Читать онлайн книгу «Mon Vicomte Pour Toujours» автора Dawn Brower

Mon Vicomte Pour Toujours
Dawn Brower
Et si les contes de fées étaient réels ? Et si les contes de fées étaient réels ? Donovan Turner, Vicomte de Warwick, est un séduisant dépravé. C'est devenu tout un art de cacher les lambeaux de son cœur brisé. Le brandy français est son plus proche ami et il fait toujours en sorte d'en avoir à portée de main. Lady Estella Simms a été contrainte à l'exil par son diabolique beau-père sans aucun moyen de subsistance. A l'aide de ses maigres ressources, elle   se lance dans une aventure qu'aucune demoiselle ne prendrait en compte pour sa survie... la contrebande. Ironie du sort, Donovan échoue comme passager clandestin à bord de son navire... trop saoul pour se rappeler comment il est arrivé là, et choqué de tomber sur la seule femme qu'il ait jamais aimée et qui a également failli le détruire. Le danger est proche et ils doivent compter l'un sur l'autre pour survivre. Lord Warwick et Lady Estella doivent apprendre à se faire confiance à nouveau, et décider si l'amour est assez puissant pour conquérir le mal qui contrecarre leur happy-end.


Mon Vicomte Pour Toujours

Table des matières
Prologue (#u1a872d3c-ea40-5da6-ac94-b67a77042ecd)
1. CHAPITRE UN (#u138d6e82-cc86-59fa-92d2-d9fbc979ed74)
2. CHAPITRE DEUX (#ud6a579a9-9b7d-5b0f-8388-5b275da3521f)
3. CHAPITRE TROIS (#u4ec7bc3d-1ff3-5448-bc65-a322d440e17f)
4. CHAPITRE QUATRE (#u76f15678-53ef-5705-bddb-08f23e11bf2a)
5. CHAPITRE CINQ (#u076652c0-6015-5a9b-916d-5381e36e846c)
6. CHAPITRE SIX (#u39a8847e-4935-5bcb-8bdc-09f5f9477bf7)
7. CHAPITRE SEPT (#u4357a537-f3b5-52a6-9e05-fdf5e02b9bdb)
8. CHAPITRE HUIT (#u39c79073-4ff9-578a-843f-b3f4cf7f7c66)
Épilogue (#ud6136436-9750-5e46-9d6e-e445739aaa32)
Au sUjeT dE l’AUTEUR (#ua17c330a-70d1-549b-9807-ecfcdba3f6f0)
Du même auteur (#ufaa1f5fe-e571-50dc-aa28-03979caa4936)
This is a work of fiction. Names, characters, places, and incidents are products of the author’s imagination or are used fictitiously and are not to be construed as real. Any resemblance to actual locales, organizations, or persons, living or dead, is entirely coincidental.
Always My Viscount © 2017 Dawn Brower
All rights reserved. No part of this book may be used or reproduced electronically or in print without written permission, except in the case of brief quotations embodied in reviews.
À mon père, Archal Brower Jr. Il a toujours cru que je devrais écrire et je n’aurais jamais pensé avoir la patience de le faire un jour. J’aurais aimé qu’il soit là pour voir tout ce que j’ai accompli. Tu me manques, Papa.

Prologue
Mai1813
Donovan Turner, le Vicomte de Warwick, entra tranquillement dans sa maison de Londres. Il sifflait un air joyeux, un sentiment d’excitation montant en lui à chaque pas effectué. Rien n’aurait pu détruire le sentiment de joie qui l’emplissait. Il tapota sa veste afin de s’assurer qu’elle était toujours là. Dans sa poche la plus secrète se trouvait une bague. La bague — un diamant solitaire entre des saphirs. Celle qu’il avait choisie spécialement pour elle. La seule femme à avoir toujours possédé son cœur et qu’il aimerait jusqu’à sa mort. Les saphirs étaient assortis à la couleur de ses yeux. Il priait pour que le bijou lui plaise…
Il frotta ses mains contre son pantalon. Elles étaient moites à cause de sa nervosité. Bientôt, il la verrait et d’entrée de jeu, il aurait à la demander en mariage. Dans un endroit romantique et où il ne serait pas interrompu — entreprise qui s’avérerait difficile lors d’un bal. À savoir s’il s’était agi de quelqu’un d’autre que lui. Il avait déjà charmé certains membres du personnel de la demeure Halford pour l’assister. Il y avait un endroit précis dans le jardin de Lady Halford qui conviendrait à la perfection pour ce qu’il avait en tête. L’une des filles de cuisine laisserait sur place une bouteille de champagne ainsi que deux flûtes afin qu’ils fêtent cet événement. Tout serait absolument parfait.
L’horloge sonna dans l’entrée. Il était temps pour lui d’y aller. Le coche devait être prêt à le conduire au bal. Ce serait bien la première fois de sa vie qu’il arriverait à l’ouverture d’un bal. Il avait pour habitude de croire en cette mode consistant à arriver en retard. Pour son Estella, il se montrerait toujours ponctuel. Elle comptait bien trop à ses yeux pour qu’il la fasse attendre. Du reste, il n’était qu’un idiot d’amoureux transi et ne pouvait supporter l’idée d’être séparé d’elle. Ce temps qu’ils ne passaient pas ensemble était de la torture pure et simple. Il ne pouvait attendre de faire d’elle sa femme pour enfin passer le reste de ses jours, et ses nuits, avec elle. Il brûlait d’envie de demander sa main et de la faire sienne dans tous les sens du terme.
Donovan se précipita dans l’entrée avant de sauter dans son fiacre. Il donna quelques coups sur le côté du véhicule afin d’informer le cocher qu’il était prêt à partir. Le fiacre se mit en mouvement quelques instants plus tard dans le claquement des sabots sur la route pavée. Il se rassit et attendit avec impatience qu’ils atteignent le domaine Halford. Il espérait qu’Estella serait déjà présente au bal, ainsi n’aurait-il pas à patienter pour la voir. Ce qui serait scandaleux, mais il avait entièrement planifié de réclamer toutes ses valses. Cette danse osée était la seule façon pour lui de pouvoir la tenir serrée contre lui en public. Il lui était si reconnaissant d’avoir autorisé cette danse.
Plusieurs minutes plus tard, son fiacre fit une halte. Il jeta un coup d’œil dehors et aperçut une longue file de fiacres. Cela leur prendrait une éternité pour atteindre l’entrée. C’était pour cela qu’il ne se rendait jamais tôt à ces événements. Il se demanda s’il serait fâcheux qu’il sorte à cet instant pour effectuer le reste du chemin à pied. Qu’en avait-il à faire, s’il dépassait la file au nez et à la barbe des autres invités ? Il faisait toujours ce qu’il lui plaisait et ne voyait aucune raison de changer sur ce point en cet instant. Donovan ouvrit la porte du fiacre et sortit de la voiture.
« Gibbs, dit-il en hochant la tête à l’adresse du cocher. Allez vaquer à vos occupations habituelles lorsque vous m’attendez. J’entre tout de suite.
— Oui, Monsieur, répondit l’homme.
Donovan ne jeta pas un regard en arrière alors qu’il se rapprochait allègrement de la résidence Halford. Lorsqu’il arriva devant l’escalier de l’entrée, un autre fiacre venait de s’arrêter. Il ne prit pas la peine de regarder par-dessus son épaule afin de voir de qui il s’agissait. Il ne prêtait guère attention à qui que ce fût. Il franchit les marches menant à la porte d’entrée. L’un des domestiques inclina la tête à son intention en guise d’accueil. Il se dirigea vers la salle de bal et la file de personnes attendant d’être annoncées. Toutes ces formalités de bals et de soirées pouvaient s’avérer assez ennuyeuses, parfois.
« Milord », l’accueillit un serviteur avec une révérence.
Donovan abandonna son invitation sur le plateau que le domestique avait dans la main. Ce dernier acquiesça et l’apporta à l’homme qui faisait les annonces. Lorsque ce fut son tour d’être annoncé, il se tint dans l’entrée donnant sur la salle de bal en se tordant les mains avec anxiété.
« Le Vicomte de Warwick », tonna l’homme à l’intention de toute la salle.
Le silence tomba. Donovan ne venait jamais aussi tôt et la haute société l’avait remarqué. Il afficha un grand sourire alors que l’excitation montait en lui. Cela allait être amusant. Il s’avança dans la salle, tête haute. Ils comprendraient dès l’instant où la nuit serait terminée. Très bientôt, il ne serait plus un bon parti mais un homme fiancé.
Il parcourut des yeux la salle de bal en entrant et la repéra immédiatement. Lady Estella Sims se tenait dans un coin de la pièce aux côtés de sa belle-sœur Lady Annalise Parker, et de son demi-frère Lord Marrok Parker, le Marquis de Sheffield. Marrok avait dû être appelé à chaperonner les dames. Donovan considérait cet homme comme un ami et confident. Il lui avait appris avec nonchalance qu’il envisageait le mariage, mais pas l’identité de la dame ayant suscité son intérêt. Il ne voulait laisser personne apprendre ce détail-là en particulier.
Il s’approcha du groupe avec le désir de se trouver auprès de son amour. La beauté de Lady Estella le stoppa net. S’étant rapproché, il pouvait la voir plus nettement. Ses cheveux d’un blond vénitien étaient amassés en un élégant chignon, mais quelques boucles s’en échappaient pour tomber autour de son visage ravissant. Ses lèvres arquées étaient teintées d’un rose charmant, et ses yeux au bleu saphir étincelaient comme les joyaux auxquels ils ressemblaient tant. Sa robe était blanche et agrémentée d’ornements bleus. Le Duc de Wolfton, le beau-père d’Estella, ne croyait pas qu’une débutante puisse porter autre chose que du blanc. Les rubans bleus étaient la seule marque de rébellion de la part d’Estella.
Il s’approcha des demoiselles avant de s’incliner respectueusement.
« Lady Estella, Lady Annalise, les salua-t-il. Puis il se tourna vers Marrok pour le gratifier d’un hochement de tête : Sheffield. Je ne m’attendais guère à vous voir ici.
Marrok esquissa un sourire en coin.
— Ni moi, vous. Qu’est-ce qui vous amène à quelque chose d’aussi fade qu’un bal comme celui-ci ?
— Ils ne sont pas si terribles, répondit-il d’un ton goguenard. Une fois que vous y êtes habitué.
— Dites-moi que c’est faux, répliqua Marrok d’un air consterné. J’espère ne jamais avoir à en arriver au point de penser que ces divertissements ennuyeux sont assez bons pour y assister. Je ne serais pas là si Père ne m’avait pas transformé en chaperon.
— Cela ne vous ferait pas de mal de socialiser, intervint Lady Annalise. Peut-être trouverez-vous une femme qui acceptera de vous affronter.
Marrok leva les yeux au ciel.
— Nul besoin de me maudire, chère sœur. Je vous abandonnerais volontiers toutes les deux pour une partie de cartes.
— Faites donc, je vous en prie, répliqua-t-elle en repoussant une mèche de cheveux noirs derrière son oreille. Estella et moi nous en sortirons très bien toutes seules. Venez nous chercher lorsqu’il sera temps de rentrer.
— Très bien, accepta Marrok. Vous venez, Warwick ?
Pendant tout le temps que dura cet échange, Estella resta silencieuse. Cela ne lui ressemblait guère, et cela inquiéta Donovan. Quelque chose la contrariait-elle ? N’éprouvait-elle pas le désir de le voir ? Il devait trouver un moyen de la voir seule pour lui parler. Pas seulement parce qu’il voulait la demander en mariage, mais aussi parce qu’il était inquiet pour elle. Elle ne se comportait pas comme à son ordinaire.
— Pas maintenant, s’opposa Donovan. J’espérais que Lady Estella accepterait de danser avec moi.
Les premières mesures de la première valse retentirent.
— L’acceptez-vous ? insista-t-il en lui jetant un regard, dans l’attente de sa réponse...
Elle croisa son regard avant de détourner rapidement le sien.
— Je…
— Oh, allez danser avec lui, intervint Annalise en poussant Estella vers Donovan. Une danse ne vous fera pas de mal et vous pourrez bavarder agréablement.
Qu’est-ce que cela signifiait ? Qu’est-ce qu’il n’avait pas saisi ? Estella n’avait-elle pas envie de danser avec lui ? Il ne lui voulait aucun mal. Il aurait préféré se poignarder le cœur plutôt que de la rendre malheureuse d’une quelconque manière.
Estella lança un bref regard à Annalise, puis à lui. Elle lui tendit lentement une main avec un hochement la tête.
— Ce serait un plaisir, Monsieur.
Donovan la guida jusqu’à la piste de danse. La danse avait déjà commencé mais ils rejoignirent les autres danseurs sans aucun mal. Il attendit qu’ils soient complètement absorbés avant de parler. Il voulait qu’elle se sente à l’aise mais sa nervosité était exacerbée par la danse.
— Estella, l’appella-t-il tout bas. Que se passe-t-il ?
Elle ne leva pas les yeux vers lui. Il ne comprenait pas. Pourquoi était-elle aussi contrariée ?
— Ce n’est rien, Monsieur, répliqua-t-elle.
« Monsieur »? Depuis quand avait-elle cessé de l’appeler par son prénom ? Ils s’étaient courtisés en secret pendant des semaines. Elle savait ce qu’il ressentait et ce qu’il espérait pour eux deux. Il l’aimait...
— J’ai pris des mesures pour que nous puissions nous retrouver plus tard en privé. Un domestique vous indiquera le chemin.
Elle leva les yeux vers lui.
— Je crains de ne pouvoir satisfaire cette demande ce soir, Monsieur.
Quelque chose allait définitivement de travers.
— Pourquoi pas ?
Il désirait comprendre. En tout honnêteté il le souhaitait, mais rien dans les actes ou paroles de la jeune femme ne faisait le moindre sens à ses yeux. Ils s’étaient vus plusieurs fois par le passé et elle était tout à fait consciente du fait qu’elle pouvait lui faire confiance. Il s’était montré gentil... la plupart du temps. Il n’était qu’un homme après tout, et on ne pouvait attendre de lui qu’il vive comme un moine. Il s’était présenté quelques occasions où il lui avait volé un baiser ou deux, mais il l’avait laissée intacte. Il souhaitait qu’elle lui fasse confiance et réalise qu’il était sérieux dans son entreprise. Aucune autre femme ne lui conviendrait et Estella plus que quiconque devait savoir cela au plus profond de son âme.
Estella le fixa droit dans les yeux avant de répondre d’un ton résolu :
— Ce qu’il y a entre nous doit cesser.
Il manqua de s’arrêter au beau milieu de la piste de danse. C’était trop ancré en lui pour qu’il se laisse complètement aller, et il continua de les mener dans la danse alors que son cœur se serrait dans sa poitrine.
— Quoi ? fit-il. Il n’avait pas dû correctement saisir. Mais… Je… Je vous prie de m’en expliquer la raison, ajouta-t-il.
Ainsi pourrait-il tenter de lui faire changer d’avis .
— Cela ne marcherait pas, dit-elle d’un ton ferme. Nous sommes trop différents.
— Depuis quand cela empêcherait-il un mariage ?
— Je n’avais pas réalisé que nous avions prononcé des vœux ou que nous nous apprêtions à le faire ? répliqua-t-elle en haussant un sourcil perplexe. Quelque chose m’aurait-il échappé ?
— Vous le saviez sûrement, enfin. J’avais espéré attendre que nous soyons seuls. Je m’apprêtais à vous demander en mariage ce soir.
— Ce qui signifie que vous avez changé d’avis ? Estella pencha la tête tandis qu’il la faisait tourner sur la piste. Que cela ne se soit pas produit est totalement fortuit, alors.
— Je n’ai pas changé de cœur, répondit-il avec obstination. Je vous aime et veux passer le reste de ma vie à vos côtés. J’ai une bague…
— Gardez-la, lui dit-elle. Je ne veux rien de votre part.
Le cœur de Donovan explosa en mille morceaux à ses paroles. Rien de ce qu’elle avait dit n’avait aucun sens. Elle n’avait pas agi de cette façon la dernière fois qu’elle l’avait vu. Ils s’étaient embrassés et promis de s’aimer pour toujours. Qu’est-ce qui avait pu changer en aussi peu de temps ?
— Estella, mon aimée, lui dit-il tout bas. Je vous en prie.
Elle haussa un sourcil moqueur.
— Ce fut amusant le temps que ça a duré, mais vous ne vous attendiez pas sérieusement à ce que je finisse par vous épouser. Mon beau-père n’approuvera jamais une telle union. Vous êtes le rebelle de la haute société. Il a un meilleur parti pour moi en tête et je l’accepterai.
Il n’avait jamais autant haï sa réputation qu’en cet instant. Ainsi donc, il était un célibataire légendaire. Ne méritait-il pas une chance de montrer au monde qu’il pouvait changer ? Par l’Enfer. Il avait changé. Estella faisait de lui un homme meilleur.
La valse se termina. Il n’y avait aucune raison de poursuivre cette mascarade, et se il présentait une plus grande raison encore de partir. Rien dans ce bal ne saurait retenir son attention plus longtemps et il ferait aussi bien de trouver un lieu plus accueillant. Il conduisit Estella jusqu’à Annalise. Il s’inclina et prit congé :
— Ce fut un plaisir. J’espère que vous trouverez ce que vous cherchez, Madame. Il se tourna vers Annalise. Et vous de même. Bonne nuit mesdames. »
Il tourna sur ses talons et sortit de la salle.
Il allait se rendre au club. Non, il rendrait une petite visite à son bordel favori. Peut-être alors pourrait-il l’effacer de son esprit et de son cœur. Non. Rien de tout cela ne pourrait se réaliser. Elle le hanterait à jamais.


Estella luttait contre ses larmes. Elle voulait courir à sa suite et le supplier de lui accorder son pardon. Il était tout pour elle et elle désirait passer le reste de sa vie avec lui. Que son maudit beau-père et ses manières abominables aillent au diable. Pourquoi n’avait-il pu être cet homme bienveillant que sa mère avait cru qu’il était ? Bien plus important encore, pourquoi sa mère avait-elle dû mourir pour la laisser sous sa coupe ? N’aurait-elle pu trouver un meilleur gardien pour Estella ? Son cousin Ryan, le Marquis de Cinderbury aurait accepté de la recueillir. Ils avaient été proches, enfants. Mais non, sa mère s’était assurée que le Duc de Wolfton exerçât un total contrôle sur elle et son héritage. Elle ne pouvait rien faire sans sa permission.
— C’est mieux ainsi, lui assura Annalise. Vous pouvez faire bien mieux que le Vicomte de Warrick.
— Je ne veux personne d’autre.
Sa demi-sœur haussa les épaules.
— Nous n’obtenons pas toujours ce que nous désirons.
Estella aurait reniflé avec mépris si elles s’étaient trouvées à la maison. Dans la salle de bal, elle devait se comporter de manière aussi distinguée autant que possible. Annalise ne comprenait pas. Elle n’avait jamais été amoureuse, abandonnée, le cœur arraché de sa poitrine. La perte de Donovan resterait toujours vivace. L’effacer de son âme s’avérerait impossible, et en vérité, elle n’en éprouvait aucunement le désir. Il était l’amour de sa vie et elle mourrait avec cet amour au cœur.
— Je suis impatiente de vous voir trouver l’homme de vos rêves avec qui passer le reste de vos jours, lança Estella d’un ton cinglant. Puis de rire lorsque votre père fera tout ce qui sera en son pouvoir pour vous séparer de lui. Puis je me chargerai avec joie de vous rappeler cette très exacte déclaration.
— Je ne crois pas en l’amour, répondit son interlocutrice. Tout ce qu’il me faut, c’est quelqu’un qui me permettra de maintenir le style de vie auquel j’ai été accoutumée. J’engendrerai un morveux ou deux pour eux avant de me trouver un amant pour mon bon plaisir.
Qui était cette jeune femme ? Comment avaient-elles pu grandir dans la même maison pour devenir aussi différentes l’une de l’autre ? Elles avaient le même âge et vécu ensemble, ces cinq dernières années. La mère d’Estella était décédée trois ans après son mariage avec le duc. Annalise avait semblé plus gentille alors.
— Cela n’a aucune importance, répliqua Estella. Votre père m’a déjà dit que je ne séjournerai plus au Manoir de Wolfton dès ce soir. Demain, je serai exilée jusqu’à ce que le monde oublie mon existence. Ce qui est préférable à ce qu’il aurait prévu, de toute manière.
Elle n’épouserait pas un vieux débauché parce que le Duc l’avait ordonné. Il avait décrété qu’Estella épouserait le Comte de Dredfield ou serait exilée dans le petit village de Sheerness. Sa grand-mère était propriétaire d’un cottage là-bas et l’avait légué à Estella après sa mort. Elle n’entrerait pas en possession de son héritage avant trois ans et demi. Elle pouvait vivre là-bas dans l’attente et, si elle était assez chanceuse, Donovan ne serait pas encore marié à ce moment-là. Lorsqu’elle ne serait plus sous la coupe du Duc, elle pourrait le supplier de la reprendre. Jusque-là, elle se devait de rester dans le silence. Le Duc avait bien trop de pouvoir et était capable de tous deux les ruiner.
— Peut-être bien, rétorqua Annalise. Mais ne vous attendez pas à ce que ce soit terminé. Père n’aime pas perdre.
Non, il n’aimait pas cela. Estella priait intérieurement pour qu’il laisse les choses se faire. Au moins suffisamment longtemps pour qu’elle reprenne le contrôle de sa vie. Puis elle se trouverait dans une meilleure position pour s’opposer à lui. Une larme menaça de couler sur sa joue. Elle la cueillit avant que celle-ci ne la trahisse.
— Peut-être, dit-elle. Mais il m’a déjà vaincue de la pire manière possible. Cela devrait le combler de joie pour un moment. »
Dieu seul savait si elle en était loin… Donovan la haïssait à présent. Quelle chance avait-elle réellement de regagner son cœur ? Elle avait obtenu son amour et tout ce qu’elle avait à faire était de l’accepter. Il ne comprendrait jamais qu’elle l’avait repoussé pour le protéger. À sa place, elle ne lui pardonnerait probablement pas non plus. Elle aurait seulement à vivre sa vie et à espérer qu’avec le temps ses blessures cicatriseraient. Les siennes suppureraient et, peut-être qu’au terme d’un temps assez difficile devrait-elle faire le nécessaire pour eux deux.
C’était tout ce qu’elle pouvait faire... et elle le souhaitait. Elle était forte et capable. Aucun homme, surtout son diabolique beau-père, ne la maintiendrait à terre longtemps. Sa patience, résistance et intelligence la verraient patienter jusqu’au jour où elle le vaincrait comme le démon qu’il était.

CHAPITRE UN
Juin 1816
Donovan gémit en se tenant la tête. Qu’est-ce qui continuait de lui marteler le crâne comme pour s’y frayer un chemin ? Peut-être devrait-il se retourner afin de laisser la petite bête faire ce que bon lui semblait. Pour quelle raison devait-il vivre, de toute façon ? Sa vie ne valait pas grand-chose et il avait pratiquement abandonné l’idée de retrouver le bonheur un jour. Il passait l’essentiel de son temps à boire pour oublier. Il avait perdu tout espoir le jour où Estella lui avait brisé le cœur. Il se sentait complètement vide face à tout cela et ne voyait pas l’intérêt de s’en soucier.
Peut-être était-ce cela le problème. Il avait eu la main plutôt lourde en buvant pour oublier son passé — en fait, c’était toujours le cas. Il ne parvenait pas à se rappeler la dernière fois où il avait été sobre. En toute sincérité, il ne pouvait se rappeler la dernière fois où il avait fait l’effort de prendre un bain. Il devait sentir plutôt mauvais. Bon, pas comme s’il venait de quitter le lit d’une jolie femme un peu plus tôt. N’avait-il pas abandonné la vie ? Il serait bientôt mort d’une façon ou d’une autre.
« Qu’est-ce qu’on va faire de lui ? »
L’accent de l’inconnu laissait un léger doute quant à ses origines. Ce n’était pas du tout celui d’un noble. Probablement un docker… Où avait-il été se vautrer exactement ? Il devrait ouvrir les yeux pour le découvrir, mais il ne pouvait s’y résoudre. Sa tête le faisait assez souffrir comme cela.
« Le Capitaine saura quoi faire, renchérit une autre voix masculine.
Qu’était-ce ? Un club de dockers mal léchés ? Donovan désirait sincèrement réussir à se rappeler de ce qu’il avait fait la veille. Il soupçonnait que ces hommes puissent être autre chose que des dockers. D’après ce qu’il savait, il s’était écroulé dans les taudis de Londres. Dans tous les cas, il avait la chance d’être en vie. À bien y réfléchir… Pourquoi ne l’avaient-ils pas simplement tué ? Cela aurait eu plus de sens.
— On devrait lui régler son compte, proposa le premier homme qui avait parlé. Le Capitaine Estes nous en remerciera.
— Vous êtes fou ? rétorqua l’autre homme. Estes déteste quand on prend des décisions de notre chef. On ne recevra pas de remerciements ; nous verrons seulement nos vies perdues pour notre stupidité.
Bien, cela répondait à certaines questions. Ils l’auraient probablement assassiné d’eux-même. Qui était cet Estes ? Donovan n’était pas entièrement sûr de vouloir rencontrer ce grand homme... si l’on pouvait l’appeler ainsi. Il contrôlait certainement la situation d’une main de fer. Donovan en aurait bien ri, mais hélas, sa tête était assez douloureuse comme cela.
— Très bien, approuva l’homme. Vous le surveillez pendant que je vais chercher le Capitaine.
Il se trouvait donc sur un navire. Que le diable l’emporte… Il aurait préféré se tromper. Qui pouvait affirmer dans quelle direction ils allaient ? Pourquoi diable aurait-il embarqué sur un satané navire ? À quoi pensait-il que cela aboutirait ? Il n’avait certainement pas eu l’intention de monter sur ce fichu bateau. Ses beuveries l’avaient précipité dans bien des situations fâcheuses, ces dernières années. Seulement une nouvelle aventure se présentant sur son chemin vers la ruine.
Peut-être aurait-il dû se rendre à nouveau au château de Manchester. Son ami l’aurait peut-être aidé à retourner sur le droit chemin. Non, le comte était profondément heureux. Ce bonheur s’était avéré à la fois écœurant et merveilleux à voir. Il était heureux pour Garrick, sincèrement. Mais il n’avait pu empêcher la graine de la jalousie de pousser en le voyant trouver l’amour de sa vie et se montrer tout autant capable de le garder. Donovan n’était pas un homme bien ou un bon ami. Il avait mieux fait de rester à l’écart.
— Vous êtes réveillé ? demanda l’homme avant de le gratifier d’un coup de pied.
Donovan grogna.
— Va te faire foutre.
Il n’avait pas voulu engager le bras de fer avec ces raclures, mais celui-là ne semblait pas prêt à le laisser mourir en paix. Oh après tout, qu’y aurait-il d’amusant à partir en toute discrétion ? Il n’était pas connu pour prendre de grandes décisions. Non, la bonne société le dépeignait comme un riche scélérat, ou du moins en avait l’habitude. Il n’avait pas vécu à la hauteur de cette réputation, ces derniers temps. La plupart du temps, il restait chez lui à se saouler jusqu’à l’évanouissement. Il ne voyait pas de raison à se rendre en ville quand il pouvait dénicher des litres d’alcool dans ses propres coffres pour passer le temps.
— Je ne préfère pas, sire, répliqua l’inconnu. Le capitaine sera bientôt là et vous empestez joliment. Je vous aurais bien jeté par-dessus bord sur-le-champ, mais ce n’est pas à moi de prendre cette décision.
Qu’en pensait-il ? Il avait vu juste dans cette hypothèse. Peut-être devrait-il faire plus attention, mais cela faisait longtemps. Pourquoi commencer maintenant ? Assurément, il était censé le faire. Il avait un domaine, un titre, et pas d’héritiers à qui les transmettre. Ainsi quelque lointain cousin allait voir leur souhait se réaliser. Il n’était pas fait pour être vicomte, de toute manière. Qu’est-ce que cela lui aurait apporté, en toute honnêteté ? De l’argent ? Il ricana de mépris intérieurement. Cela ne lui aurait pas apporté l’ombre d’un bonheur. La sécurité ? Jusqu’à un certain point, oui. L’argent pourvoyait définitivement au moindre besoin dans sa vie ; néanmoins, cela lui donnait également les moyens de la ruiner. S’il n’avait pas eu d’argent, peut-être aurait-il dû travailler pour survivre. Peut-être alors l’aurait-il appréciée au lieu de boire jusqu’à l’oubli. Quel genre d’homme cela faisait-il de lui s’il abandonnait aussi facilement ?
— Pas mon problème, grommela Donovan.
— Bon Dieu, intervint une voix féminine. Quelle est cette odeur ?
— C’est cet homme, expliqua l’un des hommes. Nous l’avons trouvé étendu là.
— Que voulez-vous que nous fassions de lui ? s’enquit un autre homme.
L’inconnue demeura silencieuse. Était-il si mal en point ? Était-ce la fameuse Estes ? Il ne s’était guère attendu à ce que ce fût une femme et cette surprise était presque douce. La plupart du temps, Donovan appréciait un bon choc. Cela lui donnait la sensation d’être vivant. C’était le cas en cet instant. Il aurait aimé avoir l’énergie d’ouvrir les yeux pour savourer la vue de cette femme capitaine. Elle devait être grosse et robuste pour commander ainsi la loyauté de ces hommes.
Qu’ils aillent tous au diable. Il voulait avoir un aperçu de cette femme. Peut-être cela lui donnerait-il la force de rester en vie. Ainsi pourrait-il ensuite se rendre au Château Manchester et parler de la femme capitaine à Garrick. Ils se paieraient une bonne tranche de rigolade. Cela suffirait à le maintenir dans un état de sobriété pendant un court moment. Il y avait des moments où il n’était pas ivre, mais ils se faisaient rares. Ce pourrait être le catalyseur, pour sa part.
Il ouvrit lentement les yeux. Il cligna des paupières plusieurs fois. Peut-être était-il mort. La femme devant lui n’était ni grosse ni robuste. Elle était menue, ses hanches étroites moulées dans un pantalon en cuir, revêtue d’une ample chemise blanche sous un gilet en cuir. Ses cheveux blond vénitien étaient tressés et tombaient en cascade dans son dos. Ces yeux bleu saphir cependant… il ne pourrait jamais les oublier et ce même dans une autre vie.
— Estella ?


Enfer et damnation. Qu’est-ce que Donovan fabriquait sur son navire ? Elle avait toujours eu l’intention de le retrouver après la fin de son exil. Elle ne pouvait pas encore retourner à Londres. Son beau-père continuait de la traquer. Du moins le croyait-il. Il envoyait ses espions ici et là pour la surveiller. Ce que le duc ne savait pas, c’était qu’Estella avait elle aussi des espions. Elle avait vent de leur venue avant même qu’ils ne soient arrivés à destination. Lorsqu’elle recevait le message, elle se rappelait toujours de se trouver chez elle. La plupart du temps, elle y était, de toute façon ; cependant, de temps à autre elle devait monter au bord du navire afin de s’assurer que tout se passait comme prévu.
Le duc ne lui laissait pas beaucoup d’argent pour vivre. En réalité, il ne lui avait pas envoyé le moindre sou depuis son arrivée. Elle avait dû trouver un moyen de survivre et avait gardé cette première somme pour la doubler, puis l’avait doublée jusqu’à obtenir assez pour survivre toute l’année. En faisant ses comptes, elle réalisa alors qu’elle ne pouvait plus continuer à jouer aux jeux d’argent. Il n’y avait pas assez d’argent pour qu’elle se refasse de cette manière, et les chances de gagner s’avéraient à chaque fois faibles. Cela ne la dérangeait pas de prendre des risques, mais il fallait que cela en vaille le coup. C’est alors qu’elle avait entendu quelqu’un se vanter au sujet d’une entreprise maritime. Sur le moment, elle n’avait pas compris ce qu’était cette entreprise exactement, mais elle avait misé dessus néanmoins. Elle avait joué au plus intense jeu de cartes de sa vie et remporté le navire de l’homme, ainsi que son respect. C’était son second à présent, et il lui demandait de l’épouser une fois par semaine.
Elle ne répondit pas à Donovan. Il était clairement ivre. Peut-être avait-il oublié qu’il l’avait déjà vue. Elle se tourna vers ses hommes et ordonna :
« Donnez-lui un bain. Une fois que ce sera fait, attachez-le au lit dans ma chambre.
Ses boucles blondes aux beaux et naturels reflets dorés étaient durcies par la saleté et la graisse. La couleur de sa peau était blanche et à la limite du translucide, excepté pour ses joues. Elles affichaient une teinte rougeaude due à l’alcool. S’il n’y avait pas eu cette coloration, il aurait semblé mort. Ses yeux néanmoins… c’était ce qu’il y avait de pire selon Estella. Les profondeurs bleues qu’ils recelaient possédaient un éclat vitreux et la traversaient comme si elle n’avait pas été là. C’est à cet instant qu’elle comprit dans quel piteux état il se trouvait et qu’elle devait l’aider.
— Vous pensez à vous servir de lui ? l’interrogea l’homme, le choc se devinant dans sa voix.
Estella ne se servirait jamais de Donovan. Elle ne voulait pas qu’il aie le contrôle du navire. L’attacher relevait d’un acte de pitié qu’elle n’aurait accordée à personne d’autre. Cependant, elle le devait à Donovan. Elle ne pouvait le dire à ses hommes, pourtant. Ils comprenaient la violence, elle devait leur faire croire qu’elle était le genre de femme capable de tout. Elle posa la paume de sa main sur la garde de sa rapière — reconnaissante de ces leçons d’escrime reçues avant la mort de sa mère. Elles lui avaient donné les compétences requises pour représenter la brute assoiffée de sang à laquelle ces hommes s’attendaient. La rapière était plus dangereuse que le fleuret dont elle se servait en temps normal, pourtant.
— Êtes-vous en train de me questionner ?
— Non, Capitaine, dit-il avant de déglutir avec difficulté. Nous vous le ferons savoir quand ce sera fait.
— Bien, approuva-t-elle avant de se retourner pour s’éloigner du groupe d’hommes.
— Estella ! s’exclama Donovan.
Elle s’arrêta, mais ne jeta pas de regard en arrière. Elle en était incapable. Il ne ressemblait même pas vaguement à l’homme dont elle était tombée amoureuse. Que lui était-il arrivé toutes ces années passées ? Elle aurait dû se renseigner sur lui pour s’assurer qu’il allait bien. C’était sa faute. Elle l’avait conduit au bord de la ruine. C’était à son tour de lui garantir un moyen de revenir en arrière.
— Ne partez pas, supplia-t-il. Pourquoi devriez-vous partir…?
L’agonie s’étendit à travers cette question et la poignarda là où c’était le plus douloureux. Son cœur se brisa de nouveau. C’était trop. Son beau-père paierait pour ce qu’il avait fait. Elle se l’était juré longtemps auparavant, et avait bien l’intention d’honorer ce souhait. Pour commencer, elle devait à Donovan une explication. Quand il serait revenu à lui-même, elle lui raconterait tout. S’il choisissait de la haïr, elle ne chercherait pas à l’en empêcher. Quand ils retourneraient en Angleterre, elle ferait en sorte qu’il revienne à Londres en un seul morceau.
— Capitaine ?
Elle lança un regard par-dessus son épaule vers le membre de l’équipage qui l’interpellait.
— Oui ?
— Le connaissez-vous ?
— Ne soyez pas idiot, nia-t-elle en bloc. C’est juste un homme... et un aristo, excusez du peu. Je ne côtoie personne de la haute société.
Personne ne lui rendait visite chez elle et cela facilitait les choses pour maintenir les apparences. Elle n’était pas Lady Estella Sims à leurs yeux et ne le serait jamais. Quand elle recevrait son héritage, elle quitterait l’Angleterre sans jamais se retourner. La seule chose qui lui donnerait l’envie de rester n’était autre que Donovan. Pour lui, elle repenserait chaque détail et ferait n’importe quoi.
— Il croit vous connaître, insista l’homme distraitement. Il doit être encore assommé.
— Indubitablement, reconnut-elle. Maintenant, retournez travailler. »
Il acquiesça et retourna auprès de Donovan. Le vicomte lutta un peu avant de complètement tourner de l’œil. C’était probablement mieux ainsi. Pourquoi avait-il abandonné ? L’avoir perdue l’avait-il autant affecté ? Peut-être que ce n’était pas elle du tout. Peut-être avait-il une autre raison de se tuer à petit feu avec l’alcool. Elle ne pouvait constituer la seule raison pour laquelle il avait abandonné la vie. Son Donovan avait été un homme heureux et charmant. Il l’avait aimée de tout son cœur... jusqu’à ce qu’elle mette ce dernier en pièces. Elle aurait effacé toute sa souffrance si cela avait été en son pouvoir. Elle n’avait jamais voulu détruire leur amour, pour commencer. Lorsque son démon de beau-père avait découvert leur relation, il avait fait tout son possible pour la détruire. Il avait fini par réussir. Estella avait deux choix qui se présentaient à elle : épouser un vieil homme et briser le cœur de Donovan, ou rompre avec lui. Ces deux options conduisaient au même résultat, mais l’un d’eux lui donnait bon espoir de se racheter.
Peut-être le destin lui avait-il enfin donné la chance de le faire…

Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию (https://www.litres.ru/pages/biblio_book/?art=63808316) на ЛитРес.
Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.