôt sordide. Les rues sont jonchées de déchets et j’aperçois plus d’une fenêtre brisée à certains immeubles. Je veux poser la question à Danny, mais elle se dépêche de traverser la rue, et je la suis. On marche le long d’un pâté de maison et en tournant à l’angle, on tombe sur une file de gens s’étirant devant une entrée. Il doit bien y avoir une vingtaine de personnes dans la file et je suis un peu confus. Est-ce qu’on est devant une boîte de nuit ?
Danny remarque la tête que je fais et m’attrape la main. Elle me guide vers l’avant de la file, devant la porte d’entrée, tout en saluant quelques personnes. Et puis je vois la pancarte au-dessus de la porte… Helping Hands - Refuge. Je regarde à nouveau les gens formant la file et à présent, je vois clairement ce qu’ils sont… Des sans-abris.
Ils ont des profils variés… noirs, blancs, asiatiques, jeunes, vieux, hommes et femmes. La seule chose qu’ils aient en commun, c’est qu’ils sont tous pauvres… très, très pauvres, apparemment. Certains sont vêtus de haillons tandis que d’autres sont couverts de crasse de la tête aux pieds. J’ai conscience rester bouche bée devant ces gens démoralisés, mais je ne peux pas m’en empêcher. Finalement, je tourne lentement la tête vers Danny, qui m’observe comme si elle s’attendait à me voir détaler.
— Je fais du bénévolat ici, plusieurs fois par semaine. C’est ma soirée, ce soir, et j’ai pensé que tu pourrais donner un coup de main.
Je fronce les sourcils.
— Et c’est là que tu veux que je t’emmène dîner ? Pas très romantique.
Elle ne dit rien, mais continue à m’observer avec attention.
Je soupire et lui prends la main, me dirigeant vers la porte d’entrée.
— Eh bien, au travail, alors.
Je suis ravi quand Danny me récompense avec son éblouissant sourire à fossettes tandis que je l’emmène à l’intérieur.
Elle me guide à travers la réception, puis au bas d’un escalier qui descend vers la cave. Elle m’indique une porte qui mène à une aile du bâtiment dont elle m’explique qu’elle accueille des résidents permanents. Quand je lui pose la question à propos des personnes qui font la file dehors, elle me répond qu’ils viennent uniquement pour manger, mais qu’ils vivent dans les rues.
Danny ouvre une double porte et on se retrouve dans un grand réfectoire. Il y a des tables pliantes pour huit personnes et des chaises en métal autour de chaque table. Je trouve bizarre que chaque table ait un petit vase posé dessus avec un petit bouquet de fleurs en plastique dedans. La plupart des sièges sont occupés et je vois que lorsqu’une personne a fini son repas et s’en va, des bénévoles laissent entrer d’autres personnes.
Je suis Danny autour du périmètre de la pièce jusqu’à l’arrière où se trouve un comptoir de service qui révèle une grande cuisine cachée derrière. Une porte battante sur le côté permet aux gens de rentrer et de sortir entre la cuisine et le réfectoire.
— C’est à cette heure-ci que tu arrives, Danny ? J’en ai plein le cul de préparer la nourriture pour demain.
— Pas de panique, Maverick. Je suis là, maintenant, et j’ai amené de l’aide. Mais nous nous attendons à un bon repas quand nous aurons terminé.
Danny me regarde et je dis silencieusement Maverick ?
Elle se penche et me chuchote :
— Top Gun est son film préféré.
Je regarde en direction de Maverick. Il est asiatique et extrêmement petit. Il porte un tablier par-dessus ses vêtements qui est couvert d’éclaboussures de nourriture, et il mélange quelque chose dans une grande casserole sur la cuisinière. Sur la tête, il porte un chapeau avec l’inscription Honey Badger Don’t Care.
Danny ouvre un tiroir et en retire deux tabliers, en lançant un vers moi.
— Mav, voici Ryan. C’est mon co-pilote, ce soir.
Je déteste avoir à l’admettre, mais je n’aime pas la référence à Top Gun. Le co-pilote est supposé aider l’autre personne à s’envoyer en l’air, mais plutôt crever que d’aider Danny à faire ça.
Maverick me regarde, remarquant mes vêtements.
— Il est habillé assez chic. Tu es sûre qu’il peut se salir les mains ?
Avant que Danny puisse répondre, je dis :
— Je suis sûr que je peux me salir les mains. Dites-moi quoi faire.
Mav se contente de grogner après moi, mais m’indique une pile de pommes de terre sur le plan de travail. J’enlève ma veste et la pends sur le dossier d’une chaise, retroussant les manches de ma chemise. Après avoir passé un tablier, je prends une patate et commence à l’éplucher. Danny vient se placer à côté de moi pour m’aider. On travaille dans un silence confortable, principalement parce que Maverick est là et parce que je suis sûr qu’il me découperait en rondelles si on n’est pas assez rapide à la tâche.
Quand il quitte la cuisine en emportant la grande casserole qui était sur la cuisinière derrière lui, Danny s’incline vers moi et me donne un petit coup d’épaule.
— Alors, comment tu t’en sors ?
— Fantastique. J’adore éplucher les patates. C’est une des activités que je préfère au monde.
— Première fois, hein ?
Je ris.
— Oui. Mais j’aime toujours essayer de nouvelles choses, comme ça je peux les rayer de ma liste de choses à faire avant de mourir.
On se tait pendant une minute, puis je dis :
— Tu sais, Danny… m’amener ici ne prouvera rien.
Elle me regarde et son visage montre combien elle est surprise que j’aie deviné ses intentions. Elle commence à bégayer quelque chose à propos de ne pas essayer de prouver quoi que ce soit, mais j’essuie mes mains sur un torchon et pose un doigt sur ses lèvres. Je me penche un peu et lui murmure doucement :
— Ne nie pas. Ça n’est pas digne de toi.
Elle a les yeux ronds et confus, pendant environ trois secondes, puis elle éclate de rire.
— Je suppose que je ne vais pas pouvoir te rouler souvent.
— Je vois clair dans ton jeu, je la rassure.
On échange des banalités tout en travaillant, parce qu’il n’y a aucune occasion d’entamer une conversation plus profonde. Je découvre tout de même que Danny est bénévole ici plusieurs fois par semaine depuis qu’elle a seize ans, ce qui l’amène également à confirmer qu’elle est native de Boston, comme moi. Maverick s’affaire entre la cuisine et la salle à manger, ramenant les casseroles sales et les plats de service. Même si les résidents et les dîneurs venant de la rue lavent, en fait, eux-mêmes leurs assiettes et leurs couverts à un poste de lavage dans le réfectoire, l’agréable corvée de récurer les casseroles nous incombe à Danny et à moi.
Après deux heures à éplucher les pommes de terre, récurer les casseroles et à sortir les poubelles, je me rends compte que mon dos est un peu endolori. Ça me surprend parce que je suis plutôt sportif. Vous ne pouvez pas jouer au hockey à la NCAA et ne pas être en top forme. Je ne sais pas comment Danny y parvient deux fois par semaine, et je me surprends à éprouver du respect pour une fille pour quelque chose que je n’avais jamais vraiment rencontrée chez le sexe opposé auparavant.
Le dévouement.
C’est un job pourri et elle, elle est bénévole pour le faire. Ça me donne une leçon d’humilité.
Je passe un dernier coup de torchon sur le plan de travail et jette un œil vers Danny. Elle me tend mon veston.
— Tu t’es bien débrouillé, ce soir. Et si tu me laissais te payer une bière ?
Je pose le chiffon dans l’évier et enlève mon tablier. Lui prenant ma veste, je la pose sur mon bras. Je tends l’autre vers Danny et elle passe son bras au creux de mon coude.
Je penche la tête pour lui sourire, parce qu’elle est sacrément adorable, en ce moment, son bras accroché au mien.
— Je t’ai invitée à sortir, alors la bière est pour moi.

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