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Une Chance D'Amour
Dawn Brower
Que se passe-t-il quand un duc tombe amoureux d' une giroflée?
Lady Lenora St. Martin est une fille timide et une giroflée. Elle ne sait absolumment pas interagir en société, donc quand Julian Everleigh, le duc de Ashley, lui demande de danser une valse, elle tombe amoureuse de lui. Après cette dance unique, il ne semble plus s'apercevoir de son existence et Lenora doit trouver un moyen pour sortir enfin de sa coquille toute seule; elle jure de ne plus jamais tomber amoureuse. Alors qu'elle s'épanuit, il la remarque et décide qu'elle est la seule femme pour lui, mais il pourrait avoir déjà perdu sa seule chance d'avoir son amour


Une chance d'amour
Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont des produits de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés de façon fictive et ne doivent pas être interprétés comme réels. Toute ressemblance avec des lieux, des organisations ou des personnes réelles, vivantes ou décédées, est entièrement fortuite.
Une chance d'amour© 2020 Dawn Brower
Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée ou reproduite sous forme électronique ou imprimée sans autorisation écrite, sauf dans le cas de brèves citations contenues dans les critiques.

Table des matières
Prologue (#ucd8b5569-0fa2-5cff-9e6b-27f3a6757847)
Chapitre 1 (#u5fe12c02-afa7-5875-8d74-7151d872be3e)
Chapitre 2 (#u48f5ad1b-514d-53c6-8cb0-0da5a0b186ba)
Chapitre 3 (#u4199b193-4af5-5950-8fe0-fd6997cc699f)
Chapitre 4 (#ue0ee3e50-99f4-54a0-9675-f03900f7294c)
Chapitre 5 (#u68306652-be6e-580d-9cda-e026a2180efd)
Chapitre 6 (#u36cd4e71-2d9b-5aab-ab48-52b99304f9c5)
Chapitre 7 (#ufa424c8f-35b9-5713-b6aa-106bc78c8283)
Chapitre 8 (#u0549bc04-fb44-54da-a41b-2f8d7039cce1)
Épilogue (#u4eff68b1-cc73-5bd9-8911-85aba9c054e2)
À PROPOS DE L'AUTEURE (#u147f3b1c-1434-56a9-8ab4-6a715194cfc7)
EXTRAIT: L’origine de l’héritage (#uc4db7b0c-2879-5966-b251-e618dbee12d0)
CHAPITRE UN (#u255b25ee-dab8-5775-a010-c6a2ce85787b)

Prologue
Avril 1816
Le printemps avait toujours été sa saison préférée. Lady Lenora St. Martin n'avait pas grand-chose d'autre à espérer et elle était charmée par l'idée même d'un nouveau départ.
Chaque printemps, une nouvelle vie germait et le paysage désolé se remplissait de beauté et de merveilles. Cela s'appliquait également aux salles de bal de Londres. Les nouvelles débutantes étaient lancées en société et la dernière récolte d’authentiques beautés anglaises était frimée pour les gentilshommes à la recherche d'une femme.
Lenora n'avait jamais été considérée une beauté…
Elle avait accepté son destin depuis longtemps. Ses cheveux étaient marron foncé et ses yeux de la couleur des noisettes, ennuyeux tous les deux. Ces caractéristiques, avec sa timidité, la rendaient une vraie giroflée. Personne ne la remarquait et la plupart du temps, cela lui convenait. Une salle de bal bondée était capable de faire ressortir ses pires angoisses. Son cousin Bennett, le marquis de Holton, insistait pour qu'elle participe à des événements mondains. Lenora pouvait comprendre ses raisons, mais elle n'était tout à fait d'accord avec lui: Bennett espérait qu'elle trouverait un prétendant et qu'elle se marierait ensuite, pour qu'elle ait sa propre famille. Ces choses-là lui semblaient toutes merveilleuses, mais aucune ne semblait possible. Du moins pas pour elle…
Ce bal, auquel la plupart des débutantes et de leurs mères avaient hâte de participer, en était un excellent exemple. Toutes les demoiselles étaient en train de flirter avec les gentilshommes qui les courtisaient, tandis que leurs mères comméraient avec d'autres matrones. Les giroflées étaient en train de faire ce qu'elle faisaient de mieux… elles embrassaient les murs. Toutefois, Lenora ne faisait rien de cela. Elle ne se tenait pas tout simplement contre le mur en attendant et en espérant qu' un gentilhomme têtu la remarquerait et l'emmènerait sur la piste de danse. Non, Lenora ne faisait jamais rien d'ordinaire. Elle détestait être remarquée et elle aurait aimé rester à la maison et lire un de ses romans préférés. C'est pourquoi elle essayait de tirer le meilleur parti d'une situation horrible, en se cachant dans le coin le plus sombre qu'elle avait pu trouver.
Le printemps pouvait bien signifier de nouveaux départs, mais aussi de nouveaux engagements mondains. Cela lui causait un grand inconfort, raison pour laquelle elle le craignait. Si elle avait pu se promener toute seule dans les jardins ou se prélasser à la lumière du soleil qui filtrait à travers la fenêtre de sa chambre, elle aurait été absolument heureuse. Au contraire, elle était obligée de fréquenter les bals et de se cacher dans les coins.
«Que fait une femme charmante comme vous dans ce coin sombre?” Sa voix était aussi chaude que du miel par une chaude journée d'été. C'était une douceur tentante qui l'envahit et lui donna envie de goûter… quelque chose. Il était également le plus gros libertin de tout Londres. Julian Everleigh, le duc d`Ashley, était un séducteur notoire.
« Venez danser avec moi, petite souris. » Lenora plissa le nez à cause de son affection pour elle. Elle adorait Julian, mais elle savait qu'il était mieux ne pas accepter tout ce qu'il offrait. Il rendait visite à son cousin assez souvent pour qu'elle ne soit pas affectée par ses flirts. Ils la ravissaient cependant et elle voulait les savourer chaque fois qu'il daignait lui parler. « Non merci, » dit-elle doucement. « Je vais bien, promis. »
Il donna un petit rire, puis il pinça ses lèvres dans le sourire le plus espiègle qu'elle ait jamais vu. En effet, elle n'en avait pas vu beaucoup… La plupart des hommes ne la remarquaient jamais, imagine s'ils auraient souris en l'adressant. « Vous ne devriez pas promettre quelque chose qui n'est pas vraie, ma petite », dit-il. « Et je me moque même de faire des promesses, puisque je me connaît bien: je les briserais dès que j'en aurais la chance. »
Julian fit un clin d’œil, en lui provoquant un petit creux dans l'estomac qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. « Au contraire, je vais m'assurer que vous ne puissiez pas oublier le jour où vous avez dansé avec moi. Je suis assez bon pour ça. » Il lui offrit sa main. « Maintenant, s'il vous plaît, faites-moi l'honneur de passer quelques instants avec moi. J'ai désespéramment besoin de protection contre les avances non sollicitées. » Il se pencha assez pour qu'elle puisse sentir son souffle chaud, tandis qu'il parlait: « Voulez-vous me sauver? »
Lenora aurait été prête à lui promettre n'importe quoi à ce moment-là, mais elle réussit à se retenir. Le duc lui avait dit que les promesses n'avaient aucune valeur pour lui et il avait avoué qu'il les brisait souvent. Le vœu qu'elle était sur le point de prononcer ne serait que des mots dénués de sens pour lui. Puis elle lui sourit, même si son sourire était un petit peu tremblotant. Elle était effrayée à l'idée de danser devant tous ces gens.
« Je vais essayer… »
« C'est tout ce qu'un homme puisse demander », lui dit Julian.
Pourquoi était-il toujours si magnifique? Il était vraiment trop beau pour qu'il puisse tourner son attention vers elle. Ses cheveux blonds -dorés pouvaient rivaliser avec le soleil en luminosité et ses yeux bleus étaient plus éblouissants que le saphir le plus précieux. Lenora aurait pu se perdre très facilement dans ce masque charmant, si seulement elle se laissait aller.
«Je supp...suppose», bafouilla-t-elle. Elle s'éclaircit la voix, puis recommença. «Je suppose que c'est vrai.»
«Et alors?» Le duc leva un sourcil. «Allez-vous me suivre dans la prochaine danse?»
Elle fit signe que oui, tandis que les notes d'une valse remplissaient la pièce. Lenora presque gémit quand elle réalisa ce qu'elle venait d'accepter. La valse était la danse la plus intime et elle ne l'avait jamais dansée avec un homme, sauf son cousin. En effet, elle n'avait jamais dansé avec personne d'autre que son cousin… Toutefois, cela n'allait pas la libérer de son dilemme. Une valse avec le duc allait faire beaucoup de bruit et elle aurait été tellement proche de lui...Sa main tremblait, quand il la prit dans la sienne. «Montrez-moi le chemin, Votre Grâce.»
Il la conduisit sur la piste, puis il la fit voltiger dans la danse, avant qu'elle ne puisse changer d'avis: elle avait été sur le point de le faire, en effet. Tandis qu'ils se dirigeaient vers les lumières et les regards de la haute société, elle devint de plus en plus nerveuse. Il aurait été mieux s'il avait pris les décisions.
Julian était un danseur très habile, mais elle n'aurait pas dû en être surprise. Tout ce qui le concernait ou qu'il faisait, semblait parfait.
«Maintenant», commença-t-il. «Ce n'est pas si mal, n'est-ce pas, ma petite?»
Au moins, il ne l'avait plus appelée petite souris…
«Non», approuva-t-elle. Tout cela était vraiment exaltant: Lenora semblait flotter dans l'air.
«J'ai toujours pensé que danser était trop décadent pour qu'on puisse le faire de la propre façon dans un lieu publique», Julian affirma-t-il. «Mon genre préféré en particulier.»
Lenora fronça ses sourcils. «Je ne suis pas sûre de pouvoir vous suivre...»
«Je ne m'attendait pas à ce que vous le fassiez», répondit-il d'un ton mystérieux. «Peut-être qu'un jour vous comprendrez et vous me le direz.» Il souleva le coin de sa bouche d'une façon presque...arrogante, comme s'il pouvait vraiment comprendre les mystères de l'univers.
«J'ai l'impression, Votre Grâce, que nos chemins ne se croiseront pas très souvent dans l'avenir.» Même si le duc était l'ami de son cousin, elle imaginait d'aller vivre toute seule, tôt ou tard. Elle serait devenue majeure dans quelques mois et elle avait l'intention de voyager. Elle serait partie en Italie, peut-être… Elle n'avait pas encore pris une décision. «Nous ne fréquentons pas les mêmes gens et nos maigres liens vont disparaître dans le temps.»
«C'est vrai», répondit-il. «Je suppose que seulement le temps pourra nous le dire.» Il la fit tournoyer autour de la piste de manière experte.
Lenora n'aurait pas oublié ce moment-là très facilement. Probablement elle n'aurait jamais dansé encore une fois de cette façon dans l'avenir. Elle était ravie d'avoir permis au duc de la convaincre à danser. Plus tard, elle se serait réfugié dans son coin préféré, mais dans ses instants les plus sombres, elle se serait rappelée de cette valse et de Julian avec tendresse. Si elle pensait avoir une chance de quelque chose de plus avec lui...Lenora dissipa cette pensée. Aimer Julian aurait été une très mauvaise idée et la seule chose qu'elle puisse regretter. Il n'agissait de cette façon que par gentillesse, même si cela ne convenait pas à son caractère, mais Lenora ne s'attendait à rien d'autre de sa part.
Les notes de la valse s’arrêtèrent et Lenora se sentit déçue. Elle avait cherché à rejeter la demande de Julian au début, mais maintenant elle désirait que le bal ne finisse jamais. Le duc la fit tournoyer encore une fois sur la piste, puis il la reconduisit à l'endroit précis d'où ils étaient partis. Ils lui fit une révérence et embrassa sa main gantée.
«Merci bien pour votre bénévolence, madame.» Ses yeux bleus scintillaient malicieusement. «Et pour votre protection, dont j'ai vraiment besoin.»
C'était elle qui aurait dû le remercier. Il avait éveillé des sentiments en elle, que Lenora croyait enterrés depuis longtemps. Son cœur était débordant de bonheur et de tendresse pour cet homme.
«Vous n'aviez pas besoin de ma protection plus que vous aviez besoin de danser avec moi.» Lenora fronça les sourcils: elle n'avait pas encore compris la raison pour laquelle Julian avait voulu danser cette valse avec elle. « De toute façon, c'était bien. Je suis heureuse de n'avoir pas refusé.»
Julian rit doucement et hocha sa tête. «Vous êtes toujours très formelle, ma petite souris.» Il fit une nouvelle révérence. «C'était un plaisir pour moi.» Il regarda derrière soi, puis il tourna ses yeux une nouvelle fois à la regarder. «Je vous demande pardon», dit-il, «mais j'ai quelque chose d'important dont je dois m'occuper.» Son sourire était éblouissant et semblait sincère. «Profitez du reste de la soirée, madame.» Cela dit, il tourna les talons et se dirigea dans la direction opposée.
Lenora sourit, en le regardant s'éloigner. Elle commençait à penser de l'avoir peut-être mal jugé. Il avait été très charmant, comme on s'attendait de sa part, mais aussi gentil et généreux, en lui consacrant son temps. Le duc n'était pas obligé de danser avec elle, aucun gentilhomme ne l'était. Pour cette raison, ses attentions étaient encore plus précieuses pour Lenora.
Elle s'éloigna spontanément de son coin préféré pour la première fois dans la soirée. Elle l'avait déjà fait une fois, mais cela n'avait pas d'importance, parce que Julian l'avait poussée à s'en éloigner. Elle pourrait sortir et explorer les jardins: la pièce était en train de devenir étouffante. Lenora se sentait presque éclater de bonheur. Elle s'entoura de ses bras et fit une pirouette, en descendant le couloir désert qui menait au balcon. Il y avait une petite échelle là-bas, qui conduisait aux jardins.
Des voix résonnèrent derrière elle; pour être précis, c'étaient les voix de deux hommes et elle les connaissait toutes les deux.
«A-t-elle dansé?», demanda son cousin. Pourquoi Bennett était-il si soucieux qu'elle danse? Pourquoi ne la laissait-il pas libre de prendre ses décisions?
«Bien sûr», répondit Julian. «Doutez-vous de ma capacité à séduire une femme?» Il semblait vraiment...dégoûté. Était-ce parce qu'il avait dû danser avec Lenora ou parce que Bennet avait douté de ses capacités? «Je peut convaincre n'importe quelle femme à faire...bien...n'importe quoi», se vanta-t-il. «Mais une fille si insignifiante? Elle n'est presque pas un défi.»
Lenora avait été très heureuse jusqu'à ce moment-là, mais toute la joie qu'elle avait gardé dans son cœur se dissipa dans un instant. Il avait semblé tellement gentil auparavant... Comment était-il possible que Lenora se soit absolument trompée?
«Vos attentions devraient lui attirer les yeux de tous les bons partis dans la pièce», dit Bennett. «Ils voudront savoir pour quelle raison le duc de Ashley s'est dérangé pour inviter une fille qui fait tapisserie. Elle va avoir bientôt plus de prétendants qu'elle ne peut en souhaiter.»
Elle n'en voulait aucun… Une partie d’elle-même haïssait son cousin pour avoir fait entrer Julian dans sa vie de cette manière. Pourquoi avait-il demandé à son ami de la combler d'attentions? Détestait-il à ce point-là le fait qu'elle vivait chez lui? Lenora avait pensé que leur lien était plus profond…
«Je vous ai fait une faveur», dit le duc. «Ne me le demandez plus.» Il parlait d'un ton dur et déterminé, qui perça le cœur fragile de Lenore. Elle était presque tombée amoureuse de Julian, mais le duc de Ashley ne méritait pas son amour.
Lenora se doutait qu'il puisse mériter l'amour d'une femme.
Les larmes lui piquaient les yeux et commençaient à descendre de ses joues. Elle les essuya par la pointe des doigts. Pleurer ne l'aurait pas aidée et ces larmes étaient aussi inutiles que sa capacité de comprendre les gens. Le cœur de Lenora s’endurcit à ce moment-là. Elle ne se serait plus conduite comme une sotte; il était temps d'apprendre à progresser dans la société, sans que personne ne puisse jamais toucher son âme. Personne ne l'aurait plus trompée si facilement, mais elle avait encore beaucoup de choses à apprendre. Il n'y avait qu'une femme qui puisse les lui apprendre et elle ferait tout ce qu'elle pouvait pour la convaincre à l'aider. Cette femme était la nouvelle Lulia Prescott- la gitane duchesse de Clare…
Après avoir pris sa décision, Lenora se précipita hors de la salle de bal, en marchant jusqu'à la maison des Holtons en ville. Elle avait besoin d'une bonne nuitée de sommeil, avant de commencer son voyage. Sa première étape serait Tenby, dans le pays de Galles, pour rendre visite à la duchesse, puis elle voyagerait selon ses plans. Elle serait une femme absolument changée et meilleure, à son retour à Londres.

Chapitre 1
Avril 1818
Lady Lenora St. Martin regardait devant soi, vers la piste de danse. Cela faisait deux ans qu'elle n'avait pas participé au bal annuel de cette matrone en particulier. C'était au bal des Loxton qu'elle s'était réveillée pour la première fois aux possibilités que la vie lui offrait et qu'elle avait compris que Julian Everleigh, le duc de Ashley, n'était pas seulement un débauché, mais aussi un homme sans aucune valeur. Au moins pour elle...
Deux ans passés à travailler avec le tuteur que Lulia l'avait aidée à trouver avaient changé profondément Lenora. Elle n'était plus la petite souris timide qui se cachait dans un coin. Maintenant elle était dynamique, forte et bien déterminée à devenir l'orgueil de l'aristocratie. Elle n'avait pas encore aucun vrai désir de se marier; elle serait satisfaite de devenir une riche célibataire qui se creusait son propre chemin et qui trouvait son bonheur dans quelque chose d'autre qu' un homme et une famille.
Ce bal était son nouveau départ. Le printemps de sa vie triste précédente... Ses ennuyeux cheveux marron avaient des mèches dorées maintenant, à cause du temps qu'elle avait passé sous le soleil d'Italie. Ses yeux noisette terne étincelaient de taches d'or qu'elle n'avait jamais remarquées avant. Au lieu d'une robe blanche insipide, elle était habillée à la dernière mode. Sa robe avait encore un peu de blanc, mais bordé de satin bleu et de dentelles. Son style soulignait son décolleté et embrassait ses formes. En bref, c'était pur décadence.
«Êtes-vous sûre de vous sentir prête à ce pas?», lui demanda son accompagnateur . Lucas Dragomir était un membre de la famille royale de la petite île de Dacia et le tuteur que Lulia avait enrôlé pour assister Lenora. Passer du temps au chaud sur l’île de Dacia et sur la côte italienne l'avait aidée à guérir son cœur et à trouver la force dont elle avait besoin pour changer. Luca était charmant et sûr de soi et, depuis le jour où ils s'étaient rencontrés pour la première fois, il n'avait jamais été condescendant envers elle. Il la traitait comme si son opinion était importante…
Lenora lui tapota le bras et répondit à sa question précédente: «Il n'y aura jamais un moment plus parfait que celui-ci, pour retourner dans la société de Londres.» Elle le regarda. Le cheveux noirs de Luca, ses yeux verts comme la mer et sa peau bronzée le faisaient se démarquer des dandies qui défilaient dans la salle de bal. Les dames de Londres allaient essaimer et faufiler autour de lui. Il était différent et un prince, plus ou moins. Il était le cinquième dans la ligne des héritiers du titre, mais cela n'aurait pas d'importance pour les demoiselles à la recherche d'un mari et pour leurs mères.
«Si vous en êtes certaine….» Il lui pris le bras sous le sien. «Alors allons voir où cela va nous emmener.» Luca la conduisit dans l'escalier qui descendait dans le salon. Toutes les têtes se tournèrent pour les regarder, alors qu'ils marchaient lentement dans leur direction.
«Je crois que nous faisons une vraie entrée», se pencha-t-il à lui chuchoter. «Mais s'agit-t-il d'une bonne entrée?» Il leva un sourcil.
Alors qu'ils continuaient à marcher jusqu'au fond de l'escalier, un serviteur les annonça: «Lady Lenora St. Martin et le prince Luca Dragomir, Son Altesse Royale de Dacia.»
Quand ils entendirent le nom de Luca, tous les gens dans la salle de bal tournèrent leurs yeux à les regarder. «Je crois que quelqu'un va nous approcher bientôt», dit-il calmement.
«Êtes-vous prête à être courtisée?» C'était à son tour de lever un sourcil.
«Tout pour une bonne cause», répondit-il d'une façon cryptique. Ses lèvres tremblèrent. «Avez-vous votre carnet pour le bal?»
Elle tapota sa main sur la carte attachée à son poignet. «Il est prêt à être rempli. Souhaitez -vous réclamer votre place en premier?»
Il souleva la carte et nota son nom pour le premier bal de la soirée, puis il s'inclina. «À plus tard, milady.» Luca la laissa seule au bord de la piste de bal. Quand les musiciens commenceraient à jouer la mélodie du premier bal, il retournerait pour la récupérer.
«Vous avez fait une grande entrée», dit un homme juste derrière elle. Elle reconnut sa voix. C'était une voix qu'elle ne pourrait jamais oublier et qui pouvait encore lui percer le cœur comme une lame.
Elle se tourna pour lui faire face. «Qu'est-ce que vous voulez dire?»
«Je ne suis pas...» Il secoua la tête, comme s'il ne savait pas comment procéder. Quelle nouveauté! Le duc de Ashley était à court de mots. Il s' éclaircit la gorge, puis recommença: «Je ne voulais rien impliquer. Je ne vais pas très bien, n'est-ce pas?» Il s'inclina. «Permettez-moi de me présenter. Je suis le duc de Ashley.»
Il ne l'avait pas reconnue...Vraiment intéressant. C'était quelque chose qu'elle pourrait utiliser contre lui, si elle voulait. Lenora avait été lointaine pour quelque temps, mais elle n'aurait jamais cru qu'il puisse l'oublier complètement. Après tout, il était l'ami de son cousin. «Je ne savait pas qu'il était acceptable de se présenter à quelqu'un», dit-elle caustiquement. «N'êtes-vous pas censé avoir une connaissance mutuelle qui puisse le faire?»
«Bien», commença-t-il. «Je ne suis pas certain que cette personne existe. Je ne me rappelle pas de vous avoir rencontrée à aucun bal récemment.» Il s'approcha de Luca, qui était entouré de plusieurs dames. «Ni l'intéressant monsieur avec qui vous êtes arrivée.»
Bien, cela allait devenir vraiment absurde. Il pourrait ne pas la reconnaître, mais il avait certainement entendu son nom qui était annoncé. Pourquoi ne faisait-il pas la connexion? Il n'avait plus parlé avec Bennett? Lenora le regarda, en cherchant à comprendre ses motivations. «Vous ne savez vraiment pas qui je suis?» Il continua à croiser son regard sincère, sans jamais vaciller.
«Devrais-je?» Il leva son sourcil.
Irréel...Elle se laissa échapper un souffle exaspéré. Si elle s'était accrochée à des attentes délirantes qu'il l'aimait secrètement…C'était une bonne chose qu'elle ne l'ait pas fait, parce que dans le cas contraire elle aurait été très déçue maintenant. Il était certainement beau comme toujours. Il se présentait au monde comme un dieu ducal aux cheveux bonds et aux troublants yeux bleus. «No, je ne crois pas», répondit-elle.
«S'il vous plaît, laissez-moi réparer l' offense que je vous ai causée.» Sa voix contenait un petit peu de supplication, mais elle s'en moquait. Lenora n'était plus la petite souris qu'il avait fait sortir de son coin deux ans avant.
«Ce n'est pas nécessaire», lui dit-elle, en commençant à s'éloigner. Il tendit sa main et lui attrapa le bras. «Laissez-moi», siffla-t-elle. «Cette conversation est terminée.»
«J'ai la sensation de vous avoir déjà rencontrée», lui expliqua-t-il. «Votre réaction et vos mots semblent l'impliquer. Comment puis-je avoir oublié une vision telle que vous?»
«C'est parce que vous êtes un âne égoïste», répliqua-t-elle d'une voix cinglante. «Ne vous faites pas de soucis, Votre Grâce. Il y a certainement quelque autre dame ici, bien disposée à subir votre charme.» Elle dégagea son bras et s'éloigna de lui. Ses lèvres se pincèrent en un sourire impertinent. Les choses allaient bien mieux qu'elle aurait pu s'attendre.


Il avait été distrait par sa beauté, alors qu'elle descendait les escaliers jusqu'au salon, donc il n'avait pas entendu son nom qui était annoncé. Pourquoi ne l'avait-il pas reconnue? Plus il lui parlait, plus il devenait certain de la connaître, mais il ne savait pas la placer. Si elle avait participé à quelque événement mondain dernièrement, il l'aurait sans doute remarquée. Comment aurait-il pu l'éviter? Elle était une déesse, mais pas du genre «blanc pur» des autres demoiselles anglaises. Sa peau était un peu bronzée par le soleil, elle avait certainement passé du temps en plein air dans les derniers mois. Cela indiquait qu'elle n'avait pas été en Angleterre dernièrement. D'où venait-elle? Le prince avec qui elle était arrivée pourrait répondre à ces questions, probablement.
Julian se dirigea vers la foule de dames qui se préparaient à le flâner. Il devait admettre qu'il n'était pas habitué à ce qu'un autre gentilhomme lui vole son public. Généralement elles affluaient vers lui et il se délectait de leur attention. Il aimait bien flirter et danser, mais il les abandonnait toutes à la fin. Il n'avait aucune envie de se marier. Un jour, peut- être, mais il espérait que ce jour-là serait long à venir. Il avait été témoin de la façon dont un mariage pouvait ruiner la vie d'un homme. Son père était tombé follement amoureux et il en avait payé le prix. Sa mère avait été la ruine de l'ancien duc. Elle avait eu plusieurs amants et avait repoussé son mari. Elle avait fait son devoir et lui avait donné un héritier, mais ensuite la duchesse infidèle s'était considérée libre de ses obligations.
Il pourrait utiliser la popularité du prince à son propre avantage. Il s'approcha de lui et se pencha pour chuchoter dans l'oreille d'une dame voisine: «Je ne pensait pas que vous puissiez être charmée par un titre princier.»
Elle soupira. «Ne soyez pas ridicule. Il est un ami, rien d'autre. J'espérais pouvoir échanger un mot avec lui, mais il semble impossible.» La duchesse de Clare était une princesse de Roumanie et son accent était évident dans ses mots.
Le duc leva un sourcil. «Êtes-vous l'amie d'un prince? Pourquoi n'en suis-je pas surpris?» Julian rigola légèrement. «Connaissez-vous aussi la dame qui est venue avec lui?»
Peut- être qu'il n'aurait pas à se rapprocher encore du prince. En effet, il ne désirait pas vraiment faire sa connaissance. Il y avait quelque chose dans cet homme-là qui irritait Julian, même s'il ne savait pas exactement de quoi il s'agissait. Il tourna ses yeux encore une fois vers Lulia, la duchesse de Clare.
«Quelle est votre réponse?», demanda-t-il. Il avait réalisé à ce moment-là qu'elle n'avait pas répondu à sa question précédente. «La connaissez-vous?»
«Certainement», répliqua-t-elle d'une façon cryptique. «Et vous aussi.» Elle soupira. «J'avais plus de confiance en vous. Vous êtes un homme vraiment insensé.»
«Bien», dit-il. «Qui est-elle?» Julian ne pouvait plus cacher l'impatience dans sa voix. Il s'était présenté à la dame, mais elle ne s'était pas préoccupée de faire la même chose. Être forcé de trouver cette information tout seul irritait Julian.
Le rire profond de la duchesse résonna autour de lui. Tout le monde s’arrêta et se tourna à les regarder, y compris le prince, et cela irrita Julian encore plus que la moquerie de la duchesse. Elle lui adressa un regard jaillissant d'humeur. «Pauvre, pauvre insensé», chuchota-t-elle. «Je ne devrais pas me sentir désolée pour vous, mais quand vous comprendrez que vous êtes un fou, vous vous donnerez un coup de pied. Je vous souhaite bonne chance.»
«Pour quelle raison, exactement?» Il détestait le genre de discussion cryptique qu'il avait eu depuis le moment où le prince et la femme mystérieuse étaient arrivés. Pourquoi la duchesse ne pouvait-elle pas tout simplement lui dire qui était la jeune femme charmante? Le Seigneur savait qu'il n'en avait aucune idée et qu'il avait besoin d'aide.
«Premièrement, pour récupérer votre tête de votre cul.» La duchesse caquetait presque de joie en parlant.
«Vous avez toujours votre façon avec les mots.» Julian roula des yeux. «Cette conversation a été intéressante, comme toujours. Dites-moi, votre mari participe aussi au bal, aujourd'hui?» Fin pourrait l'aider à identifier la femme: si Lulia la connaissait, il devait la connaître aussi.
La duchesse haussa les épaules. «Il n'aime pas les événements mondains, vous le savez bien.»
En effet, il le savait. Fin n'aimait pas sortir de sa maison en ville si cela n'était absolument nécessaire, mais il n'aimait non plus laisser Lulia toute seule. «Où est-il? Dans la salle de jeu?» Fin avait découvert son amour pour le jeu des cartes un jour, quand il fréquentait leur club. «Je pourrais le rejoindre là-bas.»
Elle haussa les épaules une nouvelle fois. «Faites comme vous préférez, comme toujours.» Ensuite elle se tourna et se dirigea vers le prince. La foule s'ouvrit pour la laisser passer et quand elle fut près de lui, il ouvrit ses bras et la serra librement. Ce genre d'affection n'était pas la norme pendant les événements de la société: l'aristocratie les crucifierait pour cela. Ou non, peut- être... Tout le monde savait que Lucia et son mari s'adoraient et ils ne cachaient pas que leur mariage était un mariage d'amour. En plus, tout le monde cherchait à apprendre quelque chose de plus sur ce prince mystérieux qui avait atterri au bal des Loxton.
Julian s'éloigna de la foule en direction de la salle de jeu. Lulia n'avait pas admis qu'il pourrait trouver Fin là-bas, mais il n'avait aucune raison pour ne pas essayer. Il s’arrêta une fois, avant de sortir du salon, et se tourna à regarder la dame mystérieuse. Elle riait de quelque chose qu'un gentilhomme avait dit. Le notes d'une valse commencèrent à résonner dans la pièce, indiquant que la danse était sur le point de commencer. Le prince s'inclina devant ses admiratrices et s'approcha de la dame inconnue, puis il l'emmena sur la piste de bal. Il dansaient très bien ensemble et cela irrita Julian encore plus. Il ressentait quelque chose qu'il n'avait jamais vécu auparavant- de la jalousie. Et il n'aimait pas du tout cette situation. Il réprima cette sensation nauséabonde et sortit de la pièce. Il avait besoin de trouver Fin et très vite; cela devait se terminer le plus tôt possible, parque que Julian détestait être utilisé comme un pion de toute sorte.

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