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Sang Souillé
Amy Blankenship
Les Liens Du Sang #7
Lorsque vous passez un marché avec un démon, aucun retour en arrière n'est possible, même si vous ne soupçonnez pas que cette personne est un démon. Tournant cette ambiguïté à son avantage, Zachary a brisé la loi sacrée et délibérément proposé un marché à Tiara. Il deviendra son unique amant jusqu'à ce qu'elle se trouve un vrai compagnon... et il espère bien qu'elle ne le trouvera jamais. Le pacte scellé, son côté sombre prend le dessus lorsque Tiara décide de le fuir, pensant se trouver en haut de la liste de l'EEP à cause de son sang impur. Zachary combat le feu par le feu en la retrouvant cachée dans les bras même de l'ennemi.


Sang Souillé
La Saga des Liens du Sang - Livre 7

Author Amy Blankenship, RK Melton
Translated by Louise Le Bars

Copyright © 2012 Amy Blankenship
English Edition Published by Amy Blankenship
French Edition Published by TEKTIME
All rights reserved.

Chapitre 1
Craven arpentait les rues de la ville, après avoir renvoyé Faucon-de-Nuit et Tiara rentrer avant lui à leur forteresse. Il avait appris le nom de la jeune femme par l'Indien. Il passait à présent par plusieurs fortes poussées d'adrénaline... l'une étant causée par le fait qu'il venait enfin d'avoir cet enfant qu'il avait toujours désiré. Craven repoussa l'urgence en sachant qu'elle ne se réveillerait pas avant un bon moment.
Il comptait sur Faucon-de-Nuit pour ne pas succomber à la tentation de lui faire du mal d'une façon ou d'une autre... il en avait lu tout autant dans les yeux de l'Indien et cela avait excité sa curiosité. Il cherchait à comprendre la raison pour laquelle ce Rôdeur transformé en zombie avait choisi de rester avec lui. Maintenant, il lui semblait que Faucon-de-Nuit attendait simplement quelque chose… ou quelqu'un.
Ils désiraient tous les deux protéger la belle petite nécromancienne... même si c'était pour de différentes raisons. Si elle ressemblait à sa mère d’une façon ou d’une autre, alors Craven ne pouvait en vouloir à Deth de donner un enfant à une telle humaine. Il ne pouvait pas ressentir la force vitale de son frère dans ce monde-ci, et cela le perturbait de penser qu'il venait d'abandonner son enfant.
Regarder souffrir Nile aux mains de ses propres enfants qui l'avaient attaqué lui avait procuré une immense satisfaction. Il serait rapidement devenu un problème s'il n'avait pas été arrêté à temps. Nile était un maître démon et avait déjà réuni beaucoup d'énergie en prenant ce grand cimetière sous sa responsabilité. Même un démon de classe inférieure pouvait devenir nuisible si son armée à lui, ou à elle, atteignait un tel nombre.
Bien que ce ne fût pas lui qui avait tué Nile en fin de compte, avoir pu assister à sa destruction avait rappelé à Craven les guerres de démons d’antan. Cela lui avait donné cette soif de sang qui était la sienne et ce besoin de lutter pour dominer. Il était rare qu'une émotion aussi irrépressible le possède ainsi, mais quand cela le prenait, il trouvait aussitôt sa cible.
Son temps dans la crevasse n'était plus qu'un souvenir fugace. Le temps l'avait condamné ici... ce qui ressemblait de beaucoup à une bonne nuit de repos. Il avait perçu l'écart de temps seulement lorsque la fissure entre les mondes s'était ouverte et qu'il s'était réveillé. Il en déduisait que c'était la même chose que d'arracher les âmes à leur après-vie… la même confusion s’ensuivait.
La nuit avait cédé à l'aube à présent, mais contrairement à certains de ses subordonnés... Craven n'était pas prisonnier de la nuit. Alors qu'il était dans l'ambiance, abattre un ou deux maîtres plus faible que lui présenterait un passe-temps appréciable. Il pouvait déjà présager du chaos qu'ils répandaient dans la ville.
Craven s'adossa à un mur d'immeuble pour avoir une bonne vue d'ensemble. C'était le même monde dans lequel il avait vécu si longtemps, avant de se retrouver banni dans le silence de la crevasse, mais maintenant, tout était différent sur tant de points. Cette période était bien plus sophistiquée… et encore plus sauvage que dans son souvenir. Les rues qui se croisaient sur le terrain contenaient tellement de secrets… mais à chaque âme qu'il touchait… il en apprendrait bien plus sur cette époque, et ce grâce à leurs souvenirs.
Le nombre d'humains avait crû, tout comme le nombre d'âmes abandonnées en chemin pour hanter la ville elles-mêmes. Il pouvait les sentir errer dans les maisons, les hôpitaux... partout. Il observa un bus qui passait lentement devant lui et remarqua l'âme d'un homme qui le regardait à travers la vitre.
Était-ce la raison pour laquelle les cimetières qu'il avait sortis de leur sommeil ne comptaient pas le même nombre d'âmes que celui des tombes ? De son point de vue, il apparaissait que comme les âmes reposaient à l'endroit où le corps était mort, s'efforcer de continuer une existence achevée n'avait aucun sens. La plupart des démons étaient seulement capables d'utiliser les mortels encore vivants... en possédant ou en contrôlant leurs corps. Avec si peu de nécromanciens en vie, son armée serait immense une fois complète.
Le passage du temps avait donné au moins une chose... le nombre de morts atteignait maintenant celui des vivants... s'il ne le dépassait pas à l'heure actuelle. Craven était assez certain que si les morts étaient tous invoqués sur-le-champ, ils domineraient aisément les vivants.
Pour tester, il laissa son pouvoir émaner de lui en vagues brûlantes, tout en plaignant ceux qui n'avaient pas de maître pour les réclamer. Les âmes qu'il touchait pouvaient se sentir cernées par les démons, incapables de se déplacer librement, et elles étaient nombreuses à être trop effrayées pour abandonner leur sécurité.
Craven était un collectionneur d'âmes... tout comme l'était Deth. Il instrumentalisait les démons les plus faibles ainsi que n'importe quelle autre créature de la nuit pour exécuter ses ordres, mais son sang était particulier. Quand lui ou l'un de ses ancêtres offrait à une âme un retour chez elle, c'était la preuve qu'un pacte avait été conclu entre eux.
Il pouvait utiliser son corps comme un intermédiaire pour renvoyer les âmes à la mort, mais s'il lui arrivait de les invoquer pour un combat, ils seraient tenus par leur pacte de retourner dans cette dimension et de faire ce qu'il désirait qu'ils fassent. En réveillant les âmes de la mort, Craven pouvait donc proposer de les ramener à cette condition… qu'ils restent à sa disposition s'il avait besoin d'eux.
Quand une âme passait à travers lui pour revenir dans l'autre monde, elles laissaient un résidu de leur énergie derrière elles… en lui, le rendant ainsi plus fort à chacun de leurs passages. Le même phénomène s'opérait chez Tiara, et il savait que Deth n'avait pas partagé ce secret avec sa mère. S'il se fiait à la naïveté de la fille, seul l'enseignement de sa mère lui avait été accordé.
Les secrets que Deth gardait n'avaient pas été partagés, et Craven ne partagerait pas non plus ces mêmes secrets avec Tiara. Il se servirait de son aptitude à guider les âmes dans l'autre monde et laisserait la jeune nécromancienne croire qu'il lui apportait son aide... il l'amènerait à s'attacher à lui en affectant de comprendre son « besoin » de tous les sauver. De telles notions mortelles provenaient du côté humain de la magicienne.
Il était inutile de laisser aller librement ces âmes qu'il percevait, pour qu'un autre nécromancien de classe inférieure du genre de Nile se nourrisse d'elles. En les appelant à lui, Craven formula son offre en silence. Son pacte tenait à cette clause… il les sauvait des griffes des autres démons, il était leur sanctuaire, et leur retour direct vers chez eux s'ils acceptaient le marché.
Une par une, les âmes se mirent à émerger lentement de leurs cachettes... passant devant les piétons qui suivaient leur routine matinale quotidienne. Certains humains pouvaient ressentir leur proximité et accéléraient l'allure, désireux de se débarrasser de cette sensation étrange qui les envahissait. Ces humains possédaient une conscience aiguë ; même s'ils ne pouvaient pas voir les fantômes dont ils percevaient l'énergie.
Les âmes qui avaient plus de courage que les autres se laissèrent absorber en lui, acceptant ainsi son offre de disparaître de ce plan de l'existence, pendant que de plus timorées se contentaient de l'observer à distance. Craven esquissa un petit sourire en libérant une vague de puissance vers elle pour les attirer à lui. Soudain, de nouvelles âmes délaissées s'amassèrent au gré des rues, fonçant sur lui à une allure effrénée.
Craven resta calme et décontracté, adossé au mur de l'immeuble tandis que les âmes des morts envahissaient sans attendre tout son corps. Si un quelconque spectateur avait prêté attention à la scène, il aurait vu les doux cheveux argentés de l'inconnu flotter autour de son visage sous le souffle d'une brise complètement inexistante. Cependant, à l'intérieur, son pouvoir s'élevait bien plus haut que les âmes neuves et simples avec lesquelles il s'amusait dans les cimetières.
Ces âmes étaient anciennes, et fatiguées d'errer en ce monde... les âmes fortes lui donnaient accès à leur énergie au cours de leur passage de l'autre côté. Il se servirait de ce pouvoir pour protéger ce que Deth avait abandonné dans le but qu'il le trouve… leur lignée. Une fois que le raz-de-marée d'âmes eut cessé, il reprit son inspection de la ville.
Un sourire sinistre orna ses lèvres quand il suivit certains chasseurs de démons de quartier en quartier, occupé à traquer leurs mouvements. Il faillit éclater de rire lorsque les chasseurs freinèrent des quatre fers une fois s'être avancés à un endroit précis, avant de repartir dans une autre direction sans se demander pourquoi ils avaient changé d'avis. C'était l'un des sorts les plus anciens utilisés par les démons contre leur ennemi, et qui remontait à l'époque des âges sombres… un sortilège répulsif, poussant l'indésirable à lui ôter l'envie de s'approcher.
Soit les chasseurs étaient extrêmement intelligents, soit ils étaient extrêmement stupides, considérant leur métier. Cependant, bien nombreux étaient les chasseurs qui s'avéraient être humains et dépourvus de la moindre perception extrasensorielle, donc c'était peut-être de la pure ignorance de leur part, tout simplement.
Il s'arrêta pour admirer la lutte de celui qui lui rappelait Faucon-de-Nuit… l'humain aurait pu être un descendant de cet Indien. Du sang de démon lui striait tout le visage comme des peintures de guerre et sa magie était d'une grande qualité. Celui-là, Craven s'en souviendrait, non par peur mais par curiosité.
Commençant à s'ennuyer, Craven retourna sur ses pas, vers l'endroit que les chasseurs évitaient inconsciemment. C'était un endroit rongé par les ténèbres qui fournissait un sanctuaire pour les rebuts de cette société, un refuge où ils pouvaient se cacher. Dans ces ténèbres, le pouvoir attendait et se nourrissait de la vie qui grandissait en son sein. Craven se tenait devant sa gueule, y plongeant le regard avant de traverser le brouillard qui avait dérivé le long de l'océan, se dirigeant vers la source d’énergie fanfaronne qu'il avait découverte.
Oui, le terme de « fanfaronne » était parfait pour définir ce pouvoir. Il semblait très confiant, sûr de son emprise sur les ténèbres et Craven s'en approchait presque joyeusement. Il arpenta le trottoir en percevant les cris silencieux d'agonie, ainsi que la douleur qui les accompagnait.
Les quelques femmes qu'il rencontra passèrent soigneusement à côté de lui, et lui décochèrent des regards languissants tout en gardant leurs distances... tombant presque du bord du trottoir sur la route, ou en allant presque jusqu'à coller le dos aux murs des immeubles.
L'attitude des hommes n'était guère différente, excepté que leur expression n'avait rien d'énamouré. La peur et l'hostilité semblaient suinter des pores de leur peau quand ils le regardaient. Il avait appris depuis longtemps que les femmes mortelles le trouvaient beau et que les hommes étaient jaloux de lui pour cela. Craven ne ressentait rien pour les vivants... les nécromanciens s'embarrassaient rarement d'une âme encore attachée à son corps initial, ou bien d'un corps encore plein de vie.
Aussi déplaisant cela fût-il, Craven détournait à présent son attention pour dénicher les maîtres démons qui contrôlaient les vivants. Il ne fallait pas les considérer à la légère puisque leurs armées pouvaient représenter également à l'avenir une menace pour son propre territoire.
Se rapprochant d'une intersection, Craven s'arrêta sur le bord du trottoir pour regarder un moment les lumières de la circulation. Un profond gargouillis attira son attention, étouffant au passage tous les bruits du trafic matinal, et il tourna la tête vers le bruit en question. Ses yeux pétillèrent d'excitation en découvrant l'affrontement qui s'annonçait. Il suivit ce gémissement de terreur humain, en sachant que cela le mènerait tout droit jusqu'à sa cible.
Quand il emprunta une petite allée entre deux immeubles, il arriva dans un parking, là où un brouillard dense s'était formé, piégé entre les tours. Des gens s'étaient rassemblés en un large cercle au milieu du parking pour assister à un combat du genre spécial.
Un seul coup d’œil apprit à Craven que ces humains étaient possédés par des démons des ombres. Leurs âmes étaient toujours intactes mais les démons s'étaient emparés d'eux. De nouveau, Craven s'agaça intérieurement de la faiblesse humaine. Se frayant un chemin parmi les humains possédés, Craven s'arrêta juste au bord du cercle interne pour regarder un démon des ombres se forcer un passage dans la bouche d'une femme humaine.
La femme était vêtue d'une sorte de jupe de tailleur, ses affaires jonchant le sol tout autour d'elle. Le démon s'était avancé si loin en elle que seule l'extrémité du nuage noir et scintillant ressortait de son corps en se tortillant. Craven en avait conclu avec justesse que les démons des ombres travaillaient de pair pour se trouver des victimes… et d'après ce qu'il semblait, leur nombre croissait rapidement.
Il inclina la tête d'un air fasciné lorsque le corps de la femme se mit à se tordre violemment sous l'intrusion démoniaque. Alors que ses mouvements de protestation contre l'inévitable cessaient peu à peu, ses yeux roulèrent au fond de leurs orbites, ne laissant que leur blanc visible un instant avant de revenir à la normale... c'est-à-dire à une totale possession.
La bouche de Craven se plissa en un sourire entendu et il infirma complètement son pouvoir en percevant la menace réelle qui s'approchait avec célérité. Un long ruban d'ombre scintillante tourna au coin d'un immeuble en pleine lumière. C'était bien ce qu'il pensait. Ce démon était un maître des ombres... mais même les ombres avaient une faiblesse qu'il pouvait exploiter.
L'ombre se ramassa sur le sol, à côté des pieds de la femme, semblable à une flaque de goudron épais. Cette flaque fit de lourds clapotis pendant un instant avant qu'une silhouette humaine ne commence à s'en élever. L'ombre parut s'égoûter de la forme avant de finalement se stabiliser, pour très vite révéler un homme de grande taille et à la peau sombre. Il était presque chauve, et n'avait aucun poil sur tout le corps visible par Craven, à l'exception d'une moustache digne d'un Fu Manchu.
Le maître des ombres s'avança vers la femme, son Dashiki noir lui tombant jusqu'aux genoux et sur un pantalon sarwal flottant autour de ses jambes. Le col du Dashiki était richement décoré de fils rouges et or comblant le manque de bijoux, bien qu'un large médaillon doré pendait autour de son cou et que son oreille gauche était ornée d'un simple anneau d'or.
Il baissa le regard sur la femme et plissa ses yeux d'un sombre minuit.
« À qui appartiens-tu ? demanda le maître des ombres, d'une voix d'un profond baryton.
La bouche de la femme s'ouvrit et se referma à quelques reprises avant que sa voix ne se décide enfin à sortir correctement.
— Je t'appartiens… Maître, déclara-t-elle d'une voix confuse.
— Parfait, maintenant lève-toi et sers-moi.
La femme se remit lentement sur ses pieds avec des mouvements saccadés, comme si elle n'était pas habituée à ce corps qu'elle habitait. D'une certaine façon, c'était précisément le sujet. Lorsqu'un humain tombait sous la coupe d'un démon, ce dernier ne pouvait pas contrôler toutes les fonctions corporelles les plus basiques au début de sa possession.
— Que désires-tu de moi ? demanda la femme d'une voix presque normale, mais toujours un peu confuse.
Craven ricana d'un air sombre, se fatiguant déjà des préliminaires. D'une voix condescendante, il répondit à la question de la femme.
— Il veut que tu ailles trouver des hommes pas trop méfiants et que tu les ramènes ici afin qu'ils se fassent aussi posséder et qu'ils aillent grossir les rangs de son armée pathétique.
La femme et le démon tournèrent tous deux la tête dans la direction de Craven pour le regarder. Il inclina la tête lorsque les humains possédés se tournèrent également vers lui. Leurs yeux s'assombrirent brusquement, passant d'un gris terne à un noir plus profond en l'espace de quelques secondes.
Le maître des ombres le regardait comme s'il était une proie facile, et Craven se fit violence pour ne pas éclater de rire encore une fois. Ce qu'ils pouvaient être ignorants. Il attendit carrément pendant que les humains s'approchaient lentement de lui. Lorsque la première main lui empoigna l'épaule, Craven rejeta la tête en arrière et ouvrit grand les bras. Un raz-de-marée d'âmes s'écoula de son corps et tacla les humains de plein fouet... traversant le corps des possédés pour en émerger avec les démons des ombres emprisonnés dans leurs filets.
Craven n'éprouvait aucune sympathie pour ces humains qui avaient succombé à l'influence du maître des ombres... les relâcher de l'emprise de ceux qui essayaient finalement d'envahir son territoire n'était qu'un effet secondaire de leur délivrance. Il nota que le maître des ombres était assez intelligent pour rester sous sa forme humaine, grâce à laquelle les âmes ne pourraient pas l'atteindre.
— Voilà un nécromancien très impressionnant, murmura le maître des ombres de son accent prononcé. Mais tu ne feras que retarder l'inévitable.
Craven esquissa un petit sourire glacial.
— Tout à fait vrai, peut-être devrais-je simplement te tuer et en finir.
Un grondement rauque s'éleva du fond de la gorge du maître démon, puis il fondit sur Craven. Il se tourna sur un côté pour esquiver le poing qui lui était destiné, puis de l'autre côté pour éviter le suivant.
— Trop lent, se moqua Craven.
Lorsque le démon envoya sa jambe à la tête de Craven, ce dernier se pencha en arrière pour que le coup arrive directement au-dessus de lui. Se servant de l'élan de son mouvement de recul, Craven bascula sur ses mains et lança ses deux pieds en l'air dans une culbute, décochant un double coup de pied au menton du maître démon.
Craven se remit sur ses pieds au moment précis où le maître des ombres retrouvait son propre équilibre. Un petit filet noirâtre et épais s'écoula du coin de sa bouche jusque sur le devant de son Dashiki.
— Ainsi donc tu peux saigner, le nargua Craven.
Ce n'était pas de sa faute si le maître des ombres craignait de revenir à son autre apparence. Il vaincrait ce démon d'une façon ou d'une autre.
L'homme cracha par terre et le toisa avec une rage inimaginable. Il savait que ce nécromancien voulait son territoire et il refusait de céder. Il vivait selon ses propres lois… un démon qui reculait était un démon qui méritait de mourir.
— Je ne te laisserai pas faire ! gronda le maître démon en s'élançant de nouveau vers lui.
Seulement cette fois-ci, Craven ne l'esquiva pas. Lorsque le démon arriva à portée de main, le poing de Craven alla se ficher directement dans sa poitrine.
Ils restaient là à se dévisager, l'un avec surprise et l'autre avec une arrogance triomphante. Craven retira son poing de la poitrine de son adversaire et recula. Un trou perforait son corps à présent, dévoilant par ailleurs les ténèbres d'un noir d'encre cachées sous la façade humaine dont le démon s'était attifé.
Un hurlement humain s'échappa de l'une des femmes, aussitôt suivi par un bruit de pas sur le trottoir. Les humains ne pouvaient voir le maître des ombres pour ce qu'il était réellement, ni voir Craven comme le démon qu'il était. Ce qu'ils voyaient, c'était deux hommes en train de se battre en pleine rue, et que l'un avait troué la poitrine de l'autre d'un seul coup de poing.
Craven sourit d'un air sardonique.
— Tu es en train de perdre. »
Le maître des ombres recula de quelques pas en titubant et baissa les yeux sur le trou qui venait d'être fait dans sa poitrine. Un long et profond hurlement retentit dans tout le parking, et le démon leva les yeux juste à temps pour voir la première âme se faufiler par cette béance. Son corps se tendit brusquement en avant en un angle anormal, juste avant qu'une deuxième âme se fraye un passage à son tour par le même endroit. Suivies d'une multitude d'autres, qui volèrent jusqu'à lui pour pénétrer le corps humain qui abritait le démon, pour attaquer les ténèbres qui régnaient à l'intérieur.
Craven poussa un soupir de satisfaction lorsque la dernière âme lutta pour entrer dans le corps. Le démon se tenait droit comme un piquet, les bras grands ouverts. Sa peau se mit à se craqueler de part en part et des volutes de fumée noire s'élevèrent de ses fissures, aussitôt suivies d'une douce lumière blanche.
Faisant volte-face, le démon essaya de courir mais ses mouvements étaient raides et saccadés, presque semblables à ceux d'un zombie, détail qui amusa Craven dans une certaine mesure.
Le maître rejeta la tête en arrière et poussa un hurlement au moment précis où son corps se voyait complètement déchiré de l'intérieur. Le hurlement cessa brusquement et une fine fumée noire et grisâtre plana un instant dans les airs avant de se disperser avec la brume du matin, et de finalement disparaître dans un dernier sifflement de mépris.
Craven tendit les bras, comme pour réclamer une étreinte. Les âmes qui erraient sur le parking se tournèrent vers lui et replongèrent dans son corps. Une fois la dernière âme disparue de cette dimension, Craven laissa retomber les bras et s'approcha des lambeaux qui restaient des vêtements que le maître des ombres avait porté un peu plus tôt.
En se baissant, il ramassa le médaillon et sortit du parking. Alors qu'il reculait jusque sur le trottoir, Craven leva les yeux et vit de nouveaux mortels qui s'interrogeaient.
Dans les ombres jetées par les immeubles voisins, il repéra quelques démons des ombres qui se faufilaient en douce… désormais inutiles sans maître à qui obéir. Les démons des ombres, en temps normal, ne représentaient pas de menace une fois leur maître défait, donc Craven ne s'inquiétait pas sérieusement de l'endroit où ils se rendaient. Levant le médaillon dans la faible lumière diurne qui incendiait peu à peu le brouillard, il sourit de nouveau.
« Bonne journée ! » lança-t-il tranquillement avant de mettre le médaillon Aztèque dans sa poche et de se diriger vers son antre.
Peut-être qu'il allait s'amuser avec ce médaillon porté par le maître des ombres.
Il se mit à apparaître un peu partout à travers la ville à une telle vitesse que lorsqu'il vit la créature aux ailes argentées, ce ne fut qu'après coup. Ralentissant le pas, Craven se retourna et fit à nouveau face au centre-ville, en contemplation. Voilà qui était intéressant... il croyait que toutes les Déchues avaient été arrachées à ce monde à leur naissance.

*****

Carley avait suivi l'Indien, qui porta Tiara dans ses bras tout le temps de son trajet à travers la ville, avant qu'ils ne parviennent enfin au sombre manoir situé dans les collines des alentours. Cet endroit lui filait la frousse... peut-être était-ce à cause des gargouilles et démons qui rampaient sur toute sa façade. L'intérieur de la demeure ne valait pas mieux.
Une fois encore, elle fut soulagée que la plupart des monstres ne puissent la voir. Même s'ils en étaient capables, ils ne pourraient pas lui faire de mal, grâce au sort de Tiara. Cela ne l'empêcha pas de sursauter lorsqu'elle entendit des hurlements monter de la cave... du moins espérait-elle que c'était bien la cave, et non le rez-de-chaussée.
Tentant d'ignorer les cris d'agonie, Carley se dépêcha de suivre l'Indien qui montait au deuxième étage. S'il conduisait Tiara à une sorte de salle de torture, alors elle devait agir vite. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce derrière lui, Carley s'arrêta pour regarder l'homme dont le regard était abaissé sur Tiara.
Faucon-de-Nuit affichait un visage soucieux, désireux d'éprouver quelque chose... ne serait-ce qu'une seule étincelle d'émotion tandis qu'il contemplait la belle jeune femme. Elle avait provoqué quelque chose en lui lorsqu'il l'avait rencontrée la première fois, mais cela avait été si bref qu'à présent, il se demandait si cela n'avait pas été qu'une simple illusion. Son regard fut attiré par la terre de cimetière qui salissait encore son corps et son visage.
Carley entra en panique lorsque l'Indien entreprit de déshabiller Tiara.
« Arrêtez ! hurla-t-elle en se glissant entre eux, mais Faucon-de-Nuit tendit un bras qui la traversa. Merde, où sont les héros quand on en a besoin ? » s'impatienta-t-elle.
Carley se rebiffa et fit pleuvoir des coups en rafale sur l'Indien pour tenter de détourner son attention de Tiara et la diriger vers elle. Elle cessa toute tentative quand il lui apparut que c'était inutile.
Elle devait retourner au QG de l'EEP et renseigner Jason et Guy sur la localisation de Tiara, mais elle ne pouvait se décider à partir avant d'être sûre que son amie serait encore vivante lorsqu'ils reviendraient la sauver.
Faucon-de-Nuit se redressa et retira ses propres atours jusque sur son tissu déchiré avant de soulever de nouveau la jeune femme dans ses bras. Une fois dans la salle de bain, il entra dans la grande baignoire à remous et s'agenouilla, attendant manifestement que la cuve se remplisse d'eau chaude pour pouvoir débarrasser le corps de Tiara de l'odeur de son amant. Il n'aimait pas non plus l'odeur du maître Arach qui imprégnait encore sa peau.
Sous l'effet de la détente, Faucon-de-Nuit laissa son esprit vagabonder tandis que le niveau d'eau chaude montait. Il méprisait les nécromanciens parce qu'ils l'avaient transformé en ce qu'il était aujourd'hui… il devait même se concentrer sur ce sentiment avant d'en sentir le léger tiraillement. Cette nécromancienne était différente des autres... elle ne voulait pas avoir le contrôle sur les âmes ... elle voulait les délivrer.
En baissant les yeux sur la jeune femme allongée dans ses bras, il n'eut pas à se demander pourquoi ce corps ne lui faisait aucun effet. Son âme était encore piégée dans la tombe et avec elle… l'essentiel de ses émotions. Il n’éprouvait aucun besoin d'être aimé ou haï… et encore moins de désirer qui que ce soit. Après avoir trouvé le shampoing sur une étagère d’angle, Faucon-de-Nuit savonna avec douceur ses longs cheveux argentés, faisant glisser comme de la soie les mèches entre ses doigts. Ne voyant aucune raison de se hâter, il prit le temps de la laver. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas touché quelqu’un sans être animé d'une intention malveillante.
Lorsqu’il fut satisfait de l'odeur qu'elle dégageait, il rinça ses cheveux et sa peau avant de vider la baignoire. Passant quelques serviettes autour de son corps et de ses cheveux, il recula dans la chambre pour l’allonger sur le lit. Il avait fait ce qu’il avait pu pour elle. Puisque l’eau ne l’avait pas réveillée, il savait qu’elle était en cet instant plongée dans un profond sommeil et qu’elle ne se réveillerait peut-être pas avant un certain temps. Sans la protection adéquate, cette guerre causerait sa perte.
Après avoir enlevé la serviette de ses cheveux, Faucon-de-Nuit souleva délicatement le haut de son corps et passa ses doigts sur la blessure située à l’arrière de sa tête. Il l’avait sentie en lui lavant les cheveux. Au cours de sa première vie, il avait été une sorte de guérisseur… un chaman… alors il savait que cette blessure ne menaçait pas la vie de la jeune magicienne.
Il laissa son esprit la pénétrer profondément, avec le désir de savoir si elle avait une autre raison de vouloir rester endormie… une autre raison d’abandonner ce monde pendant un petit moment. Il n’avait jamais rompu le lien qu’elle avait établi avec lui dans ce cimetière plus modeste, et cela lui permettait de retourner cette connexion mentale vers elle. Par le passé, lorsqu’un nécromancien avait souhaité se connecter à lui de cette manière, cela lui avait plutôt laissé l'effet d'une prise d’étranglement. Sa connexion avec la jeune femme lui avait semblé celle entre deux mains qui se rejoignaient.
Même dans son sommeil, il pouvait sentir son désir charnel incandescent… cette facette chez la nécromancienne n'était pas l'héritage du sang de Craven. Elle le gardait enfoui tout au fond d’elle… y enterrant son appel. Cet appétit charnel offrait la capacité d’accélérer ses aptitudes de guérison naturelles. C’était la seule chose qu’il ne pouvait pas faire pour elle… l’énergie dont elle avait besoin émanait de l’âme, et pour l’instant… il n’en avait pas. Qu’elle dormît pour le moment était une bonne chose, même si cela impliquait une guérison plus lente.
Faucon-de-Nuit caressa sa joue satinée du dos de sa main, là où Nile l’avait frappée et y avait laissé un hématome foncé. Craven avait dit que la caresse d’un amant pouvait la guérir. Fallait-il avoir une âme pour aimer ? Il le supposait, puisqu’il n’avait éprouvé aucune émotion depuis sa véritable mort des décennies plus tôt. Très fréquemment, il lui fallait se concentrer très intensément pour ne serait-ce que ressentir la moindre parcelle d’émotion, par-delà son âpre insensibilité.
L’abaissant doucement sur l’oreiller, Faucon-de-Nuit se redressa de toute sa taille et regarda par-dessus son épaule l’âme qui le hantait depuis son retour à la maison.
« Tu lui appartiens… n’est-ce-pas ?
Carley fit un bond de surprise : elle n'avait pas réalisé que l’Indien avait décelé sa présence dès le début. Elle posa sur lui un regard méfiant. Il l’avait tout simplement ignorée pendant qu’elle hurlait et fulminait contre lui... quel enfoiré. Son expression s’adoucit… elle avait cessé de crier après cela, en proie à une confusion grandissante en l'observant s'occuper de Tiara avec tant de délicatesse.
Cessant de flotter auprès de Tiara, elle se baissa lentement pour paraître s’asseoir sur le bord du matelas. Il n’y avait aucune raison de se cacher de lui… ce n’était pas comme s’il pouvait la blesser, quand bien même l’envie lui en prendrait… ce dont elle doutait.
— On pourrait présumer que je lui appartiens… mais ce n’est pas le cas, répondit Carley avec honnêteté alors qu’elle tendait une main pour toucher les longs cheveux propres de Tiara, et imaginait leur texture comme si elle était encore vivante pour la sentir.
Elle n’était pas morte depuis assez longtemps pour avoir oublié la sensation du toucher.
— Alors pourquoi l’as-tu suivie ? demanda-t-il.
Carley leva les yeux et le menton d'un air de défi.
— C’est mon amie… je veux savoir si elle va bien.
Faucon-de-Nuit acquiesça, respectant cette réponse.
— Et la magie de Craven ne te touche pas, même si tu te trouves entre ses murs ?
Cela semblait être une question importante pour l’Indien, alors Carley secoua la tête et baissa les yeux sur son amie.
— Grâce à Tiara, la nécromancie ne peut plus m’affecter ou me contrôler. Je l’aime pour cela, alors par pitié, ne lui faites pas de mal.
Faucon-de-Nuit sentit son cœur se gonfler d’espoir. Cette émotion s’envola aussitôt mais suffit à lui donner l'envie d’en éprouver davantage. C’est tout ce qu’il avait jamais désiré… ne plus jamais être invoqué par un démon.
— Nous n’avons aucune intention de lui faire du mal. C’est elle qui souhaitait venir avec nous et nous avons honoré cette requête. Si tu ne me crois pas, alors tu es libre de rester jusqu’à son réveil pour lui poser toi-même la question.
Il ne faisait que dire la vérité… la sincérité, seul trait de caractère qu'il ait conservé de son vivant.
— Alors, qui lui fait du mal ? demanda Carley en sachant que ce n’était pas l’homme qui se tenait à côté d’elle, mais les bleus guérissant rapidement sur le corps de Tiara, qui illustraient de bien mauvaises intentions.
— Le démon qu’elle affrontait dans le cimetière en est à l'origine, répondit Faucon-de-Nuit en allant s’asseoir sur la fenêtre, là où le soleil pouvait le toucher.
C'était l'une des seules pièces de la maison où les fenêtres n'avaient pas été repeintes en noir. Faucon-de-Nuit tenta de se souvenir s'il avait un jour aimé la lumière du soleil ou non... il le supposait.
Le visage de Carley s'assombrit quand il tourna la tête vers la fenêtre comme pour les ignorer, elle et leur conversation.
— Et Craven serait ce démon qui t'accompagnait ? Serait-ce ce même homme qui a fait encercler la maison par tous ces monstres ? Honnêtement, je ne pense pas que Tiara approuverait.
Elle tendit le bras et posa sa main sur celle de Tiara, malgré le fait que l'une traversait complètement l'autre.
— Et pourquoi nous abandonnerait-elle… nous, ses amis, pour partir suivre un démon ?
— Elle et Craven sont parents. On peut dire que Craven est son oncle. Mais dans l'esprit de Craven, l'enfant de son frère est comme son propre enfant. C'est pourquoi il ne la menacera en rien. Elle n'est pas une prisonnière en ces lieux et on ne la forcera pas à rester. Une fois guérie... si elle décide de partir, je partirais avec elle en tant que son protecteur.
— Pourquoi ferais-tu cela ? interrogea Carley.
C'était Craven, le parent de la jeune nécromancienne… et non l'Indien. Elle continua de l'interroger :
— Craven te l'a-t-il ordonné ?
— Non, j'échappe entièrement au contrôle de Craven à ce jour, répondit-il sans se retourner pour la regarder. Je suis un Rôdeur de l'Ombre et elle est la seule à pouvoir me rendre mon âme.
Carley en fut bouche bée... un Rôdeur de l'Ombre ? Voilà qui demandait une bien puissante magie. Elle repensa aux mythes et légendes qu'elle avait étudiés par le passé, et même ces anciens écrits les mentionnaient rarement.
D'après ses souvenirs, un Rôdeur de l'Ombre naissait à la place d'un mortel qui avait possédé des pouvoirs mystiques au cours de sa vie humaine, et se voyait réveillé d'entre les morts par un puissant sorcier comme s'il était un zombie. Mais ce n'était que la première étape à franchir pour devenir un Rôdeur accompli.
Contrairement à la plupart des zombies, ils pouvaient utiliser leur propre pouvoir pour retrouver leur esprit et leur cœur. On disait qu'ils n'avaient pas d'âme, mais elle ne se rappelait pas quels pouvoirs un Rôdeur de l'Ombre possédait, ou s'il existait même une limite à ces pouvoirs.
Elle se renfrogna en ne se rappelant pas avoir lu la moindre ligne parlant d'un Rôdeur de l'Ombre qui aurait récupéré son âme. Cela était-il seulement possible ?
— Ton âme ne se trouve-t-elle pas dans l'autre monde ? Carley avec curiosité.
— Non, elle est prisonnière au fond de ma tombe », répondit Faucon-de-Nuit, avant de disparaître dans le monde des esprits.
Carley s'assit dans un silence étonné. Prisonnière au fond de sa tombe ? Elle frissonna à l'idée d'être coincée sous terre au lieu d'aller et venir librement comme elle le faisait à l'heure actuelle. Baissant les yeux sur le sol, elle réalisa que Faucon-de-Nuit avait beau avoir disparu de sa vue, elle pouvait encore sentir sa présence dans la pièce.
En regardant de nouveau Tiara, Carley décida de ne pas insister sur le sujet avec cette conversation... lui accordant ainsi l'intimité qu'il lui demandait tacitement.

Chapitre 2
Au beau milieu de la pagaille créée au Cimetière d'Hollywood, Michael baissa les yeux sur l'Arach mort à ses pieds et essuya ses mains poussiéreuses sur son manteau.
« C'était divertissant, grommela-t-il entre ses dents.
Il leva les yeux juste à temps pour voir Kane décapiter un autre démon et lancer la tête arrachée de celui-ci par-dessus son épaule. Michael s'écarta maladroitement pour esquiver la tête volante et fusilla du regard le dos que Kane tournait vers lui.
— Tu permets ? demanda Michael. Je suis arrivé jusqu'ici sans me salir... et j'aimerais bien continuer comme ça.
Kane lui lança un sourire ironique par-dessus son épaule.
— Tu es assez rapide pour éviter un projectile.
Tabatha poussa un soupir, ayant vu assez de sang pour toute la durée de sa vie. Il semblait à présent que les garçons s'en amusaient comme d'un jeu.
— Si je ne connaissais pas Kane, j'aurais juré que vous prenez un peu trop de plaisir à tuer ces bestioles.
— Eh bien, je n'ai jamais entendu… il s'interrompit pour réfléchir un moment avant de regarder autour de lui les démons qui gisaient sans vie, puis reposa les yeux sur Tabatha. Tu as raison, je m'amuse, avoua-t-il en haussant les épaules, sans la moindre compassion.
— Tu te rappelles quand tu m'as demandé si on pouvait utiliser une caméra ? demanda timidement Tabatha.
Kane laissa retomber le démon sans tête sur le sol, son regard glissant de manière suggestive sur le corps de sa compagne.
— Ouais… je m'en souviens.
— Pas de caméra, décréta Tabatha en s'éloignant.
Michael se mit à rire devant l'expression abattue de Kane, juste avant que le vampire blond platine se décide à courir après sa compagne.
— Attends, l'appela Kane. Je retire ce que je viens de dire… je ne m'amuse pas du tout. Il s'arrêta assez longtemps pour plonger sa main à travers le corps d'un Faucheur qui passait près de lui à toute allure. Ils m'ennuient… tu vois ? ajouta-t-il.
Angelica haussa discrètement un sourcil, prise d'une envie de rire. Elle se retint, avant de lever les yeux vers Syn avec curiosité.
— Tes fils sont… intéressants.
— Il leur faut encore sortir de l'adolescence, fit observer Syn d'un air impassible. Et de plus… ils ont besoin de leur mère.
Michael braqua sur Syn un regard indigné, ayant surpris la remarque.
— Je suis tout à fait sorti de mon adolescence, merci beaucoup.
Sur ces paroles, il tapa du pied par terre comme un enfant qui piquerait une crise de colère, tout en grommelant dans sa barbe. Au passage, Michael donna un coup de pied dans la tête que Kane lui avait lancée comme un ballon de foot, et elle fendit les airs. Avant d'atterrir dans une rangée d'arbres et d'être suivie d'une forte exclamation.
— Qui est l'enfoiré qui lance des têtes de démon partout ? retentit soudain la voix de Jason.
Michael se figea un moment avec une grimace, puis décida de ne pas s'attarder.
— Je vais voir comment va Kane, déclara Michael en passant devant Syn et Angelica en courant, dans la direction opposée à celle de Jason.
— J'ai tout dit », conclut Syn d'un air de conspirateur, et Angelica détourna les yeux pour cacher son sourire amusé.

*****

« Tu as vu ça ? s'éleva la voix de Nick de derrière une crypte. Je viens de voir passer une tête volante par ici.
À ce moment-là, un Faucheur arriva en vue d'une démarche trébuchante, en pleine tentative de fuite devant sa mort imminente. Il y avait quelque chose de drôle à lire une telle frayeur sur le visage d'un monstre.
— Oui Nick, je l'ai vue, répondit Kriss en devenant visible à son tour.
Nick tira dans les pattes du Faucheur, avec une expression presque sadique.
— Allez. Montre-nous que tu sais danser.
— Nick, arrête de faire joujou avec cette saleté, grogna Steven, avant de lever les yeux au ciel en réalisant qu'il défendait un monstre.
Jewel s'avança vers le Faucheur et lui arracha la tête d'un coup de feu avant d'adresser un sourire charmant à Nick.
— Ton partenaire de danse vient de claquer.
— E-Eh ! gémit Nick. C’était ma cible.
— En fait, c’était la mienne, rétorqua Kriss, les bras croisés. Qui crois-tu qu’il était en train de fuir ?
— Trop de chasseurs et plus assez de proies, lança Dean en sortant de l’ombre projetée par un arbre voisin.
— Au moins Nick s’est débarrassé de ce bras, grommela Steven, avant de faire mine d'avoir des spasmes en ajoutant : Beuurrk.
Kriss grimaça.
— Ne mentionne plus JAMAIS... ce bras.
— Pourquoi ? interrogea Jewel, sans comprendre la plaisanterie.
Nick afficha un large sourire.
— Eh bien, je…
Kriss se tourna vers lui et grogna :
— Encore un mot et je te ferais moi-même effectuer un aller simple à Saint-Peter.
Dean sourit d’un air ironique.
— Ne le teste pas, petit chat… il semble assez cinglé pour tenir parole.
Kriss se tourna vers Dean et ouvrit des yeux ronds en lisant le désir sous-jacent qui brillait dans les yeux de ce dernier. Il ne pouvait s'en empêcher... son regard glissa sur le corps de Dean et il rougit un peu, avant de détourner les yeux.
Jewel sourit, ayant saisi ce à quoi les deux hommes pensaient. Contrairement à Steven et Nick, qui ne comprenaient rien du tout.
Le regard de Dean se fit ténébreux et séducteur devant la réaction qu'il provoquait chez Kriss. S'arrêtant derrière l'autre Déchu, Dean lui enlaça la taille d'un bras et approcha sa bouche de son oreille sensible.
— Je crois que vous pouvez prendre le relais, les gars, dit-il.
Il sourit lorsque Kriss frissonna légèrement sous son souffle chaud.
Les trois spectateurs de la scène clignèrent des yeux hallucinés devant la disparition subite des deux Déchus.
— Comment font-ils ça ? interrogea Steven tout bas.
— Je ne sais pas, répondit Nick, qui tentait d'effacer de son esprit l'image de Dean et de Kriss si étroitement enlacés.
Des bruits de pas sur le côté leur firent tourner la tête au moment où Quinn et Kat arrivaient en vue et sortaient de derrière la crypte.
— Eh bien, voilà presque tout le monde, déclara Nick. Je suis prêt à laisser le reste de cette pagaille à l’EEP.
— Ne manquent plus qu’Envy et Devon, maintenant, fit observer Steven.
Jewel regarda autour d'elle.
— Je me demande où ils sont ?
— La dernière fois que je les ai vus, ils étaient avec le frère d'Envy et notre nounours flingueur préféré. Je suis sûr qu'ils peuvent partir avec lui, déclara Nick. Alors si vous venez avec moi, le train part tout de suite.
— Tu es prête ? demanda Quinn à Kat, en l'attrapant par la taille.
— Depuis environ une heure, répliqua Kat en levant vers lui un visage souriant.
Ils avaient formé une excellente équipe cette nuit, mais tous ces combats avaient disposés Kat à faire autre chose.
Steven passa son bras sur l’épaule de Jewel et la guida vers l'entrée du cimetière.
Nick leva les yeux au ciel. Il commençait à avoir la sensation de tenir la chandelle. Dans un autre coin du cimetière, leurs quatre amis patrouillaient à travers le cimetière en abattant les démons un par un. Trevor avait son portable à l'oreille, occupé à donner des ordres aux personnes qu'il avait postées dans l'arrondissement.
— Ouais, on va avoir besoin de deux barrages routiers pour tenir les humains à distance du Cimetière d'Hollywood. Assurez-vous que toutes les routes soient couvertes.
Trevor se tut une minute en écoutant la réponse de l'officier au bout du fil.
— Faites le nécessaire dès que possible, enchaîna Trevor. Il va bientôt être neuf heures… il faut que tout soit prêt dans les dix à quinze prochaines minutes. Des badauds sont déjà en train de débarquer, mais heureusement, j'ai envoyé du monde à l'extérieur pour les empêcher d'approcher. Le truc, c'est que ce ne sont pas des policiers, et ça fait des histoires. Nous n'avons pas besoin que quelqu'un se mette à souiller la scène de crime… si tu vois ce que je veux dire… vandalismes et incendies criminels… environ trois jours…. Non, si quoi que ce soit tente de sortir, je ne pense pas que cela empruntera les routes.
Trevor se massa la tempe de sa main libre.
— Écoute, si tu vois quelque chose que tu n'as jamais vu auparavant... contente-toi de lui tirer dessus. »
Il raccrocha et poussa un lourd soupir.
« Je déteste avoir à tout épeller.
— Oh tu sais épeller ? demanda Chad en ouvrant comiquement des yeux ronds.
Devon renifla d'un air moqueur et Envy esquissa un petit sourire sarcastique.
— Non, s'empressa de répondre Envy qui se sentait d'humeur un peu légère. Mais il arrive à s'en approcher en étudiant les mots.
— Laisse-moi deviner, l'interrompit Chad. Il épelle “le” phonétiquement ?
Envy hocha la tête.
— Ouais, l… e… u… h.
Chad faillit s'écrouler de rire à côté d'un Trevor vexé.
— Vous allez arrêter, tous les deux ? s'impatienta Trevor.
— Arrêter quoi ? rétorquèrent simultanément Envy et Chad, ce qui eut le mérite de déclencher un choeur de gloussements chez le frère et la sœur .
Envy sourit à son frère, se souvenant de toutes ces occasions dans leur jeunesse où ils avaient eu des ennuis parce qu'ils attrapaient un fou rire et ne voulaient pas se calmer. À bien y repenser, cela se produisait souvent lorsqu'ils étaient censés aller dormir. Elle regarda son frère de plus près. Ouais, ses yeux étaient vitreux.
Devon ne prêtait pas vraiment attention à ces taquineries, à ce instant. Il avait localisé Warren à distance, tout occupé qu'il était à démembrer un démon, et se fit violence pour ne pas se transformer pour courir rejoindre son frère.
Envy surprit l'expression de Devon et y lut un sentiment d'envie à la façon dont ses yeux changèrent de couleur. Elle suivit son regard pour repérer à son tour le jaguar, et comprit que c'était dans sa nature de se métamorphoser. Il y avait de fortes chances pour qu'il reste sous sa forme humaine pour elle seulement, et ce n'était pas très correct de sa part envers lui.
— Pourquoi ne vas-tu pas l'aider ? demanda-t-elle en tendant la main vers lui pour la poser sur son avant-bras. Ça ira pour moi.
Devon se tourna vers elle.
— Comment vas-tu rentrer ?
— Je vais la ramener chez moi, proposa Chad, qui en vérité aimait bien cette idée. L'appartement n'était plus pareil depuis le départ de sa sœur . Je suis prêt à partir d'ici, de toute façon. Tu peux arrêter et venir la chercher quand tu en auras terminé ici. Il ajouta rapidement : Et prend ton temps, parce que nous serons probablement en train de pioncer, de toute façon.
Devon s'apprêtait à objecter puis il regarda le frère et la sœur , avant de réaliser pour la première fois qu'ils étaient tellement fatigués qu'ils étaient à deux doigts du délire. Il éprouva quelques remords pour ne pas s'en être rendu compte plus tôt. Les humains avaient besoin de deux fois plus de sommeil qu'un métamorphe... si ce n'était pas plus.
— D'accord, concéda Devon avant de gratifier Envy d'un long baiser. Je passerai te ramener... va dormir un peu.
Envy hocha la tête puis regarda Devon se déshabiller avant d'adopter sa forme de jaguar. Il disparut dans le cimetière à la suite de Warren et elle s'émerveilla de cette grâce dont il était pourvu sous toutes ses formes.
— On peut y aller, maintenant ?
La voix de Trevor était sombre, car il n'aimait pas la manière dont Envy regardait Devon.
Envy et Chad acquiescèrent tous les deux.
— Bonne idée, dit Chad. Je détesterais l'idée de représenter une cible facile pour quelque Faucheur chanceux simplement parce que j'ai décidé de m'allonger dans le cimetière et d'y piquer un somme. Je n'ai pas dormi ces deux derniers jours.
Tous trois se rapprochèrent de l'entrée du cimetière, en abattant deux Faucheurs de plus au passage. Lorsqu'ils eurent enfin rejoint la voiture de Trevor, Chad dut s'arrêter pour la contempler un instant, incapable de contrôler le sourire sadique qui lui montait aux lèvres.
— Où est passée ta vieille voiture ? demanda Envy à Trevor, qui s'approchait de la beauté noire toute neuve. Non que celle-ci ne soit pas superbe, parce que c'est le cas.
Trevor se figea soudain en se rappelant de la caractéristique que Ren avait ajoutée à la voiture. Oh merde ! Il éprouva soudain l'urgence de tourner les talons pour s'enfuir à toutes jambes.
— Trevor, lança Evey avec excitation, imitant parfaitement la voix volée à Envy. Je suis contente que tu ailles bien. J'étais occupée à scanner tous ceux qui franchissaient l'entrée et ai déjà déposé l'essentiel de ton rapport dans le système de l'EEP.
Le visage de Trevor devint tout blanc en regardant Envy, et il lut de l'incrédulité sur son visage.
— Trevor, lança Envy en singeant l'inquiétude qu'elle avait perçue dans la voix du véhicule... sa voix. Y a-t-il quelque chose que tu souhaites partager avec le reste de la classe ?
— Oh, qui est-ce ? interrogea Evey. Je ne l'ai jamais vue avant et elle ne figure pas dans la base de données de l'EEP. Dois-je l'y ajouter ?
Si Trevor ne la connaissait pas aussi bien, il aurait juré que la voix d'Evey était un peu trop douce pour être sincère.
— Evey, voici ma sœur Envy, annonça Chad. Elle est humaine et ne fait pas partie de l'EEP. Peux-tu nous conduire à la maison ?
Les portières de la voiture s'ouvrirent aussitôt et ils s'installèrent tous à l'intérieur, Trevor et Chad devant et Envy à l'arrière.
— Quand as-tu appris à parler ? demanda Envy à Evey, en décochant à Trevor un regard noir via le rétroviseur.
Si les regards pouvaient tuer, le chauffeur d'Evey serait déjà un homme mort.
— Tout récemment, répondit laconiquement Evey d'une voix sèche… avant d'ajouter aussitôt : Ne pense même pas à éloigner Trevor de moi.
Chad eut l'air totalement éberlué tout à coup, et se mit à rire si fort que ses côtes lui firent rapidement mal.
— Oh, ne t'inquiète pas à ce sujet, la rassura Envy en adressant un petit sourire presque diabolique à Trevor par rétroviseur interposé. Je n'ai aucunement l'intention de te le piquer. Je crois que vous formez tous les deux le couple parfait.
Evey laissa échapper un petit cri d'excitation et les portières se refermèrent aussitôt.
— Où est-ce que toi et Chad habitez ?
Cette fois, la voix de la voiture était enjouée.
— Je vais conduire, annonça Trevor, en souhaitant que la terre s'ouvre pour en finir une bonne fois pour toute. Toi, vas-y, fais connaissance avec Envy.
— Oui, dit Envy tandis que Trevor faisait démarrer la voiture. S'il-te-plaît, raconte-moi tout sur toi et les choses amusantes que vous avez en projet avec Trevor.
Chad était presque complètement ramassé sur le plancher, écroulé de rire, et il ne s'arrêta qu'au moment où ils furent presque arrivés à son appartement. Dès qu'Evey fut garée, Chad sortit en titubant de la voiture, et se précipita dans l'appartement, en sachant très bien qu'Envy prendrait quelques minutes de plus avant de prendre congé. Nom de Dieu, ses joues lui faisaient mal. Le petit détail qui rendait la situation encore plus drôle était que Trevor n'était pas en tort sur ce coup-là, cette fois-ci.
— Evey, demanda doucement Envy, cela t'ennuirait-il si Trevor me raccompagnait jusqu'à ma porte ? J'ai en quelque sorte vu bien trop de monstres pour ce soir pour me sentir en sécurité une fois toute seule… et on dirait bien que mon grand frère m'a laissée tomber.
Trevor grimaça à ces mots, car il savait très bien qu'il allait passer un sale quart d'heure et Evey n'aidait pas à arranger la situation. Ce n'était vraiment pas sa nuit.
— C'est une bonne idée. Trevor, toi tu t'assures que rien de dangereux ne menace ma nouvelle amie. Moi, je finirai de mettre à jour ton rapport à l'EEP à ta place. »
Le tableau de bord s'illumina pour afficher un écran d'ordinateur, tandis qu'Evey effectuait sa mise à jour en fredonnant doucement. Elle avait décidé, puisqu'Envy était la sœur de Chad et qu'elle se battait de toute évidence contre des monstres, qu'elle méritait d'avoir son propre dossier dans la base de données de l'EEP. En secret, elle prit une photo de la jeune femme à l'aide de sa caméra cachée.
Trevor poussa un soupir, s'abandonnant à l'auto-apitoiement, avant de sortir lentement de la voiture. Eh bien, lui qui avait souhaité un moment seul à seul avec Envy, il semblait à présent qu'il allait l'obtenir. Il était tout à fait pour l'idée de tenter de voir le bon côté des choses, mais ce bon côté commençait à lui paraître très maigre.
Ils arrivèrent enfin devant la porte d'entrée et Trevor se retourna pour lancer un coup d'œil à Evey, pour constater qu'un grand arbre dans la cour du devant se dressait maintenant entre eux. Envy choisit ce moment pour se retourner vers lui et le foudroyer du regard, ayant réfléchi à ce moment pendant tout le trajet. Elle lui planta un doigt dans la poitrine avec une telle violence que Trevor crut assurément qu'il y aurait un trou à cet endroit une fois qu'ils en auraient terminé.
« Était-ce censé être une blague, parce que si c'est le cas, ce n'est pas très marrant ? siffla Envy d'une voix étouffée, car elle ne savait pas à quel point le satané micro de la voiture était sensible.
— Oh oui, ça pour une blague, ç'en est une, gronda Trevor en réponse. Mais c'était censé me torturer… pas toi. Honnêtement, j'avais complètement oublié tout ça juqu'à ce que nous soyions retournés à la voiture, expliqua Trevor en se passant une main dans les cheveux. Je suis désolé que tu aies dû voir ça.
Lire dans ses yeux et entendre dans sa voix la sincérité de ces paroles ramena Envy sur terre, la faisant redescendre aussitôt de sa colère. Il disait la vérité... elle l'espérait.
— Pourquoi quelqu'un te ferait un truc pareil ?
Les yeux bleus aux reflets d'acier de Trevor se teintèrent d'une nuance un peu plus sombre en soutenant le regard de son âme sœur .
— Parce que tout le monde sait que je t'aime et que tu me hais. Ils trouvent cela amusant. Pourquoi crois-tu que Chad était en train de rire comme un bossu pendant tout le trajet ?
— Trevor, répondit Envy, qui sentait son cœur se serrer douloureusement à ces paroles. Ce n'est pas vrai, corrigea-t-elle à voix basse. Je ne pourrais jamais te hair.
— Je sais, lui assura-t-il avec un petit sourire, qui s'évanouit bien vite quand une expression soucieuse envahit ses traits. Je suis tout à fait conscient que tu nous aimes tous les deux. Devon le sait aussi.
Envy écarquilla les yeux et recula aussitôt d'un pas. Secouant imperceptiblement la tête, elle chuchota :
— Pourquoi penserais-tu cela ?
— Nous sommes des métamorphes, Envy… nous pouvons le sentir, insista Trevor, en avançant d'un pas pour réduire la distance entre eux. Ne me dis pas que tu n'as pas envie de moi quand je sais que c'est la vérité. Tu m'aimes autant que tu l'aimes lui, parce que tu as deux âmes sœur s.
Il déglutit avec difficulté, maintenant qu'il l'avait dit à voix haute.
Envy resta silencieuse, puis leva des yeux de biche vers les siens, avec le sentiment d'avoir été prise dans les phares de sa voiture. Elle ne savait pas comment répondre à cela parce qu'en vérité... Trevor pouvait encore la faire changer d'avis. Elle s'était même fait violence pour réprimer cette attirance qu'elle ressentait pour lui, parce qu'elle avait choisi Devon.
— Dis-moi que tu ne m'aimes pas, murmura Trevor, qui se pencha un peu plus vers elle jusqu'à ce que leurs lèvres se touchent presque.
Cette fois, ce fut Envy qui déglutit péniblement. Elle se forçait à nier ce que lui disait Trevor parce que des sentiments enfouis ne le lui permettaient pas. Elle détestait qu'on lui mente… donc elle était quasiment incapable de le faire elle-même. Elle l'aimait encore... mais c'était mal d'être amoureuse de deux hommes en même temps.
— J'aime Devon, souffla-t-elle tout contre ses lèvres, tout en se maudissant intérieurement de lui faire encore du mal.
— Bonne tactique… l'esquive, contra Trevor suite à un moment de silence, avant de se reculer juste un peu pour transpercer son regard du sien. Parce que si tu me mens... je serais capable de le sentir sur toi.
Envy recula d'un pas tandis que Trevor se tenait au-dessus d'elle, bloquant tout le reste de sa vue, bien qu'il se fût écarté. Passant une main dans son dos, Envy tâtonna pour trouver la poignée de porte. Elle ne voulait pas y penser... cela lui brisait le cœur.
Enfin, ses doigts effleurèrent la poignée et elle la tourna, ouvrant ainsi la porte. Elle se faufila à l'intérieur et allait pour la refermer quand la main de Trevor surgit et l'empêcha de le faire.
— Tu sais que j'ai raison, chuchota Trevor. Tu éprouves la même chose. »
Envy sentit qu'elle commençait à avoir des papillons dans le ventre et claqua aussitôt la porte au nez de Trevor. Tournant le verrou, elle pivota et s'appuya dos à la porte, attendant d'entendre le son de la voiture de Trevor en train de démarrer et de s'éloigner. Pour une raison obscure, elle avait l'impression qu'il se tenait toujours derrière elle, à attendre de franchir la porte pour la serrer dans ses bras.
Trevor posa les mains à plat contre le chambranle, sentant qu'elle s'attardait juste derrière la porte... adossée au bois qui les séparait, de l'autre côté. Il pouvait entendre son cœur battre la chamade à travers le bois épais et inspira profondément pour se calmer. Son instinct lui hurlait de briser cette porte et de reprendre ce qui était à lui... mais il serait maudit plutôt que de lui donner une raison de cesser de l'aimer.
Il fronça les sourcils un moment quand il ne l'entendit pas s'écarter de la porte d'entrée. Se penchant plus près de cette barrière entre eux, il posa son front contre la fraîcheur du bois et soupira.
« Envy, chuchota-t-il. Je t'aime. »
Ce fut à ce moment-là qu'il entendit de l'autre côté la jeune femme s'élancer pour se réfugier dans sa chambre.

*****

Jason s'assit sur un banc en pierre placé devant l'une des plus grandes cryptes pour reprendre haleine. Il n'avait pas été se cogner à quoi ou qui que ce soit depuis trois minutes et c'était un record pour cette nuit, jusqu'ici.
Tapotant l'anneau, il espéra que la chose voudrait bien d'une façon ou d'une autre se rallumer. Son ventre était noué d'inquiétude, car il ne savait pas où Tiara était et si elle allait vraiment bien. Baissant légèrement la tête, il se sermonna intérieurement de ne pas avoir été capable de la sortir du mausolée. Quel protecteur il faisait. Elle avait même dû demander de l'aide à un démon.
« Tu devrais regarder derrière toi, lança soudain une voix dans le silence qui les entourait.
Jason leva brusquement la tête pour apercevoir un homme aux longs cheveux noirs qui se tenait à peu de distance de lui. Il le regarda d'un air perplexe lorsque les derniers mots de l'inconnu prirent enfin tous leur sens.
Les cheveux sur sa nuque se dressèrent et Jason fit quelques pas précipités avant de partir dans la direction opposée pour voir qui était derrière lui. Quatre Faucheurs le fixaient à deux pas seulement, leurs bouches sans lèvres ouvertes sur leurs dents pointues.
— Oh allons ! tempêta Jason, qui sentait la colère l'envahir. Il était fatigué de se battre contre ces choses. Vous ne l'avez pas encore compris, abrutis ? Quand tu vis dans un cimetière, tu es censé être mort.
Angelica esquissa un sourire ironique, ayant rattrapé Syn juste à temps pour entendre Jason piquer sa petite crise.
— Eh Jason, tu veux voir un truc cool ? lança-t-elle en se postant à côté de lui et en levant les mains devant elle.
Elle ouvrit la bouche et se mit à chuchoter une formule censée les faire imploser. À sa consternation, les Faucheurs reculèrent soudainement, avant de se retourner et de courir se cacher dans les ténèbres.
— Chouette, dit Jason en pensant que c'était le sort qu'elle voulait lui montrer.
— Merde, si tu arrêtais de leur ficher la trouille, peut-être que je pourrais commettre un massacre décent cette nuit, répliqua Angelica en se retournant, pour trouver Syn posté juste derrière elle. Tu es un genre de répulsif anti-démons.
Jason sourit d'un air sarcastique en surprenant ce qu'elle était en train de déblatérer.
— Drapeau Noir pour les démons, grommela-t-il, avant de fermer aussitôt la bouche lorsqu'Angelica se tourna vers lui pour le foudroyer du regard. Je veux dire... d'accord. Tu as tellement raison.
En cas de doute, toujours être d'accord avec les femmes.
Syn rit doucement.
— Je n'ai rien fait à part marcher derrière toi, ma chère. Je n'y peux rien si les Arachs me craignent. Peut-être sont-ils simplement lâches. Devrions-nous nous mettre à la recherche de monstres plus courageux ?
Il fut récompensé de sa plaisanterie lorsqu'Angelica leva les yeux au ciel et sourit. Elle l'appréciait plutôt bien, finalement.
Jason voûta les épaules d'un air découragé en réalisant que c'était l'homme sur lequel on l'avait mis en garde quand il avait commencé à poser des questions au sujet de la belle Angelica. En se disant que c'était sans espoir, il soupira et reporta son attention sur l'anneau.
— Ce stupide bijou est inutile… ce fichu GPS est cassé ou je ne sais quoi, rouspéta-t-il en tentant de retirer l'anneau de son doigt.
Il tira dessus un moment mais décida d'abandonner lorsqu'il sentit son doigt craquer à l'articulation. Il fixa l'objet encore un instant avant de pencher la tête d'un air songeur. Peut-être était-ce une bonne chose si l'anneau ne pouvait être retiré, parce si ç'avait été le cas... il y aurait eu de grandes chances qu'il le jette sur ces satanés Faucheurs.
— Comment puis-je protéger Tiara si je ne suis pas fichu de savoir où elle est ? s'impatienta-t-il en regardant l'anneau. Ce n'est pas le moment de roupiller, bon sang !
— Est-ce que je peux regarder ? demanda Angelica, tendant une main pour que Jason y pose la sienne.
Elle reconnaissait l'anneau d'après les souvenirs que Zachary avait partagés avec elle, et était curieuse concernant son pouvoir.
Jason ne put s'empêcher de regarder Angelica avec de grands yeux ronds comme la lune. Elle tenait sa main avec douceur et examinait l'anneau d'un œil critique. Sa peau était d'une douceur très apaisante contre la sienne... mais il sursauta lorsque Syn décida que c'était le bon moment pour éclater de rire.
Il releva les yeux et vit Syn du coin de l'œil. Ce rire avait sonné un peu trop glaçant à son goût. Avoir croisé Kane la nuit dernière lui avait fichu la frousse mais ce gars-là... c'était sûrement lui que Satan en personne cherchait sous son lit ou dans le placard avant d'aller se coucher.
Syn regarda patiemment Angelica tenir son autre main à un centimètre au-dessus de l'anneau. Voir sa façon de se mordre la lèvre inférieure sous la concentration signa sa perte. Tendant la main à son tour, il la posa sur la sienne et entremêla leurs doigts. Abaissant la tête à côté de la sienne, il effleura de la joue ses cheveux soyeux en passant son autre main de l'autre côté du corps d'Angelica pour la tenir doucement contre lui.
Angelica cligna des yeux d'un air perplexe, ressentant soudain ce qu'elle cherchait.
— C'est de la triche, murmura-t-elle, mais elle chercha aussitôt l'aura de l'anneau pendant qu'elle était si absorbée.
Elle sentait deux passages provenir de la droite… un issu de la lumière et le second, des ténèbres. Cédant à une curiosité morbide, elle décida de suivre le chemin ténébreux pour voir où il menait.
— C'est assez, dit Syn tout bas en éloignant la main d'Angelica de la puissance dégagée par l'anneau. Cet anneau est connecté à la fille, mais aussi à l'esprit du démon. Nous devons nous montrer prudents afin de ne pas l'invoquer accidentellement.
Angelica déglutit et acquiesça, car elle savait qu'il avait raison. Elle l'avait senti dans l'anneau, ce pouvoir de démon. Elle fit tomber ses cheveux devant son visage pour cacher ses yeux tandis qu'elle regardait leurs mains toujours entrelacées. C'était un geste à la fois intime et sexuel, un geste si simple et qui rendait son esprit incertain.
— Il est toujours vivant ? s'inquiéta Jason, les dents serrées, en écartant sa main du reste de son corps en imaginant un démon surgir de l'anneau dans une explosion soudaine.
Si ce que Nile avait dit au sujet de Deth était vrai, il y avait bien un démon en particulier qu'il ne voulait pas du tout voir sortir de l'anneau comme le Génie de la lampe.
— Comme si j'avais besoin d'une autre raison pour vouloir me débarrasser de cette chose en ce moment, ajouta-t-il.
— La fille est inconsciente, l'informa Syn, qui néanmoins plissa les yeux d'un air méfiant, car il n'aimait pas l'aura que dégageait ce bijou.
Il avait senti le démon se retourner pour le regarder, mais avait coupé le lien entre eux avant que son image ne se stabilise. Si cette créature retournait sur terre, il n'y avait pas de mots assez forts pour décrire les ténèbres qu'elle apporterait avec elle.
— Inconsciente ? Raison de plus pour la retrouver, dit Jason, qui oubliait déjà sa peur de l'anneau. Inutile d'imaginer quel danger elle doit courir en ce moment. Avec sa disparition et Zachary au tapis…
— Au tapis ? De quoi est-ce que tu parles ? l'interrompit Angelica, qui dans sa colère arracha sa main à celle de Syn.
— Je croyais que tu le savais, répliqua Jason, je croyais que tous les membres de l'équipe le savaient, maintenant.
— Savaient quoi ? répéta Angelica avec frustration.
— Zachary est devenu fou furieux quand ce démon s'est enfui avec Tiara, et il a fait sauter le nid principal, là d'où sortaient toutes ces saletés. Le démon qui les nourrissait tous a fini dans les flammes, au passage. Zachary s'est évanoui dans le feu juste après l'explosion.
En voyant son visage choqué, Jason s'empressa de poursuivre :
— Tout va bien, Ren l'a sorti de ce guêpier et a disparu avec lui... nous ne l'avons pas revu depuis. Storm sait sûrement où ils sont allés parce qu'il était présent à ce moment-là.
— Et Tiara a été kidnappée par un démon ? releva Angelica, dont le cœur se mit à battre de plus en plus vite.
Pas étonnant que Zachary soit furieux.
— Pas exactement, couvrit Jason. C'est difficile à expliquer. Le truc, c'est qu'elle s'est évanouie en partant avec l'autre démon et tant que ce truc ne remarchera pas, je ne pourrais même pas savoir si elle va bien, ni encore moins savoir où commencer à chercher.
Il donna une tape sur l'anneau dans un accès de frustration, essayant à nouveau de provoquer une réaction.
Sans un mot, Angelica s'éloigna en direction de l'entrée du cimetière en se maudissant intérieurement pour son égoisme. Elle avait été si occupée avec Syn et les monstres qu'elle n'avait pas été auprès de Zachary pour surveiller ses arrières... la seule fois où il avait eu besoin d'elle.
Sa vision se troubla sous la montée des larmes et elle les essuya rageusement d'un revers de la main pour ensuite se ruer sur ce mur de briques nommé Syn. Les bras de ce dernier se refermèrent sur elle pour la stabiliser mais avant qu'elle ne puisse s'en empêcher, elle se débattit contre lui. Elle lui frappa la poitrine avec ses petits poings, consciente que cela ne lui ferait aucun bien, mais son premier instinct était de casser tout ce qui l'avait empêchée de retrouver son meilleur ami.
— Lâche-moi, siffla Angelica, plus en colère contre elle-même que contre lui.
C'était pour cela qu'elle ne voulait pas se rapprocher de qui que ce soit. Elle avait choisi l'amitié de Zachary parce qu'il était fort et ne lui donnerait pas de raison de pleurer. S'il s'était évanoui au sein même de son propre brasier... c'était que quelque chose de terrible lui était arrivé.
Syn resserra les doigts autour de son poignet et l'attira tout contre lui avec un grognement.
— Je vais te montrer autre chose que nous pouvons faire ensemble. »
Ses lèvres fondirent sur celles de la jeune femme dans une tentative pour apaiser ce désir dévorant qu'il sentait monter en lui.
Angelica s'immobilisa et ouvrit des yeux ronds tandis que les lèvres de Syn se plaquaient sur les siennes. Elle sentit ses jambes se dérober sous elle lorsque Syn suça lentement sa lèvre inférieure entre les siennes. Ce mouvement était si lent et si sexuel que ses cuisses faillirent s'embraser de désir. Le besoin de lui rendre son baiser la heurta de plein fouet.
Avant qu'elle ne puisse donner suite à ce désir grandissant, il mit fin au baiser et elle se retrouva de nouveau plongée dans son regard au sombre améthyste. À moitié étourdie, il lui fallut un moment pour réaliser qu'à présent un mur s'était élevé entre eux et la brise qu'elle avait senti souffler un peu plus tôt ne caressait plus sa peau.
Syn attendit que son âme sœur redescende de l'extase fugace qu'il lui avait donnée avant de lui lâcher enfin le poignet. L'embrasser n'était pas une étape nécessaire à la téléportation, mais si elle croyait que c'était le cas... il ne reviendrait pas sur cette méprise.
Angelica fit volte-face, surprise de se retrouver dans le bureau de Storm. Elle scruta aussitôt la pièce avant de poser son regard sur Zachary. Il se trouvait derrière une barrière translucide... allongé sur un lit fait de ses propres flammes, tout comme Jason l'avait décrit. Le voir dans un tel état lui arracha un petit sanglot.
Ses pas étaient lents tandis qu'elle s'approchait du bouclier qui le protégeait de tout côté. Elle n'avait encore jamais vu des flammes aussi sombres chez lui, et elle savait que ce ne pouvait pas être bon signe.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? » chuchota-t-elle, en se demandant si Zachary pouvait l'entendre.
Posant les mains à plat contre la barrière entre eux, elle observa ce qui semblait être une rivière d'étincelles lui couler entre les doigts et disparaître avant de toucher le sol. Le bouclier se teinta d'un bleu électrique sous ses mains et elle appuya dessus... pour tester sa résistance.
« Zachary, ouvre les yeux. S'il-te-plaît… fais-moi simplement savoir que tu vas bien. »
Angelica sentait l'espoir s'amenuiser à chaque seconde de silence qui s'égrenait.
Ses cheveux blonds flottaient autour de son visage et son corps tanguait légèrement dans les flammes, ce qui lui fit comprendre que c'était ce qui lui permettait de léviter au-dessus du sol. Sa complète immobilité était ce qui l'effrayait le plus... elle ne pouvait même pas affirmer s'il respirait ou non.
« Est-ce là un sortilège, Zachary ? Quelqu'un t'a-t-il fait cela ? J'arrive… tiens bon. »
Elle ferma les yeux et grâce à la force de son esprit, entreprit de défaire les verrous qui scellaient la barrière. Elle pouvait le faire... elle voulait le faire... pour Zachary.
Syn était resté silencieux, pour lui laisser un moment d'intimité avec son ami, mais il ne pouvait pas l'abandonner à ce chagrin un instant de plus. S'immobilisant derrière elle, il posa les mains à plat contre le bouclier au-dessus des siennes... renforçant de ce fait la barrière au lieu de l'aider à la faire tomber.
« Pourquoi ? Pourquoi m'empêches-tu d'entrer ? demanda Angelica sans comprendre.
— Parce que, je ne pense pas que ton ami Zachary sera ravi de se réveiller pour découvrir qu'il t'a mise en danger avec son feu de phœnix. Il n'est pas mourant… il renaît. Et de ce qu'il semble, il s'apprête à ramener toute cette puissance avec lui à son réveil. »
Angelica tourna le dos au bouclier, refusant de regarder cette scène lugubre de Zachary brûlant vif. Recherchant un sentiment de sécurité, elle enlaça la taille de Syn et enfouit son visage dans sa poitrine réconfortante et chaleureuse.
Syn referma les bras sur elle, lui donnant le confort qu'elle recherchait tacitement. Il jeta un coup d'œil à Zachary et se demanda en silence ce qui serait arrivé à la jeune femme s'il ne l'avait pas trouvée. Son amitié avec Zachary aurait-elle évolué en une relation plus intime ?
Il resserra son étreinte, plongeant son visage dans sa chevelure sombre, et décida de ne pas s'attarder sur ce sujet. Elle aimait profondément le phœnix et pour cela, il était au moins reconnaissant... mais il était temps pour sa compagne de se souvenir de ce qu'était vraiment l'amour véritable.

Chapitre 3
Damon croisa les bras et s'appuya contre la cabane à outils des gardiens du cimetière. Cette zone manquait de chasseurs parce qu'elle se situait tout au bout du grand cimetière et était correctement isolée. Cela semblait également être un refuge pour bon nombre d'Arachs qui avaient survécu tout ce temps, presque comme s'ils voulaient de se regrouper et de se cacher.
Il avait promis de laisser Alicia passer à la pratique en matière de combat et, au total… c'était l'endroit parfait pour qu'elle s'y mette enfin... tant qu'il était présent en tant que juge de la situation. Ces Arachs étaient faibles comparé à toutes ces créatures qui rôdaient dans la ville à l'heure actuelle, mais il permettait seulement à Alicia d'en combattre une à la fois.
Chaque fois que de courageux Arachs tentaient de la surprendre, il les taillait en pièces avant qu'ils ne soient assez proches pour la distraire de celui qu'elle affrontait. Détruire les monstres qui venaient vers Alicia lui donnait une forme de satisfaction et Damon s'amusait assez. Elle se débrouillait pas mal… pour une débutante.
Il avait également remarqué une chute drastique dans le nombre de créatures depuis l'explosion quelques d'heures auparavant, et il en avait conclu que quelqu'un avait débusqué le nid avant de le détruire. Personnellement, cela ne l'aurait pas dérangé de jeter un coup d'œil au démon qui avait engendré toutes ces horreurs mais il ignora cette pensée. Cette créature était probablement tout aussi hideuse que ces choses, de toute façon.
Entendant des bruits de pas et de voix provenant de la lisière d'arbres au pied de la petite colline où il se tenait, Damon contourna le hangar et alla y fouiller. Ce coin du cimetière longeait de hauts pins majestueux, qui séparaient le lieu sacré d'un voisinage banlieusard.
En se découvrant aussi près des maisons, Damon fut curieux de savoir pourquoi personne n'avait rien entendu pendant la nuit ni n'était venu mener sa petite enquête. Il y avait bien eu quelques moments où il avait cru surprendre le scintillement d'un bouclier autour du cimetière, mais il s'était convaincu que cela n'était qu'un effet de son imagination. Si une protection magique avait été créée, peut-être les chasseurs de démons n'étaient-ils pas aussi inutiles qu'il le présumait.
Il était presque arrivé à la limite formée par les arbres quand deux hommes en émergèrent, pour aussitôt stopper net en le voyant. En distinguant les contours blancs d'un édifice à travers les arbres, Damon supposa que le bâtiment de maintenance principal se situait peut-être de l'autre côté de la ligne d'arbres et que ces hommes venaient d'arriver sur leur lieu de travail.
Ces types ne pouvaient avoir emprunté l'une des routes principales pour arriver jusqu'ici… ils se seraient retrouvés bloqués par la police. Sans compter que Damon n'avait entendu aucun moteur de voiture dans le lointain, ce qui lui apprit que ces hommes vivaient à peu de distance du cimetière.
« Bonjour, les salua Damon, en réduisant la distance entre eux pour les hypnotiser.
Les deux hommes le considérèrent avec perplexité. Bien des choses étranges s'étaient passées dans ce cimetière ces deux derniers jours, et cela les rendaient méfiants envers tout individu suspect... ce type qui s'avançait tranquillement vers eux correspondait parfaitement à l'idée qu'ils se faisaient de quelqu'un de suspect.
Celui qui portait un marcel blanc sous sa chemise d'uniforme déboutonnée lui répondit d'un ton autoritaire.
— Pouvons-nous vous aider ? Les visiteurs ne sont pas censés se promener par ici.
Damon acquiesça, concentrant ses yeux améthystes vibrants d'intensité sur les deux hommes, souriant presque lorsque leurs visages se radoucirent pour adopter une expression étourdie.
— En fait, je suis là pour vous aider en vous informant que vous avez déjà terminé votre travail de la journée. Votre employeur a dit de retourner au hangar d'entretien et de vous détendre jusqu'à ce que votre temps de travail soit terminé. Vous ne vous rappellez pas m'avoir vu et si quelqu'un vous interroge... vous avez travaillé dur toute la journée.
Le second employé, à la chemise boutonnée et à l'allure plus professionnelle, jeta un regard à son coéquipier.
— Il est temps d'essayer cette télé que tu as branchée dans la cabane.
— Ouais, Jerry Springer nous attend », renchérit le numéro deux dans un état de stupeur.
Damon sourit d'un air malicieux et attendit qu'ils disparaissent complètement de sa vue. Une fois les humains partis, il se retourna pour remonter sur la colline, quand il aperçut un impressionnant monticule de terre exploser dans les airs. Lorsqu'il arriva au sommet de la colline pour s'aviser des progrès d'Alicia, son visage s'assombrit.
Elle n'affrontait plus un seul Faucheur, maintenant… mais trois en même temps, et qui, de toute évidence, lui faisaient passer un sale moment. Un grondement rauque monta du fond de sa poitrine lorsque l'un des monstres, avec un coup terrible, fit mordre à Alicia la poussière.
Alicia était allongée là, et leva les yeux de l'endroit où elle avait été projetée. Tout s'était bien passé jusqu'à ce que les Arachs numéro deux et trois aient décidé de se pointer pour lui compliquer la tâche. Damon l'avait aidée et quand il n'avait pas surgi pour affronter les deux autres monstres, elle l'avait cherché des yeux.
Ne le voyant nulle part, elle avait éprouvé une pointe de joie et de frustration mêlée. La joie parce qu'elle pensait qu'il l'autorisait à se battre… et de la frustration parce qu'il n'était pas là pour la voir botter les fesses de ces trois saletés. En relevant la tête, elle allait se remettre sur ses pieds quand les Arachs se figèrent tout à coup. Ils restèrent sans bouger pendant une seconde avant d'exploser brusquement comme du verre.
Alicia se protégea le visage des bras pour éviter d'être touchée par toutes ces saletés. Heureusement, tout avait volé vers l'autre côté et loin d'elle. Lorsqu'elle baissa les bras, elle trouva Damon au-dessus d'elle, les jambes autour de ses membres inférieurs, l'air plus furieux que jamais. Elle tressaillit quand il tendit brusquement une main vers elle, offrant ainsi de l'aider à se relever.
« Merde Damon, j'aurais pu les avoir si tu m'avais simplement laissé une chance de le faire, dit-elle en attrapant sa main.
Damon l'aida doucement à se remettre debout et l'attira contre son cœur. Alicia allait protester quand elle observa la raideur dans sa mâchoire et le regard sévère qui habitait ses yeux d'améthyste. Sa colère s'évanouit en réalisant qu'elle lui avait involontairement fait peur.
— La règle, c'est un monstre à la fois, grommela Damon, se préparant à une dispute qu'il avait l'intention de gagner.
Il fut surpris lorsque Alicia passa une main derrière sa tête, s'assurant au passage de plonger ses doigts dans ses cheveux avant de l'attirer à elle pour un baiser ensorcelant.
Lorsqu'ils finirent par s'écarter l'un de l'autre, Damon, dans un grognement, repoussa Alicia jusqu'au mur de l'abri contre lequel il s'était adossé un peu plus tôt. Le grognement aurait paru menaçant pour bien des gens, mais pour Alicia, c'était terriblement séduisant.
— Tu n'as pas le droit de faire ça, lui interdit tout bas Damon.
Alicia leva vers lui un regard pétillant d'une innocence feinte.
— Pas le droit de faire quoi ?
Damon effleura la joue d'Alicia de la sienne, les lèvres à peine sur sa peau, avant de s'immobiliser près de son oreille.
— Tu n'as pas le droit de me distraire.
— Oh, chuchota Alicia d'une voix séductrice. Tu veux dire, comme ça ?
Elle se hissa sur la pointe des pieds et l'embrassa encore, avec la langue cette fois-ci. Lorsque Damon pressa sa cuisse entre les siennes, elle écarta les jambes et se pressa contre lui. Savourant la sensation, elle se mit à se frotter d'avant en arrière sur lui. Ses yeux se fermèrent lorsque Damon leva la jambe et que ses pieds quittèrent le sol.
— C'est un début, haleta Alicia quand leurs bouches se séparèrent.
Damon sourit d'un air narquois.
— C'est toi qui a commencé. Son sourire s'évanouit et son regard s'assombrit, pour devenir d'un profond améthyste. Maintenant, je vais terminer ça.
Alicia ne put retenir un gémissement et noua les jambes autour de sa taille, continuant de se frotter contre l'érection qu'elle sentait grossir sous la braguette de Damon.
Damon la pressa brutalement contre le mur de la cabane à outils et déchira éhontément sa chemise. Ses mains s'emparèrent de ses seins, pour taquiner leurs pointes durcies sous la dentelle, puis il s'attaqua à son jean.
Alicia détendit les jambes et laissa Damon faire lentement glisser son jean jusqu'à terre. Elle se délesta du vêtement coincé à ses chevilles et leva les jambes pour les nouer de nouveau autour de la taille de son amant. Avec un petit sourire coquin, Damon ouvrit sa braguette et libéra son sexe de cet obstacle entre eux.
Changeant de position, il haleta en poussant ses hanches en avant tout en abaissant Alicia pour l'empaler sur son membre en érection. Alicia poussa un cri et cala sa tête contre le mur en béton derrière elle. Damon donna des coups de reins à un rythme spécialement choisi pour la punir, s'assurant ainsi qu'elle comprenne vraiment ce que cela impliquait de le distraire.
Alicia ouvrit les yeux et s'agrippa aux épaules de Damon, se collant un peu plus contre lui. Il baissa la tête et suça un de ses tétons à pleine bouche. Alicia haleta sous la vague de sensations qui l'envahissaient et arque-bouta son corps contre le sien. Plus il plongeait en elle, plus il lui semblait que son corps convulsait sous la force de chaque coup de reins.
Un bruit dans le dos de Damon lui fit lever les yeux et elle les plissa en voyant un Faucheur courir derrière eux. De toute évidence, le démon pensait qu'ils étaient vulnérables et cherchait à prendre avantage de la situation.
— Faucheur à midi, chuchota Alicia, à bout de souffle.
Elle regarda la créature exploser sous la force du pouvoir de Damon et gémit quand il commença à aller et venir en elle de plus en plus fort. Il avait l'air d'un possédé... sauvage, rapide, provoquant chez elle des sensations à la limite de la douleur, et elle adorait ça.
— Sur la droite, l'avertit Alicia.
Un autre Faucheur finit par rencontrer son créateur et Damon releva la tête de ses seins. Prenant ses poignets dans ses mains, il les cloua au mur derrière elle et dégaina ses crocs affûtés.
— Jouis pour moi, grogna-t-il en sentant les douces parois du vagin d'Alicia palpiter autour de son membre, au même rythme qu'il pulsait en elle.
Alicia ignora sa demande et tourna la tête sur le côté pour éviter d'avoir à le regarder dans les yeux. Elle essayait de tenir bon aussi longtemps que possible parce qu'en dépit de ce que les autres pouvaient penser... faire l'amour au beau milieu du cimetière était plus excitant que jamais. Le fait que n'importe qui puisse les surprendre en plein acte sexuel n'importe quand pimentait délicieusement leurs ébats.
— Vas-y, gronda Damon d'une voix vibrante et voluptueuse tout contre son oreille.
Il tenait à peine le coup mais, comme elle, il voulait que ça dure et qu'ils arrivent au septième ciel en même temps. Tous deux étaient si excités par l'idée d'être surpris et par celle de pourfendre du démon pendant leurs ébats qu'aucun des deux n'allait pouvoir se retenir plus longtemps.
Alicia poussa un cri, rendant enfin les armes... et tourna son regard vers celui, ardent, de Damon. Le noeud dans son ventre était si serré qu'elle était certaine qu'il allait se briser net. Un autre mouvement derrière Damon la fit regarder par-dessus son épaule et elle laissa échapper un hoquet de surprise.
— Derrière toi, réussit-elle à dire dans un murmure mal assuré.
Damon sourit d'un air diabolique et étendit son pouvoir vers le Faucheur qui attaquait. Au moment où la chose explosa, le corps d'Alicia se resserra autour du sien comme un étau et elle hurla sa délivrance au ciel au-dessus de leurs têtes. Damon répondit par quelques coups de reins appuyés peu de temps après, et libéra sa semence en elle... revendiquant une fois de plus son corps et son âme.
Ils restèrent blottis l'un contre l'autre, respirant lourdement tandis que leurs battements de cœur ralentissaient peu à peu la cadence. Damon était si fier de son petit félin infernal, elle était tout aussi folle que lui en matière de sexe… et c'était précisément ce qui rendait la situation excitante.
Enfin, Damon s'écarta légèrement et lui adressa un doux sourire. Ils gémirent tous deux lorsqu'il se retira d'elle et laissa ses jambes glisser de sa taille. En la contemplant de pied en cap, il dut admettre qu'elle était diablement sexy.
Sa chemise était déchirée sur le devant, les bonnets en dentelle de son soutien-gorge écartés sur le côté pour révéler ses seins nus dans le soleil du matin. Il venait de réaliser qu'elle ne portait pas de culotte... ni qu'elle était toute entortillée dans son jean, toujours à leurs pieds.
— Comment expliquerons-nous la chemise ? demanda Alicia en baissant les yeux sur son corps.
— Nous ne l'expliquerons pas », répondit Damon avec un petit sourire taquin.

*****

Warren et Devon firent cercle autour du Faucheur qui avait croisé leur chemin. Il sifflait d'un air mauvais à leur intention et fouettait l'air de ses longues griffes. Après avoir échangé un regard, les deux jaguars fondirent sur lui. Devon réussit à saisir un des bras du monstre entre ses crocs pendant que Warren parvenait à attraper une patte arrière. Le Faucheur se mit à hurler quand les deux métamorphes partirent chacun dans une direction opposée.
Avec plus d'énergie, Devon tourna brusquement la tête sur la gauche. Le bras céda et Devon recula avec le bras démembré dans la gueule. Warren lâcha la jambe qu'il avait arrachée et recula de quelques pas lorsque Devon se jeta sur la chose et plongea les crocs dans sa gorge.
Warren s'assit et commença à se lécher, quand il entendit le bruit inimitable d'un autre Faucheur caché juste derrière un groupe d'arbres. En se retournant vers le Faucheur que Devon venait d'achever, il en conclut que la situation était entre de bonnes mains puis partit mener sa petite enquête ailleurs.
Devon vit Warren s'éloigner du coin de l'œil et s'empressa d'abattre le Faucheur avant de bondir de son dos. Lâchant la tête de sa proie, Devon s'ébroua puis se tourna dans la direction que Warren avait prise. Ils faisaient équipe depuis qu'ils s'étaient retrouvés, et Devon passait un moment amusant.
Il s'était à peine éloigné de quelques pas quand un autre Faucheur tomba d'un arbre sur son chemin. Un grondement monta du fond de sa gorge et il s'accroupit au sol, prêt à bondir. Ses yeux félins s'étrécirent quand il remarqua que ce Faucheur paraissait extrêmement agité.
Ils se dévisagèrent l'un l'autre avec des yeux meurtriers, avant que le monstre ne s'accroupisse à son tour pour imiter le comportement du jaguar. Devon gronda et bondit sur le démon, dans l'intention de le tuer rapidement. Le Faucheur bondit en même temps, et tous deux entrèrent en collision en plein vol.
Les griffes de Devon cherchèrent à cingler le Faucheur mais le manquèrent, et le coup du Faucheur l'atteignit à la tête avec violence. La créature indemne atterrit à quatre pattes pendant que le corps inconscient de Devon retombait au sol dans un grand bruit sourd….
Le Faucheur poussa un sifflement victorieux, puis s'approcha tranquillement du jaguar avant de saisir l'une de ses pattes arrière d'une longue main griffue. Traînant le gros chat à travers le cimetière derrière lui, dans la direction opposée à celle où était parti son partenaire, le Faucheur s'approcha d'une petite crypte. Ouvrant la porte, le Faucheur plaça le jaguar à l'intérieur du bâtiment avant de reculer et de fixer l'animal du regard pendant un moment.
Il inclina la tête en un angle bizarre comme s'il réfléchissait à la meilleur façon de tuer sa proie… mais au lieu de le faire, il quitta simplement la crypte à reculons. La créature revint quelques instants plus tard en traînant avec elle deux de ses frères dans l'herbe humide. Les lâchant à côté du jaguar inconscient, la créature recula hors de la crypte et referma la porte, la verrouillant avec le loquet qui y pendait lâchement.
Sans un regard en arrière, le Faucheur traversa le cimetière à toute allure, évitant les chasseurs de démons éparpillés sur tout le terrain. Après avoir emprunté une petite route, il s'arrêta et sembla prendre une profonde inspiration avant que son corps ne change de forme.
En l'espace de quelques secondes, le Faucheur avait disparu, et avait laissé place à Trevor.
Faisant rouler son cou et ses épaules avant de se baisser pour ramasser les vêtements qu'il avait laissés dans un coin, Trevor entra tranquillement dans le champ de vision d'Evey. Il avait reculé jusqu'au cimetière et l'avait garée là avant d'entrer à nouveau dans le cimetière, sous prétexte d'aller se renseigner sur le tour que prenait l'intervention. Une fois hors de vue de sa voiture, il s'était métamorphosé en Faucheur et avait mis son plan en action. Maintenant, tout ce qu'il avait à faire était de se rhabiller et de finir la mission qu'il s'était attribuée tout seul.
Trevor se peigna les cheveux avec les doigts dans un moment d'agitation… il n'était pas fier de ce qu'il venait de faire, mais s'autorisa tout de même le petit sourire qui attendait de lui monter aux lèvres. Lorsqu'Evey lui ouvrit la portière côté chauffeur, il réduisit la distance entre eux. Trevor fit une pause en entendant un sifflement jaillir du véhicule.
Baissant les yeux sur son corps nu, il se demanda à quoi Ren avait bien pu penser en donnant à Evey une personnalité aussi humaine. C'était une bonne chose que la voiture n'ait aucune idée de ce qu'il venait de faire… sinon, ce serait vraiment un monde de merde.
« Quel magnifique spécimen, le taquina la voix d'Evey.
— Silence, grommela Trevor en se rhabillant précipitamment.
Il se glissa derrière le volant en sachant qu'il avait seulement deux ou trois heures devant lui avant le réveil de Devon. Cela devrait être rapide s'il voulait se sortir d'affaire.
Trevor resta silencieux en conduisant Evey jusqu'à un autre endroit isolé et ferma la voiture. Il s'assit là pendant quelques minutes les yeux fermés, à se demander si c'était la bonne chose à faire.
— Tout va bien, Trevor ? demanda doucement Evey.
— Je vais bien, Evey, la rassura Trevor. J'ai besoin que tu fasses quelque chose de très important pour moi. J'ai une mission secrète à finir absolument. Personne d'autre dans l'équipe ne le sait... c'est top secret. Il grimaça devant les mots qu'il s'apprêtait à ajouter : Storm ne veut aucun rapport archivé à ce sujet, et tu ne peux en parler à personne.
Evey resta silencieuse un moment.
— Combien de temps y restes-tu ? demanda-t-elle.
— Juste deux heures, répondit Trevor. Ça ne sera pas très long.
— Sois prudent », dit Evey, puis les lumières de son tableau de bord s'éteignirent.
Trevor sortit de la voiture et commença à descendre la rue. Une fois hors du champ de vision d'Evey, à nouveau il se transforma... en Devon Santos cette fois-ci, puis il fit le reste du chemin au pas de course jusqu'à l'appartement de Chad. Pénétrant dans la maison grâce au double de clef qu'Envy avait oublié de lui reprendre, il traversa l'appartement silencieux.
Il savait que Chad serait endormi et il passa devant la chambre de son ami pour s'arrêter devant la porte fermée de la chambre d'Envy. La poussant, il entra dans la pièce et contempla la silhouette endormie d'Envy. Son visage devint sombre et triste lorsqu'il sentit le parfum de sel planant dans la chambre. Il se sentit mal de l'avoir fait pleurer, mais il faisait tout ce qu'il pouvait pour maîtriser sa jalousie.
En revenant au cimetière… il avait brièvement songé à tuer Devon. Devon parti, Envy se serait-elle tournée vers lui dans son chagrin ? Il avait forcé cette pensée tentante à lui sortir de l'esprit. Cela le surprenait de voir la vitesse avec laquelle cette vilaine tentation s'était insinuée en lui au début.
Il ne pourrait jamais blesser Envy de cette façon et cela l'effrayait d'avoir ne serait-ce que même vaguement envisagé cette option. De plus… la regarder porter le deuil d'un autre homme serait tout aussi désagréable à vivre que de la regarder en aimer un autre. Et même si cela le déchirait atrocement, Trevor savait qu'Envy les aimait tous les deux. Il n'avait pas menti quand, deux heures plus tôt, il lui avait fait observer ce petit détail ennuyeux.
En se déplaçant silencieusement dans la pièce, Trevor se déshabilla lentement et se glissa dans le lit derrière Envy. Si c'était ce qu'il fallait faire pour quelques instants volés seul avec elle... alors il refusait de se préoccuper de la personne qu'elle pensait qu'il était. Il était d'accord avec l'idée qu'il n'existait aucune règle en matière d'amour ou de guerre... et en cet instant précis, il avait l'impression d'avoir affaire à ces deux questions simutanément.
Envy sentit le matelas ployer dans son dos et se tourna aussitôt vers Devon, pour le serrer étroitement contre elle et cacher son visage dans sa poitrine. Elle n'avait fait que penser à Trevor cette dernière heure, ce qui la laissait en proie à un fort sentiment de culpabilité.
Maintenant qu'elle avait vu l'EEP en action, elle réalisait que Trevor avait eu des secrets pour elle parce qu'il n'avait pas eu le choix. Elle s'était montrée assez insensible pour rompre avec lui à cause de quelque chose qu'il ne pouvait contrôler... elle l'avait même tasé à tort pour cela. Comment avait-elle pu se montrer aussi cruelle ?
Qu'il ait le cœur brisé à l'heure actuelle était de sa faute et elle n'allait pas le punir pour cette raison... au contraire, elle devait essayer de devenir à nouveau son amie et peut-être que le cœur de Trevor guérirait. Elle frotta sa tête contre la main de Devon, là où il caressait ses cheveux si tendrement.
« Tu es de retour, chuchota-t-elle, en priant pour que le poids sur son cœur s'envole.
— Qu'est-ce qui ne va pas, Envy ? demanda-t-il tout bas.
— Rien, mentit Envy en desserrant son étreinte, pour mieux reculer et lever vers lui un visage souriant.
— Alors pourquoi as-tu pleuré ? fit-il observer quand Envy le contempla avec confusion. Avant qu'elle n'ait le temps de le nier, il lui rappella : Je peux sentir le sel de tes larmes. Tu ne peux pas me cacher tes sentiments.
Il devait savoir si elle allait parler de lui à Devon plus tard, concernant ce qui s'était passé entre eux quand il l'avait déposée ici.
Envy ouvrit des yeux étonnés. Trevor lui avait dit la même chose. Savaient-ils tous les deux mieux qu'elle-même ce qu'elle ressentait ? Savoir qu'ils pouvaient tous deux lire en elle avec autant de justesse lui donnait le sentiment d'être un peu exposée.
Il la sentit se crisper mais avant qu'il ne puisse surprendre l'expression sur son visage, elle pressa de nouveau sa joue contre sa poitrine.
— Trevor a-t-il dit ou fait quelque chose pour te contrarier sur le trajet pour arriver ici ? Parce que s'il l'a fait, je jure…
Envy s'écarta brusquement de lui et leva sur Devon un regard presque furieux.
— Non, tu m'as promis que tu ne ferais jamais de mal à Trevor, et sous aucun prétexte.
Son cœur battit à tout rompre dans sa poitrine, car elle ne voulait plus jamais les voir se battre. Si l'un d'entre eux se retrouvait blessé... elle détesterait l'autre, et peu importerait duquel il s'agirait. Elle le savait, maintenant.
Trevor en eut presque le souffle coupé en baissant les yeux sur celle qui était en train de le défendre. Elle avait fait promettre à Devon de ne jamais le blesser... et Devon avait accepté, pour la même raison qui l'empêchait lui-même de tuer Devon.
— Quant aux larmes, enchaîna Envy en baissant la voix pour maîtriser sa nervosité, j'ai rêvé que l'un de ces monstres au cimetière t'avait tué et je pleurais en me réveillant.
Bon... c'était également vrai.
— Ce n'était qu'un rêve », chuchota-t-il en la serrant contre lui.
Trevor ferma les yeux très fort, en se demandant si le lien qu'elle avait avec lui et Devon avait provoqué ce rêve très précis. Ne souhaitant pas y penser, il fit rouler Envy sur le dos et baissa les yeux sur elle, avant d'approcher ses lèvres des siennes.
Envy gémit doucement et se cambra, pour coller ses seins contre la poitrine de Devon. Elle noua ses bras autour de son cou pour qu'il prenne ses poignets et les enfonce doucement dans le lit.
Leurs bouches se séparèrent et Envy rejeta la tête en arrière lorsque les lèvres de Devon entamèrent une longue descente le long de son cou et de sa clavicule. Souriant sous la sensation, elle écarta les jambes et les noua autour de sa taille pour l'attirer plus encore contre son corps, jusqu'à sentir le membre durci de Devon se presser en elle.
Trevor s'arrêta un instant pour la regarder, en se tenant juste au-dessus d'elle, avant de donner un coup de reins. Il se fichait de l'apparence qu'il avait… c'était son corps et c'était exactement l'endroit où il voulait se trouver. Suspendu au-dessus d'elle, il lui fit l'amour comme un homme fou qui se serait perdu dans sa propre démence.
Envy se mordit la lèvre inférieure pour s'empêcher de crier et de réveiller son frère. Elle s'agrippa à Devon pour tenter de se calquer sur son rythme mais découvrit rapidement qu'il n'y avait pour elle aucun moyen de tenir la distance cette nuit. C'était tout ce qu'elle pouvait faire pour tenir le coup tandis qu'il la faisait monter au septième ciel à tant de reprises qu'elle en était toute étourdie.
Trevor captura ses lèvres quand elle oublia qu'ils n'étaient pas seuls dans la maison, mais il ne lui laisserait pas une chance de retrouver tout de suite ses esprits. Il maintenait la bride serrée sur son propre sang-froid, sans s'abandonner au même plaisir, jusqu'à ce qu'un peu plus d'une heure soit passée.
Il s'autorisa à la regarder dormir quelques minutes, avant de déposer un tendre baiser sur ses lèvres et de glisser hors du lit.

*****

Warren commençait à s'inquiéter. Il avait cherché à localiser l'odeur de Devon dans tout le cimetière depuis une heure déjà. Quand il s'était aventuré loin de son frère un peu plus tôt, il avait supposé que Devon le suivrait de près et serait prêt à se battre. Warren avait tué trois Faucheurs de plus avant de vraiment réaliser que Devon était toujours invisible.
Il avait même poussé un cri perçant de félin, en version jaguar, pour rester en contact l'un avec l'autre. Il n'y avait pas eu de cri de réponse. Se dirigeant vers le dernier endroit où il avait vu Devon, Warren découvrit les signes de sa lutte mais il n'y avait ni Faucheur ni la moindre trace de Devon. Il lui fallut encore quelques minutes pour enfin retrouver l'odeur de Devon. Elle le menait vers une vieille crypte.
En s'approchant prudemment de l'édifice, il renifla tout le périmètre avant de pousser la porte fermée avec la patte. Il grogna devant le verrou et deux solutions se présentèrent à son esprit. Soit Devon avait été mis là-dedans, soit la porte s'était refermée et verrouillée en quelque sorte pendant l'affrontement.
Réadoptant sa forme humaine, Warren tira avec force sur la porte et l'ouvrit, la faisant sortir de ses gonds avec le cri du vieux métal contre le bois massif. Il ouvrit des yeux surpris quand il découvrit Devon gisant au sol, avec deux Faucheurs entassés l'un sur l'autre à côté de lui.
Devon entrouvrit les yeux quand la porte fut arrachée de ses gonds, mais il les referma aussitôt quand la lumière matinale entra à flots dans l'édifice, lui brûlant les rétines. Il avait l'impression d'avoir vidé tout entier le stock de Feu de Kat et de s'être retrouvé dans une bataille perdue par-dessus le marché.
« Mais que s'est-il passé ici ? demanda Warren à voix basse.
Devon émit un grognement caverneux puis reprit forme humaine. Portant une main à sa tête, il se rassit lentement avec l'aide de Warren et regarda longuement autour de lui.
— La dernière chose dont je me rappelle, c'est de m'être battu avec un autre Faucheur après ton départ, répondit Devon. J'ai dû le piéger ici avant de le tuer… son regard tomba sur la pile de Faucheurs puis il eut l'air perplexe. …de les tuer, rectifia-t-il. L'un d'eux a dû violemment m'assommer à la tête avant de s'écrouler.
— Je crois que nous avons eu notre dose de bagarres pour le moment, avisa enfin Warren. Nous avons tous les deux besoin de sommeil.
Devon acquiesça et laissa Warren le remettre sur ses pieds.
— Super, nous sommes nus, grommela-t-il.
— Disons plutôt que nous faisons du streaking, plaisanta Warren avec un petit sourire malicieux. Tu veux qu'on sorte lentement d'un air nonchalant de cet endroit pour voir combien de sifflements nous allons récolter, ou bien tu veux foncer droit jusqu'à la voiture ?
— On compte jusqu'à trois, répondit Devon en haussant les sourcils.
Quand ils rejoignirent le véhicule, ils sortirent leurs vêtements de rechange qu'ils avaient gardés planqués là juste en cas de besoin.
— Dépose-moi chez Chad. Envy est là-bas, donc je n'aurais qu'à me glisser dans son lit, dit Devon en s'installant confortablement sur le siège. Et aussi, fais-moi plaisir.
Warren le regarda en conduisant.
— Je ne le dirai à personne, afin que ça ne remonte pas jusqu'aux oreilles d'Envy.
Devon sourit devant l'habileté surnaturelle de son aîné à toujours savoir ce que les autres pensaient. Parfois ce n'était pas aussi gênant.
— Merci, dit Devon. Je déteste quand elle s'inquiète.
Quelques minutes plus tard, Warren s'arrêta devant l'appartement de Chad puis il se tourna vers Devon.
— Va dormir un peu et appelle-moi quand tu te sens prêt à revenir.
Devon secoua la tête.
— Ne t'inquiète pas pour ça, soit Chad nous emmènera soit j'appellerais un taxi. »
Warren attendit que Devon ouvre la porte d'entrée et soit à l'intérieur de la maison avant de repartir. Il ne voulait pas en parler à Devon, mais trouver son frère dans cet état avait éveillé en lui quelques soupçons. La façon dont la porte avait été verrouillée de l'extérieur semblait un peu trop intentionnelle pour qu'il ne se demande pas si quelqu'un ou quelque chose l'avait enfermé là volontairement.
En secouant la tête, Warren choisit de ne plus y repenser pour aujourd'hui… il était épuisé.
Devon traversa silencieusement l'appartement en direction de la chambre d'Envy. En ouvrant la porte, il sourit devant le spectacle de son visage angélique, détendu dans son sommeil. Après avoir retiré ses vêtements, il se faufila dans le lit derrière elle et se pelotonna dans son dos, en passant un bras autour de sa taille.
Elle se blottit un peu plus contre de lui avant de se laisser aller contre sa poitrine et de reculer la tête. Sa respiration redevint profonde en raison de son sommeil avancé et Devon se détendit à son tour. Il choisit de la laisser dormir pour cette fois, au lieu de la réveiller pour lui signaler sa présence… il devait se rappeller de plus se préoccuper de son rythme de sommeil à partir de cet instant.

*****

Le septième étage de l'hôpital était tombé dans un calme serein. La garde avait été longue et ennuyeuse tandis que les infirmières faisaient leurs rondes auprès des nombreux patients. Les respirateurs artificiels émettaient leurs bips sur un rythme stable et diffus, créant assez de bruit de fond pour préserver l'étage tombé dans l'obscurité d'une atmosphère lugubre.
« Dix longues heures, hein ? lança l'agent de sécurité à l'une des infirmières en poste.
— Et bien plus encore, renchérit l'infirmière avec un sourire. Tu vas au resto du coin pour le déjeuner ?
— Ouais, répondit le surveillant. Tu veux quelque chose ?
L'infirmière acquiesça.
— Nous en parlions un peu plus tôt. J'aurais bientôt une réponse de tout le monde et te tiendrai au courant avant ton départ. »
Le système de surveillance des patients s'illumina soudain et l'infirmière bondit sur ses pieds. Des lumières à DEL bleues clignotaient sporadiquement, ce qui poussa l'infirmière à s'emparer du téléphone posé à côté d'elle.
« Docteur Gordon et Docteur Harris au septième étage immédiatement », appela-t-elle avant de raccrocher et de se précipiter de derrière le bureau.
D'autres infirmières arrivèrent de postes plus modestes situés à chaque extrémité du long couloir de l'étage, chacune d'elles tentant de couvrir une série de chambres pour voir le plus de patients en un temps réduit. Le surveillant sortit sa radio et appella la sécurité du rez-de-chaussée. Il s'écoula peu de temps avant que les deux docteurs de garde se précipitent à l'étage en compagnie d'une petite armée de dix infirmières supplémentaires, pour apporter leur aide.
Panique et confusion commencèrent à se faire sentir dans l'équipe alors que les patients mouraient comme des mouches. Ils restèrent auprès de chacun d'eux aussi longtemps que possible avant de passer de l'un à l'autre, prenant tout juste le temps de noter le temps du décès de chacun d'eux.
Alors que l'équipe longeait le couloir, ses membres comprirent que la cause de la mort des patients semblait se rapprocher du USI, situé également à cet étage. Bien qu'ils pensaient tous à la même chose, personne parmi eux n'exprima cette peur à voix haute... ce n'était qu'une coincidence après tout.
Le surveillant attendait déjà devant l'ascenseur lorsque la police arriva sur les lieux. Il était déçu de voir que seuls deux agents avaient répondu à l'appel, mais c'était mieux que rien. Avec le tremblement de terre datant d'environ une semaine, sans compter les habitants qui avaient été découverts morts et démembrés, il pouvait comprendre le manque de policiers disponibles.
Un hurlement retentit dans le couloir et les officiers dégainèrent leurs revolvers en se précipitant en avant. Deux infirmières furent projetées dans les airs à travers tout le couloir, heurtant au passage le mur avec assez de violence pour se briser les os. Elles s'effondrèrent en laissant de longues traînées de sang derrière elles, sur la peinture blanche immaculée.
« Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ? » chuchota l'agent de sécurité.
Les officiers resserrèrent leur prise sur leurs armes de poing et longèrent lentement le couloir en direction des corps. D'autres membres de l'équipe médicale commencèrent à fuser en volant par les portes tandis que d'autres tentaient de prendre leurs jambes à leur cou.
L'agent de sécurité regarda avec des yeux ronds une silhouette sombre émerger de la dernière chambre située avant la porte de l'unité des soins intensifs. Elle apparaissait puis disparaissait tour à tour de son champ de vision en se déplaçant. Son visage ne pouvait être visible dessous son manteau noir en lambeaux, mais une longue faux tranchante était aisément reconnaissable dans une de ses mains aux doigts à la longueur démesurée et grotesque.
L'apparition descendit le couloir dans leur direction, empoignant sur son passage les infirmières avant de les lancer sur le côté comme des poupées de chiffon. Les officiers ouvrirent le feu en reculant pour s'écarter du spectre. La faux fendit l'air dans un grand arc de cercle avant de s'abattre pour couper un des agents en deux. Du sang gicla sur le sol alors que l'agent s'écroulait sans vie, mais la créature continua d'avancer vers l'autre agent qui lui tirait encore dessus.
Le sang gicla une seconde fois, pour atteindre le visage de l'agent de sécurité pendant que le second policier était découpé en morceaux à son tour. Il enregistra vaguement que l'ascenseur sonnait, signalant l'arrivée de quelqu'un à l'étage, mais il était tétanisé par la peur et ne pouvait pas bouger.
Un homme apparut à la périphérie de sa vision… jeune, revêtu d'un manteau, avec des cheveux noirs coiffés à la punk. Il leva une main vers la créature et cette dernière fut projetée au bout du couloir. Elle se mit à hurler, maniant la faux pour arrêter sa trajectoire, et sembla fixer du regard le nouveau venu avant de disparaître dans le sol.
« Vous allez bien ? » demanda Ren à l'homme traumatisé.
Le surveillant s'évanouit soudainement. Ren poussa un grand soupir et sortit son téléphone. C'était une bonne chose que cet hôpital se soit trouvé à la portée de certains êtres paranormaux de la ville, ou bien il n'aurait pas eu le pouvoir d'effrayer cette chose sans qu'elle ne l'attaque à son tour.
« Il nous faut une équipe de nettoyage et le meilleur exterminateur de démons de la liste. »

Chapitre 4
Angelica faisait les cent pas dans le bureau de Ren en essayant de garder la barrière de feu dans son champ de vision et d'être hors d'atteinte de tous ceux qui avaient affaire dans la vaste pièce. Elle avait déjà sorti les crocs avec Storm quand il lui avait affirmé que garder les yeux rivés sur Zachary n'allait pas aider ce dernier à se réveiller plus vite.
Elle jeta un coup d'œil à Syn, toujours adossé au mur, et haussa un sourcil. Elle commençait à croire que cet homme pourrait tout à fait se transformer en statue s'il se concentrait assez fort. Il n'avait pas bougé depuis des heures.
Peut-être que Storm avait raison, parce que les murs commençaient à se rapprocher d'elle et Zachary n'avait pas bougé plus que ça. Son portable se mit à sonner, et son bruit soudain l'arracha dans un sursaut à ses pensées.
En voyant le nom de l'appelant et pensant que Storm ne faisait que prendre des nouvelles de Zachary, elle répondit :
« Non, Storm. Il ne s'est toujours pas réveillé.
— Ren a besoin de toi à l'hôpital local, annonça Storm, très sérieux. Il a été confronté à quelque chose d'assez moche et il a perdu sa trace quelque part dans le bâtiment.
— Et il a besoin de moi pour le traquer, acheva Angelica en regardant une dernière fois Zachary avant de se détourner. J'y serai. »
Elle raccrocha puis se tourna vers Syn.
« Je dois me rendre à l'hôpital. »
Syn réduisit si vite la distance entre eux qu'elle faillit ne pas le voir bouger.
Syn lui passa un bras autour de la taille et lui sourit avant de la serrer fort contre lui. Il était grand temps qu'elle quitte le chevet de son ami.
Angelica cligna des yeux et ils furent soudain devant l'entrée de l'hôpital. Les agents de l'EEP déguisés en policiers étaient déjà en train d'escorter des personnes et des patients hors du bâtiment. C'était loin d'être la façon de faire idéale mais si cette chose était aussi mauvaise que l'avait décrite Storm, alors elle ne pouvait pas vraiment le leur reprocher.
« Où est le monstre ? demanda Angelica à l'un des agents de l'EEP.
— Je ne sais pas, mais Ren se trouve au septième étage pour le savoir », lui répondit l'homme en la reconnaissant.
Angelica et Syn se dirigèrent vers les ascenseurs et en prirent un pour monter au septième étage. Lorsque les portes s'ouvrirent, Angelica remarqua l'odeur de sang en premier lieu. Elle ouvrit des yeux stupéfaits devant le carnage du couloir.
Ren avait mis toute la scène sous scellé et quelques membres de leur organisation étaient éparpillés çà et là à regarder les corps pour voir s'il y avait des survivants. Le seul à ne pas se trouver sur la scène était l'agent de sécurité, roulé en boule dans un coin derrière le poste des infirmières. Il se balançait d'avant en arrière en grommelant quelque chose au sujet de la Faucheuse.
« Que s'est-il passé ? interrogea Angelica.
Ren soupira.
— On dirait bien la Faucheuse, avec la faux et tout le toutim.
— Un démon de la mort, dit Angelica d'un air songeur. Je n'en ai jamais affronté mais on dit qu'ils peuvent se montrer très vicieux.
— Il s'est enfoncé dans le sol et a disparu, expliqua Ren. Nous n'avons pas été capables de le retrouver depuis.
— Il est encore là, leur indiqua Syn.
— Je sais… je peux sentir son énergie maléfique glisser sur moi comme une putain de virus, répondit Ren avec frustration.
Angelica prit une profonde inspiration puis entreprit de se frayer un chemin mental à travers les étages du dessus et du dessous de l'hôpital. Parfois, elle pouvait suivre la piste invisible que laissait un démon puissant, mais ce démon-là était passé par tout le bâtiment, faisant se croiser son propre chemin à bien trop de reprises pour le rendre facile à retrouver.
Ren eut l'air ébahi au contact du pouvoir de la jeune femme.
— Intéressant », commenta-t-il, n'ayant jamais ressenti cela auparavant.
Il supposait que, dans le sanctuaire du château, le pouvoir de la jeune femme avait été encore en sommeil, parce qu'elle n'en avait pas eu besoin. Ren haussa les épaules, conscient que ce n'était pas le moment de tester de nouveaux pouvoirs, avant de retourner à son travail.

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