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Robert Johnson Fils Du Diable
Patrizia Barrera


Patrizia Barrera

COPYRIGHT
Robert Johnson Fils du diable
Copyright PATRIZIA BARRERA 2020
ALL RIGHT RESERVED
Traduction italienne de FLORE BLANCHET


RHA PRODUCTION

Remerciements
Texte original, fruit d’une recherche longue et passionnée.

Merci à tous ceux qui apprécieront ce livre et le garderont dans leur cœur.

Patrizia Barrera


Au-delà de La légende
Un garçon reclus


J’aime par moment démêler les mythes, les réduire à une dimension plus humaine. C’est le cas de Robert Leroy Johnson, que l’on a toujours dénommé comme démoniaque, obscur, lié en quelque sorte au malin et à cette sombre image de pionnier du Rock.
On en a dit tellement à son sujet, bien que, comme étant le cas pour beaucoup d’artistes de l’époque, les données biographiques à notre disposition soient très peu nombreuses. Mais c’est peut-être la Légende qui influe sur l’immortalité de sa figure et qui, à mon avis, accentue aussi l’importance artistique. Je ne vais pas vous mentir, son personnage ne m’est pas très sympathique et beaucoup d’entre vous risquent très certainement de me mépriser pour cela. Cependant, c’est dans mon habitude de m’exprimer sans détours, d’ailleurs j’adore révéler les vérités gênantes. Dans le cas de Robert Johnson, je me suis donnée beaucoup de mal pour remonter à la source AUTHENTIQUE et je peux vous assurer avoir trouvé des potins plutôt intéressants pour vous chers lecteurs ! Mais commençons par le commencement.
Une enfance difficile, certes, mais en aucun cas ténébreuse comme la plupart le prétende.
Sa mère s’appelait Julia Major et c’était clairement une jeune fille… très exubérante ! En 1889, elle avait épousée Charles Dodds, qui possédait des terres et un petit magasin de meubles en rotin. L’homme à l’aspect d’origine juive n’était pas très bien vu dans le petit Hazlehurst, de la région du Mississippi, où résidait la famille. Commerçant habile, il attirait souvent l’envie des autres petits propriétaires des environs, probablement dérangés par le fait qu’il ne soit pas un « Américain pure souche ».




Voici la première maison de Robert Johnson à Hazlehurst. C’était une ruine lorsque la ville décida, dans les années 90, de la restaurer et de la transformer en musée. La maison a été construite par Charles Dodds et possédait initialement un porche, que l’on aperçoit également sur certaines vieilles photos de Johnson. Confort de l’époque : la maison bénéficiait de l’eau courante !

On sait qu’à l’époque les évènements se bousculaient : après en être venu aux mains avec les Frères Marchetti (et après avoir frôlé la mort !), Charles fut obligé de fuir cette même nuit, en 1909, se faisant porter disparu. Seule avec 10 enfants sur son dos, la pauvre Julia ne savait plus quoi faire : isolée, pointée du doigt, objet de controverses, elle ne parvenait plus à faire avancer la petite ferme, qui était en ruine. Pendant ce temps, son mari avait déménagé à Memphis et avait changé son nom en Spencer. Amassant de l’argent de part et d’autre Julia parvint à envoyer, par paire, les petits enfants au père jusqu’à ce qu’elle demeurât seule dans Huzlehurst avec ses filles aînées. Et là, survint la tragédie : ne pouvant pas payer ses impôts, elle fut forcée de fermer le magasin de meubles et se trouva un logement dans une petite maison abandonnée dans la banlieue. La pauvre femme fut contrainte de faire ce que nous appellerions aujourd’hui des « travaux saisonniers » pour survivre, récoltant du coton 12 heures par jour pour les plantations voisines.



Voici la même maison, restaurée, telle qu’elle existe aujourd’hui.

Elle eut ici une brève liaison avec un fermier local, un certain Noah Johnson et tomba enceinte du petit Robert, qui dans les premières années de sa vie fut élevé par ses sœurs. Pendant un certain temps ce fut caché à son mari Charles… mais pas pour longtemps ! Incapable de comprendre la solitude de sa femme, ce dernier déchaîna la foudre et refusa durant les années suivantes de reconnaître l’enfant, malgré toutes les tentatives désespérées pour réunir la famille. Elle réussira 10 ans plus tard, mais le petit Robert (Leroy) restera pour toujours « le bâtard » difficilement toléré et mal aimé. Pour une consolation « préventive » de la trahison de sa femme, il semble cependant que celui-ci avait établi une relation stable et avait déjà deux enfants d’une autre. Quand tout le monde fut enfin réuni, la grande famille élargie comprenait les dix enfants de Charles et Julia, les deux nés de Charles avec sa maîtresse et le petit Robert. Il n’y avait pas de quoi se réjouir d’une telle situation !



Voici le certificat original du recensement de 1920... À cette époque, le petit Robert vivait déjà avec sa mère et son beau-père, Dusty Willis, en Arkansas. Il est intéressant de noter que son enfant porte comme nom de famille Spencer....
Il va sans dire que le mariage entre Charles et Julia se brisa ; en 1919, nous retrouvons cette dernière mariée à un certain Dusty Willis et le nouveau couple partit vivre à Robinsonville, sur le delta du Mississippi. Robert était avec eux, mais la relation avec le beau-père était très difficile. Le garçon venait de découvrir qui était son vrai père, et dû à sa rancune envers les deux beaux-pères, il criait le nom de Johnson à tous les coins de rue. Il était grognon, colérique et souffrait de maux de tête. Bien qu’ayant auparavant appris à lire et à écrire (certains disent même qu’il avait une belle écriture !), il ne voulut plus aller à l’école et n’obtint même pas le baccalauréat. Sa seule consolation était de se rendre au bord de la rivière pour jouer de l’harmonica et de la guimbarde.

À la maison c’était un inutile et pour ce qui était du travail dans les champs…il ne voulait pas en entendre parler ! En 1920, comme le montre un recensement de 1920, la famille déménagea en Arkansas à Lucas Township, dans le Comté de Crittenden, mais les choses ne s’améliorèrent pas. Robert était connu pour avoir un œil « danseur », c’est-à-dire un œil plus petit que l’autre, et qu’il éprouvait de grandes difficultés d’attention. On murmure qu’il aurait pu être épileptique… mais je ne peux pas le confirmer, d’autant plus que de nombreuses crises d’agressivité typiques de l’adolescence peuvent être confondues avec cette maladie. Et il semble que des crises, le bon Robert en ait eu beaucoup, étant donné que finalement, la famille se résigna à sa vie de vagabond !



Cowboys et routes du far West, tels qu’on les voyait dans le comté de Crittenden en 1920.
À 14 ans, il commença à fréquenter lesbars musicaux des bas-fonds sur les rives du Mississippi, à fumer, boire et courir derrière les femmes. Détendu par la musique de Son House et Willie Brown, il se réfugia dans le Blues, mais sa musique « maudite » fut signalée à sa famille, qui tenta d’étouffer cette passion de toutes les manières possibles. Peut-être qu’ainsi naquit durant cette période la manie du jeune Johnson de jouer dans les cimetières et les bois obscurs. Très loin de la pensée du « démon », le pauvre Robert cherchait tout simplement un endroit caché pour pratiquer sa passion en paix et pleurer en silence. Sans être encore touché par le Malin, à 15 ans, cet adolescent agité était en réalité un marginal.
Avant d’aller plus loin, je voudrais attirer votre attention sur cette célèbre guimbarde dont beaucoup parlent. Si vous parcourez le web, vous trouverez de nombreux articles sur Robert Johnson affirmant qu’il la jouait... sans donner plus de détails sur le sujet. POURTANT, ce petit instrument en dit long sur sa psychologie et, surtout, sur les capacités artistiques et musicales du jeune Johnson !



Voici une guimbarde de 1900. Le petit Robert a probablement appris à jouer une de ces guimbardes sur les bateaux du Mississippi.
La guimbarde est pratiquement...un CARILLON, un instrument d’origine gitane qui était joué par les nomades du Rajasthan dès les années 1500 et qui, comme beaucoup d’autres, était arrivée sur les rives du Mississippi avec les immigrés italiens et juifs, qui l’avaient adopté. Aujourd’hui, comme hier, appeler quelqu’un Gitan était péjoratif, cela signifie « Tsigane ». Le petit instrument était donc presque le symbole d’un style de vie hors normes, pour ne pas dire errant. Il était également très facile à obtenir, à fabriquer et même à jouer ; aucune compétence particulière n’était requise, sauf la constance. Johnson l’utilisait probablement aussi pour atteindre des états de transe et de bien-être (aujourd’hui nous dirions de « défonce ») parce que les vibrations de l’instrument ainsi que la consommation d’alcool induit une forme d’éloignement de la réalité et de dissociation, technique probablement acquise dans les locaux malfamés du Delta.



La guimbarde, d’origine manifestement africaine, est encore répandue en Nouvelle-Guinée, en Papouasie, comportant certaines modifications.
En plus de jouer de la guimbarde et de l’harmonica, notre Robert semblait avoir commencé à travailler un peu pour subvenir à ses besoins, surtout quand les relations avec sa mère et son beau-père s’effondrèrent pour de bon. Nous sommes en 1928 et Johnson travaille comme ouvrier agricole dans la plantation Abbay-leatherman près de Robinsonville. Il y rencontra très probablement le premier grand amour de sa vie, Virginia Travis, qu’il épousa ensuite à l’âge de 18 ans à Penton, le 17 février 1929. Tous deux n’avaient pas d’argent et vivaient dans la maison de sa sœur Bessie, et du beau-frère Granville Hines. Il semble que la modeste maison n’existe plus aujourd’hui, elle était située dans les environs d’une communauté, la Nouvelle Afrique. Mais pour avoir une idée de sa position sociale et culturelle, vous pouvez vous rendre à New Road Africa vers Clarcksdale. Encore aujourd’hui il s’agit d’une communauté assez rigide, un peu fermée et fortement animée par une grande ferveur religieuse. Tout y semble assez propre et ordonné et la vie s’y déroule tranquillement selon un ordre social assez inébranlable. Vivre là-bas en 1929 n’aura pas dû être facile… pour un type comme Robert Johnson !



Une très rare image de Robert Johnson sur le porche de sa maison en Nouvelle Afrique, où il vivait avec sa femme Virginia, sa sœur et son beau-frère. Elle est datée de 1928.
Bien qu’il travaillait et aimait sa femme, une jeune fille de 15 ans timide et consacrée au travail domestique, il est de notoriété publique que Johnson ne supportait pas la vie rurale et s’enfuyait très souvent. Il se retirait dans les clubs mal famés et à bord des bateaux de rivière à la poursuite d’un rêve. Désormais corrompu par le Blues et par l’obsession irréductible de Charlie Patton et de Son House, il restait très peu auprès de sa femme, qui était alors enceinte de son premier enfant. Dans la nuit du 9 au 10 avril 1930 Virginie meurt en couche avec le petit Claude Lee : Robert n’est pas avec elle mais joue pour des clients ivres sur les bateaux du Mississippi.
Quand il rentra chez lui deux jours plus tard, il trouva sa femme morte et enterrée, et l’ostracisme de toute la communauté qui le qualifia de débauché, libertin et esclave du démon. Assailli par la belle-sœur Bessie qui l’accusa publiquement d’ « avoir vendu son âme au diable et avoir ainsi tué sa femme », le garçon fut littéralement expulsé de la maison, humilié, blessé et complètement dévasté dans son âme. Il disparut le même jour et commença à errer dans les trains de marchandises de ville en ville en prenant à chaque fois des noms différents : Robert Spencer, Robert James, Robert Barstow et Robert Sacks. Nous le retrouvons pour un court moment à Hazelhurst, probablement à la recherche de réconfort. Peut-être qu’il le trouva chez un des demi-frères du beau-père Charles qui lui apprit les rudiments de la guitare, et d’ailleurs lui en offrit une, une Gibson Kalamazoo qu’il gardera avec lui jusqu’à sa mort. Il rencontra ici une femme beaucoup plus âgée que lui, Calletta Craft, qu’il épousa en grand secret en mai 1931 et qui non seulement lui donnera un fils mais qui lui permettra (et d’ailleurs favorisera) la fréquentation avec « le Diable en personne ».


FILS DU DIABLE
Le maître obscur


Mais qui était donc cette « sombre figure » depuis toujours comparée au diable ? Était-elle la raison pour laquelle Robert Johnson fit ce fameux pacte en vendant son âme afin d’obtenir succès et maîtrise de la guitare ? Était-ce vraiment cet homme, le célèbre mentor qui l’accompagna à la « croisée des chemins » où le malin fut invoqué ? Voyons le déroulement des faits.
La légende de Ike Zimmerman est née d’un célèbre témoignage de Son House, que rencontra Robert en 1930 dans un des clubs du Mississippi.
À l’époque, l’euphorie du blues était palpable et il arrivait que les clients ou des jeunes prometteurs se joignaient aux musiciens pour jouer tous ensemble, semblable à une Jam session d’aujourd’hui. De fait, Son House rapporte que Robert Johnson jouait de la guitare « comme un pied et que beaucoup de clients lui demandèrent de faire taire ce garçon qui donnait la migraine au public ! »
Seulement un an après cet épisode, les deux se rencontrèrent à nouveau et cette fois, Johnson laissa tout le monde bouche bée « pour ses facultés incroyables et la vitesse dans le pincement des cordes qu’il avait développé en une seule année ! » Et ce fut encore Son House et son alter ego Willie Brown qui insinuèrent que « ce n’est qu’en vendant son âme au diable que l’on peut devenir aussi doué en si peu de temps ! »
Lors de cette courte année, tout le monde se souvenait avoir aperçu le jeune Robert en compagnie d’Ike Zimmerman « jouant du blues », et pour couronner le tout « sur les pierres tombales du cimetière en dehors du pays », l’association Talent-Zimmerman-Démon fut alors évidente.



Voici le « grand causeur » Son House à l’époque des faits
Les rumeurs circulèrent et la légende du pacte avec le diable prit immédiatement forme : enfin, ce fut Robert Johnson lui-même qui la fixa définitivement en lui donnant voix dans son CROSSROAD BLUES. Puis, comme il arrive souvent, la légende le rattrapa et l’engloutit, le transformant en un artiste « beau et damné » destiné à une vie intense, brève et pleine de succès ainsi qu’à une mort dramatique et soudaine.
Et Zimmerman dans tout cela ?
J’ai trouvé plusieurs nouvelles le concernant sur une radio d’Alabama, qui fit une interview à sa fille il y a quelques années, à l’occasion de la revendication de certains morceaux de son père publiés par Robert Johnson. L’image qui en ressort est bien différente de ce que vous pourrez trouver !
Isaia « Ike » Zimmerman (mais le nom d’origine semble être Zinnerman) est né à Grady, dans l’Alabama, en 1907. Bien que l’amour de la musique se développa très vite, il fut obligé de travailler depuis son enfance comme agriculteur dans la petite entreprise familiale. Pendant son temps libre, il aimait jouer dans les bars, et Montgomery était très connu. Dans cette charmante petite ville, il prendra pour épouse une certaine Ruth, qui était cuisinière dans un des meilleurs hôtels de la ville. Avec elle, il déménage dans un endroit appelé The Quarters, sur Beauregard Road.

Il est intéressant de noter que la petite agglomération de 6 maisons se trouvait juste à côté d’un cimetière et que la maison d’Ike se trouvait au croisement, comme le raconte sa fille. Ici la famille s’élargit, il changea de travail mais ne perdit jamais la passion du blues qui, comme à l’accoutumée, n’était pas bien perçu par les gens du coin. Il était très habile non seulement avec la guitare, mais aussi avec d’autres instruments. Doué comme professeur, il semble qu’à un certain moment il commença à prendre du plaisir dans l’enseignement de la guitare...aux femmes ! Encore un nouvel élément de discorde avec la petite communauté, sachant qu’au début des années 20, la société, aussi bien noire que blanche, ne voyait pas d’un bon œil que les femmes « s’instruisent ». Sans parler de jouer du blues !
Zimmerman finit ainsi par donner des leçons… dans les cimetières, certes dans celui de Beauregard, mais aussi dans tous ceux de la région, puisqu’il se promenait souvent. La raison de ce choix lugubre est très simple : il s’agissait de lieux sacrés, tranquilles et isolés, endroits où même la tête chaude la plus déchaînée du cercle avait la possibilité de partir en vrille. Avec le temps, la présence d’Ike fut « absorbée et tolérée » et commença à faire partie du paysage. Ses allées et venues l’amenèrent à Martinsville, là où habitait son frère Herman et où était situé un il s’arrêtait souvent dans un local appelé à l’époque ONE STOP, car il était situé près de l’unique arrêt de bus de toute la zone. C’est ici que se déroula la rencontre fatidique entre Zimmerman et Johnson.
D’après les témoignages, Robert, fauché, s’arrêta au bar pour manger et jouer. Les deux s’apprécièrent tout de suite et Ike invita chez lui le pauvre garçon, qui montrait un grand amour pour la guitare et une forte volonté d’apprendre à en jouer. Johnson y séjournera toute une année.



Une photo rare de Ike Zimmermann quand il faisait de mentor au jeune Johnson.
Toute la famille Zimmerman s’attacha à ce garçon et les enfants jouaient avec lui. Le soir, ils se réunissaient autour du feu pour jouer des ballades traditionnelles ou même des chansons typiques de la famille Zimmerman. D’après les témoignages des fils, les célèbres Ramblin' on my mind et Come on into my kitchen, publiées par Johnson, étaient en fait des chansons composées par Ike dont Johnson s’est emparé.
Quoi qu’il en soit, les deux hommes étaient très occupés : le samedi et le dimanche, ils montaient à pied sur une route de terre à travers les bois, traversaient un certain croisement. Et puis ils allaient à droite pour entrer dans un cimetière où ils s’entraînaient à jouer, de jour comme de nuit. En fait, surtout la nuit, puisque Ike travaillait comme ouvrier pour nourrir sa famille ! Robert retournait parfois chez sa femme Callie... En plus de la guitare il semble que Zimmerman l’ait aidé à affiner l’art de l’harmonica et qu’il fut co-auteur de plusieurs chansons parmi celles qui ont ensuite été gravées pour Okeh, quelques années plus tard .

Enfin ils commencèrent à se produire en « duels musicaux » dans toute la zone entre Juke et Martinsville : ils se défièrent à coups de guitare au milieu des rues pour partir finalement vers le Texas, où leur route se divisa. Robert revint dans le nord pour impressionner ses collègues musiciens avec les compétences acquises, et Ike quitta Beauregard pour déménager avec sa famille d’abord à Los Angeles et enfin à Compton, en Californie, où il entreprit une activité d’élevage. Il n’a jamais cessé de jouer du blues et mourut paisiblement dans son lit en 1974.



Ike Zimmermann âgé en 1974, deux mois avant sa mort.
Pour ne pas citer le pauvre DOCTEUR FAUST, l’idée de vendre son âme au Malin…n’a rien de nouveau ! Toute la tradition Afro-Américaine ainsi que la tradition Européenne est pleine de références à cette pratique. Il suffit de rappeler le célèbre conte Le diable et Tom Walker d’ Irving Washington de 1824, ouLe Diable et Daniel Webster de Stephen Vincent Bennet de 1936. Et qu’en est-il de l’un des illustres prédécesseurs de Robert Johnson, tel le musicien noir TOMMY JOHNSON qui, dans le sillage de CHARLIE PATTON, se promenait triste et alcoolisé dans le Mississippi hurlant son BIG ROAD BLUES ?
Et pour dire vrai, Son House souligna la « familiarité » entre l’histoire de Robert Johnson et celle du bluesman de St. Louis PEETIE WHEATSTRAW, qui s’était autoproclamé « Fils légitime de Satan ». Enfin, si nous puisons dans les histoires de par chez nous, que diriez-vous de Nicolò Paganini et de plusieurs de ses morceaux qui lui auraient été soi-disant dictés par le démon.
En bref, ce fut chose facile de faire qu’un talent acquis né d’une détermination et d’une prédisposition devienne une Légende. Il suffit de la vanité de la part de Robert Johnson pour nous embrouiller et d’agrandir cette image à des fins purement commerciales. Dommage que le musicien DAMNÉ se soit étouffé lui-même en alimentant ses propres contes de fées !



Voici Tommy Johnson, le premier Fils du Diable du delta. Et pourtant la figure de ce musicien alcoolique ne créa aucun problème à la communauté noire de l’époque : et pourquoi ? Nous verrons cela plus tard.

Cependant, son comportement n’était certainement pas un exemple : deux mois à peine après la mort de sa pauvre femme, enceinte d’un fils qu’il ne voulut jamais reconnaître, il entretenait de joyeuses rencontres sexuelles avec Miss Virginia Mae Smith. Il s’enfuît ensuite en grand secret pour se marier avec la riche et pluri-divorcée Callie Craft, de dix ans de plus que lui, uniquement pour des raisons économiques. Il répandait autour de lui rancunes, disputes et cœurs brisés.
Contrairement à la plupart des bluesmen qui se trouvaient dans le lit de n’importe qui dans le seul but d’en tirer quelques pièces, une bouteille et un peu de chaleur, Robert Johnson mettait à profit ses prouesses avec la précision d’un homme d’affaires, en se vendant à celle qui lui offrait le plus. Il ne trouvait pas honteux de se faire entretenir par des femmes âgées et fortunées, qu’il séduisait, exploitait et, le plus souvent, malmenait, pour les abandonner quand il trouvait mieux. Son second mariage finit quand Callie tomba malade (certains disent pour un avortement ou un fils mort-né) et qu’il fallait rester à ses côtés. Du soir au matin, Robert la quitta pour rejoindre une star de passage.
Entre 1932 et 1933, on le retrouve fréquemment en voyage : il faisait de l’auto-stop ou il montait en clandestin dans les trains, par moment il prenait aussi le bus. Pendant une courte période, il s’installa à Helena, en Arkansas, où il commença à faire des adeptes parmi les musiciens locaux comme Howlin' Wolf, Honeboy Edwards, Memphis Slim, Robert Nigthawk, Sonny Boy Williamoson, pour n’en citer que quelques-uns. Il entretenait aussi une relation (encore ?) avec la belle Estella Coleman, dont il aidait le fils, le futur bluesman Robert Lockwood Jr. à prendre le chemin du succès.


Un Robert Lockwood mature en 1940..
Mais son compagnon de vagabondage préféré fut Johnny Shine, avec lequel il rejoint New York et même le Canada.
Nous trouvons trace de cette préférence dans une photo qui remonte peut-être à 1933 et qui a fait le tour du monde comme étant « la troisième photo inconnue du grand Robert Johnson » ....

UNE PHOTO MYSTÉRIEUSE
De la poussière à EBay


L’histoire de cette photo est extrêmement singulière : découverte par hasard sur EBay en 2007 par un collectionneur, publiée dans le magazine Vanity Fair en novembre 2008, elle fut enfin authentifiée en janvier 2013 après des thèses longues et minutieuses sur son originalité. Mis à part l’expression du jeune Robert qui ne semble AUCUNEMENT démoniaque, le doute persistait sur les boutons « féminins » de la veste de Shines. À moins que le jeune Shines ait porté la veste de sa sœur, il est donc concevable que la photo originale ait été « retournée » et que le musicien identifié comme Johnson était en fait gaucher, autre point favorable quant à sa nature…Luciférine !


Voici la photo précédente remise dans le bon sens
Jusqu’à ce jour, en réalité, les deux seules photos « confirmées », sont en possession de sa demi-sœur Carrie et nous les connaissons à la perfection: dans aucune des deux Johnson semble gaucher. Alors, de quoi s’agit-il réellement ?
Nous avons plusieurs témoignages de Johnny Shines à ce sujet. Nous savons que ce dernier a accompagné Johnson durant quelques années, de 1933 à 1935 environ et qu’ils ont tous deux voyagé en long et en large dans le Delta selon les meilleures traditions des Ramblers. Shines ne mentionne aucunement que son ami soit gaucher mais il raconte minutieusement comment Johnny aimait jouer du Blues en tournant le dos aux autres musiciens, et une fois qu’il se retournait, il jouait tranquillement de la musique d’un autre genre, la plupart du temps celle demandée par les clients, comme les ballades du vieux Sud.
Cette manie de tourner le dos est bien confirmée également par Son House qui, comme d’habitude, la dépeint de vaudou. « Il ne voulait pas que les autres musiciens le regardent dans les yeux pendant qu’il jouait et il se retournait, probablement pour que personne ne puisse lui arracher le secret de la vitesse de ses mouvements. On sait que le diable n’aime pas qu’on le regarde dans les yeux ! »

Il suffit de telles phrases pour alimenter une légende ! Bien plus simple que d’imaginer un gaucher contrarié, une hypothèse qui expliquerait en partie les maux de tête infantiles de Johnson, ses difficultés de concentration, son irritabilité et son refus d’aller à l’école.
Le mancinisme a été pendant des siècles considéré comme un « signe démoniaque » et de nombreuses personnes finirent sur le bûcher pendant la période de l’Inquisition pour cette raison !
Jusqu’à l’époque moderne (et je parle du milieu des années 70) on avait même tendance à corriger cette diversité en bandant la main de l’enfant et en le stimulant à écrire avec la droite ! Si donc nous rapportons l’être gaucher aux débuts des années 1900 en Amérique, sur le Delta, dans une communauté noire et dans la peau d’un enfant « bâtard » (donc fils de la faute, déjà marquée sur lui) qui plus grand « fera du blues ». Nous pouvons comprendre alors l’énormité de la charge psychologique et émotionnelle qui a accompagné le jeune Johnson durant toute sa courte vie.
Dans cette optique, il est facile de supposer que les capacités soudaines imputées au pacte avec le diable étaient tout simplement une reprise du mancinisme perdu, peut-être sous l’impulsion de son maître Zimmerman, qui avait su lire dans l’âme tourmentée du garçon.



Johnny Shine, mature, des années après la mort de Johnson… qui joue les chansons de son ami.
Donc, musicalement parlant, nous assistons à un véritable dédoublement de Robert Johnson : d’une part, un artiste capable de jouer tout ce qu’on lui demande dans n’importe quel style, une capacité typique des Ramblers qui devaient s’adapter aux goûts variés des clients des bars, de l’autre un artiste qui faisait voler ses doigts sur la guitare en jouant du blues... de dos…
Dans le premier cas, il y a certainement l’acquisition d’une « méthode » qui, si pour Son House et d’autres musiciens de race était innée, chez Johnson par contre c’était le fruit d’un engagement constant et discipliné ; dans le second il y a le sentiment de libération du Blues, qui est ensuite exécuté selon sa nature gauchère et gardée cachée aux autres, pour les raisons mentionnées.
D’autre part, le fait que Johnson fut un dissocié et un aliéné est largement documenté : Shines rapporte combien son ami était aimable et gentil avec le public et violent en privé, surtout avec les femmes qu’il maltraite, malmène et abandonne.
« Souvent il disparaissait pendant que nous jouions et me laissait seul – raconte Shine – Il sortait des jours entiers sans donner de nouvelles, puis il revenait comme si de rien n’était. Je savais qu’il aimait s’attirer des ennuis, courir après des femmes mariées, et il se battait avec leur mari plus d’une fois. Il a parfois été jeté en prison pour quelques nuits d’ivresse et de bagarre. Au début, c’était sympa de voyager avec lui, de monter et descendre des trains, de jouer partout où on voulait. Johnson était aimé par les gens, car il savait les satisfaire de toutes les manières possibles. Mais quand il a commencé à s’amuser avec les femmes, il a changé. Il mettait sa colère sur toutes les femmes qu’il voyait, les battait à mort, puis revenait jouer avec moi.


Il me disait : « Ah, frapper une femme me fait me sentir mieux. » Presque toutes les chansons qu’il écrivait parlaient de femmes. À un certain moment, la cohabitation avec lui est devenue impossible et nous nous sommes séparés. »



Voici la pochette du disque du célèbre événement auquel Johnson ne put participer…
Notez l’incroyable liste de noms illustres.
En 1936, Johnson était tourmenté par le désir d’enregistrer ses chansons et d’entrer dans le marché discografique. Il se donna donc beaucoup de mal pour être reçu par HC Speir, un talent scoot blanc qui tenait un magasin de disques dans le Mississippi et qui avait déjà découvert de grands talents comme Charlie Patton, Skip James, Tommy Johnson et Son House. D’après ce que l’on dit, Speir reconnut rapidement les capacités de Johnson mais, pour une antipathie d’impact, il préféra le passer à Ernie Oertle, un autre TC qui offrit de l’emmener à S. Antonio en novembre 1936 pour faire une session d’essai.
Ceci eut lieu dans la chambre 414 du Gunter Hotel, où Brunswick Record avait implanté un studio d’enregistrement « volant », comme cela se faisait à l’époque.
Avec Johnson, en effet, il y avait une foule de musiciens ramassés ici et là sur le Delta, surtout des Mexicains et même le Wagon Gang Chuck, un groupe musical très populaire à cette époque dans les clubs du Delta. Ici Johnson, comme le rapporte Oertle, « a enregistré accroupi et de dos, à tel point que j’ai eu du mal à placer les microphones »
Cependant Oertle n’était pas très étonné : il était habitué aux manies des bluesmen et à leurs rituels et il pensa que Johnson cherchait tout simplement « l’angle de charge » c’est-à-dire la meilleure manière de faire sortir le son.
Dans cette première session ont été enregistrés, entre autres I COME ON INTO MY KITCHEN, KINDHEARTHED WOMAN, CROSSROAD BLUES et TERRAPLANE BLUES, la seule dont Johnson écouta l’enregistrement et qui devint un grand succès, en vendant pas moins de 5000 exemplaires la première semaine, un vrai record pour l’époque !
Dans cette première expérience d’essai nous trouvons une série de chansons certainement liées au Sud rural, viscéral et impactant, considérées depuis toujours « l’expression la plus véridique du mélancolisme de Johnson ». Parmi celles-ci se distingue Kindhearted Woman pour sa complexité et pour une plus grande recherche du son ; le texte est certainement beaucoup plus articulé que les autres et ce n’est pas un hasard si pendant des années, avec Crossroads blues, elle devint presque le drapeau distinctif de l’artiste.
Une deuxième session fut ensuite réalisée en 1937 directement à Dallas dans le Vitagraph Building situé au 508 Park Avenue, où Brunswick Record avait son Quartier général.
En tout 29 chansons, plus quelques essais inachevés et des enregistrements rejetés, pour un total de 41 gravures. Un nombre certes très réduit de chansons, mais qui constituent un précieux patrimoine pour la musique mondiale.
Quoi qu’il en soit, Robert Johnson eut un succès posthume. Bien qu’apprécié en tant que musicien, ses capacités d’innovation n’étaient pas très bien comprises à l’époque et ce n’est certainement pas sa mort prématurée qui le sauva d’un oubli immédiat le cachant de la critique pendant environ trente ans. En 1938, période de son plus grand succès, si vous demandiez à quelqu’un dans la rue « Qui est Robert Johnson ? », il n’aurait pas su vous répondre, mais il aurait pu vous décrire le nombre de cheveux qu’avait Son House sur la tête. Cependant son nom commença à faire son chemin parmi les experts du secteur vu que justement cette année-là le fameux John Hammond, producteur de Columbia Records, l’avait mis sous contrat pour la première édition du très célèbre « du spirituel au Swing» au Carnegie Hall de New York, en d’autres termes la consécration officielle du jeune Johnson ! À sa mort, Big Bill Broonzy le remplaça sur scène, ils observèrent deux minutes de silence et jouèrent deux de ses derniers enregistrements, dans une foule stupéfaite et en larmes.
Si seulement il avait résisté à ne pas se faire tuer pendant deux autres mois, ce soir-là, Johnson aurait apprécié son succès mérité !
Comment expliquer cette faible popularité parmi les gens ordinaires ?

Robert Johnson n’a JAMAIS été célèbre de son vivant et sa production apparaît dérisoire par rapport à celle des autres bluesmen de l’époque. Mais il est revenu à l’honneur, et on peut dire qu’il a été redécouvert dans les années 60 avec la nouvelle génération des artistes Rock, en particulier grâce à une collection éditée par Paramount appelé KING of the Delta Blues Singer, qui s’est littéralement envolée, au point qu’elle fut réimprimée en 1969 et enfin en 1970.
Des artistes comme Eric Clapton et les Cream contribuèrent nettement à la renaissance de son succès, en inscrivant une nouvelle version de Crossroads Blues. Sans parler des Rolling Stones qui perdirent la raison avec leur version de Love in vain et Stop Breakin Down Blues.
Mais déjà longtemps avant, des artistes moins connus avaient essayé de sortir Johnson de sa tombe.
En 1951, Elmore James a enregistré sa propre (et très particulière) version de I believe I dust my Broom, qui n’a pas eu le succès mérité. Par contre le célèbre Sweet Home Chicago est devenu l’étendard de nombreux bluesmen d’exception, repris tout d’abord par Muddy Waters, qui, à son tour, influencera les Beatles.
En fait, Johnson incarnait une réalité très actuelle pour le début des années 60 en Amérique : l’image d’un anti-Héros damné, maudit et obsédé par le démon qui chante le Blues en le brisant de l’intérieur. Ceci se mariait parfaitement avec la nature révolutionnaire de la nouvelle génération américaine. Dans ses chansons il « crie » littéralement la douleur existentielle d’une société qui ne trouve plus ses propres points de repère et qui, avec l’angoisse spasmodique, se lance vers un avenir sombre et pleine d’inconnu.
Les productions de Johnson concernent en effet surtout les femmes, l’alcool et la violence, exactement comme dans la plus pure tradition du blues. Pourtant, dans ses textes, on perçoit son fort dégoût pour ce qu’il raconte et dont il n’est nullement fière. Son rythme obsessionnel de boogie nouveau-né, sa voix stridule et nasale, les pauses entre les mots, l’utilisation des micro-tonalités et les textes articulés dans lesquels ressort sa dévastation morale, son sentiment de « bâtard sans patrie » poursuivi par les « démons du remord » eut un grand impact sur les musiciens de l’Âge, souffrant de la même maladie.
Sortis d’une décennie de bien-être et de bons principes de famille, les jeunes des années 60 se sentent écrasés par une société où la tradition a un goût d’uniformité et où le concept de patrie va trop loin avec le mot GUERRE. Ce sera alors la campagne du Vietnam et la division qui en découle qui leur donnera la voix appropriée ; en attendant, le monde exige un changement et cela se fait, comme d’habitude, à travers la musique. Arrive alors la génération ROCK.


Fortement influencés par le blues, les Rolling Stones sont ensuite devenus l’icône vivante de la vie Rock. Leurs concerts dans les années 60/70 étaient remplis de drogues, d’alcool et de rituels obscurs. Ils étaient souvent les protagonistes de rituels pseudo-sataniques et on dit qu’ils furent même des spectateurs impassibles de vrais meurtres accomplis dans leurs spectacles par des groupes d’exaltés.
En ce temps-là, « être Rock » en Amérique, c’était de « rompre avec les modèles, réfuter la tradition, remettre en question les conventions et aspirer à une société de véritable agrégation, où les concepts d’Humanité et de Progrès ne sont pas des mots écrits sur un papier ». Il est donc indicatif, et même naturel, que Johnson avec sa musique maudite et ses innovations stylistiques, qui tendaient à faire de la guitare la « vraie voix de l’âme », soient utilisées comme point de départ pour la construction de ce nouveau monde.

En outre, l’artiste satanique, avec ses morceaux délirants et évocateurs, les textes dans lesquels il s’auto-définit « damné », son mépris évident pour les femmes et la description presque trop détaillée d’un style de vie dégradé et voué au vice, NE PEUT PAS NE PAS être une icône idéale pour une génération qui fait de son attitude de rupture un style de vie. Et puis, la fameuse triade « drogue, sexe et rock’n’roll » sur laquelle s’est appuyée toute une génération de jeunes Américains entre les années 60 et 70 n’est-elle pas inspirée de la conduite johnsonienne « alcool, femme et Blues » ?
Malignement, je peux rappeler que tout ce qui brille n’est peut-être pas d’or. Une des caractéristiques qui ont rendu Johnson célèbre et lui ont donné la mémoire éternelle fut son rythme exubérant et éclectique, très différent de celui des bluesmen du Delta des années 1930.
Pour vous donner une idée, quand Keith Richards écouta pour la première fois l’une de ses gravures, il se demanda : « Mais qui est l’autre guitariste qui joue avec lui ? » car il n’avait pas remarqué que Johnson était seul. Ceci était dû au rythme articulé et rapide maintenu tout le long du morceau, du début jusqu’à la fin ; de plus la voix dissonante et nasale de Johnson avait le goût d’un vrai « cri ».
Cependant, il existe des déclarations authentiques du directeur exécutif de Sony, Berhil Cohen Porter, qui a remporté un Grammy en 1991 pour avoir reproduit les œuvres de Johnson, sur la possibilité que les gravures de 1936/1937 aient pu être accélérées, un tempérament typique du couple Okeh/Vacalion, qui aimait faire des bizarreries du genre.
Après cela, en 2010, John Wilde, dans le célèbre magazine de musique THE GUARDIAN, souligna que les enregistrements de Johnson avaient été délibérément accélérés pour donner une « touche de modernité » à l’ensemble.
Difficile de dire comment les choses se sont réellement passées, car les planches originales des 78 tours d’alors n’existent plus. Mais si cela était vrai, la musique de Robert Johnson, qu’on appelle le GRAND-PÈRE DU ROCK, devrait peut-être être réinterprétée.


Comparaison entre la photo trouvée sur EBay (à gauche) et la photo avérée de Johnson. Vous remarquerez les énormes différences entre les deux. Bien que des analyses informatisées sur l’anatomie faciale de Johnson aient affirmé avec certitude que les deux photos dépeignent l’artiste, il reste à clarifier ce qui a pu modifier en si peu de temps l’expression du visage. Peut-être le pacte avec le diable ?.
En effet, il entra dans le ROCK’ N ROLL HALL OF FAME avec quatre chansons de taille NON Blues mais Rock. Précisément avec Sweet Home Chicago et Cross roads Blues de 1936 ainsi que Hellhound on my Trail et Love in vain de 1937. D’autre part, sans sa légende, peut-être qu’AUJOURD’HUI l’univers de la musique Rock ne serait pas le même, vu son influence sur certains monstres sacrés.
Eric Clapton commença sa carrière dans la continuité des musiques du maître et les Led Zeppelin l’honorèrent avec le fantastique TRAVELING RIVERSIDE BLUES, dont les références à la musique et aux paroles des chansons de Johnson sont gaspillées ! En somme, de Jeremy Spencer à Fletwood Mac à Peter Green, l’Amérique et l’Angleterre se sont serrées la main pour sacrer Johnson de « Maître Spirituel » d’une nouvelle ère.
Il est certain que Robert Johnson n’a jamais profité de son succès et décéda de manière prématurée et sombre. Le lieu de son enterrement n’est pas non plus officiellement connu, ce qui a alimenté pendant des années la légende selon laquelle il n’a peut-être jamais existé. Mais je n’aime pas les mystères, et j’ai essayé de comprendre. Voici ce que j’ai découvert pour vous…

TUER SATAN
Chronique d’une mort annoncée


Pierre commémorative à Huzlehurst
Fantasmer sur sa mort est certainement comfortable et excitant, surtout si on se prélasse dans la légende du pacte avec le Diable. Mais la réalité est beaucoup moins poétique et, certainement plus amère, de nature à jeter une ombre non pas tant sur sa personne mais sur la société de l’époque et les croyances populaires qui peuvent parfois contribuer à la mort de l’individu.
Les comérages ne manquaient pas concernant les fait d’août 1938. Beth Thomas, une des nombreuses amantes harcelées et battues par Johnson, affirme que c’est son père qui l’a tué sur le pont de Quito, près de Greenwood, le poignardant dans le dos la nuit du 13 août. Le père semblait fatigué des mauvais traitements infligés à sa fille, qui rentrait chez elle ensanglantée et tuméfiée tandis que Johnson allait jouer un des clubs sur la rivière.


Ceci est le plus célèbre certificat de décès de Johnson, disant qu’il était mort de strychnine.

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