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L'Ombre De La Mort
Amy Blankenship
Les Liens Du Sang #8
Au cœur de la Guerre des Démons, rien n'est tenu pour acquis, quand cette dernière précipite les destins de ceux qui y sont impliqués dans une forme de chaos des plus dangereux et séduisants. Un homme découvre que de parfaits inconnus peuvent se rencontrer dans l'obscurité pour un moment de passion aveugle, et se retrouver aussitôt séparés par la main indifférente du destin, sans même un nom pour aider l'homme en question à retrouver la jeune femme. Un autre homme pensera que lorsque l'Ombre de la Mort s'acharne sur lui, ses ennemis les plus séduisants peuvent très vite se révéler les plus puissants de ses alliés... et cela même contre sa propre volonté. Le cœur 'une seule âme sœur peut-il empêcher les deux hommes qui l'aiment de s'entre-tuer?



Table of Contents

Chapitre 1 (#ulink_db07f824-d8c5-500a-8d5f-384c0f8553ab)
Chapitre 2 (#ulink_843c8afe-bf30-5d3f-ba86-c4b8a0f6129f)
Chapitre 3 (#ulink_d60fb8e3-9f19-5cf3-a6da-7b589a5ae1f7)
Chapitre 4 (#ulink_3e45d0bc-4db4-5bbc-b731-028ae19d7098)
Chapitre 5 (#litres_trial_promo)
Chapitre 6 (#litres_trial_promo)
Chapitre 7 (#litres_trial_promo)
Chapitre 8 (#litres_trial_promo)
Chapitre 9 (#litres_trial_promo)
Chapitre 10 (#litres_trial_promo)
Chapitre 11 (#litres_trial_promo)
Chapitre 12 (#litres_trial_promo)
Chapitre 13 (#litres_trial_promo)
Chapitre 14 (#litres_trial_promo)

L'Ombre de la Mort
La Saga des Liens du Sang-Livre 8

Author Amy Blankenship, RK Melton
Translated by Louise Le Bars

Copyright © 2012 Amy Blankenship
English Edition Published by Amy Blankenship
French Edition Published by TEKTIME
All rights reserved.

Chapitre 1
Chad et Trevor participaient actuellement au combat du siècle, duquel peu de survivants parvenaient à réchapper sans de sérieux dommages... un duel de regards.
Chad finit par céder et cligna des yeux.
« Je te l'ai déjà dit, Trevor, je n'ai aucun problème. Crois-moi, si j'avais des pouvoirs surnaturels, je les utiliserais sur toi en ce moment même. Même Ren dit que je suis encore totalement humain et que je ne souffre d'aucun effet secondaire.
Chad se détourna de Trevor pour regarder Ren.
— Allez, aide-moi à le convaincre.
Ren haussa les épaules mais ignora Trevor, en sachant que ce serait à Storm de décider si Chad était ou non tiré d'affaire.
— Je ne décèle aucun genre de pouvoir dans son aura… zéro. Il est toujours humain, de ce que je peux constater. Kriss a dit qu'il guérirait peut-être plus vite que la normale... du moins pendant un temps.
— Donc nous ne savons pas si sa résurrection est permanente ? releva Storm qui savourait la dimension comique que prenait la dispute entre Chad et Trevor.
C'était fou ce que tout semblait l'amuser, ces derniers temps.
Ren secoua la tête, face au raisonnement de Storm.
— C'est vraiment difficile à dire. S'il se fait tuer à nouveau avant de revenir à la vie, ce sera le seul moyen d'en être sûr.
Chad s'écarta un peu du groupe et leva une main en l'air pour se faire entendre.
— N'y pensez même pas. Je ne suis pas un rat de laboratoire et étrangement, j'aime bien respirer.
La bouche de Storm se tordit mais il se retint par égard pour Chad.
— Alors nous pouvons en déduire sans risquer de se tromper qu'il ne va pas lui pousser des ailes pour s'envoler.
Il perdit la petite guerre menée contre un sourire réprimé à grand-peine quand Chad le regarda comme s'il avait perdu l'esprit.
— Dis-moi que tu plaisantes, par pitié, répartit ce dernier en le considérant avec sérieux, parce que lorsque Storm disait ce genre de choses, nombreux étaient ceux à le prendre au sérieux.
Choisissant de ne pas répondre à cette question, Storm tourna son attention vers Trevor qui lui lançait lui aussi un regard étrange.
— Je ne vois aucune raison de forcer Chad à rester au château s'il n'y est pas à l'aise. A-t-on déjà trouvé des indices sur la raison qui a poussé le tueur à le prendre pour cible ?
— NON, et j'ai des espions loups-garous qui passent dans cet appartement tous les jours pourtant, mais l'assassin n'a toujours pas montré son visage de lâche, répondit Trevor. Les loups-garous auraient senti l'odeur d'un démon s'il traînait encore dans les parages. Mais encore une fois, je ne crois pas qu'il ait besoin de retourner là-bas. De toute évidence, ce n'est pas un endroit sûr.
— Vas-tu cesser de parler de moi comme si je n'étais pas là ? Je suis un adulte et peux me défendre tout seul comme un grand, répliqua Chad en posant un regard étréci de colère sur Trevor. Tu ne peux toujours pas entreprendre de venger ma mort si je ne suis pas mort.
— Tu étais mort, rétorqua Trevor.
Les deux hommes se jaugèrent l'un l'autre, renouvellant le duel de regard.
— Passons un marché, dit Storm en riant à son propre jeu de mot. Micah et Titus, ainsi que l'essentiel de la meute, vivent actuellement au Night Light. Il y a de nombreuses pièces supplémentaires dans cet immense night-club et, tu travailles déjà avec la plupart d'entre eux au commissariat, de toute façon. Si tu ne veux pas rester ici, pourquoi n'acceptes-tu pas de vivre là-bas avec la meute de loups-garous ?
— Cela me paraît bien, approuva Trevor avec assurance. Ce n'est pas un endroit aussi protégé que le château, mais c'est mieux que de vivre là où un meurtrier n'a qu'à entrer pour te tuer.
— Qui est mort et a fait de toi mon patron ? manqua de hurler Chad à Trevor.
— Toi, imbécile, répartit Trevor, avec un sourire ironique en réalisant combien cette réplique lui venait facilement.
Chad se renfrogna à l'idée de passer du statut de rat de laboratoire à celui de chiot perdu.
— Qu'est-ce qui t'a fait croire qu'ils voudraient de moi là-bas ?
— Ta sœur, répondit Trevor dans un soupir théâtral, qui sortit sa carte maîtresse pour ce que cela valait. En fait, Envy a menacé de brûler ton appartement si elle apprenait que tu retournais y vivre seul.
— Quoi ? fit Chad en faisant une grimace à son partenaire. Tu inventes au fur et à mesure… pas vrai ?
— Envy pensait que tu ne souhaiterais pas habiter avec elle à cause de tout ce qui se passe au Moon Dance en ce moment. C'est devenu mouvementé depuis qu'ils ont commencé les préparatifs de leur fête d'Halloween annuelle et les rénovations de l'endroit. Alors, ils se sont tous réunis pour en parler… et depuis la fermeture momentanée du Night Light, c'est devenu un genre de repaire pour tous les flics. Ils se sont dit que tu t'y sentirais comme chez toi.
Chad résista à la tentation de s'emporter contre les trois hommes, qui semblaient tous se liguer contre lui. Il commençait à se sentir comme un enfant assisté, mais à ce point de la situation, il était prêt à faire n'importe quoi pour sortir du château. Il aurait juré qu'ils l'auraient passé sous un microscope s'il l'avait accepté... c'était une sensation étrange pour ne pas dire plus. Il était le seul humain à résider dans ce château mais était le seul à être traité comme un monstre.
— Allez Trevor, je suis sûr qu'Evey s'ennuie. Elle peut nous emmener voir Envy et pendant que je discuterai avec ma sœur… peut-être pourrais-tu présenter Devon à ta très fascinante voiture, dit Chad avec un regard noir, avant de sortir du bureau comme une furie.
Trevor le regarda partir avant de se tourner vers Ren.
— Tu sais… si Evey ne me plaisait pas, je serais extrêmement remonté contre moi, à l'heure qu'il est.
Ren lui adressa un petit sourire moqueur.
— Sois sympa avec elle. Elle t'aime. »
Il éclata de rire quand Trevor leva les yeux au ciel avant de suivre Chad dehors.
*****
Angelica baissa les yeux sur l'entrée du métro avant de les lever vers le soleil, et se fit la réflexion que l'astre allait lui manquer étant donné sa descente sous terre imminente. Elle avait ressenti le besoin de s'éloigner du château... d'être seule un petit moment pour travailler. Syn s'était avéré un partenaire très utile cette dernière semaine... mais dans son propre intérêt, elle avait besoin de s'éloigner un peu de lui pour l'instant.
Quoiqu'elle devait bien reconnaître que les attentions de Syn lui étaient agréables, et quand elle s'était réveillée un peu plus tôt et qu'il ne s'était pas trouvé avec elle, elle l'avait cherché. En quelque sorte, on pouvait appeler cela une prise de conscience... elle n'avait jamais cherché la présence de personne de cette façon au cours de sa vie, et là... elle se languissait de lui.
Elle était suffisamment nerveuse à cause de cette tension sexuelle qui enflait de plus en plus entre eux... qu'elle développât par sa propre faute une dépendance envers lui et sa compagnie n'était vraiment pas ce qu'il lui fallait. Et comme si cela ne suffisait pas, elle avait fait un nouveau rêve juste avant son départ du château. Elle n'aurait pas dû laisser ce rêve devenir un sujet de préoccupation, mais puisqu'il s'agissait seulement du troisième rêve dans toute sa vie… cela la contrariait grandement.
En fait, les deux autres rêves avaient été des cauchemars ayant pour sujet une fillette démon effrayante et une ville en sang… mais pas celui-là. Elle y faisait l'amour... c'était comme si elle avait ouvert les yeux au beau milieu du rêve pour se retrouver allongée sous le corps d'un homme et sur un lit de mousse, et à regarder une cascade qui coulait dans un bassin situé à quelques centimètres à peine.
Tournant la tête pour voir l'homme profondément enfoui en elle... elle avait alors plongé dans le regard de Syn, avant de s'arracher à l'étreinte de ce rêve.
Incapable de totalement assumer les sensations que ce rêve lui avait procuré, elle s'était rendue dans le bureau de Ren pour y chercher ses cartes, et y localiser le point le plus fréquenté par les démons. Elle en avait également profité pour remplir un sac de voyage, tout à fait déterminée à se chercher une chambre d'hôtel pour la nuit et à se faufiler hors du château sans être vue. Juste pour une nuit... pour se rappeler qu'elle était mieux toute seule.
Jetant un autre coup d'œil par-dessus son épaule afin de s'assurer que personne ne la suivait, Angelica descendit les marches du métro dont les couloirs s'étendaient sous L.A. C'était l'un des endroits qu'elle avait le plus évités, craignant d'y croiser un éventuel ennemi prêt à lui sauter dessus. Mais Ren avait marqué ce secteur sur la carte comme une zone rouge et d'après ce qu'elle pouvait constater, il ne se situait pas dans la rue. Ce qui laissait en dernier choix un endroit où les démons avaient très bien pu prendre leurs quartiers... le souterrain.
La vue d'un colosse qui montait les marches dans sa direction l'inquiéta, et elle se déplaça légèrement vers le mur pour l'éviter. Cependant, l'homme devait être d'une humeur massacrante ce jour-là parce qu'il lui rentra dedans intentionnellement, lui faisant presque perdre l'équilibre et faire une chute dans l'escalier. Les passants tout autour d'eux ne semblaient rien remarquer de cette scène et elle devint d'autant plus perplexe quand l'un des policiers du métro s'approcha d'elle.
« Tout va bien, Mademoiselle ? s'inquiéta l'agent, qui se demandait si elle planait. Je vous ai vue vaciller et manquer de tomber... avez-vous besoin d'aide ?
Angelica devint d'autant plus songeuse et tourna la tête vers les marches, là où la brute lui était rentré dedans. Personne ne semblait le voir, mais les passants marchaient autour de lui comme s'ils prenaient tout de même sa présence en compte.
— Non, répondit-elle à voix basse, je vais bien. »
L'agent hocha la tête et continua son chemin, mais Angelica plissa les yeux pour mieux scruter la station faiblement éclairée. Syn lui avait appris à dissimuler son énergie pour que sa cible ne puisse à aucun moment se douter de sa venue. Si on considérait qu'un démon invisible venait de lui foncer dessus délibérément avant de continuer sa route... cela semblait tout à fait fonctionner.
Elle retomba dans ses pensées, en se demandant pourquoi elle possédait le don de voir clair comme le jour un démon grincheux quand les autres humains n'en étaient pas capables. Décidant de remettre à plus tard sa crise d'identité, Angelica réajusta la sangle de son sac sur son épaule et continua de descendre vers la source la plus importante d'activité démoniaque.
Michael se promenait à travers la ville, occupé à réfléchir au futur bal masqué du Moon Light. Il pensa brièvement à prendre un costume mais cette idée ne le séduisait pas franchement. Finalement, il se dit que la meilleure chose à faire était d'acheter un masque au Bouillon de Sorcière, de saupoudrer de poussière ses plus beaux vêtements du dix-septième siècle, et d'y aller en lui-même.
Il venait de tourner au coin de la rue quand il aperçut Angelica immobile devant la bouche du métro, le regard plongé dans l'entrée, sans Syn à ses côtés. Il l'observa qui leva des yeux pleins d'espoir vers le ciel lumineux avant de descendre les marches chichement éclairées.
Piqué par la curiosité, Michael la suivit discrètement dans l'escalier. Il ne craignait pas de se faire prendre parce que l'escalier qui les séparait était bondé… il pouvait s'entourer à volonté de pénombre pour se cacher à sa vue si elle décidait de se retourner. Michael sourit d'un air malicieux, regrettant de ne pas avoir possédé ce don étant enfant.
Il plissa les yeux d'un air méfiant à la vue d'un homme baraqué qui bouscula intentionnellement Angelica contre le mur avant de continuer son chemin. Il fut surpris par la rage subite qu'il éprouva face à ce spectacle. Reprenant son calme et respirant à fond, Michael continua sa progression et se mit carrément sur le chemin de l'homme. Quand l'homme de taille imposante fut devant lui, tous deux s'arrêtèrent pour se dévisager. Il se rappela soudain de quelque chose qu'il avait un jour vu faire à Damon sur un démon qui l'avait mis hors de lui.
« Où est le feu ? » demanda Michael avec un sourire glacial.
Le grand homme ouvrit la bouche, qui se révéla pleine de dents pourries et dont la vue faillit rendre Michael malade. Il tendit une main vers le démon et la posa au milieu de sa poitrine… sans le blesser, en se contentant simplement de le toucher. Il sourit d'un air narquois devant la confusion du démon.
« Jamais entendu parler de l'autocombustion spontanée ? poursuivit Michael avec curiosité avant de retirer sa main. Eh bien, si ce n'est pas le cas, apprêtes-toi à suivre un cours de rattrapage intensif. »
Michael recula et fut tout à coup hors de vue lorsque le démon baissa les yeux sur sa poitrine et se mit à hurler de souffrance. Les passants autour de lui se mirent à pousser des cris et à courir lorsque ses vêtements se mirent à fumer. En quelques secondes, le moindre centimètre de peau visible devint rouge avant de se couvrir de cloques et de griller comme les cendres d'un feu de camp.
Angelica marqua une pause avant de jeter un regard vers un coin de l'escalier, en entendant l'homme se mettre à hurler, puis se demanda ce qui avait bien pu arriver. C'était un démon, ça elle l'avait bien compris, mais qui l'avait attaqué aussi cruellement ? Angelica haussa un sourcil, regrettant en réalité de ne pas y avoir pensé la première, avant de se dire dans un soupir que cela était sûrement le fait d'un autre démon.
Avec un haussement d'épaules, elle continua de descendre les marches puis sourit froidement en entendant le craquement très reconnaissable d'os en train de brûler. Storm avait eu raison de dire que la plupart des démons se détruisaient entre eux. Angelica s'écarta précipitamment du passage quand plusieurs agents de sécurité du métro grimpèrent prestement l'escalier pour voir ce qui plongeait les usagers dans une telle panique.
Michael s'enroula dans les ombres et arriva en bas des marches, restant hors de vue alors qu'Angelica venait vers lui. Elle passa à côté de lui et il retint un sourire malicieux. Il ne savait pas ce qu'elle faisait là toute seule mais en vérité, il trouvait un certain amusement à suivre sa mère ainsi.
Il savait qu'Angelica ne se rappelait pas de lui, mais ses propres souvenirs la concernant étaient clairs comme de l'eau de roche… même son nom n'avait pas changé. C'était à cause d'elle qu'il n'avait jamais trouvé de femme à aimer... personne ne supportait la comparaison après la façon dont elle l'avait aimé, lui, mais aussi ce caractériel de Damon.
Pendant si longtemps il avait cru que le seul et véritable amour était celui d'une mère pour ses enfants. Jusqu'à ce que récemment, son entourage l'ait poussé à revoir cette théorie.
Angelica attendait sur le quai, occupée à observer les gens se mélanger et poursuivre leur vie. Voir un petit garçon à côté de sa mère se pencher pour la regarder en souriant lui rappela ce que Syn avait fait à l'hôpital. Elle rendit son sourire au petit garçon, regrettant de ne pas avoir le pouvoir de lui donner un repousse-démon puisque sa mère l'avait inconsciemment conduit dans le nid de démons qu'était devenu ce tunnel.
Elle grimaça en réalisant que ses pensées tournaient en rond… pour revenir se fixer sur Syn. Un peu d'humeur à prendre des risques, elle s'approcha de la glissière de sécurité qui empêchait les passagers de tomber sur les rails et se pencha légèrement au-dessus, pour regarder d'un côté puis de l'autre. En se tournant sur la gauche, elle suivit la balustrade jusqu'au bout de la vaste salle et se pencha un peu plus au-dessus de la rame pour regarder plus attentivement à l'intérieur du tunnel.
Elle ne vit que des ténèbres zébrées par les faibles lumières fluorescentes qui n'éclairaient qu'à quelques pas seulement autour d'eux. Ils étaient trop espacés les uns des autres pour être d'une aide quelconque. Son horreur des tunnels et de l'obscurité n'était un secret pour personne. En fait, elle aurait vraiment voulu que Zachary soit avec elle en cet instant. D'un simple geste de la main, il aurait pu éclairer tout ce qu'il voulait grâce à une flamme en suspens.
Quand au tout début de leur collaboration il avait fait apparaître de petites flammes juste pour frimer devant elle, elle l'avait surnommé sa petite luciole pendant des semaines. Elle sourit à ce souvenir. Au moins Zachary aurait-il pu trouver un certain amusement dans cette situation et c'était un partenaire sacrément plus sûr qu'un certain Dieu du Soleil qui la poussait à serrer les cuisses de frustration.
En dézippant le sac toujours calé sur son épaule, Angelica en extirpa un orbe de cristal de poche acquis à l'arsenal privé du château, avant de bondir dans l'allée qui traversait le tunnel.
Elle ne se retourna pas vers le quai… si elle l'avait fait, elle aurait vu Michael se glisser dans la pénombre pour la suivre à pas de loup.
Michael continua de suivre la progression d'Angelica dans le tunnel puis détourna le regard quand un train souterrain passa devant lui pour arriver devant le quai. Le courant d'air créé par son passage fit virevolter ses vêtements et ses cheveux autour de lui, et lui arriva simultanément aux narines une odeur de démons... de plusieurs démons.
Quand il reposa les yeux sur le tunnel, il vit Angelica s'arrêter pour regarder derrière elle. En plongeant dans l'obscurité, l'humeur de Michael s'assombrit aussi, alors qu'il déplorait sa position d'agent de l'EEP. Aucun fils digne de ce nom ne souhaiterait voir sa mère faire un métier aussi dangereux.
Percevant ce qui ressemblait à un grattement en-dessous lui, Michael s'arrêta et se pencha sur la rambarde pour voir les sombres recoins d'un étroit passage s'ouvrant juste sous la couche de bitume où il se tenait. Il plissa des yeux songeurs en se demandant quels monstres se tapissaient là, en bas.
En tournant à nouveau la tête vers le tunnel, Michael laissa échapper un sifflement agacé en n'y voyant pas Angelica. Avec toutes ces portes de service et ce passage, sans compter la présence de sous-tunnels sous celui-ci, il allait devoir se mettre en quête de la direction qu'elle avait empruntée.
Quand il accéléra l'allure, sa silhouette devint peu à peu floue, puis il ralentit en arrivant à une intersection divisée en quatre voies différentes.
« Syn », chuchota Michael, sentant venir le drame.
Il sentit Syn effleurer son esprit pour lui faire savoir qu'Angelica allait très bien et qu'elle était entre de bonnes mains. Il n'allait poser aucune question à son père à ce propos et faillit se demander comment Syn avait eu connaissance de sa présence en ces lieux. Ce qui aurait été une question stupide… Syn savait toujours où se trouvaient ses enfants.
Michael regarda tout à gauche en sentant l'aura de son père longer le tunnel obscur, et se sentit soulagé en sachant sa mère en sécurité. Ressentant la vibration provoquée par l'arrivée d'un autre train, il s'appuya contre le mur et plongea le regard dans le long train qui passait devant lui.
Affûtant sa vision, il distingua de brèves images de gens assis sur leurs sièges, puis il remarqua autre chose. Alors que chaque wagon passait distinctement devant lui... il y eut un laps de temps entre eux qui lui permit de voir l'autre côté de la double voie. Debout de l'autre côté, une femme lui renvoyait son regard, une femme dont les longs cheveux blond platine voletaient tout autour de son visage sous le courant d'air créé par le passage du train.
Michael ne fit plus attention aux passagers alors qu'il se concentrait uniquement sur elle. Elle était revêtue d'une chemise blanche trop grande pour elle qui flottait sous la pression de l'air. Il remarqua que les quatre premiers boutons de cette chemise étaient défaits et menaçaient d'exposer bien plus que son parfait décolleté.
Il baissa les yeux pour constater que la chemise lui arrivait à mi-cuisse, de même que le bord d'une jupe noire et plissée qui devait seulement couvrir deux centimètres de peau de plus que la chemise. Le bas du vêtement s'arrêtait là où commençaient de longues et jolies jambes. Relevant lentement les yeux sur son visage, Michael se demanda si elle l'avait envoûté. Même attifée comme un rat des rues, elle était la plus ravissante créature qu'il ait jamais vue.
Aurora avait été prise au dépourvu en sentant l'aura de ce pouvoir exploser près d'elle, et elle était sortie de sa cachette. Elle s'était préparée à un combat en pensant que peut-être l'un des maîtres démons avait repéré son odeur et se rapprochait d'elle. Elle était lasse de fuir les puissants... elle les avait fuis depuis qu'elle avait échappé à Samuel en passant par la craquelure dans le sol.
Elle n'était pas une lâche, pourtant… elle avait tué la plupart des démons croisés sur sa route mais d'autres la terrifiaient, alors elle avait passé pas mal de temps également à tenter d'avoir une longueur d'avance sur eux. Elle savait ce qui arriverait si elle se faisait capturer par le mauvais démon... Samuel lui avait appris cette leçon de façon très brutale.
Se concentrant sur l'âme qui alors lui faisait face, elle se sentit désappointée de n'y trouver aucun point de comparaison connu. Cette âme n'était pas humaine... ni démoniaque. Elle avait plutôt l'impression de fixer le soleil. Elle ouvrit la bouche en s'arrachant à la contemplation de l'âme étrangère et considéra avec stupeur l'homme dont les yeux étaient d'une étrange couleur améthyste.
Michael empoigna la rambarde, prêt à bondir par-dessus alors que la fin du train approchait. Peu importait la nature de cette inconnue... elle semblait perdue et seule et le fixait comme s'il était son sauveur.
Aurora laissa échapper un hoquet de surprise quand il apparut tout à coup à quelques centimètres devant elle, mais elle n'éprouvait toujours pas l'envie pressante de s'enfuir ou de se battre comme elle l'avait fait avec les démons. Elle leva lentement les yeux vers lui, son regard passant de sa bouche exquise aux plus beaux yeux qu'elle ait jamais vus.
« Tu ne devrais pas être ici… c'est dangereux, l'avertit Michael, qui s'efforçait de résœur à l'envie instinctive de tendre une main vers elle... de la sauver de ce qui l'avait toujours effrayée.
Le regard d'Aurora glissa de nouveau sur ses lèvres tandis qu'il lui parlait, puis elle fit un pas vers lui.
— Es-tu réel ? demanda-t-elle en tendant la main, désireuse de toucher son visage, avant d'hésiter. Puis-je te toucher ?
— Je l'espère », répondit Michael dans un souffle, chaque émotion en lui se tendant douloureusement avant d'exploser.
À la seconde où il caressa sa joue du bout des doigts, une émotion se dégagea de toutes les autres… il la désirait. La tête baissée, il captura ses lèvres dans un élan de désespoir.

Chapitre 2
Aurora huma le souffle tremblant de l'inconnu, et plongea les doigts dans sa chevelure soyeuse pour la lui empoigner et l'attirer à elle. Elle rejeta la tête en arrière quand l'homme passa un bras ferme autour de son corps pour l'attirer contre lui. Sa démonstration de force ne lui faisait pas peur... cela ne faisait que le rendre plus réel à ses yeux.
Michael les fit reculer jusqu'au mur en parpaing, dans un baiser de plus en plus passionné. Il sentait sans peine les renflements de ses seins contre son torse tandis qu'elle se mouvait en un rythme langoureux, mais rien n'était plus séduisant que les petits bruits qu'elle laissait tout contre ses lèvres.
L'espace d'une seconde, il se demanda si elle était de cette espèce de démon se nourrissant d'énergie sexuelle, avant de rejeter cette idée. En cet instant, il s'en contrefichait... si c'était là son désir, alors il la nourrirait autant de fois que nécessaire.
Tendant une main vers le haut de sa cuisse, il la souleva et empoigna ses deux jambes pour les nouer solidement autour de sa taille. Alors que sa main remontait pour passer sous sa jupe et la maintenir en équilibre, il haleta en sentant ses fesses nues dans le creux de ses mains.
Dans un grognement, Michael se tendit vers elle. Il n'aurait pu être plus dur tandis qu'il pressait son sexe contre celui de la jeune femme, dont la chaleur était perceptible à travers ses vêtements.
Toutes ces sensations nées d'un baiser aussi féroce enivraient Aurora, tout comme le fait de se retrouver dans les bras du seul Déchu qu'elle ait jamais rencontré. Faisant glisser ses doigts le long de son torse, elle s'émerveilla de découvrir des muscles saillants sous sa chemise. Dans sa précipitation, elle ne prit pas le temps de mettre à nu ce qui y était caché… sa véritable destination attendait plus bas.
Elle glissa une main entre leurs deux corps et saisit à pleine main le membre dur et gonflé qu'elle y dénicha. Elle le sentit pulser dans sa main impatiente, ce qui lui arracha un son rauque et étranglé. D'instinct, elle se servit de la prise qu'elle avait sur lui pour se hisser en hauteur et délivrer prestement son sexe énorme de la prison de son pantalon. Dans un geste fluide, elle l'accueillit à l'endroit désiré.
Michael s'arracha à leur baiser et plongea les yeux dans ceux d'Aurora tandis que la tête palpitante de son érection se dressait tout contre sa fente chaude et étroite. Cette étroitesse qui enchâssa et se pressa autour de son membre avec une lenteur perturbante à l'instant où il s'introduisit en elle lui coupa le souffle. Chacun soutint le regard de l'autre alors que la jeune femme se cramponnait aux épaules de son partenaire pour se redresser en s'appuyant des deux mains... et redescendre s'empaler sur lui.
L'air revint gonfler ses poumons languissants quand il projeta ses hanches vers elle et la pénétra plus profondément encore. Avait-elle la moindre idée de ce qu'elle était en train de lui faire ?
Après avoir fait un pas en avant, Michael la piégea contre le mur et enfouit son visage dans son cou quand ses crocs s'allongèrent subitement. Dans un grognement rauque tout contre son oreille, il la souleva... ce qui ne fit qu'encourager sa partenaire à se révolter contre cette soudaine distance qui lui était imposée et à se démener pour redescendre sur lui. Elle roula des hanches et se frotta contre lui, faisant voler en éclats le peu de contrôle qui restait à Michael.
Plaquant ses mains contre le mur et de chaque côté de la jeune femme, Michael et Aurora rendirent coup de reins pour coup de reins en ignorant superbement l'arrivée du train.
Fermant la bouche afin qu'elle ne puisse voir ses canines dénudées, Michael se recula et observa son extase tandis que le courant d'air créé par le passage du train souterrain faisait danser ses cheveux autour de son visage angélique, ses cris se mêlant au bruit tonitruant de la machine qui passait. Il la sentit pulser tout contre son membre pendant qu'elle jouissait, et il sut que la vision qu'il avait d'elle en cet instant resterait gravée pour toujours dans son esprit.
Aurora se pressa fort contre le mur, en laissant une main posée sur son épaule et tendant l'autre pour agripper un tuyau qui sortait du mur au-dessus de leurs têtes. Se servant de ce même tuyau pour prendre l'avantage, elle poussa de la main sur l'épaule de son amant et tira sur le tuyau de l'autre... forçant ainsi son amant à un rythme plus rapide et plus appuyé.
C'était différent de ces moments où Samuel était entré en elle. Cette fois, elle n'avait pas eu à se battre ni à perdre la première, ni n'avait été séduite au point de céder simplement pour satisfaire ce corps qui la trahissait.
En se frottant contre lui en dessous, des ondes d'une exquise douleur et d'un plaisir perturbant la saisirent et la poussèrent à se tendre contre lui. Le sentant pulser en elle comme entre ses doigts un peu plus tôt, cette incroyable sensation se décupla. Incapable de se retenir plus longtemps, elle rejeta la tête en arrière et poussa un cri, qui fut emporté par le passage du train rugissant.
Les lèvres de Michael glissèrent le long de son cou exposé, en renforçant le rythme qu'elle avait réclamé au début. Quand elle pressa sa peau plus fort contre ses lèvres, il s'écarta aussitôt avant de tenter le destin et remonta une main sous ses cheveux pour lui saisir l'arrière de la tête. Il la piégea de son autre bras, entravant ses mouvements pour ralentir le rythme, jusqu'à adopter un langoureux va-et-vient.
Après seulement deux coups de reins qui la mirent à la torture, elle se libéra de son étreinte et le chevaucha avec frénésie… le dominant complètement. Michael la sentit qui aspirait cette partie de lui profondément enfoncée en elle et poussa un grognement en essayant de se retenir. Quand elle se resserra autour de lui et l'attira vers le haut, il la retint et la fit redescendre sur lui pendant qu'elle jouissait.
Aurora rejeta la tête en arrière et se cambra... sans le moindre bruit cette fois alors qu'elle avait le souffle court et que la félicité surgissait pour la prendre toute entière.
Avant de pouvoir s'arrêter, Michael frappa… fondant sur elle tous crocs dehors, déchirant sa chair, en proie à un orgasme fulgurant et violent… libérant sa chaude semence au plus profond de l'antre secret.
Aurora tressaillit et ouvrit la bouche de surprise en sentant ses crocs entrer dans sa chair. Samuel avait déjà fait cela... se nourrir du pouvoir que contenait son sang. Son premier instinct fut de lutter, mais elle fut soudain inondée d'une multitude d'orgasmes fabuleux qui ne lui laissèrent pas le choix. Elle gémit sous la montée de tout ce plaisir étourdissant, comprenant enfin que ce n'était pas un Déchu.
Michael sentit leurs deux cœurs battre à l'unisson alors qu'il aspirait passionnément son essence de vie puis l'avalait. Il fut rapidement désorienté alors que son sang entrait en lui... libérant quelque chose dont il n'avait pas été conscient jusque là. Rétractant ses crocs, le bruit de leurs souffles laborieux emplit le silence vrombissant.
Aurora l'agrippa par le devant de sa chemise et se perdit dans ces yeux améthyste étincelants, se sentant trahie alors que le pouvoir de son amant s'amplifiait. Ayant peine à croire ce qui était en train de se produire, elle rassembla toutes ses forces pour le repousser en arrière, et se remit sur ses pieds quand il traversa la rambarde au lieu de passer par-dessus.
Elle referma les doigts sur le bout de tissu qu'elle avait arraché à la chemise de Michael et son regard se tourna brusquement sur la gauche en sentant un pouvoir plus grand s'approcher d'eux à une allure rapide et menaçante. Dans un sanglot qui se perdit en échos tout autour d'elle, elle sentit monter les pulsations suite à l'orgasme qu'elle ne s'était pas donné assez de temps pour atteindre.
Michael heurta si fort la ligne électrifiée que, pendant un instant, il resta simplement étendu là, toujours sous l'influence des effets causés par le sang d'Aurora. Le courant électrique n'était rien pour lui... cela ne faisait qu'ajouter au bourdonnement erratique qu'il entendait déjà. Le monde autour de lui pulsait du battement de son propre cœur quand il s'assit puis se remit lentement sur ses pieds.
Reposant les yeux sur la rambarde brisée, il gronda en ne voyant plus la jeune femme. Après avoir effectué un cercle complet sur lui-même, son grognement s'accentua en ne la voyant nulle part.
« Non », rugit Michael en serrant les poings, ne comprenant pas ce qui venait d'arriver et n'aimant pas du tout ce qui continuait de se produire.
Remontant lentement du regard le chemin qu'il avait suivi, Michael sentit une brève attraction dans cette direction et partit aussi vite qu'il le pouvait. Se nimbant dans les ténèbres des alentours, il passa à côté des mortels à la station et remonta les marches jusqu'à se retrouver dans les derniers rayons de soleil de la journée.
Michael suffoqua aussitôt sous une douleur fulgurante, et il lui fallut un moment pour comprendre que c'était à cause du soleil. Luttant contre elle, il tendit une main vers son cou pour y tâter le collier dans un instant d'égarement, puis émit un nouveau grondement de colère en ne le trouvant pas à sa place habituelle.
Protégeant ses yeux fragiles du soleil, il recula pour retourner à la sécurité du souterrain et s'appuya contre un mur en priant pour que le monde cesse de tourner un fichu instant afin de réussir à penser clairement. Ce n'était pas le soleil qui lui avait fait cela... c'était le sang de cette inconnue.
Lançant un autre coup d'œil vers la sortie, il se demanda si elle avait compris ce qu'était son bijou et si elle le lui avait volé pour l'empêcher de la suivre.
Ayant sorti son portable de sa poche, Michael jeta un regard furieux à l'objet quand celui-ci craqua dans sa main crispée de rage. Incrédule, il se dit qu'il avait peut-être besoin de se calmer et d'attendre que le soleil se couche. Retournant à l'endroit de ses ébats avec l'inconnue, il chercha autour de lui le moindre indice susceptible d'indiquer d'où elle venait pour être apparue là aussi subitement.
L'intersection partait dans cinq directions mais seulement deux d'entre elles allaient de ce côté. Sans trouver la moindre preuve de son existence, il empoigna la rambarde, pour se laisser aller à la colère qui le dominait. L'arrachant au sol en bitume, il l'envoya valser dans l'un des tunnels avec une telle violence que quand le projectile finit par trouver une cible où s'écraser, l'écho qui en résulta fut à peine un murmure. Comment osait-elle lui faire ça avant de disparaître comme un fantôme ?
Sentant son pouvoir vibrer de façon perturbante, il leva les yeux pour distinguer une lumière scintillante au bout de l'un des deux tunnels. Il n'y avait pas qu'une seule lumière clignotante... mais plusieurs, et elles arrivaient sur lui en vague.
Les yeux de Michael brillèrent de leur éclat améthyste et il sortit les crocs au moment où une masse ténèbreuse le plaquait précisément à l'endroit du mur où il venait de faire l'amour, avant qu'une main puissante ne se referme sur sa gorge.
Les traits de Samuel se déformèrent sur un rictus digne de ce nom alors qu'il scrutait l'homme qu'il clouait au mur. Très vite, il éprouva de la curiosité à son sujet étant donné qu'il se servait de toute sa force pour seulement l'immobiliser. Il avait suivi Aurora depuis le moment où elle s'était faufilée par la craquelure dans le sol, et à chaque fois qu'il la rattrapait, elle le maintenait à distance avec son fichu poignard avant de s'enfuir derechef. Elle n'avait pas été capable d'invoquer la dague dans le monde des démons, mais revenir dans ce monde-ci avait en quelque sorte débloqué le pouvoir de l'artefact.
Maintenant, elle semblait avoir choisi une autre tactique pour l'éviter... se cacher sur le territoire d'autres maîtres démons continuant de se battre entre eux. Ce qui n'avait laissé d'autre choix à Samuel que de l'aider à tuer les démons qui l'approchaient dans l'éventualité où l'un d'entre eux se montrerait assez fort pour la clamer comme sienne.
Il tourna ses yeux sombres et étrécis de colère sur ce qu'il pensait être un maître vampire... celui-là même qui respirait le sang et le sexe d'Aurora.
— Je vois que tu as trouvé mon Aurora, lança Samuel en humant l'odeur de sexe torride encore perceptible sur l'autre, et qui sentait sa jalousie ravivée par l'afflux de ses propres souvenirs.
Ce qu'il voulait savoir en cet instant, c'était comment cet homme-là avait réussi à échapper à la lame d'Aurora.
— Je peux encore sentir son odeur sur toi, fit-il observer.
Michael esquissa un sourire narquois, remerciant secrètement le démon de lui apprendre le nom de la femme qui venait de lui échapper. Sentant la jalousie faire surface, il répondit froidement :
— On n'aurait pas dit ton Aurora il y a quelques minutes, quand j'étais profondément en elle.
Samuel baissa les paupières pour masquer ses intentions les plus sombres.
— Tu crois que tu peux me remplacer en lui faisant l'amour une seule fois ? Elle fut mienne pendant un millénaire et un coup vite fait dans les égouts ne brisera pas l'emprise que j'ai sur son corps souple.
Michael sentit monter une rage indéniable en lui tandis que la vision d'Aurora allongée sous ce démon s'imposait dans son esprit. On lui avait appris que c'était un péché de s'interposer entre un homme et sa partenaire, mais celui-ci n'était pas un homme et c'était le cadet de ses soucis à ce moment-là.
Samuel se raidit lorsque les yeux de l'autre brillèrent soudain d'une lueur hostile et qu'un pouvoir auquel il n'était guère familier lui piqua la main là où ils se touchaient. Ç'aurait été une erreur de laisser paraître cette seule et unique frayeur qu'il lui inspirait.
Se penchant en avant, Samuel sourit d'un air cruel et inventa un mensonge :
— Puisqu'elle est si impressionnée par toi, pourquoi t'a-t-elle laissé en plan pour venir me retrouver ?
Il réalisa son erreur quand le tunnel se mit à vibrer sous ses pieds avant de comprendre qu'il avait les yeux posés sur la cause du tremblement de terre en question.
La peau de Michael fut assaillie de picotements comme lors de la décharge électrique quelques instants plus tôt… et il aimait ça. En entendant le grondement d'un train qui se rapprochait, Michael gratifia le démon d'un sourire à faire froid dans le dos avant de le pousser brusquement en arrière. Le démon le lâcha immédiatement et le sourire de Michael devint plus diabolique encore quand le démon atterrit contre la rambarde puis sur le passage du train.
Le train heurta le démon de plein fouet, mais en un millième de seconde, Michael remarqua que le démon s'était retourné puis accroché au train comme pour se laisser conduire. Avant de pouvoir le suivre et de lui régler son compte, Michael sentit la terre trembler autour de lui et s'écarta juste au moment où un morceau de bitume venait s'écraser à côté de lui.
Tout en l'ignorant, il tourna lentement son regard furieux dans la direction vers laquelle le train emportait le démon. Le monde pouvait bien s'écrouler, il n'en avait cure... tant qu'il n'aurait pas d'abord vidé cet enfoiré de chaque goutte de son sang. Se déplaçant plus vite que le train, il le heurta sur le côté avec une telle force que la machine alla rouler sur les rails.
Avant de réussir à grimper jusqu'au toit, Michael reçut un coup dans le dos et lutta contre la douleur atroce qui l'envahissait, tout en essayant de désarçonner la chose qui était sur son dos.
Syn avait senti le soleil toucher la peau de Michael puis remonté ce lien avant de se rapprocher très vite de la position de son fils. Il arriva juste à temps pour voir Michael attaquer le train souterrain et le sourire sinistre sur les lèvres de son fils apprit à Syn ce qu'il avait besoin de savoir... Michael venait d'atteindre son véritable pouvoir et ne le maîtrisait pas très bien.
Arrivant derrière Michael, Syn arracha une autre pierre de sang de son brassard et plongea le poing dans le dos de Michael, lui faisant traverser chair et sang. Il maintint son fils fermement alors qu'il insérait la pierre de sang derrière son cœur, comme Michael l'avait fait un jour avec Kane.
Le tunnel autour d'eux se mit à vibrer sous l'effet de la rage de Michael, et Syn sut que tout allait bientôt s'effondrer s'il n'intervenait pas rapidement. Calant ses pieds contre le flanc du train, il poussa en emmenant Michael avec lui. En essayant de l'étourdir pour mieux le soumettre, Syn envoya Michael dans le mur assez violemment pour laisser un impact, mais Michael continuait de lutter aveuglément contre lui.
Sentant que cette rage ne faisait que gagner en intensité, Syn soupira d'un air las avant de saisir Michael par le cou... et de le lui tordre.
Il s'empara du corps mou de Michael et le souleva doucement entre ses bras. Faisant quelques pas jusqu'à une niche dissimulée presque entièrement dans l'obscurité, Syn porta Michael jusqu'au local électrique le plus proche et en força la porte. Il étendit Michael sur le sol et le couva un moment du regard avant de le laisser là.
Refermant la porte derrière lui, il se retourna et y posa la paume de la main pour en faire un bouclier anti-démons et faire en sorte que son fils ne soit pas dérangé. Il ne pouvait se permettre d'aider Michael à guérir... le temps qu'il lui faudrait pour guérir était nécessaire pour que ce type de rage disparaisse.
Il sourit avec malice, en comprenant que la Déchue avait fait suer Michael, puis devint rêveur en tournant la tête dans la direction qu'avait prise Angelica. Il n'y avait pas que Michael que l'on faisait suer.
*****
Shadow restait cachée dans sa prison de fortune au sein du labyrinthe que le Rôdeur de l'Ombre nommait monde des esprits. Elle était peut-être piégée ici, dans cette autre dimension, mais cela ne signifiait pas qu'elle devait représenter une cible pour Deth ou pour la horde de démons qu'il y avait ramenée avec lui, et dont elle ne voulait pas attirer l'attention.
Le monde des vivants lui manquait, celui-là même qui attendait quelque part en cet instant, de l'autre côté de la mince paroi dimensionnelle séparant les deux mondes. Franchir ce mur était assez douloureux mais elle se serait empressée de le faire si Deth l'y avait autorisée. Le problème étant… qu'il ne l'avait jamais permis.
Elle observa Deth qui, une fois encore, donnait de son sang à Myra. Cela faisait partie du marché qu'il avait passé avec cette femme avant de la tuer dans le monde des mortels. Comme promis, il avait ressuscité Myra, mais cela s'était révélé un processus pénible en raison de la jalousie du démon, qui avait exigé d'être le seul à la nourrir.
Le seul avantage que cette femme possédait, c'était que sa mort ne datait que de deux heures. Cette résurrection n'était rien en comparaison du processus qu'un zombie devait suivre pour reprendre forme humaine après avoir été enterré pendant des années ou même des siècles. Shadow soupira d'ennui, en se disant qu'il devait être plus amusant de regarder l'herbe pousser.
Aux yeux de Shadow, les démons stupides méritaient des humains stupides. Elle avait assisté au déroulement de ce pacte… des deux pactes. Celui que Deth avait scellé avec Myra quand elle avait donné naissance à l'enfant au sang-mêlé, et celui que Myra avait scellé avec Deth qui permettait à ce dernier d'obtenir au moins l'une des deux choses qu'il souhaitait.
Obtenir seulement la moitié de ce qu'il désirait ne rendait jamais un démon heureux. Au lieu de voir le verre à moitié plein, Deth le voyait toujours à moitié vide.
Shadow se rappela que Deth et Myra avaient commencé par résister plutôt violemment à cette époque. Myra avait passé une grande partie de son temps à fuir les conséquences de son erreur, mais n'avait jamais été capable de distancer le démon qui avait saisi son odeur. Plus Myra lui avait résisté, plus Deth l'avait désirée.
Shadow secoua la tête une fois de plus en concluant qu'humains et démons avaient bien plus en commun que ce que la plupart des gens pensaient. Se lassant progressivement de cette guerre entre eux, Myra avait fini par cesser de fuir et proposé un marché à Deth.
Le premier pacte avait consisté à faire de Myra son amante autant de fois qu'il le désirerait, et aussi longtemps qu'il resterait éloigné de l'enfant. Deth s'était trouvé sous l'influence de la soif charnelle de Myra quand il avait accepté cet accord. Tel un homme pensant avec la mauvaise tête.
Le second pacte s'était avéré intéressant, cependant. Deth avait menacé Myra sur le fait que s'il ne pouvait surveiller Tiara ou seulement la voir, il enverrait quelqu'un à sa place... leur marché ne l'interdisait pas. Myra avait alors paniqué et tenté de passer un autre marché avec son amant démon. Il était fascinant de constater qu'elle n'avait jamais appris à ne pas faire confiance à un démon, quoiqu'elle avait plus mûrement réfléchi à leur dernier pacte.
Myra avait accepté d'entrer dans ce monde ravagé et oublié des démons et de laisser Deth la faire revivre de ce côté-là, à la condition que Deth y restât avec elle. Shadow savait que c'était le dernier détail permettant à Myra de s'assurer que Deth ne touche jamais à un cheveu de Tiara, “la petite princesse”.
Elle supposait que Myra ressentait un peu d'amour envers Deth mais ce n'était pas cela qui l'avait poussée à passer ce marché... si Myra avait été assez puissante, Deth aurait trouvé la mort avant la conclusion du premier pacte.
Deth s'était montré plus avisé lui aussi cette fois-là, et avait revu le marché avant d'y consentir. Il avait fait en sorte que Tiara ait le protecteur qu'il voulait voir à ses côtés en prenant l'anneau d'alliance de Shadow et en le clonant avec son sang de Rôdeuse de l'Ombre. Comme clause du marché, Deth en porterait la copie et Tiara choisirait un mortel pour porter l'original à son doigt pour que son père puisse profiter du sort de fixation.
Shadow connaissait mieux que personne les secrets que contenait cet anneau égyptien. Elle devint songeuse en pensant à l'humain qui se retrouvait à présent prisonnier du petit jeu de Deth en portant cet anneau.
Les anneaux formaient la véritable connexion entre Deth et sa fille. Deth pouvait garder un œil sur elle pour lui et Myra par cet intermédiaire. Si Tiara devait un jour croiser la route d'un ennemi, alors l'anneau l'alerterait et il serait autorisé à rester vingt-quatre heures de l'autre côté pour porter secours à sa fille avant que le pacte ne le ramène de nouveau à son monde.
Myra avait été stupide d'accepter le marché en ces termes. Si Deth était autorisé à aller là-bas, alors il trouverait un moyen de ramener Tiara avec lui. Ce qu'il n'avait pas dit à Myra, c'était que l'anneau lui donnait aussi un peu de pouvoir sur la personne qui portait l'anneau. Du moins assez de pouvoir pour pousser cette même personne à rester auprès de Tiara, si Deth le désirait.
Elle regarda Deth se retourner une fois encore pour fixer l'anneau du regard. Elle se demanda combien de temps cela lui prendrait pour décider d'envoyer un démon après sa propre fille juste pour la blesser afin qu'il puisse récupérer ce qui lui appartenait. Elle connaissait Deth, et ce depuis si longtemps qu'elle en avait perdu le compte. Il aimait peut-être Myra et Tiara à sa façon, mais il était assez maléfique pour les détruire toutes les deux sans éprouver bien des scrupules.
Un démon qui vous haïssait était une chose… mais un démon aussi puissant que Deth qui vous aimait réservait un destin bien pire. Myra n'avait pas compris qu'en acceptant d'être ressuscitée grâce au sang de Deth, elle ne pourrait le battre comme elle l'avait fait dans le monde mortel. Elle deviendrait essentiellement un pantin obéissant et bon à manipuler pour Deth. L'âme de Myra était la seule chose que Deth ne lui eût pas dérobée.
Shadow baissa les yeux sur les marques à l'intérieur de ses poignets et se surprit à regretter que Deth lui ait ramené son âme après l'avoir liée à lui comme son Rôdeur de l'Ombre à l'aide d'un sortilège. Si elle avait manqué d'une âme, au moins le vide que cette absence aurait laissé l'aurait-il préservée de cet ennui mortel qu'elle ressentait.
Elle laissa retomber ses bras en se disant que cela n'avait pas d'importance. Aussi longtemps que Deth le souhaitait, elle était tout aussi prisonnière de ce monde que Myra. À présent, elle attendait que Deth change d'avis sur le temps qu'il mettrait à tuer sa fille.
Deth écarta lentement sa poitrine nue des lèvres de Myra et se leva du lit, ne prenant pas garde le moins du monde à sa propre nudité. Il avait érigé cet endroit entre les dimensions de nombreux siècles plus tôt, le dirigeant à son niveau le plus haut à l'aide d'une armée intouchable… constituée de milliers d'âmes sous ses commandes.
À l'instar de sa belle Myra, c'était un nécromancien, mais il préférait soumettre les âmes qu'il attirait à lui à l'esclavage plutôt que de les guider dans l'au-delà.
Ces mêmes âmes faisaient cercle autour de sa magnifique propriété, et réclamaient à grands cris leur délivrance... mais Deth ne lâchait jamais rien une fois devenu le propriétaire de quelque chose. Il savait que Myra ne l'aimait pas vraiment, et ne s'inquiétait pas vraiment que ce soit ou non le cas. Elle était à lui et c'était tout ce qui comptait à ses yeux.
Il contempla le ciel gris par la fenêtre de sa chambre en enfilant une lourde robe de chambre en brocart. Il s'était peu à peu lassé du monde. Puisqu'il ne restait rien à combattre, même le fait de voler des âmes ne possédait plus aucun charme à ses yeux. Il se languissait du monde des démons de ses souvenirs et du frère qu'il avait perdu il y avait si longtemps.
Craven était né de la même mère seulement quelques instants après s'être sorti de son ventre à coups de griffes… mais ils ne se ressemblaient pas. Craven n'avait pas eu la force de s'occuper de la guerre qui avait fait rage en ce temps-là et y avait succombé... attiré dans la craquelure entre les mondes et piégé de l'autre côté. Quelle faiblesse chez cet enfant qui avait succombé si rapidement.
La première fois qu'il avait vu Myra, le besoin de l'avoir s'était imposé… sa puissance sur les âmes l'avait appelé vers elle, lui rappelant ainsi le goût de la puissance de son frère. C'était un goût léger, mais sensuel et séduisant de par sa nature même.
Après l'avoir épiée dans les ténèbres, Deth s'était senti attiré par sa soif charnelle. Pour des raisons qui lui échappaient, il avait éprouvé de la jalousie quand elle s'était tournée vers ces faibles mortels pour satisfaire son manque. C'était là une des raisons qui l'avait poussé à les arracher tous deux au monde des mortels... il savait qu'elle aurait trouvé un moyen de lui échapper s'il ne l'avait pas emmenée loin des regards indiscrets.
Deth se concentra sur l'anneau et ressentit la liesse de Tiara. À cette sensation de bonheur chez sa fille, ses yeux se mirent à rougeoyer et il envoya son poing, l'anneau en premier, dans l'une des nombreuses représentations peintes de Tiara que Deth avait enlevées à Myra au fil des années. Myra s'était échinée à le tenir éloigné de Tiara et maintenant, le bonheur de l'enfant représentait une barrière indésirable pour son père.
Si Tiara s'était contentée de souffrir, il aurait pu venir à elle. Il laissa son regard errer sur toutes les peintures mettant en scène sa fille souriante, avant de le tourner vers le lit où Myra reposait. Il avait piégé l'âme de son amante dans ce corps afin qu'elle ne puisse jamais le quitter et il ferait de même avec Tiara.
Shadow se raidit en écoutant les pensées de Deth et surprit le sourire démoniaque qui étira les lèvres de ce dernier. Elle savait qu'il allait finir par se rendre compte de sa présence, quelque chose qu'il n'avait pas fait depuis leur entrée dans cette dimension et qu'il ne referait sûrement jamais si elle faisait ce qu'il désirait.
« Shadow, appela Deth en invoquant sa Rôdeuse de l'Ombre.
En voyant la longue chevelure noire et le corps jeune et souple de la demoiselle égyptienne qui apparut devant lui, il comprit qu'il venait de trouver le moyen d'effacer tout sourire des lèvres de sa fille.
— Voulez-vous que je la tue ? demanda Shadow en tournant un regard pensif sur son maître.
Les yeux de Deth tournèrent de nouveau à un rouge infernal alors qu'il levait la main porteuse de l'anneau en l'air et frappait Shadow au visage.
— Qu'est-ce qui te fait croire que je te donnerai cette satisfaction ? Ce sera moi qui mettrai fin à sa vie, répliqua Deth dont la voix était à peine plus qu'un sifflement rageur. Ses yeux reprirent leur couleur habituelle comme si elle n'avait jamais changé et il lui prit le menton entre les doigts pour regarder le visage qui s'était détourné de lui. Tu iras trouver ma fille pour détruire tout ce qui la rend heureuse, ordonna-t-il.
Shadow garda la face pendant que Deth invoquait une petite armée de serviteurs malveillants, et leur ordonnait de non seulement la surveiller, mais aussi d'obéir au moindre de ses ordres. Elle acquiesça, impatiente d'éprouver la douleur que provoquait le passage à travers le mur entre dimensions. Elle le ferait et bien plus encore si cela lui permettait de demeurer quelques jours loin de lui.
Deth regarda Shadow pénétrer dans son monde à elle et sourit lorsque ses sbires lui emboîtèrent le pas. Tournant son attention vers l'anneau à son propre doigt, il entra dans la lumière qui se déversait par la fenêtre pour admirer le bijou. Il pencha la tête sur le côté en ressentant non seulement le plaisir de Tiara mais également la frustration du porteur de l'anneau.
« Tu la veux », chuchota Deth, sa voix telle une caresse doucereuse.
Il fit tourner l'anneau sur son doigt, et un autre sourire aux lèvres, psalmodia silencieusement les incantations runiques qui y étaient inscrites. L'anneau se mit à briller d'un éclat rouge comme la colère et de petites flammes surgirent de l'inscription, soulignant ainsi les mots au fur et à mesure qu'il les récitait.
« Tu devrais l'avoir… ainsi que tout ce qu'elle a à offrir, lui assura Deth. Tout ce que tu as à faire, c'est de tuer tout obstacle qui se dressera sur ton chemin. »

Chapitre 3
Chad punissait toujours Trevor de son silence quand tous deux arrivèrent au parking du Moon Dance. Evey seule avait réussi à lui arracher un mot, et Trevor commençait à se sentir un peu exclu. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas que Chad vive seul. Seigneur, même lui comprenait ce besoin d'intimité.
L'idée de voir Chad retourner à cet appartement pour que son tueur exécute son « meurtre, 2 ème partie » était ce qu'il redoutait le plus. Personne n'y était la dernière fois, jusqu'au moment fatal… et il ne voulait pas revivre le moins du monde la scène de la mort de Chad. Une seule fois avait suffi.
Trevor soupira quand Chad sortit de la voiture sans dire un mot et fonça vers l'entrée du night-club.
« Eh, attends une minute, l'interpella Trevor en claquant la portière d'Evey un peu trop fort.
Super, maintenant il se sentait coupable envers deux de ses amis.
— Quoi ? grogna Chad sans prendre la peine de se retourner.
— Allez, mec, dit Trevor en rattrapant son ami pour lui poser une main sur l'épaule. Ce n'est pas nous qui nous liguons contre toi. Nous voulons simplement nous assurer que cette chose ou personne qui t'a tué ne puisse recommencer.
— Donc tu fais ça en m'ôtant toute liberté ? rétorqua Chad avec un regard dur.
Trevor secoua la tête pour protester.
— Tu ne t'es pas vu étendu mort dans une mare de ton propre sang... une scène que je ne veux plus jamais revoir. Je sais que tu parles et marches comme tout un chacun en ce moment, mais cela n'enlève rien au fait qu'un connard t'a planté un couteau dans le cœur et l'a fait cesser de battre.
— Pourquoi t'en préoccupes-tu autant ? lui demanda Chad avec curiosité.
— Tu sais, l'autre jour tu m'as demandé comment je parvenais à maîtriser mes émotions lorsque de bons policiers mouraient dans les rues. Tu te souviens de ma réponse ? lui rappela Trevor en se passant une main dans les cheveux, car il regrettait les propos qu'il avait tenus ce jour-là.
Chad devint songeur.
— Ouais, tu as dit qu'à force tu étais devenu immunisé contre ce genre d'événements ou un truc comme ça.
Trevor le regarda droit dans les yeux.
— J'ai menti.
— Tu quoi ? releva Chad en se rappelant avoir frappé Trevor au visage pour ces propos.
Il ressentit soudain l'envie pressante de le refaire mais y réfléchit plus sérieusement cette fois. Il resta éberlué face à la confession de son ami pendant quelques secondes, sans rien dire, après que Trevor l'ait contourné pour entrer dans le night-club.
— Tu viens, ou tu vas rester planté là toute la journée ? lui demanda Trevor par-dessus son épaule, qui respirait bien mieux maintenant qu'un poids lui avait été enlevé.
— Ouais, j'arrive, marmonna Chad, qui se sentait comme un parfait imbécile après s'être comporté comme un enfant gâté toute la journée.
Trevor l'arrêta avant qu'ils n'entrent à l'intérieur, désireux de détendre l'atmosphère.
— J'ai une réputation à tenir… si ça ne t'ennuie pas.
Chad agita la main.
— Ouais, ouais, je sais… il ne faut pas te donner l'air d'une mauviette, bien que ce soit une idée ô combien tentante. »
Trevor dressa le poing dans un grognement, et Chad le dépassa prestement en riant pour se précipiter à l'intérieur du Moon Dance. C’était rassurant de voir Chad faire un effort pour avoir de nouveau le sourire. Ce garçon détestait vraiment être le centre de l'attention générale, mais c'était tout ce qu'il méritait après avoir réussi à se faire tuer et à plonger tout le monde dans la panique.
Quand Trevor entendit Envy pousser un cri et Chad un grognement bruyant, il ouvrit la porte avec curiosité avant d'entrer dans le bâtiment. Un sourire malicieux lui monta aux lèvres quand il vit Chad étendu sur le bar avec une Envy extatique collée à lui comme une lingette.
« C'est tellement bon de te voir, s'écria Envy d'une voix perçante.
Les yeux de Chad s'arrondirent sous la force de son câlin.
— Envy, dit-il d'une voix rauque pour rire, peux plus... respirer.
Il y eut quelques rires étouffés et ricanements devant la démonstration d'affection d'Envy devant le retour de son frère tout juste ressuscité, ce dont ils ne pouvaient l'en blâmer.
— Désolée, dit Envy avec un petit rire avant de lâcher Chad, pour sourire à Trevor.
Il détourna rapidement le regard et elle comprit la raison de cette réserve en sentant le bras de Devon se refermer autour d'elle.
Trevor regarda autour de lui tous les préparatifs en cours pour Halloween. Le night-club avait déjà distribué des flyers pour annoncer la grande réouverture et tout devait être prêt. Ils avaient changé d'avis concernant l'idée de faire une soirée privée d'Halloween, choisissant de faire le lancement de leur night-club en plus grand et amélioré.
— Alors, qu'est-ce qui se passe ? s'enquit Envy.
— Chad ne restera pas au château et il refuse de séjourner au Night Light, annonça Trevor, ce qui lui valut un regard furieux de la part de Chad.
Le visage d'Envy s'assombrit, dévoilant par ailleurs son inquiétude.
— Pourquoi pas ? Tu ne peux plus rester tout seul.
L'expression de Chad se fit maussade quand il se tourna vers sa sœur.
— Je suis un grand garçon, Envy, mais je ne suis pas encore prêt pour la maison de repos. Que je reste seul ou non ne devrait pas avoir d'importance. Si ce qui m'a attaqué veut me retrouver, alors il ou elle n'y verra aucun obstacle.
— Ou la chose, intervint Devon en se joignant à la conversation avant de lui tendre la main. Bon retour dans le monde des vivants, ajouta-t-il en guise d'accueil.
Chad lui serra la main.
— Ouais, je voudrais simplement réussir à vivre en toute liberté.
Il poussa un soupir en remarquant que Trevor et Devon s'ignoraient superbement l'un et l'autre.
Envy afficha un visage soucieux.
— Mais pourquoi ne pourrais-tu habiter au Night Light ? C'est l'endroit parfait. Personne ne passe ces portes sans que deux douzaines de loups-garous ne vous sautent à la gorge.
— Je ne me sentirai pas à l'aise là-bas, répondit Chad avec sincérité. Si je le devais, j'aménagerais un espace sieste dans l'une des cellules de prison les plus privées du commissariat.
— Tu veux dire au Trou, répliqua Trevor avec une grimace.
Chad haussa les épaules.
— Au moins, je serai en sécurité et sous une surveillance constante… ce que vous souhaitez tous, apparemment.
— Ce n'est pas comme ça, Chad, dit Envy tristement. Nous sommes ta famille… tes amis. Nous voulons simplement être sûrs qu'il ne t'arrive plus rien.
Trevor se passa une main dans ses cheveux blonds alors que la tristesse d'Envy lui faisait l'effet d'une claque.
— D'accord, j'en ai ma claque de ces conneries. Chad, tu peux emménager chez moi… j'ai plus qu'assez d'espace et j'y suis rarement. Tu seras pratiquement seul sauf quand je passerai te voir de temps en temps. Le système d'alarme est l'un des meilleurs qui soit et c'est beaucoup plus agréable que le Trou.
Chad le considéra d'un air étonné. Il n'y avait même pas pensé et le fait que Trevor l'ait proposé ne devait pas être pris à la légère puisque tous savaient à quel point Trevor chérissait son intimité.
— Parfait, dit doucement Chad, qui en réalité appréciait cette idée. Nous irons chercher mes affaires et j'emménagerai plus tard dans la journée avec toi. Mais, continua-t-il, je garde mon appartement. Comme ça quand je souhaiterai prendre un peu de temps pour moi, j'aurai un endroit de repli où aller.
— Trop tard, intervint Envy sans avoir l'air de se sentir coupable. J'ai annulé le bail de l'appartement hier et toutes nos affaires sont maintenant stockées. Elle haussa les épaules face au regard que Chad lui adressa et releva le menton d'un air de défi. Quoi ? Mon nom était aussi sur ce contrat.
— Peu importe, céda Chad, en décidant de laisser tomber.
Trevor acquiesça et donna une claque sur l'épaule de Chad.
— Bon, vois les choses du bon côté… au moins elle n'a pas brûlé la maison et tu n'auras pas à l'arrêter pour ça. Je prendrais ce que je peux si j'étais toi. Il lança un regard à Envy juste à temps pour lire un sentiment de soulagement dans ses yeux, et comprit qu'il venait de la rendre très heureuse.
— Allez, dit Envy avec excitation, tu vas voir ce que nous avons fait du night-club jusqu'ici. C'est beaucoup plus grand qu'avant.
Chad sourit patiemment à Envy et la laissa le traîner d'un bout à l'autre du night-club. Trevor suivit à quelques pas derrière eux, englobant du regard les nouvelles décorations et souriant devant les nombreuses citrouilles phosphorescentes posées par terre le long des murs.
Warren se tenait sur l'échafaudage, pendu la tête en bas à côté de la boule à facettes, occupé à y fixer quelque chose.
— Allez-y, lança-t-il après s'être remis debout.
Les lumières s'éteignirent et la boule à facettes s'illumina. Trevor haussa un sourcil tandis que la lumière de la boule dansait sur le sol et les murs. Des centaines de sorcières, de squelettes, et de chats noirs avec le dos rond donnaient l'impression de bondir d'ombre en ombre.
— Ça a l'air super, frérot, lança Devon tout fort.
— Tu n'as pas oublié de commander des fumigènes au Brouet de la Sorcière ? lui demanda Warren.
Devon lui répondit en levant le pouce.
— Ça arrivera demain matin. Nick a proposé d'aller les chercher pour nous.
— Il est Vivant !
Chad hurla quand il fut brusquement tiré en arrière et qu'on le fit tourner dans les airs. Quand ses pieds retrouvèrent le sol, il dut s'agripper à la rambarde pour garder l'équilibre. En regardant par-dessus son épaule, il aperçut Nick.
— Nick, le sermonna Envy. Ne fais pas ça.
— Pourquoi non ? demanda Nick avec un petit sourire narquois. C'est la période idéale pour vous donner la frousse. En plus, ce n'est pas tous les jours que je vois quelqu'un qui joue les trompe-la-mort. Je vais aussi avoir mon câlin.
Chad avait retrouvé assez de contenance pour battre des cils à l'intention de Nick.
— Pourquoi Mr. Wilder, dit-il d'une voix doucereuse et mielleuse, je ne savais pas que tu t'en inquiétais.
Nick marqua une pause et tourna lentement la tête vers Chad qui souriait d'un air stupide.
— Merde, jura Nick quand il comprit que Chad plaisantait avec lui. Tant que toi tu ne refais plus JAMAIS ça... nous resterons en bons termes.
— Salut Trevor, lança Alicia en arrivant derrière Nick. Elle n'avait pas vu Micah depuis deux jours suite à leur nouvel emménagement au Love Bites avec Damon. Michael et Syn étaient censés vivre là-bas eux aussi, mais jusqu'ici ils n'y avaient pas encore emménagé. Est-ce que Micah se tient bien au travail ?
Trevor sourit avec ironie.
— Si on ne compte pas les batailles d'avions en papier, l'utilisation de la fenêtre comme d'une poubelle pour frapper des passants sans méfiance avec des projectiles, et ses efforts pour ne pas recouvrir la voiture de Tasuki de serpentins… ouais, il se débrouille bien.
Alicia esquissa un grand sourire.
— Ouais, il m'a parlé des nouveaux collègues qui les ont rejoints, lui et Titus, et d'après ce qu'en dit Micah, Tasuki a l'air plutôt cool.
Damon se mit à grogner dans son dos et elle se retourna vivement vers lui pour lui donner une tape sur le bras.
— Tu arrêtes ça tout de suite, le menaça Alicia avant de se tourner vers Nick. En parlant de vampires cinglés, j'ai quelque chose pour toi.
Elle lui fit signe de s'éloigner des autres, ne voulant pas que quelqu'un voie le cadeau qu'elle avait pour lui.
Nick fronça les sourcils quand Alicia lui glissa quelque chose dans la main.
— Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il avec curiosité en baissant les yeux sur le collier roulé dans sa main.
— C'est un charme que j'ai fabriqué pour me protéger de l'influence d'un vampire, murmura Alicia avant d'adresser un sourire machiavélique à Damon par-dessus son épaule. J'ai échangé la chaîne en or que je portais pour du cuir noir afin que ça fasse plus joli sur toi. Ne dis à personne que tu l'as en ta possession. Si tu le portes le jour de la fête, alors Michael ne sera pas capable de te jouer un tour en te déguisant en fille.
Nick avait un sourire collé au visage.
— Formidable ! Et qui a dit que j'attendrais Halloween pour le porter ? Il passa aussitôt le collier autour de son cou en se sentant aussitôt plus en sécurité. Il ignora Damon qui s'était remis à gronder et fit glisser le collier sous sa chemise pour le cacher. Je t'en dois vraiment une, pour ça.
Damon ramena Alicia vers Envy avant que Nick n'ait l'idée de la serrer dans ses bras, elle aussi. Il ne pensait pas qu'elle apprécierait beaucoup qu'il étrangle le jaguar avec son cadeau. Il savait que Nick n'en gardait aucun souvenir, mais la vision de ce dernier allongé de tout son long sur Alicia dans le salon de Michael était encore trop fraîche dans son esprit.
Alicia fronça des sourcils quand plusieurs ampoules s'allumèrent puis éclatèrent au-dessus d'eux. Elle posa les yeux sur l'arrière du crâne de Damon quand Warren hurla du plafond quelque chose sur des court-circuits dans les câbles. Elle retint un doux sourire en enlaçant Damon, dans une tentative pour sauver tous les autres travaux supplémentaires faits pour améliorer le night-club.
— En quoi seras-tu déguisé ? demanda Chad à Nick, après avoir rejoint le groupe.
— Je serai Billy the Kid en version vingt-et-unième siècle, répondit Nick avec un visage impassible.
— En termes simples, intervint Alicia d'une voix monocorde, il vient déguisé en lui-même.
Tout le monde pouffa quand Nick haussa les épaules et alla aider Quinn et Kat derrière le bar. Alicia poussa soudain un hoquet de surprise et se précipita vers l'arrière du night-club avec un Damon en mode prédateur sur les talons.
— Tu crois que c'est à quel sujet ? demanda Chad en haussant un sourcil.
— À quoi penses-tu ? répartit Devon avec un petit sourire taquin.
Trevor jeta un coup d'œil à Envy et s'inquiéta en remarquant qu'elle avait l'air un peu pâle, tout à coup.
— Tu te sens bien, Envy ? demanda-t-il tout bas.
Envy releva le menton, un grand sourire aux lèvres, puis proféra un mensonge :
— Bien sûr, je vais très bien…
Trevor s'avança pour la rattraper à la seconde où ses yeux se fermèrent.
— Envy, appela Chad, qui tendit de nouveau une main vers elle et la retint pendant que Trevor l'allongeait sur le sol. Qu'est-ce qui vient de se passer, là ?
Devon s'était avancé en même temps que Trevor mais Trevor avait été bien plus proche quand Envy s'était écroulée. Il s'agenouilla à côté de Chad et prit la joue d'Envy dans sa main.
— Envy, chuchota Devon en massant le visage de sa compagne du pouce. Allez mon cœur, ouvre les yeux.
— A-t-elle assez dormi ? s'enquit Chad d'un ton accusateur.
Envy ferma les yeux avec force tandis que le bruit autour d'elle lui revenait aux oreilles, et elle poussa un gémissement avant d'ouvrir lentement des yeux ahuris. Elle devint perplexe quand les trois hommes poussèrent un soupir de soulagement collectif.
— Pourquoi me regardez-vous tous comme ça ? demanda Envy en regardant autour d'elle d'un air perdu. Suis-je tombée ?
— Tu t'es évanouie, expliqua Chad, qui tout à coup trouvait là l'occasion de se venger un peu de toute l'inquiétude qu'elle avait manifestée envers lui. Tu vas bien ?
Envy lui prit la main et se releva doucement.
— Ouais, ça doit être toute cette excitation générale. Je me suis tellement amusée que j'ai dû oublier de manger ou quelque chose comme ça.
Trevor secoua la tête en percevant le mensonge dans sa voix.
— Ça ne prend pas avec moi. »
Il sortit son portable avant de composer rapidement un numéro.
Le téléphone sonna à quelques reprises avant que la voix familière et accueillante ne réponde à l'autre bout de la ligne.
« Bonjour.
Trevor sourit.
— Bonjour Madame Tully, c'est Trevor.
— Trevor chéri, comment vas-tu ? s'enquit Madame Tully.
— Je vais très bien mais j'ai un très grand service à vous demander. Il regarda Chad et Devon aider Envy à s'asseoir sur l'un des sièges les plus confortables qui étaient disposés autour des tables basses.
Madame Tully sourit.
— Si je peux faire quelque chose, je serais plus que ravie de vous aider.
— Je suis au Moon Dance et Envy vient tout juste de s'évanouir. Elle semble aller bien maintenant, mais quelque chose ne semble pas normal. Pouvez-vous prendre quelques minutes de votre temps pour venir jusqu'ici l'examiner ? demanda Trevor.
— Bien sûr que je le peux, répondit Madame Tully. Donne-moi environ vingt minutes pour prendre ma sacoche et vous rejoindre.
Trevor sourit.
— D'accord, à tout à l'heure.
— Bonne idée, cet appel », dit Devon, ce qui choqua tout le monde.
*****
Jason était allongé sur le grand lit, perdu entre le sommeil et la conscience, dans la chambre juste au bout du couloir où Tiara et Zachary faisaient l'amour... encore. Même dans cet état de semi-conscience, il parvenait à les entendre... à ressentir l'extase de Tiara, caresse sur sa propre peau brûlante. Il enfonça sa tête dans l'oreiller quand cet orgasme s'intensifia... sans se rendre compte que l'anneau à son doigt s'était mis à briller.
Le visage de Jason s'assombrit et il se retrouva subitement au pied du lit de Tiara et de Zachary à regarder ce qu'il avait seulement ressenti quelques instants plus tôt. Il faillit pousser un soupir de soulagement en réalisant qu'il était en train de rêver. Alors qu'ils ne remarquaient pas sa présence, Jason contourna le lit pour voir le visage de Tiara. Il écarquilla les yeux devant son attitude et tenta de détourner la tête, mais sans y parvenir.
Son regard se posa sur Zachary, pour regarder son corps se déhancher au-dessus de celui de Tiara, et il recula d'un pas. L'espace d'un bref instant, Zachary avait pris l'apparence de Jason avant de redevenir lui-même... comme pour le narguer de ne pas être à sa place.
Jason sentit tout à coup le poids d'un objet dans sa main, et il baissa les yeux pour découvrir la dague dans son poing. La poignée était froide contre sa peau moite et la pointe semblait luire à son attention... comme pour le presser de s'en servir.
Tiara se mit à crier le nom de Zachary et Jason, à la fois détaché et horrifié, se vit lever le bras et planter aussitôt le poignard dans le dos de Zachary. Les cris de plaisir de Tiara se muèrent en cris de terreur... une douce musique aux oreilles de Jason. Son regard tomba sur le lit alors que le sang de Zachary coulait à flot de sa blessure et imprégnait le matelas.
Jason retrouva soudain le contrôle de son corps et s'arracha du rêve avec une telle force qu'il s'assit dans son lit. Ce ne fut que grâce à sa force de volonté qu'il retint un cri face à une scène aussi horrible. L'extase de Tiara envahit de nouveau son esprit et il s'empoigna les cheveux, luttant contre les larmes qui lui piquaient les yeux. Incapable de résister à ce bouleversement émotionnel, il rampa hors du lit pour sortir précipitamment de la chambre, possédé du sentiment tenace d'être un traître.
Peu lui importait que ce soit ou non un rêve... les rêves n'étaient que l'extension des désirs du cœur, et celui de Jason désirait Tiara.
*****
Faucon-de-Nuit se tenait à côté du même arbre éloigné de la maison qu'il hantait depuis la première nuit de Tiara dans cet endroit. Il savait qu'il y avait une chambre vide toute prête pour lui à côté de celle de Tiara, mais plus il se rapprocherait d'elle quand elle se trouverait seule avec Zachary, plus il ressentirait d'émotions. Pas juste des émotions… c'était surtout la soif charnelle de la magicienne qui l'envahirait par vagues.
Au début, il avait été surpris d'éprouver quelque chose et il avait savouré la caresse fugace causée par cette émotion. Mais au lieu de voir cette soif de sexe chez Tiara être comblée... il apparaissait que c'était la seule activité à laquelle elle et Zachary se livraient, une fois seuls. Ils avaient de la chance s'ils arrivaient à avoir une heure de sommeil à la fois. Le seul moment où Faucon-de-Nuit ne parvenait pas à capter son appel sensuel, c'était lorsqu'ils allaient dans les cimetières pour les leçons de Tiara avec Craven.
Faucon-de-Nuit écarta les cris passionnés de la magicienne de son esprit quand il nota que Craven l'avait rejoint sous l'arbre.
Le sourcil argenté de Craven se haussa en sentant le lien de sang établi avec Tiara s'intensifier avec son arrivée. Il avait passé la semaine entière à collecter des âmes, pour tenter de construire son armée, et cela avait déclenché sa propre soif à plusieurs reprises au point de la ressentir avec autant de force que Tiara... mais être un démon de sang pur lui permettait de ne jamais avoir à nourrir ce désir. Ce besoin ne l'exposait pas aux âmes comme c'était le cas pour Tiara. C'était à cause du sang pauvre et affaibli de sa mère... pas du sien.
Se retrouver aussi proche d'une Tiara toute livrée à sa passion en cet instant n'était pas simple, mais Craven n'aimait pas la facilité... cela l'ennuyait. Cependant, le désir de toucher quelqu'un commençait doucement à se faire jour dans son esprit. Cela ne comptait pas s'il détenait plus de contrôle ou non, le désir se ferait sentir de temps en temps et il savait qu'il lui faudrait le satisfaire ou bien il ne serait plus capable de prêter son maîtrise à Tiara pendant qu'ils pratiquaient leur magie.
Il attendit patiemment que le Rôdeur de l'Ombre se manifeste. La dernière fois qu'il s'était trouvé en la compagnie de Tiara, elle avait fait part de son inquiétude concernant le fait de ne pas voir Faucon-de-Nuit pendant plusieurs jours. Puis, immédiatement après avoir prononcé ces paroles, elle avait regardé furtivement autour d'elle avant de murmurer :
« Oublions ça… il est là. »
Craven fut amusé lorsque Faucon-de-Nuit apparut enfin à côté de lui. Il était étrange de voir une telle pâleur altérer le teint doré de l'Indien, et la vérité qui se cachait derrière le refus de s'en mêler de ce dernier lui apparut. S'il s'était trouvé à la place de Faucon-de-Nuit, les ébats constants des nouveaux tourtereaux l'aurait sûrement affecté lui aussi.
« Quand elle est prête, emmène-la au cimetière de notre première rencontre, dit Craven tout bas. Le petit cimetière... et fais en sorte que ses coéquipiers ne viennent pas. »
Faucon-de-Nuit ne dit rien alors que Craven disparaissait, mais il sentit un léger poids se lever de ses épaules. Puisque Craven voulait retourner sur les lieux de leur première rencontre, peut-être que cela signifiait qu'il allait apprendre à Tiara quelque chose de nouveau. Il était temps d'accélérer son instruction, mais Faucon-de-Nuit s'était avéré incapable de l'arracher à son compagnon assez longtemps pour y parvenir.
L'idée de la kidnapper pour des leçons privées l'avait effleuré plusieurs fois, et Faucon-de-Nuit était satisfait de ne plus avoir de raison de se retenir de le faire. Il plissa les yeux d'un air méfiant quand la porte d'entrée s'ouvrit lentement, et il vit Jason sortir en titubant dans la nuit fraîche. Le mortel, couvert de sueur, avait une main posée sur le front.
Il se demanda si Jason avait fait l'expérience du problème d'être lié directement aux émotions de Tiara, qui circulaient par l'intermédiaire de l'anneau. Si c'était le cas, cela ne le surprenait pas.
Jason prit une profonde inspiration, laissant l'air de la nuit lui rafraîchir le visage. Il en avait assez senti et entendu cette dernière semaine depuis son emménagement dans la maison avec Tiara. Comme si entendre les deux jeunes mariés en pleine action ne suffisait pas, il devait maintenant ressentir ce qu'elle expérimentait. Il continuait aussi à faire comme si ce n'était pas Zachary qui provoquait ces sensations chez Tiara... cela suffisait à lui donner la chair de poule.
Sortir de la maison aidait certains, mais seules ses oreilles éprouvaient l'effet de cet isolement. Il fixa l'anneau en regrettant de ne pouvoir le retirer de son doigt quelques minutes. Avant, il aurait dû se concentrer pour ressentir les émotions de Tiara... maintenant, il semblait ne plus réussir à s'en défaire. C'était comme d'être entre le marteau et de l'enclume.
Il regarda sa main trembler un moment avant d'enfouir le bout de ses doigts dans sa poche plus ou moins consciemment. Il ne voulait pas que quelqu'un sache qu'il avait des problèmes avec l'anneau, de peur qu'on le lui enlève et qu'il ne fasse plus partie du club.
Le problème, c'était que… par moments, il était sujet à des poussées de fièvre, et de sinistres tentations lui traversaient l'esprit depuis deux jours. Des pensées d'un genre bien sombre, et tout à l'opposé de sa personnalité. Jusqu'ici il les contrôlait, mais si cela s'aggravait, il savait qu'il allait devoir en parler aux autres.
Les petits poils sur ses bras se dressèrent et Jason eut l'impression d'être observé. Il tourna la tête et posa un regard méfiant sur un grand arbre au loin. Pendant un instant, il se demanda si la silhouette qu'il venait d'y voir était un simple effet de son imagination ou peut-être un fantôme.
Jason fut dérangé dans ses pensées lorsqu'il entendit soudain un cliquetis derrière lui. Il fit volte-face en pensant qu'un Faucheur avait réussi à survivre au « nettoyage » du cimetière pour les suivre jusque là.
« Je t'ai eu, le nargua Guy en riant. Tu aurais dû voir ta tête. Je suis étonné de constater que ton pantalon est toujours sec.
Jason adressa à Guy un petit sourire mais ne releva même pas.
Guy cessa de rire, en remarquant que Jason n'avait pas l'air en forme.
— Tu sens que ça va aller, ce soir ? On pourrait croire qu'un anneau qui te rend invincible t'empêche aussi d'être malade.
— Je ne suis pas malade… c'est juste que je n'ai pas bien dormi, rouspéta Jason, en plongeant un peu plus sa main dans la poche de son jean. Peut-être était-il temps d'en parler à quelqu'un et après tout, Guy n'était pas un mauvais choix puisqu'il pratiquait la magie. Il poursuivit : Fut un temps où je devais me concentrer pour savoir ce que ressentait Tiara... et maintenant que l'anneau recommence à marcher, j'en tire plus que ce que j'avais imaginé. Ce qu'il y a d'étrange là-dedans c'est que… cet anneau me donne peu à peu l'impression d'être hanté.
— Que veux-tu dire ? l'interrogea Guy, redevenu sérieux.
Jason secoua la tête, ne sachant comment l'expliquer :
— Rien, c'est sûrement la fatigue due au décalage horaire… passer d'humain à surhomme en l'espace de zéro seconde est très fatiguant, en fin de compte.
— Je me demande ce qui prend tant de temps à Zachary et Tiara, fit observer Guy en s'asseyant sur les marches pendant que Jason s'appuyait contre l'un des montants entourant le porche.
— Ouais, je me le demande, répondit Jason qui avait envie de lever les yeux au ciel face à cette question, mais il remercia secrètement Guy d'avoir dévié la conversation du sujet de l'anneau. Il désigna l'arbre d'un signe de tête avant d'ajouter : Je pense avoir vu Faucon-de-Nuit il y a quelques minutes... là-bas, en train d'observer la maison.
L'air inquiet, Guy se tourna dans la direction que Jason leur indiquait. Il se demanda ce que l'Indien s'apprêtait à faire. Carley l'avait surpris à quelques occasions en train de chercher un sortilège qui pourrait rendre visible Faucon-de-Nuit et lui avait dit de laisser tomber. Elle semblait sérieuse, alors il avait abandonné l'idée. Il était content qu'ils aient apportés tous leurs grimoires et parchemins à la maison. C'était un excellent moyen de tuer le temps et aussi de faire abstraction… du bruit.
— Il n'est pas vraiment du genre amical, pas vrai ? demanda Jason.
Guy haussa les épaules.
— Il n'a pas à l'être, sa loyauté va à Tiara.
Faucon-de-Nuit les dépassa pour entrer dans la maison. Son voyage chez les esprits le menait à la chambre de Tiara... un endroit où il s'était rendu plusieurs fois sans jamais y rester longtemps. Il apparut soudain dans la pièce, en observant silencieusement Tiara et Zachary qui achevaient de se rhabiller.
Zachary arriva derrière Tiara alors qu'elle enfilait une culotte puis il passa un bras autour d'elle.
— Le pire dans la journée c'est quand tu décides de te rhabiller, la taquina-t-il en déposant un baiser sur son épaule nue.
Tiara s'esclaffa et s'empara de la jupe avant que Zachary ne la convainque de sécher le travail pour cette nuit.
« Nous verrons Craven seuls, cette nuit », lui dit Faucon-de-Nuit.
Tiara fit un bond et posa une main sur son cœur.
— Arrête de me faire peur comme ça.
— Comme quoi ? releva Zachary, perplexe.
— Pas toi… Faucon-de-Nuit, répondit Tiara avec un doux sourire, mais en nouant rapidement sa jupe sur ses hanches.
Déjà qu'elle ne s'était même pas rhabillée de moitié.
— Qui, lui, cet insaisissable, invisible Indien qui n'a pas le moindre soupçon de sociabilité ou de personnalité et qui aime à se balader dans les chambres des autres pendant que nous avons un moment d'intimité ? releva Zachary, alors que la température de la pièce grimpait de plusieurs degrés.
Tiara réprima l'envie irrésistible de se remettre à pouffer tandis qu'elle inventait un mensonge :
— Il n'est pas comme ça et tu le sais.
— Je ne le sais pas, grommela Zachary. Tout ce que je sais, c'est qu'il nous regarde en ce moment même et écoute tout ce que je dis sur lui. Tout ce truc consistant à te regarder d'un point de vue invisible est plutôt flippant.
Faucon-de-Nuit apparut subitement à un centimètre à peine de Zachary, ce qui eut pour effet de faire sursauter le blond sous la surprise. Tiara ne prit pas la peine de cacher son hilarité cette fois-ci et se mit à rire doucement en nouant son haut.
— Tu l'as vu arriver, réussit à dire Tiara après s'être un peu calmée.
Zachary attrapa sa veste et la fit glisser sur ses épaules.
— Ouais, ouais… alors où allons-nous ce soir, Sergent Garcia ?
— Nous, non, dit Faucon-de-Nuit d'une voix dénuée d'émotion. Tiara et moi allons retrouver Craven seuls.
— Pourquoi seuls ? releva Tiara en glissant ses pieds dans ses chaussures.
— Il désire t'apprendre quelque chose de nouveau, répondit Faucon-de-Nuit en prenant le bras de Tiara.
Tiara écarquilla les yeux et ne resta d'elle que l'écho de son hoquet de surprise dans son sillage.
Dès qu'ils eurent disparu, Zachary sortit comme une furie de la chambre et se dirigea vers la porte d'entrée de la maison... pour la claquer pas très sereinement derrière lui.
— Allons-y, tempêta Zachary en arrivant en trombe vers Guy et Jason qui attendaient.
— Et Tiara ? s'enquit Guy en reposant les yeux sur la maison.
— Elle est partie, répondit Jason avant de suivre Zachary jusqu'à la voiture.
Zachary le foudroya du regard.
— Ce fichu Indien invisible, voyeur et harceleur de mes deux l'a emmenée à son entraînement spécial avec Craven et ne m'a pas dit où ils allaient. Alors il faut que tu réveilles ce satané anneau pour découvrir où elle a bien pu filer.
Jason se tourna vers Guy.
— Je m'assis à l'arrière avec toi. »

Chapitre 4
Madame Tully franchit les portes du Moon Dance et s'approcha immédiatement d'Envy, alors assise à une table près du bar. Elle fronça des sourcils en remarquant que Trevor et Devon se tenaient chacun à un bout du même bar.
« Bon, dit-elle en passant aussitôt aux choses sérieuses, et si tu me racontais ce qui s'est passé ?
— Je vais bien, insista Envy en agitant une main dédaigneuse. Je crois que j'étais trop excitée ou un truc du genre.
— Je vois, répondit Madame Tully en haussant un sourcil perplexe. J'en déduis que tu t'es donc déjà évanouie à de nombreuses reprises ?
Envy tourna un visage songeur vers la vieille dame, en décidant de ne même pas répondre. En vérité… elle ne s'était jamais évanouie par le passé.
Madame Tully désigna la porte latérale.
— À l'étage, maintenant.
Trevor se précipita pour leur ouvrir la porte. Il la maintint même ouverte, pour laisser Devon passer avant lui puis grogna quand ce dernier tenta de la refermer derrière lui. Arrachant la porte de la main de Devon, il le dépassa dans l'escalier avec un sourire narquois aux lèvres puis ouvrit une autre porte à l'intention d'Envy quand elle approcha de sa chambre.
Il parcourut la chambre du regard, puis le posa sur Devon.
— Tu voulais devenir un adolescent plus tard… pas vrai ?
Devon esquissa un sourire alors qu'ils se faisaient face. Lui et Envy avaient fait l'amour dans cette chambre à peine deux heures plus tôt et leurs odeurs mêlées planaient encore lourdement dans l'air… assez lourdement pour que Trevor comprenne le message.
Chad leva les yeux au ciel devant ces deux crétins avant de concentrer son attention sur Envy.
— Dis-moi comment tu t'es sentie juste avant de t'évanouir, ma chérie, s'enquit Madame Tully une fois qu'elle eut assise Envy sur le lit.
Envy soupira.
— Je me suis sentie juste un peu étourdie... c'était une sensation de vertige, mais rien de trop sérieux.
Madame Tully eut l'air inquiète.
— Ça, ce sera à moi d'en juger. Elle se tourna immédiatement vers les hommes qui se massaient sur le pas de la porte. Allez ouste... dehors, dehors, dehors.
— Chad peut-il rester ? lui demanda Envy tout bas.
Madame Tully considéra le jeune homme en question avant d'acquiescer.
— Le frère peut rester… les autres, vous sortez. »
Devon et Trevor marmonnèrent tous deux dans leur barbe tandis que Madame Tully les poussaient vers la porte et refermait bruyamment la porte derrière eux.
« On peut savoir ce que tu lui as fait ? lança Trevor dans un sifflement rauque. Elle ne s'est jamais évanouie comme ça depuis que je la connais.
Devon lui adressa un regard noir.
— Si je connaissais déjà la raison de son évanouissement, je n'aurais pas approuvé ton idée d'appeler Madame Tully.
— Tu dois mieux t'occuper d'elle, grogna Trevor. Elle est humaine et je parie que tu la traites comme une métamorphe.
Effectivement, Devon se sentait un peu coupable concernant le manque de sommeil chez Envy de ces derniers temps, mais il croyait alors avoir résolu ce problème la semaine précédente.
— Tu n'étais pas là, déclara Devon. Moi, j'étais avec elle tous les jours, donc je pense être mieux renseigné que toi sur le sujet de son bien-être.
— J'ai une mission à accomplir, gronda Trevor, et cela implique de garder les rues en sécurité pour les gens comme Envy pour aller sans inquiétude.
— Bien sûr, répliqua Devon d'une voix traînante, si vous le dites, monsieur le fonctionnaire.
La porte de la chambre s'ouvrit à toute volée pour révéler une Madame Tully irritée qui les gratifia du regard furieux que seule une mère ou une grand-mère pouvait lancer.
— Si vous ne vous taisez pas tous les deux, je vous renvoie en bas pour vous faire attendre mon diagnostic, menaça-t-elle avant de claquer de nouveau la porte avec humeur.
— D'accord, capitula Trevor d'une voix affaiblie en reculant devant la porte.
Devon se tourna vers Trevor.
— Tu crois que nous avons dépassé les bornes ?
— Je crois que nous devrions la fermer, murmura Trevor.
Devon ne put s'empêcher de hocher la tête pour marquer son approbation.
Dans la chambre, Envy attendait patiemment pendant que Madame Tully l'examinait d'un œil de praticienne. Elle devint inquiète cependant quand Madame Tully ne fit rien de plus que de lui poser une main sur le front.

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